Samedi matin, pas de grasse matinée (ni de petit déjeuner) pour les braves. Nous arrivons dans le parc de l'hôtel pour 7h30. On sait jamais, il peut toujours y avoir une bonne surprise: Ralph Lauren pourrait être un lève tôt? Mais hélas non, tout est très calme. Puisque tout ou presque reste à faire, je vous propose de faire table rase du reportage précédent pour tout reprendre de zéro. Aujourd'hui le ciel reste couvert mais au moins ce n'est pas l'averse d'hier. C'est ce qui explique la taille considérable de cette page mais la Villa n'arrive qu'une fois par an, n'est ce pas?
Pour le moment, seule la CTR3 est de sortie. J'en profite pour la refaire un peu mieux qu'hier soir. Très impressionnante.
L'avion monté hier pour le cocktail a déjà disparu, remplacé par la traditionnelle estrade réservée au jury.
Coté classiques, c'est encore calme. Je passe à l'opposé de la terrasse pour
aller voir ce qu'il se passe coté concept cars. Le concept Infiniti Emerg-E est
en train d'arriver mais je ne le trouve pas très excitant.
Derrière lui par contre se trouve une remorque qui ne paie pas de mine mais qui
recèle quelque chose d'intéressant: la McLaren P1. Je ne sais pas comment Woking
a réussi à glisser sa P1 soit disant définitive (ou présentée comme telle à
Genève) dans un concours réservé aux concept cars mais je suis bien content de
la voir pour la première fois en extérieur.
Pour le moment, elle se contente de descendre de la rampe en roue libre, puis de
se laisser pousser jusqu'à son emplacement. Dommage.
Voici une voiture hors concours, mais ô combien magnifique, une Alfa Romeo 6C
2500SS Villa d'Este Coupé de 1950, par Touring. Seuls 36 exemplaires ont été
construits et il s'agit des derniers construits à la main par Alfa Romeo. Il
s'agit ici du châssis 915.916
Autre voiture en exposition, cette énorme Bentley 8 Litre (non non ce n'est pas
une faute d'orthographe), châssis YX5125, à carrosserie roadster. Si j'ai tout
bien compris, il s'agit non seulement de la dernière 8 litre produite mais
également de la toute dernière Bentley fabriquée avant la prise de contrôle de
la marque par Rolls Royce. En fait, il semblerait qu'elle ait été acquise pour
faire office de châssis de rechange et qu'elle n'ait reçu sa carrosserie par
Dottridge que dans les années 50. Elle est impressionnante. Après la Rolls Round
Doors l'an dernier, les voitures hors concours
n'ont rien à envier à celles qui chassent les prix. Cette Bentley est ici en
hommage à Berthold Albrecht, fils du cofondateur des magasins Aldi, grand
collectionneur et ancien participant du concours, qui a disparu en novembre
dernier à l'âge de 58 ans.
Ah, ça commence à sortir du parking pour aller se placer! Coup sur coup, voici
la Mercedes-Benz 680S Saoutchik,
Il est temps de repasser de l'autre coté. En passant, je m'arrête tout de même
pour immortaliser la P1 seule devant le lac, avant qu'elle ne soit prise
d'assaut.
Mon chemin est plus court, et j'arrive en même temps que les Ferrari qui
attendent pour rejoindre leur place.
La TdF est suivie par cette Jaguar XK120 qui semble avoir un historique en
compétition.
Quelques manœuvres et la voilà en place. Elle appartient à Peter McCoy, un
éminent collectionneur américain qui est aussi un habitué des lieux. En 2011, il
était là avec 0092E, une sublime 212 Export bicolore, et en 2009 avec 1075GT, la
250 GT Cabriolet Pinin Farina Série I dorée sauvée des flammes. Il a également
participé au déjà mythique Serenissima Run avec 4251SA, une 400 Superamerica
Coupé Aerodinamico.
La 212 a elle aussi un propriétaire très prestigieux: Jack Croul. Durant la seconde Guerre Mondiale, l'homme était navigateur - mitrailleur dans un B17 et a survécu à 33 missions de bombardement avant de faire fortune dans la peinture. Passionné d'aviation, il possède notamment deux P-51 Mustang mais il est également fanatique des Mille Miglia. Dans son garage se trouvent deux vainqueurs de l'épreuve: une 340 America Coupe Vignale et la 195MM de Giannino Marzotto.
La 212 perd un peu de liquide.
Un bon focus sur ces deux voitures matinales.
Je prends un peu de hauteur pour faire quelques vues de dessus, depuis une
terrasse de l'hôtel.
Idéal pour le moteur et l'intérieur de la 212.
Je redescends pour en profiter.
Même si j'ai dit que nous faisions table rase du reportage précédent, je ne vous
remets pas ici l'historique de la voiture, qui s'y trouve.
Maintenant que le temps est sec, je peux suivre le conseil du propriétaire et
vous proposer sa vue préférée de l'auto.
Elle est tout de même moins élégante que ses sœurs, selon moi.
Voici la 250 châssis court engagée.
Les jardins sont particulièrement verdoyants cette année.
Tout à coup, l'excitation gagne tous les photographes présents. Dans un bruit
inimitable, la Bugatti Atlantic de Ralph Lauren s'avance. Elle stoppe un moment
dans la descente. cette voiture a déjà été annoncée plusieurs fois. La rumeur
veut que l'éruption du volcan Eyjafjöll l'ait empêché de venir il y a deux ans.
En tout cas, cette fois, elle est bel et bien là, prête à tout rafler.
Pour l'instant, elle dégage un épais nuage de fumée qui menace d'asphyxier les
passagers de l'une des autres stars du concours.
Derrière les 6 sorties d'échappement chromées, le bitume brunit à vue d'œil,
c'est impressionnant.
Admirez l'ouverture des portes suicide.
Et voici l'intérieur de celle qui est potentiellement la voiture la plus chère
du monde. Eh oui, les même banquettes que dans un TER.
Vincent arrive et m'annonce qu'il a eu l'Atlantic devant la fameuse descente
herbeuse. Un joli scoop. Je décide d'aller voir par moi même ce que ça donne,
c'est un spot que je n'ai curieusement jamais utilisé. Voici une Mercedes
C'est un peu trop excentré pour moi cela dit. J'aime bien voir ce qui se passe
en bas. En redescendant coté concept cars, du vert et du jaune attirent mon
attention devant la réception de l'hôtel. C'est l'Aston Martin CC100, juste pour
moi. Aston a décidé de fêter son centenaire en réinterprétant l'un des modèles
les plus emblématiques de la marque, la DBR1. Le résultat est ce speedster très
réussi. Honnêtement, au vu des dernières hésitations de la marque (Virage, pas
Virage, DBS, plus DBS...), je ne l'aurais pas cru capable de sortir un concept
aussi mature.
Et avec les vocalises du V12, c'est encore mieux. Ca me rappelle la présentation ici même de la One-77.
La voiture rejoint sa place en roulant.
Sur le parking se trouve également ce petit duo sympathique.
La Sergio de Pininfarina est déjà installée, sous une toile, de peur de la
pluie. Pas super pour les images.
Deux "pseudo" Alfa Romeo sont engagées dans le concours. En réalité, ce sont
Zagato et Touring qui les présentent. Alfa ne fait en fin de compte qu'accorder
l'utilisation de son badge pour profiter un peu de l'évènement. A tel point que
la TZ3 est en fait une Viper ACR déguisée, qui prête son châssis et son V10 de
8.4 litres.
Après tout, çà reste dans la famille.
Voici de nouveau la P1. Je ne le sais pas encore, mais le téléphone doit être en
train de chauffer entre Woking et les rives du lac de Come.
Ici le concept Subaru Viziv. Autant vous prévenir tout de suite, ne cherchez pas
d'autres photos de lui dans les reportages, c'est là toute l'attention que je
lui ai accordée. Un SUV dans un concours d'élégance...
Et il est temps de refaire le tour de l'hôtel. De l'autre coté, la faune locale
vient elle aussi admirer les carrosseries.
C'est la première fois que cette 250 LM Stradale revient en Europe depuis qu'elle y a été fabriquée: un petit évènement et une grande chance pour moi.
D'autant qu'elle est assez bien placée.
Et encore seule pour quelques minutes
La M1 va avoir du mal à faire sa place à coté je pense.
Malheureusement, le concours ne fait toujours pas tourner les emplacements de
ses catégories, ce qui fait que les avant guerre ont toujours le meilleur
emplacement et que les Ferrari sont souvent dans l'ombre du bâtiment rouge (en
tout cas le matin). La Maserati Zagato spider est arrivée.
La Jaguar XKSS également, ça se précipite. Cette voiture qui provoquerait une
syncope dans n'importe quel autre contexte se fond ici dans le paysage.
La 500 Superfast fait son apparition. Le petit moment privilégié de tranquillité
avec les premiers arrivés touche à sa fin.
La LM m'attire. Contrairement à sa sœur, rencontrée au
Museo Ferrari il y a quinze jours, celle
ci n'est pas une conversion mais a été conçue dès le début comme un version
routière. Ca se ressent dans les finitions: la lunette arrière est parfaitement
intégrée.
Tout comme les échappements "civils" et les pare chocs. Du beau boulot.
Paradoxalement, la livrée à bande bleue évoque la compétition. Avec l'intérieur
rouge, c'est vraiment la perfection.
Les arrivées sont maintenant trop rapides pour que je puisse suivre. Le nombre
de Miura que j'aurai vues en quinze jours, c'est juste ridiculous.
Revoici la Flying Star, une des surprises du dernier Rétromobile. Ca tombe bien,
je n'avais pas pu accéder à l'arrière.
Dommage que cette Talbot-Lago T26 Grand Sport soit noire je trouve. Sa
carrosserie Franay mériterait peut être une couleur plus vive.
Voilà, typiquement le genre de photo qui prend bien une dizaine de minutes, le
temps que tout le monde sorte du champ.
La châssis court est très spéciale. Il s'agit de 2649GT, la 18ème châssis court
produite, avec une carrosserie en acier. En 1968, elle reçoit un étrange nez
avec des phares couverts sous plexiglas. En 1973, elle devient propriété du
Genevois Michel Lepeltier. Malheureusement, la passion de celui ci pour Ferrari
sera aussi sa perte: en 1990, au plus fort de la spéculation sur la marque,
l'homme est tué lors d'une tentative de vol de sa F40. La famille tente de
conserver la collection mais celle ci finira par être saisie. Le nouveau
propriétaire s'empresse de lui enlever son déguisement et la remet dans son état
d'origine, lequel présente d'ailleurs de nombreuses particularités: poignées de
portes, bouchon de réservoir, chromes... son premier propriétaire avait voulu
lui donner un vernis civilisé plus prononcé. Elle est la seule châssis court à
présenter ces caractéristiques.
Je reviens vers la Jaguar XK 120. Certains n'aiment pas les numéros de course
mais moi c'est le contraire: ça donne une touche sportive et à la Villa d'Este,
ce n'est forcément pas innocent; ils doivent trahir un passé en compétition plus
ou moins prestigieux.
L'intérieur de cette Maserati est très... rouge.
Cette petite monoplace atypique est une Bandini.
Il y a une longue tradition de petites voitures à la Villa, des Abarth aux
Moretti.
Celle ci est vraiment magnifique, avec son lot de recoins et de courbes.
Un plaisir à détailler.
Je passe ensuite à la MG Magnette,
avec le même objectif.
Il y a de nombreux éléments dignes d'intérêt.
L'AC Cobra n'est pas courante sur les rives du lac, mais elle a toute sa place
ici.
Je prends de la hauteur pour profiter de l'XKSS.
Il recommence à pleuvoir, et en plus je supporte bien ma polaire et mon blouson.
La Dino se met à l'abri comme elle peut.
Du coup, je passe pas mal de temps en salle de presse, au chaud, à essayer de
trouver un peu de wifi pour assurer le live sur Facebook. Je ressors quand c'est
un peu calmé.
Tiens, la deuxième Tour de France est arrivée, avec pas mal de retard. Hélas
elle est garée en pente sur une bosse, ce qui ne la met pas à son avantage.
Heureusement, elle n'est pas inédite pour moi.
Je passe ensuite vers cette Fiat 508, d'autant plus surprenante qu'elle date
de... 1938.
Quand j'ai vu qu'une Aston Martin DBS était inscrite au concours, j'ai pensé
qu'il devait s'agir d'un modèle particulier, et c'est bien le cas.
Outre le fait qu'il s'agisse de la plus belle DBS que j'aie jamais vu, avec
cette magnifique couleur "Bahama Yellow" elle porte des badges et des jantes de
V8,
bien que son capot trahisse la présence d'un six cylindres.
Il s'agit en fait de la voiture qui a tourné dans les épisodes de la mythique
série "The persuaders", ou "Amicalement Votre". La production utilisait un
moteur six cylindres en ligne plus pratique mais Brett Sinclair ne pouvait pas rouler dans autre
chose que le haut de gamme, d'où cette discrète transformation.
La malle arrière est autographiée par les deux acteurs. Je ne sais pas pourquoi
j'ai privilégié la signature de Tony Curtis? Peut être parce qu'il conduisait la
Dino?
Je m'approche quand même des avant guerre, même si cette Hispano Torpedo ou
cette Isotta Deville portent typiquement le type de carrosserie qui ne me fait
pas vibrer.
La 540K me plait plus, avec son aérodynamique plus poussée.
Et la Saoutchik évidemment, qui dégage une certaine majesté.
Je vois des gens sur toit du Spa et recherche le moyen d'accéder. Une grille
ouverte. Oh, il faut descendre une corniche à 45° d'environ 30 centimètres de
large sur deux mètres. Il pleut. Je descends sur les fesses, tant pis pour le
pantalon. De là, je peux faire quelques plans d'ambiance.
Encore mieux un fois chaussé le 10-22.
Je peux aussi faire un ou deux focus, en attendant patiemment un trou dans le
public.
Bon, je remonte la pente tant bien que mal et redescends. Vu la densité de la
foule, je me contente de faire quelques détails. L'intérieur de la Mercedes
Saoutchik.
Le moteur de la Tour de France, apparemment sous la garde de Gabriele Artom.
La présence de la roue de secours peut paraitre étrange mais il peut aussi
s'agir de répartition de masses, et donc d'ajouter un peu de poids aux roues
arrière.
Evidemment, chaque ouverture de capot d'une Ferrari déclenche l'arrivée en
grappe des chasseurs de numéro de châssis qui veulent prendre en photo la
fameuse plaque et le moteur. En fait il suffirait de suivre les juges pour avoir
accès à tout: moteur et intérieur car ils passent chaque voiture au peigne fin.
Mais bon.
Tout à été prévu pour rendre la LM plus pratique à utiliser.
Et regardez moi cet intérieur. Le 10-22 est l'arme absolue pour les photos
d'intérieur.
Et ces deux réservoirs latéraux: de la pure pornographie!
Me revoilà du coté des concepts.
L'intérieur de la P1. Je connais bien, je me suis déjà
assis dedans. Mais
aujourd'hui, pas question!
Voici le concept Z4 par Zagato, hors concours.
L'intérieur de la Sergio, très sympa.
L'intérieur de la CC100, sublime.
Ca respire la course, avec ce plancher dénudé et même troué,
avec quelques touches de cuir de bon goût. Après tout, c'est une anglaise.
La console centrale, aérienne.
La voiture n'ayant pas de pare-brise, le port du casque est obligatoire. Celui
ci est orné du logo du centenaire.
Magnifique. Espérons qu'Aston Martin envisage une production en petite série, à
l'image de la SLR Stirling Moss.
J'en ai profité pour voler une photo de la directrice de la communication, très
British aussi. A Genève, je
lui avais demandé l'autorisation et elle s'était tellement crispée qu'elle avait
perdu l'essentiel de son charme. Au vu de son équipement, elle n'est pas
dépaysée par la météo.
Je m'attarde encore un peu sur la Bentley 8 Litre.
Voici le designer de la Disco Volante.
Il est temps de manger. Nous nous serrons autour d'une table, qui devient vite
un entassement de reflex à faire pâlir d'envie tout photographe amateur. Club
Sandwich pour tout le monde! C'est Matteo qui a instauré cette tradition. A vrai
dire, les deux premières années de ma présence ici, je ne savais même pas que le
kit presse contenait deux coupons pour se nourrir à l'oeil. Fort dommage car le
Club et le coca représentent l'équivalent d'une commande de 38 euros par
personne. Cela dit, tout le monde se retrouve vite frigorifié. Pas un temps à
trainer à table, comme ça a pu être le cas d'autres années.
Allez, il faut retourner au boulot car je suis loin d'avoir vu toutes les
voitures. Même la Lamborghini 350 GTV n'est pas encore passée devant mon
objectif.
Pas plus que cette Porsche Speedster,
Les Aston, pas encore regardé les DB4 ou celle ci.
ou encore cette Bentley qui représente tout ce que je n'aime pas: une baleine.
Du coup je reviens vers les pur-sang. Cette Talbot
puis la 250 California, sublime,
Impossible de faire une photo flatteuse de la Tour de France.
La 500 Superfast est la toute première de la série, que l'on pourrait considérer
comme le prototype, ce qui explique certaines particularités, comme le feux
arrière par exemple.
La 212.
La Zagerati commence à prendre l'eau. Pas sûr que Brandon Wang soit très content.
L'une des Frua démontre l'élégance de sa capote.
Cette classe regroupant Ferrari et Maserati est assez extraordinaire.
Je profite du 10-22 pour faire quelques très gros plans.
Aïe aïe aïe mais qu'est ce que c'est beau. Les réservoirs rivetés sont vraiment
ma grande faiblesse.
Les Alfa Romeo sont souvent primées à la Villa mais cette 6C 1750 Gran Sport par
Zagato fait face à une forte concurrence cette année.
Pas sûr que St Christophe suffise à lui faire gagner un prix.
Je reviens vers les Lamborghini.
La robe dorée de la 350 GTS est tout de même plus éclatante sous le soleil.
Pour une fois je ne rechigne pas à avoir des gens sur ma photo.
J'ai totalement zappé les 350, ou presque.
Voilà à quoi ressemblait le badge Lamborghini au tout début, avant un changement de fond radical.
Je n'ai encore presque pas photographié l'Atlantic mais elle est prise d'assaut
en permanence! J'en suis réduit à faire du détail.
Il faut reconnaitre que c'est une véritable œuvre d'art.
Je pense que la Lagonda située juste à coté va avoir un peu de mal à exister.
Tout comme cette Rolls-Royce Phantom I, malgré sa poupe de bateau.
Quelques vues des ancêtres.
J'avoue que je ne me suis pas beaucoup occupé de la Sibilo.
Contrairement aux Ferrari, évidemment.
L'heure de la parade approche. Je passe devant la tribune du jury. Au sein de celui ci, on trouve entre autres: Winston Goodfellow (journaliste et historien), Dieter Meier (artiste et musicien)
Lorenzo Ramaciotti, qui préside. Le chef actuel du design chez Fiat a passé 15 ans à la tête du design chez Pininfarina,
Harm Lagaaij, ancien patron du design chez Ford, BMW et Porsche
Stefano Pasini, journaliste et auteur,
Patrick le Quément, ancien patron du style chez Renault
Hideo Kodama, styliste et artiste,
ou encore Charles Lord March, l'organisateur des évènements de Goodwood
Depuis que je suis accrédité à la Villa, j'ai toujours suivi la parade sur le traditionnel bout d'allée devant le lac. J'aimerais assez changer de point de vue cette année. Ma principale problèmatique est de ne rater aucune voiture car c'est l'occasion pour moi de vous faire le catalogue complet des véhicules présents. Cette année, je décide de suivre Matteo qui a lui aussi son spot de prédilection: après le passage devant le jury, quand les voitures refont le tour pour aller se replacer à leur emplacement initial. Le seul problème est que j'avais pris l'habitude d'enregistrer le discours de Simon Kidston sur dictaphone pour compléter mes renseignements. Mais comme j'écoutais aussi assez attentivement, je n'en avais pas trop besoin pour me rappeler des principales anecdotes. Alors que cette fois je n'ai pas enregistré et je n'ai rien entendu, du fait de l'absence de haut parleurs dans cette zone.
La BMW Pininfarina Gran Lusso coupé quitte sa place pour se préparer à défiler un peu plus tard
La Bentley part elle aussi en ballade.
Petit à petit, la foule se masse sur le chemin de la parade, ce qui libère les concept cars les plus à l'écart, comme la Sergio.
Et surtout la CC100
qui se retrouve bientôt entièrement seule.
Allez, c'est parti, vous allez maintenant voir toutes les voitures participantes
une par une. On commence par la Classe A, "Kings of the road, the motoring
pinnacle of the 1920s and 1930s", le rois de la route, qui concerne les plus
beaux modèles des années 20 et 30. A cette époque l'automobile commençait à se
démocratiser mais restait l'apanage des classes supérieures. Certaines marques
avaient décidé de construire les plus grosses et les plus luxueuses automobiles
du monde.
La première à passer aurait fait figure de grande favorite toute autre année que
celle ci. Il s'agit de la Mercedes-Benz 680S Saoutchik Torpedo Roadster de 1928,
parfaite combinaison d'ingénierie allemande et de style à la française. A priori
Jacques Saoutchik n'aurait carrossé qu'une douzaine de série S, la norme étant
de conserver une carrosserie maison. La capot est extrêmement long, avec des
ailes typiques de cette époque. Une fois replié, le toit disparait totalement.
La carrosserie est en aluminium et présente un pare-brise très bas. La 680 S est
propulsée par un 6 cylindres en ligne de 6.8 litres compressé. Elle était
capable de dépasser les 160 kilomètres heures, ce qui devait demander une bonne
dose d'inconscience, sans parler d'une distance considérable pour s'arrêter.
Elle est aujourd'hui la propriété de Paul Andrews, son quatrième propriétaire
seulement, qui l'a fait complètement restaurer entre 2010 et 2012. Pour sa
première sortie, elle a remporté le prestigieux Best of Show à Pebble Beach, la
consécration suprême pour tout collectionneur. Ici pourtant, la belle est tombée
sur plus fort qu'elle et doit se contenter d'une victoire de classe. Des
miettes.
Voici ensuite une Hispano-Suiza H6B Cabriolet de Ville de 1929, carrossée par Hibbard & Darrin. Elle est présentée par le néerlandais Hans Hulsbergen. Elle
n'aurait été restaurée qu'une seule fois dans les années 80 et montre une
authenticité devenue très rare aujourd'hui.
Cette imposante Isotta-Fraschini 8A de 1930 doit sa carrosserie Torpedo à
Castagna. Elle appartient à l'Espagnol Jorge Fernandez.
La mention honorable, deuxième prix de la catégorie, revient à l'américain Jay
Moore avec cette Rolls-Royce Phantom II Continental de 1933 habillée d'une rare
carrosserie Sedanca (3 places) Drophead Coupé par Gurney Nutting. Elle remporte
également le Trofeo Rolls Royce de la Rolls Royce la plus élégante d'après le
jury.
Pendant ce temps, cette jeune femme prend des cours de conduite sur Bentley
8-Litre. Classe!
Classe A toujours, avec cette Mercedes-Benz 540K de 1937, carrossée à
Sindelfingen est présentée par le grec Kriton Lendoudis. Il s'agit d'une version
Cabriolet A sur châssis raccourci de 2890mm, dont 83 exemplaires seulement ont
été fabriqués. Celui ci a été vendu 1.4 millions d'euros en 2011 à la vente RM
de la Villa Erba. Initialement il avait été vendu au 14ème Maharaja d'Indore, un
grand passionné d'automobiles. Apparemment la voiture a déjà participé au
Concorso de la Villa d'Este en... 1937.
Elle part dans un nuage de fumée. Vous l'aurez constaté, mon spot habituel précédent était plus glamour mais celui ci donne la possibilité de prendre les voitures sous plusieurs angles, en ayant un peu de chance avec les passants assez nombreux à cet endroit.
Enfin, voici la Rolls-Royce Wraith 1938 de l'allemand Saulius Karosas. Le nom Wraith, qui vient de faire son retour dans la gamme actuelle de la marque, est l'équivalent écossais de Ghost (fantôme). A l'époque, la production de la Wraith fut limitée à 500 exemplaires environ par la guerre durant laquelle Rolls Royce se mit à produire des moteurs d'avion. Seules deux Wraith reçurent une carrosserie Saloon à deux portes par Erdmann & Rossi.
Passons à la Classe B, "Thoroughbreds, the golden age of
breeding and pace", les pur-sang. Elle réunit des voitures de la même époque que
la classe A, mais dans leurs versions plus sportives. Technologiquement
avancées, elles témoignent de l'expertise d'un constructeur et de l'état
d'esprit de cet époque de pionniers où la complexité et l'innovation étaient la
règle plutôt que l'exception.
Commençons par la Rolls-Royce Phantom I Open Tourer Boattail 1928 de
l'autrichien Alexander Schaufler. Henry Royce n'avait pas eu l'intention de
développer des voitures de sport mais le succès de Bentley au Mans ne lui laissa
pas le choix. Le moteur de la Phantom I fut poussé à 7.7 litres. Le carrossier
de Wimbledon Jarvis dessina la carrosserie légère et élégante de ce prototype.
Henry Royce lui même conduisit la voiture pendant une longue période de test
avant que la voiture ne soit cédée au Maharaja de Jammu et Kashmir. Il y a
toujours des voitures que je regrette de ne pas avoir davantage photographié
quand je lis leur description après coup et celle ci risque bien d'en faire
partie. Elle remporte d'ailleurs le trophée FIVA de la voiture d'avant guerre la
mieux préservée.
Voici ensuite l'Alfa Romeo 6C 1750 Gran Sport Spider Zagato 1931 de l'américain
Steve Adler. Ce modèle est LE symbole de la compétition chez Alfa Romeo,
avec notamment deux victoires aux Mille Miglia. VIttorio Jano lui même la
considérait comme son chef d'œuvre. Cet exemplaire fut la propriété du Baron
Philippe de Gunzbourg, un aviateur et pilote de course français qui prit le
pseudonyme "Varent". La carrosserie, le moteur , la transmission sont
strictement d'origine. Encore une voiture qui est tombée une mauvaise année.
Mention honorable pour le néerlandais Evert Louwman et cette Mercedes-Benz 500K Spezial Roadster de 1936 carrossée à Sindelfingen. Le Spezial Roadster était la finition la plus exclusive de la série K, avec un châssis standard mais sur lequel le 8 cylindres en ligne compressé de 5 litres était placé plus en arrière. Environ 30 exemplaires ont été produits, dont celui ci qui vient du Musée Louwman de La Haye, un endroit qu'il va définitivement falloir visiter. Tiens, elle fume moins que la 540K.
Bien moins imposante, la BMW 328 de 1937 du Suisse Daniel Pfirter, produite à
464 exemplaires. Chez BMW également il était possible de commander le châssis nu
pour le faire habiller à son goût. Cependant, afin de conserver une cohérence,
BMW imposait de conserver le capot, les ailes et le tableau de bord (quasiment
toute la face avant finalement). Cet exemplaire a été carrossé par Wendler qui a
significativement amélioré le confort du roadster sportif avec une capote
complète, des vitres latérales et un arrière élargi. La voiture a été restaurée
entre 2006 et 2010.
Voici la Lagonda LG45 Rapide Open Tourer 1937 de l'américain Ron Rezek. Lagonda est une marque anglaise mais est baptisée par le nom Indien d'une rivière américaine. En 1935, le petit constructeur créa la sensation en remportant les 24 heures du Mans. La LG45 sortit l'année suivante avec un moteur de compétition à peine dompté. Seules 25 unités furent fabriquées, dont celle ci qui est la vingtième. Elle sort de restauration.
Et voici la star du show, celle qui a créé l'évènement tout au long du weekend, la Bugatti 57SC Atlantic 1938 de Ralph Lauren, châssis 57591. Elle remporte bien évidemment sa classe. Sur les quatre exemplaires produits, deux survivent aujourd'hui (plus une reconstruction sur la base d'une épave) et celle ci, malgré sa couleur controversée, est sans aucun doute la plus authentique. Elle reprend la carrosserie rivetée de du prototype Aérolithe qui était construit dans un alliage de magnésium appelé Elektron et qu'il était impossible de souder. Sur l'Atlantic, les raisons sont uniquement esthétiques. Elle remporte également le Trofeo Auto & Design décerné par le jury pour le design le plus excitant. A mon avis, nous avons de bonnes chances de la voir repasser en fin de parade.
Et nous abordons déjà la classe C, appelée sobrement "Transitions, Europeans
coach-builders face change". Après la seconde Guerre Mondiale, le visage de
l'automobile changea irrémédiablement, mettant fin à un certain âge d'or. De
nombreuses marques de luxe furent dans l'incapacité de poursuivre leur
prestigieux parcours. Les carrossiers eurent aussi la vie dure, alors que
disparaissait la possibilité d'acheter un châssis nu pour le confier à un
carrossier de son choix. La plupart disparurent rapidement ou furent rachetés
par des constructeurs, à l'image de Park Ward ou Mulliner.
Commençons par cette Talbot-Lago T26 Grand Sport Cabriolet 1949 par Franay, inscrite par l'autrichien Michael Kaufmann et qui emporte la mention honorable. En 1946, Talbot-Lago est l'une des rares marques françaises à sortir un nouveau modèle: la T26. La version Grand Sport arrive en 1948, avec un moteur dérivé de la compétition développant 190 chevaux, une puissance énorme pour l'époque. La marque en produisait pas de carrosseries et chacun des 36 exemplaires est donc unique, selon les spécifications des clients. Les T26 GS sont les dernières représentantes du savoir faire à la française en matière de carrosserie. Trois des T26 furent habillées par Franay, dont un seul cabriolet que voici.
Je pense avoir vu toutes les voitures qui sont passées par cet endroit
incontournable donc je ne m'explique pas pourquoi je n'ai pas de photos de la
Jaguar Mk VII coupé 1951 de Daniel Marachin. Certes cette carrosserie des
Stabilimenti Farina n'était pas la plus charismatique mais pour une fois qu'un
Français présente quelque chose... Il s'agit pourtant d'une voiture hautement
intéressante d'un point de vue historique. L'importateur belge Joska Bourgeois
était déçu de ne pas voir la Mk VII déclinée en coupé, aussi décida-t-il de
lancer lui même la production de ce modèle, espérant en produire 50. Hélas,
l'accueil ne fut pas celui espéré et seuls trois prototypes furent fabriqués en
Italie, peu avant la fermeture définitive des Etablissements Farina en 1953.
Nous passons donc à cette Bentley R-Type Continental Sports Saloon Fastback 1952
de l'australien Barry Fitzgerald. La Continental combine sportivité et luxe,
avec une vitesse de pointe de près de 200 km/h. Seules 207 voitures ont été
produites dans cette configuration aérodynamique à carrosserie aluminium
fabriquée chez Mulliner. Elle est généralement considérée comme la dernière
version réellement distincte des modèles de la maison mère Rolls Royce. Cet
exemplaire a été initialement livrée à Giovanni Agnelli avant de partir en
Australie.
Une autre Talbot-Lago, cette fois une T14 LS Coupé 1956 par Letourneur et
Marchand, présentée par l'américain David Buchanan. A cette époque Talbot-Lago
tout comme Letourneur et Marchand étaient aux prises avec des difficultés
financières inextricables. En 1959, le premier fut vendu à Simca et le second
ferma ses portes, après que 54 exemplaires de la T14 LS aient été produits. Elle
remporte le Trofeo BMW Group Classic de la restauration la plus adéquate
(sensitive).
Voici une Bentley S1 Continental Drophead Coupé de 1959 entrée par l'allemand Dean Kronsbein. La série S marqua l'intégration définitive de Bentley par Rolls Royce: seuls les badges différenciaient les S1 des Silver Cloud I. Cependant, quelques mois plus tard Bentley lança une version spéciale appelée Continental, dessinée par son carrossier maison Park Ward , et qui fut produite à 85 exemplaires.
La voiture rentre directement au parking. Je sais que Vincent est placé devant la fameuse allée d'arbre un peu plus haut mais le risque est trop grand de rater des voitures. Le spot actuel est le dernier qui garantit de façon certaine de voir toutes celles qui prennent part à la parade. Cette Bentley remporte le Trofeo Automobile Club di Como de la voiture conduite sur la plus longue distance pour venir au concours.
Voici ensuite la vainqueur de cette classe, la Ferrari 500 Superfast dessinée par Pininfarina et appartenant au belge Lucas Laureys.
Première des 36 produites, celle ci, qui porte le numéro de châssis 5951SF, est
donc le prototype qui fut présenté à Genève en 1964. Etrangement, elle a été
restaurée en 2011 et 2012 chez Touring Superleggera
Nous en sommes à la Classe D, "Aston Martin, A 100th birthday celebration", en l'honneur du centenaire d'Aston Martin.
On attaque avec cette Aston Martin 2-Litre Sports "Spa Replica" de 1948 appartenant à Daniel A. Waltenberg de Singapour. En 1948, comme pour célébrer l'arrivée de son nouveau propriétaire David Brown, la marque remporta la victoire aux premières 24 Heures de Spa organisées après guerre. La voiture utilisée pour la course de Spa fut reconstruite et exposée au London Motor Show de 1948 comme étant un exemplaire de la nouvelle série "Spa Replica" que le public pouvait acquérir, mais il n'y eut pas d'acheteurs. Ce modèle resté unique devint la propriété de David Brown Junior avant de changer de mains. C'est la première fois que j'entends le terme Replica utilisé pour désigner une voiture authentique mais c'était une drôle d'idée.
Voici l'Aston Martin DB4 GT Zagato de David Eyles. Elle remporte la Mention Honorable.
J'avoue avoir totalement délaissé cette Aston Martin DB4 SS de1962 carrossée par Touring et faisant partie de la Collection de Jean-Pierre Slavic. Elle remporte pourtant la classe dédiée à la marque.
Et voici une Aston Martin DB4 Cabriolet présentée par le britannique Brian Morrison. Fabriquée à 70 exemplaires seulement, celle ci se distingue en ayant servi de moyen de transport à Michael Caine dans le film "The Italian Job".
Autre voiture célèbre dans le petit monde des médias, l'Aston Martin DBS de la série "Amicalement Votre", présentée par le britannique Edward Stratton.
La classe E est celle que je risque de préférer, puisqu'elle s'appelle "Prancing horse vs Trident, Modena's legendary marques go head to head" et narre la lutte entre le cheval cabré et le trident pour la suprématie à Modène.
Elle débute avec la Ferrari 212 Export Barchetta Touring de Jack Croul, châssis 0136E. Son numéro pair trahit sa destination première: la course. Vingt sept exemplaires ont été produits dont huit dans cette configuration. Celle ci a été présentée au Salon de Paris en 1951 avant de partir courir en Amérique du Sud. Elle a été retrouvée en 1973 en Uruguay.
Elle est suivie de cette Maserati A6G 2000 Cabriolet par Frua, présentée
par l'autrichien Günther Krumpl. Il s'agit de l'un des seize modèles deux litres
à avoir été carrossé en cabriolet, et l'un des5 par Frua.
Suit la Maserati A6G/54 Spider Zagato de Brandon Wang. L'A6G/54 fut la dernière
Maserati habillée à la demande par Frua, Allemano ou encore Zagato. Celle ci est
un one-off présenté à Genève en 1955 et prévu pour être livré à Juan Peron, ce
qui n'advint jamais suite aux complications politiques que l'on sait. Wang n'est
jamais avare de ses voitures mais un peu plus de sa présence.
Et voici la Maserati A6G/54 GT Spider Frua du belge Roland D'Ieteren. A
l'origine la voiture fut livrée aux USA en rouge avec une bande blanche. La
voiture a même servi à tracter des planeurs à un stade de sa vie, ce qui a rendu
impérative une restauration complète entre 2000 et 2012.
La mention honorable revient à la Ferrari 250 GT SWB California de l'italien Claudio Caggiati, 2505GT. Livrée en 1961 en Rosso Dino, il est étonnant qu'elle ait été repeinte dans cette livrée bleu foncé à l'occasion de sa restauration chez Classiche en 2011.
Et c'est Ferrari qui remporte le duel dans cette classe, avec
un premier prix pour 2649GT, la 250 GT SWB engagée par la Destriero Collection
de Monte Carlo et munie de ses éléments chromés uniques en leur genre.
Une Rolls sort du parking, en toute simplicité.
La classe F est intitulée "California Dreamin', cruising down Highway 1 with the wind in your hair", en toute simplicité. Dans les années 60, la meilleure façon de vivre le rêve californien était de rouler dans un puissant roadster avec un gros moteur et un chant à l'avenant. Les modèles engagés dans cette catégorie ont pour certains été développés spécifiquement pour le marché américain et ont en commun une passion pour la conduite cheveux aux vent: capote et équipements de confort y sont réduits au minimum.
Ca commence avec cette Jaguar XK120 Roadster de 1949 présentée par le Suisse Christian Jenny. Cet exemplaire bénéficie d'une carrosserie en aluminium et a appartenu au pilote suisse Albert Scherrer qui l'a mené plusieurs fois à la victoire, dont une victoire de classe au Grand Prix de Berne en 1951, avec le numéro 56. C'est quand même bien mieux quand une voiture produite à 10 000 exemplaires a une histoire originale à raconter non?
La fameuse Siata 208S par Motto appartient à l'américain James Utaski remporte une mention honorable. Siata a été associée à Fiat depuis les tous débuts. Entre les deux guerres, la firme affutait des moteurs Fiat avant de se mettre à produire ses propres voitures après la deuxième guerre. La 208 est basée sur la 8V et est donc équipée d'un V8. Elle n'était vendue qu'aux Etats Unis et seuls 35 exemplaires furent produits, dont celui ci est le dernier. Elle a été restaurée conformément à l'original. Finalement elle méritait bien ce shooting.
Voici la Jaguar XKSS du britannique Peter Neumark, une des seize produites sur
la base de la mythique Type D. Elle est la dernière convertie avant l'incendie
de l'usine Jaguar qui détruisit les derniers châssis Type D, et probablement
celle qui à la carrière sportive la plus significative. Elle remporte la classe
F.
Cette Porsche 356 A Speedster est présentée par un chinois, Ni Peng Loh, qui
repart avec le Trofeo Vranken Pommery de la voiture la plus "iconique" (si ça
existe).
Et une dernière voiture bien dans le thème, cette AC Cobra 289 appartenant au
Suisse Kurt Engelhorn. Celle ci nous rappelle que malgré la bestialité de son
moteur et de son rapport poids puissance, les vraies Cobra n'ont pas forcément
un look ultra agressif.
La classe G est intitulée "Speed and Style, as only the Italians know how",
vitesse et stye comme seuls les Italiens savent le faire. Tout un programme.
Elle commence par cette Fiat 8 V par Rapi, présentée par l'américain Bruce Vanyo. La 8V était totalement atypique, loin du crédo habituel de Fiat qui produisait plutôt des petites voitures à la chaine. Seuls 114 exemplaires furent construits. Le design était l'œuvre de Luigi Rapi, responsable du style chez Fiat. Elle reste à ce jour la seule Fiat à moteur V8 jamais produite. Elle remporte le Trofeo Foglizzo du plus bel intérieur.
Voici ensuite la Ferrari 250 GT Tour de France, châssis 0903GT de Peter McCoy qui emporte la mention honorable.
La châssis court revient, direction parking.
Sans surprise, la classe est emportée par la Ferrari 250 LM inscrite au nom de
la Lionshead West Collection, châssis 6025.
Voici ensuite l'invitée surprise du concours, la Lancia Sibilo de 1978 dessinée
par Marcello Gandini pour Bertone, et présentée par Corrado Lopresto. Elle fut
présentée au salon de Turin en 1978.
La BMW M1, pionnière des générations M à venir, est présentée par l'allemand Detlef Hübner. Elle trouve sa place ici du fait de son dessin par Giugiaro pour
Italdesign. Elle fut créee sur la base du concept BMW Turbo de Paul Bracq.
l'exemplaire ici présent se distingue de ses 398 frères par le fait qu'il a
appartenu à Jochen Neerpasch, qui fut à la tête de la division Motorsport et à
l'initiative de la M1, et par sa couleur grise unique. Elle remporte le Trofeo
ASI de la voiture d'après guerre la mieux préservée.
C'est maintenant une Bentley qui quitte l'hôtel.
Autre anniversaire d'importance, autre hommage, la classe H se nomme
"Lamborghini, a 50th birthday celebration" et regroupe des modèles des dix
premières années de production.
La première a passer mérite bien ce qualificatif puisque la Lamborghini 350 GTV
du Suisse Albert Spiess est la première Lamborghini jamais construite. Ce
prototype dessiné par Franco Scaglione a été présenté au salon de Turin 1963. Sa
baie moteur était vide car le moteur 3.5 litres dessiné par Giotto Bizzarrini ne
pouvait pas rentrer sous ce capot trop plat. Il fallu ensuite réaliser des
modifications au niveau du châssis pour rendre la voiture roulante. Elle mérite
sa mention honorable.
Elle est suivie de cette Lamborghini 350 GT appartenant à l'allemand Georg Gebhard. Le design de la 350 GTV a été repris par Touring pour obtenir ce
résultat final. Cet exemplaire est la première Lamborghini à avoir été
officiellement vendue, par Ferruccio lui même. Le premier client, Robin Grant,
accepta de participer au développement de la voiture et reçut en retour en 1965
le tout nouveau moteur 4 litres . On peut considérer que cette voiture est donc
le prototype de la 400GT. Elle est strictement dans son état d'origine.
Voici ensuite l'une des deux Lamborghini 350 GTS Spider conçues par Touring et
présentées à Turin en 1965. Elle est présentée par l'autrichien Emanuel Reich.
Sur ce coup, Touring et Lamborghini ont à mon avis manqué de flair en ne
détectant pas le potentiel de la version cabriolet, notamment outre Atlantique,
ce qui explique que les GTS soient restées cantonnées à ces deux exemplaires.
Celle ci vient de faire son grand retour public, il y a quinze jours à
Bologne et aujourd'hui, alors qu'elle
n'avait plus été vue dans un évènement depuis 1965. Elle remporte évidemment
cette classe très relevée. Après, je ne veux pas dire de mal de la conductrice
mais je l'ai trouvée un peu... dynamique.
Au tour de la Lamborghini 400 GT Shooting Brake "Flying Star", un one-off
exceptionnel fabriqué par Touring et venu de France avec Jean-Claude Paturau. Le
concept a été présenté au Salon de Turin en 1966 et a appartenu à Jacques
Quoirez, le frère de Françoise Sagan. Il a été restauré en 2009 chez Touring
Superleggera.
Et que serait la Villa d'Este sans une Lamborghini Miura, ici en version SV,
châssis 5080,
proposée par l'italien Mario Rossi. Celle ci sort de restauration et a retrouvé
sa magnifique teinte Azzurro Cielo originale.
La dernière classe des véhicules historiques, la I, s'intitule "Racing improves
the breed, three decades of evolution", la course améliore l'espèce, une maxime
dont devraient se souvenir de nombreux constructeurs.
Débutons avec cette MG Magnette K3 de 1933 proposée par l'australien Peter
Briggs. Ce modèle produit à 33 exemplaires seulement est considérée comme la
sportive la plus emblématique de la marque et dispose d'un six cylindres (le
seul produit par MG) compressé de 1.1 litres de cylindrée. Ce châssis, K3003,
est le plus important et le plus victorieux de tous, ayant remporté sa classe
aux Mille Miglia 1933. Un peu plus tard, Tazio Nuvolari lui même remporta le RAC
Tourist Trophy à son volant. Partie en Australie en 1984, ce n'est que récemment
qu'elle a retrouvé ses spécifications Mille Miglia. Elle remporte le Trofeo
Roeckl de la meilleure adéquation entre voiture, conducteur et passager.
Voici ensuite la Fiat 508 CS MM "berlinetta aerodynamico" par Savio, de 1938,
engagée par l'italien Giuseppe Boscarino. Cette voiture a été construite
spécialement pour les Mille Miglia avec une carrosserie en aluminium et un
moteur 4 cylindres de 1.1 litres développant 42 chevaux et permettant une
vitesse de pointe de 140 km/h. La 508 CS remporta sa classe du premier coup en
1938 à 112 km/h de moyenne.
La Bandini 750 Siluro présentée par le grec Alex Vazeos est la plus petite cylindrée du concours: 750 cm3. Bandini était installé en Emilie Romagne et ne produisait que des voitures de compétition. La 750 Siluro fut produite à 12 exemplaires dont celui ci qui fut exporté aux Etats Unis et qui est le seul à disposer d'un moteur de 70 chevaux de la "Saponetta" qui allait lui succéder, en faisant l'une des Bandini les plus rapides. C'est la première fois qu'elle est présentée en Europe, dans un état proche de l'origine.
Eh! 0563GT, la Ferrari 250 GT Tour de France série I de Martin Gruss prend
la fuite dans la direction opposée! Il s'agit de la huitième des neuf série I
produites. Elle a un historique de compétition considérable:
elle termina 8ème du Tour de France en 1956 puis deuxième de la Coupe du Salon
de Montlhéry avec Jacques Peron. En 1957 celui ci remporta plusieurs victoires
(Rallye des forêts, Grand Prix de Paris) avant de terminer 5ème au Tour de
France. Heureusement que je l'avais déjà vue à la
vente RM de
Maranello en 2009 car elle a passé le weekend à me poser des lapins. Elle
portait alors une seyante bande tricolore et le numéro 171 du Tour 1957 alors
qu'elle porte maintenant le numéro 75 du Tour 1956 où elle courait en effet sans
bande. Bon. Elle remporte une mention honorable.
La vainqueur de classe est cette Dino 166P/206P de 1965 appartenant à
l'autrichien Andreas Mohringer, châssis 0834. Elle a commencé à courir en tant
que voiture d'usine en 1965. Bandini et Vaccarella la menèrent à la quatrième
place (deuxième de classe) aux 1000 kilomètres du Nürburgring. Elle dut en
revanche abandonner aux 24 Heures du Mans, puis équipée d'un moteur deux litres,
elle s'imposa lors de la course de côte Trento-Bondone avec Scarfiotti. Puis,
convertie en Spider, elle remporta les courses de côte de Cesana-Sestriere,
Freiburg-Schauinsland et Ollon-Villars, permettant au pilote italien d'être
sacré champion d'Europe de la montagne. Prêtée à la Scuderia Nettuno de Bologne,
elle termina ensuite quatrième à la Targa Florio 1967, épreuve à laquelle elle
prit encore part en 1969 et 1970, sans terminer. De 1967 à 1997, elle resta
entre les mains de Leandro "Cinno" Terra. Elle passa ensuite entre les mains de
Carlos Monteverde avant d'être acquise par Harry Leventis qui l'utilisa en
Ferrari Maserati Historic Challenge de 2001 à 2010. Je l'ai déjà rencontrée au
Mans Classic 2010 ainsi qu'aux
Finali Mondiali en 2008 au
Mugello
Etrangement, pour la première fois les concept cars ne prennent pas part à la parade. J'ignore pourquoi. BMW embraye sur la présentation des quelques voitures du groupe, comme ce cabriolet 502,
et le concept BMW Pininfarina Gran Lusso coupé, d'une facture somme toute classique.
Je m'approche du centre névralgique, qui a ses avantages mais est ultrabondé.
Voici la fameuse Rolls bleue, présente à l'occasion du centenaire des Alpine Trials (essais alpins) qui ont participé à la réputation de Rolls Royce en faisant franchir aux voitures près de 3000 kilomètres de routes de montagne en 1913, avec notamment cette Silver Ghost. La Ghost bleue rencontrée hier est une version bespoke créée pour cet anniversaire.
Je suivrais bien la parade depuis ici, ce qui serait idéal et original mais ça nécessite de s'installer très tôt, au vu de la bousculade actuelle.
Je force un peu le passage pour approcher au moment de la remise du trophée principal, la Coppa D'Oro, récompensant la voiture désignée par le vote du public. C'est Ralph Lauren en personne qui vient récupérer la coupe.
Au moment où Lauren remonte en voiture, une course poursuite s'engage.
Je recule pour prendre la voiture s'extraire de la foule.
Puis je cours après la voiture, sans trop savoir pourquoi. Ca monte et je ne fais plus de sport depuis dix ans. Dur dur. La voiture est arrêtée devant la fameuse descente. J'accèlère. J'arrive juste au moment où l'américain remonte à bord. Vite,vite, rafale.
Et la voilà repartie.
Raccourci jusqu'en bas, c'est la folie comme jamais ici.
Voilà; le spot de Matteo est très
intéressant pour la parade, puisqu'il permet, comme je l'ai dit, d'admirer les
voitures sous plusieurs angles. Cela dit, il lui manque le glamour de l'allée
devant le lac, ou l'atmosphère de la tribune du jury. Vous pouvez d'ores et déjà
voter pour ce que vous aimeriez voir l'année prochaine.
La plupart des voitures ont rejoint leur emplacement au sortir de la parade et
vont maintenant retourner à l'abri au gré de l'humeur du propriétaire. Pour la
plus grosse partie du public, la fin de la parade a aussi sonné la fin des
réjouissances et il ne reste plus grand monde. C'est le deuxième moment
privilégié pour faire des images. Je me dirige vers les Ferrari et Maserati, qui
sont absolument seules.
Puis les Lamborghini. Que du bonheur.
Même l'Atlantic est quasiment seule, ce qui me permet de profiter tranquillement
d'elle et de ses coupes alors que tout à l'heure c'était une cohue énorme pour
faire la même photo en moins bien.
J'arrive même à immortaliser cet inhabituel et rarissime duo de Mercedes Type K.
Avant de faire un petit focus qui permet de voir les différences entre les deux
modèles.
sauf la Flying Star qui reste seule.
La 250 LM Stradale rejoue même la parade et me donne la possibilité de faire la
fameuse photo.
Sur le lac, les Riva font une petite démonstration.
Je m'intéresse un peu à l'Alfa Romeo.
De ce coté, il ne reste plus grand chose.
Une des Mercedes s'en va, j'ai exploité les voitures présentes au maximum.
En prenant le chemin de la sortie, je m'aperçois que la McLaren est encore là.
J'apprends qu'elle a connu de gros problèmes toute la journée qui ont empêché
tout déplacement autonome. Pour la voiture censée être la plus aboutie de la
compétition concept cars, ça fait un peu tâche. Je me demande si c'est pour
sauvegarder l'honneur de la marque que la parade des concepts n'a pas eu lieu.
Cela dit, il parait que la Sergio n'est pas roulante non plus.
Alors que la voiture remonte au treuil dans sa remorque, un jeune garçon vient
donner un coup de main sous le regard amusé de l'un des membres du staff. Au
moins les anglais n'ont pas perdu leur sens de l'humour.
Mine de rien, il est déjà 19h00. Nous prenons la route du restaurant. En chemin,
nous tombons sur cette superbe Maserati Ghibli.
Cette Aston Martin Vantage emprunte la voie entre Villa d'Este et Villa Erba.
Demain, toutes les voitures transiteront par là mais les attendre ici signifie
sacrifier les images sur les pelouses et devant les escaliers de la Villa.
Maleureusement, impossible d'être partout à la fois.
Je me jette un peu trop vite sur une fantastique assiette de spaghettis huile
d'olive piment qui me le fera payer pendant la nuit. Nous rentrons ensuite à
l'hôtel pour ajuster l'équipement photo en vue de la vente aux enchères RM qui
se tient ce soir. Je prends le trépied et ne garde qu'un seul boitier. Une
polaire et le blouson complètent la panoplie. En revenant vers la Villa Erba,
Vincent remarque des Aston sur le parking d'un hôtel. Je vais voir de plus près.
Il s'agit de l'avant garde de l'un des rallyes organisés à l'occasion du
centenaire de la marque. Les participants doivent arriver à Côme lundi. Je fais
quelques photos et continue ma route.
Pour être à nouveau détourné de mon objectif par une tâche bleue au fond d'une
rue. Une 250 GTE, noyée au milieu des voitures modernes.
Je finis par rejoindre la Villa Erba pour la vente, mais c'est une histoire qui
vous sera contée dans un futur reportage. Sachez seulement que nous avons rallié
l'hôtel vers une heure du matin, frigorifiés.
Par rapport à ce que l'on pouvait craindre, cette journée s'est bien passée.
Malgré des débuts pluvieux, j'ai pu rattraper mon retard de photos sur les
modèles qui m'intéressaient le plus. Comme chaque année, le plateau était
énorme, avec en plus le coup de maitre de la Bugatti Atlantic. La troisième
étape est le transfert à Villa Erba pour une journée de dimanche ouverte à tout
public, avec des pelouses plus aérées que j'apprécie beaucoup également. Encore
une fois, tout se jouera dans les deux premières heures, avant l'envahissement
du terrain par des spectateurs enthousiastes et connaisseurs.
Libre à vous de quitter cette page par ici si vous avez terminé la consultation du site. A bientôt