Dimanche, le Concorso migre de l'hôtel de la Villa d'Este au centre des congrès de la Villa Erba situé à quelques centaines de mètres. Les pelouses beaucoup plus vastes permettent d'ouvrir le concours au public sans restrictions. Qui plus est, le cadre est tout aussi agréable. Je répète le scénario de la veille: je me lève vers 6h30 et démarre immédiatement après m'être débarbouillé et avoir chargé la voiture. Le temps est prometteur mais il y a toujours cette brume matinale persistante. J'ai prévu de partir vers 10h00, à l'ouverture au public, et j'espère que le soleil aura percé avant. Je me gare le long du mur d'enceinte de la Villa Erba, à quelques mètres des grilles. Ca me permet dd'être sur les lieux vers 7h00, pendant que l'entrée est encore peu surveillée, car il semblerait que çà devienne plus difficile ensuite, même pour les personnes accréditées. Je suis encore une fois dans les tous premiers, quoique pas pour longtemps. Le plateau du centenaire Alfa Romeo s'est considérablement étoffé depuis la veille grâce à l'implication du Museo Storico.
Je me jette sur les voitures les plus rares pendant qu'il n'y a personne autour. Comme cette 1900 C 52 Disco Volante Spider, construite en trois exemplaires par Touring Superleggera.
La carrosserie de cette soucoupe volante est dite biconvexe.
La seconde beauté la plus marquante est cette 33 Stradale de 1968 construite à 18 exemplaires seulement. Avec 700 kilos seulement, elle profite à plein des 230 chevaux (à 8800 tours minutes!) de son V8 de deux litres. Un modèle qui mérite qu'on s'y attarde un peu, d'autant qu'il s'agit ici du prototype, encore plus agressif que la version définitive, notamment au niveau des énormes optiques avant.
Ludo arrive pour me dire que je suis garé en zone payante (c'était louche) et qu'il y a une ISO A3C brute non loin de l'entrée. Une bonne motivation pour aller mettre 2 euros dans l'horodateur (c'est dimanche mais on ne sait jamais). Effectivement la voiture est très originale sans aucune peinture. Je ne suis pas spécialiste des ISO mais il semblerait qu'il s'agisse d'un des 25 modèles en aluminium riveté. (mais pour ce que j'y connais, çà pourrait aussi être une réplique).
Je reviens ensuite terminer le display Alfa Romeo avec cette RL Super Sport de 1925 dans son jus
Cette 8C 2900B Lungo Touring de 1938, assez voisine de celle qui avait remporté le prix suprême l'an dernier
et cette 8C 2300 Spider Corsa Zagato de 1932.
Les voitures des participants vont arriver à intervalles réguliers pour rejoindre leurs emplacements, traversant la ville entre la Villa d'Este et la Villa Erba. Il est tentant d'essayer de les photographier dans les rues mais le risque de les voir arriver trop groupées est important (il y a un feu rouge) et çà ne me laisserait guère de temps pour faire des photos ensuite avant l'arrivée de la foule. Le concept BMW est déjà en place, venu en camion (bouh).
L'Afla Romeo TZ3 Corsa de Zagato arrive ensuite. On sent que la voiture a été finie la veille. Les pneus sont 2 centimètres en retrait des jantes, à deux doigts de déchapper, la boite de vitesse fait des clonks inquiétants et la voiture est incapable de grimper sur la pelouse en marche avant.
Mais bon, en marche arrière çà passe et elle roule! Que demander de plus à un concept car? Certes, les premières victoires de la Scuderia Zagato ne semblent pas imminentes. En revanche la TZ3 a remporté le prix du design par sondage du public dans la catégorie des concept cars (particulièrement faible cette année il faut le reconnaitre).
A quoi reconnait on le photographe aguerri? Il est prêt à prendre des photos dans toutes les positions, même quand le conducteur lui dit "_ tiens moi le volant". Bravo Dirk!
Je passe rapidement sur la Frazer-Nash Namir, bien que sa couleur orange ressorte bien sur le vert de la pelouse
pour m'attarder davantage sur la Ferrari 540 Superfast Aperta. Comme par hasard.
J'en profite pour photographier un détail qui m'avait échappé mais sur lequel Etienne a attiré mon attention: un auto radio Becker vintage. On est vraiment en plein mélange des genres mais la touche est bienvenue dans ce cas précis.
Pour en finir avec les concept cars, je reviens vers l'Alfa Romeo Duettottanta présentée par Pininfarina à Genève. Je peux enfin la détailler et mettre en exergue ses lignes, ce qui n'était guère le cas sur le stand. On voit bien ici les limites des Salons, hormis pour la découverte de nouveaux modèles. Rien ne vaut un environnement propice.
Elle à l'air prête à être commercialisée en l'état.
Hormis peut être l'intérieur qui devra sans doute être un peu plus conventionnel.
On peut déjà enlever la fibre de carbone pour réduire le coût.
Je vous laisse admirer le soin apporté à chaque courbe et chaque détail.
Ce n'était pas le design le plus extravagant de Genève mais il y a déjà un sacré boulot.
Pendant ce temps là, à l'écart. Il faut vraiment faire exprès pour ne pas faire de belles images dans ces conditions.
La California arrive,
Je la suis jusqu'à son emplacement.
Je ne suis pas loin de penser que la Villa Erba offre un cadre plus photogénique que la Villa d'Este. Les deux sont très différents, Erba étant plus près de l'eau et beaucoup plus étendu. En revanche, il y a des barrières.
Ces voitures vénérées et restaurées par leurs propriétaires successifs seront elles encore aussi belles le jour où le soleil s'éteindra? Espérons le mais nous n'en sommes de toutes façons pas encore là, heureusement.
Comme sur de très nombreux évènements, tout est affaire de va et vient. Finir une voiture, partir sur une autre ... et voilà une nouvelle qui arrive et qu'il faut suivre pour recommencer la boucle.
La densité de propriétaires, médias et staff est encore faible mais si il est facile de faire des plans serrés sans personne dessus, c'est impossible sur les plans larges.
Certaines voitures semblent seules au monde, comme la Giaur Champion 750 qui admire les premiers rayons du soleil toucher les eaux du lac.
Mais l'impression peut être trompeuse car la Miura était loin d'être seule. La magie du téléobjectif permet de l'isoler de ses admirateurs
mais des fois, c'est bien d'en laisser juste un, comme subjugué (photo poétique relativisée quand on sait que j'attendais surtout avec impatience qu'il veuille bien se pousser).
Je reconnais tout de même qu'il y a de quoi être hypnotisé.
En plus des paparazzi peuvent attaquer par les endroits les plus inattendus.
La foule se fait plus dense tandis que le soleil arrive
Ayant été exhaustif hier, je me concentre vraiment sur mes coups de cœur car le temps presse avant l'arrivée des spectateurs
J'ai quasiment négligé toutes les voitures d'avant guerre qui ne m'intéressent pas trop, sauf la Talbot Lago T150 C SS Teardrop qui s'est adjugé le trophée du Best of Show hier à Villa d'Este et sera plébiscitée ce soir par le public de la Villa Erba. Elle est effectivement atypique et magnifique.
Honneur également à la Maserati A6 GCS Spider vainqueur de la Coppa d'Oro hier, c'est à dire le vote du public. Etonnant pour une voiture aussi discrète mais bien mérité (quoique la majorité des voitures présentées mériteraient d'être mises à l'honneur).
Pour finir, je fonce dans le bâtiment pour faire un tour rapide de l'exposition BMW juste avant l'ouverture de la billetterie. Les voitures que nous avions vues hier sont exposées avec une moto et ... un fauteuil représentant différentes époques: exemple avec cette 2002 tii et cette R 60/5.
Mais le plus intéressant se trouve dans ce display de "flèches d'argent". C'est au milieu des années 30 que BMW développa la 328 Roadster pour remplacer la 319/1 dont les 55 chevaux étaient dépassés. En 1935, BMW ne fabriquait des voitures que depuis 7 ans et ne les dessinait que depuis 4 ans. De fait, le modeste département compétition ne disposait que de ressources limitées et les ingénieurs se reposaient donc sur des recettes éprouvées. Le résultat fut un moteur 2 litres de 80 chevaux, ce qui était considérable pour l'époque et les 328 dominèrent largement la deuxième moitié de la décennie.
Ci dessous une 328 Mille Miglia Roadster Series II. Deux exemplaires furent préparés pour les Mille Miglia 1940. En effet, l'usine de Munich manquait de place au département des voitures spéciales pour la troisième prévue, l'usine produisant uniquement des motos et des moteurs d'avion (les voitures étaient assemblées à Eisenach). Les châssis furent donc expédiés par camion à Milan où ils furent carrossés eu urgence par Touring. Les voitures qui portaient les numéros 72 et 74 finirent troisième et cinquième, complétant la victoire de BMW au général obtenue par la voiture suivante:
La BMW 328 Touring Coupé gagna sa catégorie (2 litres) aux 24 Heures du Mans 1939 avant de s'imposer aux Mille Miglia l'année suivante. La carrosserie est en aluminium et est très étudiée au niveau aérodynamique. La voiture était peinte en blanc pour les 24 Heures, couleurs de l'Allemagne en compétition mais fut repeinte en argent mat avant les Mille Miglia, comme de plus en plus de voitures de course germaniques. La dénomination officielle de cette couleur particulière était "Fish Silver" mais l'assertion voulant que des écailles de poisson étaient utilisées pour obtenir cet effet soyeux tient certainement plutôt de la légende.
Le modèle suivant de BMW 328 Touring Roadster fur surnommé "Berlin - Rome" car c'est pour cette course longue distance qu'il fut créé. Evidemment, à cause de la guerre, la course qui devait se tenir en 1941 fur plusieurs fois reportée avant d'être purement et simplement annulée. Seul l'un des trois roadsters connu la compétition après la guerre.
Cette 328 "Kamm" Racing Saloon fut entièrement assemblée à Munich à l'hiver 40, malgré les contraintes évoquées plus haut, selon un design du Professeur Kamm, un aérodynamicien renommé. Le châssis des 328 a été allongé de 20 centimètres, et est construit en Electron (composé à 80% de magnésium et d'aluminium). La carrosserie est en aluminium, permettant à la voiture de ne pas peser plus de 760 kg. La "Kamm" prit elle aussi le départ des Mille Miglia en 1940 mais dut abandonner. Elle remporta en 1947 la première course organisée à Hockenheim après la guerre puis fut détruite en 1950 dans un accident. C'est donc une réplique achevée récemment par le Musée BMW qui est présentée ici.
Je passe sur cette improbable sculpture avant de prendre le chemin de la sortie à 10 heures, comme prévu. Je croise la 500 Superfast qui est très en retard mais pas question de faire demi tour, la foule des passionnés investissant rapidement les lieux, comme je le fis moi même avec impatience en 2007.
Là où se trouvait tout à l'heure l'ISO, j'aperçois une tache jaune. La voiture est badgée ISO GRIFO 90 by Mako Shark srl 01/12. J'ai récupéré le dossier de presse mais il est malheureusement en Italien. Cette voiture serait une réactualisation cautionnée par Piero Rivolta d'un concept car ISO des années 90, dessiné par Marcello Gandini. Le châssis est sur base Corvette et la carrosserie en carbone, le métier de base de Mako Shark. Il faut vraiment être passionné pour avoir l'idée d'une création aussi alambiquée: une petite série d'un concept car des années 90, d'une marque depuis longtemps disparue. Dès lors, il ne faut plus s'étonner du design un peu démodé. C'est juste énorme. En tout cas, le coup marketing de l'installation face aux grilles de la Villa est parfaitement réussi: çà buzze.
En repartant, je me dis que je me suis garé trop près car en longeant la Villa après avoir fait demi tour, j'aperçois garée sur le coté une 612 bleue puis un peu plus loin, je croise une 458 anthracite et une 599 rouge qui arrivent. Le départ a peut être été un peu prématuré? En tout cas, je poursuis en regardant droit devant moi pour éviter toute nouvelle frustration. Le voyage du retour se passe facilement et j'arrive chez moi un peu avant 15 heures, frais et dispo. Ca vaut mieux pour attaquer les mises à jour de ces quelques jours très intenses, avec pour objectif d'avoir tout bouclé avant les Mille Miglia. Je ne fais pas partie des heureux fêlés qui vont réaliser le Grand Chelem Tour Auto + Villa d'Este, Vente RM + GP Historique de Monaco et Mille Miglia + Tributo Ferrari. Deux sur trois, c'est déjà bien.
Au final, le Concorso aura une nouvelle fois tenu ses promesses avec de nombreuses merveilles sublimes ou uniques. Je regrette évidemment la faible présence de Ferrari et la météo une nouvelle fois mitigée mais malgré cela la Villa d'Este reste un endroit très spécial, où l'étonnement se dispute à l'émerveillement. Un des évènements incontournables, sans hésitation.
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