Les oiseaux se lèvent tôt en Italie et me
réveillent aux aurores. Je me précipite sur les volets pour découvrir un
ciel uniformément bleu. Du coup, je zappe le petit déjeuner pour descendre
immédiatement à la Villa où j'arrive vers 7h15. Les concurrents vont
progressivement venir se mettre en place sur les pelouses aux emplacements
définis pour le concours proprement dit. Pour l'instant, les lève-tôt sont
rares, que ce soit chez les concurrents comme chez les photographes. Marcel
Massini est de ceux là puisque les voitures qu'il accompagne sont déjà en
place. La 250 GT cabriolet Série I est à l'ombre.
La 250 Passo Corto est également installée.
Kalikow s'est vu attribuer une place de
choix pour sa Mirage.
Cette Alfa Romeo se prélasse dans la
lumière matinale.
Bientôt rejointe par la Bugatti 57S
Les autres arrivent progressivement. La
petite Abarth dans ses coups d'accélérateurs rageurs.
et cette superbe Porsche 356 Glocker dont
la robe vous rappellera quelque chose si vous avez regardé le reportage sur
le Tour Auto.
Après avoir salué le propriétaire de l'Abarth,
celui de la 356 apportera un soin maniaque à astiquer chaque partie de la
voiture. Autant le premier semblait prendre plaisir à foncer partout avec sa
bombinette rouge, autant çà à du coûter au second de rouler du parking à la
pelouse. En tout cas, la voiture est nickel à tout les niveaux.
Elle transpire littéralement la course tant
elle est dénudée de tout élément superflu. Je vous laisse admirer le travail
sur la portière.
Evidemment, d'agissant d'un Concours d'Elegance,
toutes les voitures sont parfaitement propre. Il suffit pour s'en convaincre
de jeter un œil à la peinture de cette Type D.
La Maserati arrive ensuite pour se ranger
aux cotés de la 250 PC. On note une certaine similitude: à qui appartient ce
phare avant?
Je fais une aparté technique que ceux qui
ne font pas de photos peuvent sauter sans regrets. Pour la première fois en
extérieur, j'ai commencé à shooter en Manuel au lieu d'AV ou TV. L'idée m'en
est venue quand j'ai constaté que les voitures blanches étaient souvent
surexposées, voire cramées. J'ai donc commencé à corriger manuellement
l'exposition. En Manuel, je rappelle aux néophytes que le photographe à la
main pour choisir la vitesse ou l'ouverture (l'appareil adaptant le couple
automatiquement), puis de décaler l'exposition d'un coté (sous exposer) ou
de l'autre (sur exposer). Deux pièges sont alors à éviter: le premier est
d'adapter le couple à chaque prise de vue au risque de gâcher un paquet de
clichés. Je remercie au passage Matteo de m'avoir rassuré en me disant qu'il
lui arrivait de shooter pendant une demi heure avant de réaliser que toutes
ses photos étaient bonnes à jeter. Le deuxième risque qui m'a fait un peu
peur et la profondeur de champ. Pour avoir un piqué optimal, j'ai tendance à
sélectionner une ouverture importante, de 5 ou 5.6. Or à cette ouverture, la
profondeur de champ est plus faible, ce qui risque de rendre flou l'arrière
de la voiture. En clair, plus question de déclencher à tout bout de champ:
chaque appui sur le déclencheur doit avoir fait l'objet d'une analyse et
d'une réflexion assez poussée, avec un risque d'erreur non négligeable pour
les débutants comme moi. Pendant quelques temps, j'ai pas mal ramé avec mes
réglages me posant des questions sur la qualité de mes photos. Fébrilité due
sans doute à l'importance de l'événement. Je croyais qu'une fonction
permettait de choisir une sous exposition automatique par rapport au choix
de l'appareil, mais je ne retrouve pas çà dans le manuel. Help!Fin de
l'aparté
L'Hyperion fait partie du display Rolls
Royce et laisse admirer sa planche arrière en bois précieux.
Les BMW complètent la promotion du groupe,
avec les classiques et les modernes représentées par toute la gamme des Z.
De l'autre coté de la terrasse, les concept
cars commencent également à s'installer. L'Infinity a enfin enlevé son
manteau pour révéler une magnifique peinture. C'est sûr que le soleil
apporte quand même un plus non négligeable.
La Mantide à trouvé son emplacement.
A l'opposé, la Lusso est arrivée et fait
elle aussi l'objet de soins attentifs qui nécessitent un peu de patience
pour avoir un cadre dégagé.
La Superamerica est enfin sortie du garage.
La jeune femme qui l'aide à se placer à bien du mérite de rester stoïque
dans ce nuage de gaz.
Des échappements particulièrement sonores
annoncent l'arrivée de la 410 Sport dont le nom n'est pas usurpé, si l'on en
juge par son tempérament.
Toujours chez Ferrari, 250 Europa
et 275 GTS
Une terrasse permet de prendre un peu de
hauteur pour admirer la Lamborghini 350 GT.
et son badge très inhabituel
Et la Miura
Les lieux se sont progressivement remplis
mais par chance, le facteur humain se montre encore discret et je dois dire
que la grande majorité des photographes travaillent en bonne intelligence,
en faisant attention de ne pas se gêner. A quelques exceptions près bien
sûr.
Je continue donc à profiter du calme pour
shooter un maximum de voitures, bien que vous le savez, je ne suis pas
spécialement fan des voitures d'avant guerre.
Du coté des concepts cars, la bonne société
Italienne commence à arriver. Les photos vont devenir un peu plus
compliquées. Personnellement je ne suis vraiment pas fan du style Bertone
mais je sais qu'il y a des inconditionnels.
La Mantide en dévoile un peu plus même
si la personne qui l'accompagne veille scrupuleusement à ce que la portière
conducteur ne soit jamais ouverte plus de quelques secondes. Il doit y avoir
un loup imprévu à ce niveau là.
Le moteur fonctionne en revanche, et c'est
là l'essentiel. On en attendait pas moins du V8 de la ZR1, même habillé de
carbone.
Avec le détail qui tue.
La Perana Z-One de Zagato est également
motorisée par un gros V8 6.2l américain.
L'Aston Martin montre tout elle aussi. De
son intérieur luxueux
a son énorme et bruyant V12. Il faut
reconnaitre que cet écrin est splendide. Ce qui est la moindre des choses
pour une voiture facturée un million d'euros.
Apparemment pour le coffre en revanche, ce
sera un attaché case maximum, l'arrière étant occupé par autre chose.
L'Infinity a vraiment un magnifique capot.
Rinspeed fait dans l'électrique, pas dans
l'esthétique.
La turbine de la Gilda
Streamline.
BMW est venu avec Gina, cette étonnante
voiture à la carrosserie en textile tendu sur une structure rigide mais
évolutive. La ligne rappelle bien évidemment les Z mais la voiture est
presque organique. Comme me le disait Matteo, le tissu risque de rapidement
se fatiguer (et c'est déjà le cas par endroit) mais l'idée est tout de même
profondément originale, ce qui est après tout la raison d'être des concept
cars.
Retour de l'autre coté. J'avais découvert
cette Jaguar Ghia Supersonic à Geneva Classics mais elle a beaucoup plus de
gueule dans la nature. Je ne sais pas pourquoi, j'associe toujours cette
voiture à la BD Spirou et Fantasio où il y avait souvent des voitures très
racées et délirantes.
La 400 Superamerica est squattée par des
personnes qui ont une très longue discussion juste à coté. Je vous propose donc un petit tour à
l'intérieur. Montre Jaeger et deux chronomètres: un pour le pilote et un
pour le copilote. Avec çà il y a de quoi mesurer les temps avec précision.
Le volant possède un étrange plaquage noir
sur les branches. Et bien sûr, les clés du paradis. C'est vrai qu'elles ne
paient pas de mine.
Enfin, une vue du fameux toit et de la
baguette latérale qui sépare la carrosserie peinte de celle à nu. Une
merveille.
Ah, les squatters sont partis.
Saurez vous retrouver la bizarrerie qui se
cache dans cette photo?
Eh oui, les moyens de déplacements sur le
lac sont assez variés: bateau, hydravion
et pour les plus aventureux, voiture !!
J'ai bien dit sur le lac.
Le public payant n'est pas admis à la Villa
le samedi mais il y a maintenant énormément de monde.
Je vais donc rapidement manger quelques
(délicieux) sandwichs en salle de presse avant d'aller prendre une navette
pour la Villa Erba où se déroulera le show public de demain. Au passage, je
prends en photos cette Bellagio: un break conçu par Touring sur base de
Maserati Quattroporte qui avait été présenté ici l'an dernier.
Pourquoi aller à Villa Erba dès
aujourd'hui? C'est très simple, Ludo m'a dit ce matin que les Bugatti
étaient en train de s'installer. En effet pour le centenaire de la marque,
Bugatti a entre autres apporté quatre couples Veyron - Type 35. Les couples
sont aux couleurs de 4 pays associés à des pilotes emblématiques, avec les
flancs et les ailes avant en aluminium brossé. Bleu de France pour
Jean-Pierre Wimille (1908-1949), Rosso Italiano pour Achille Varzi
(1904-1948), British Racing Green pour Malcom Campbell (1885-1949) et
Deutsches Reinweiss pour Hermann zu Leiningen (1901-1971). Quand j'arrive
sur place, les huit voitures sont installées avec juste trois personnes de
Bugatti en train de mettre la touche finale au nettoyage. Je les ai donc
pour moi seul.
Il convient évidemment d'être très prudent
avec les reflets dans l'aluminium mais il y a aussi moyen de faire des
images vraiment très sympas.
Entre temps, des panneaux de bois sont installés pour
présenter les pilotes: Malcolm Campbell
Hermann Zu Leiningen
Achille Varzi "t'ou régardes la caméra d'un air
féroce"
Et Jean Pierre Wimille.
Pour l'anecdote, Jean Pierre Wimille a remporté les 24 Heures du Mans 1939 à
bord d'une Type 57C en équipage avec ... Pierre Veyron. Quelque part, il
n'est donc que justice qu'une des Bugatti Veyron porte le nom de Wimille, si
vous me suivez.
Allez encore un peu pour le plaisir, on ne voit quand
même pas çà tous les jours.
Après environ une heure d'orgie
photographique, je retourne vers le parking VIP pour attraper une navette.
J'en profite pour faire un tour du parking qui contient deux Maserati
Granturismo, une Modena, une X-Bow et ... une Bugatti SuperSport. Pendant
quelques secondes, je me vois tenir une super exclusivité mais à l'instant
où je me dirige vers elle, Julien surgit lui aussi. Tant pis pour l'exclu,
la voiture est là.
Après en avoir bien profité, nous rentrons
à Este où, à peine passé les grilles, Julien laisse échapper quelques jurons
très colorés. Il vient de repérer une Veyron Gransport dans le parc de la
Villa qui se trouve juste en contrebas, idéalement placée juste au bord du
lac. Je ne suis pas sûr que l'aurais vue sans lui.
Nous avons beau chercher le moyen d'y
accéder, il n'y en a pas hormis de sauter le mur mais nous y renonçons après
quelques secondes de mûre réflexion.
Je reviens quelques minutes plus tard pour
assurer les prises de vues, suite à un doute sur mon réglage de
collimateurs, et je tombe sur cette 599 dans un superbe rouge foncé.
C'est maintenant l'heure de la parade.
Chaque voiture va passer devant le jury et être présentée au public. C'est
Simon Kidston qui fait le speaker et c'est tant mieux: excellent orateur,
trilingue Anglais Italien Français, il possède une connaissance incroyable
des voitures et sait vraiment faire vivre ses interventions. Ca a été un
vrai plaisir de l'entendre commenter pendant près de deux heures.
Au début
je me place à l'endroit où les voitures ont terminé leur défilé et
contournent le bâtiment pour regagner leur emplacement. C'est parti avec la
classe A, les Cabriolets d'Avant Guerre. On commence par cette Rolls Royce Phantom I de 1928, appartenant à Adrian Von Lerber. Elle fut construite aux
Etats Unis dans l'usine de Springfield construite par Rolls Royce en 1921
pour contourner les lois protectionnistes Américaines. La carrosserie est l'oeuvre
de Brewster.
Ici une Alfa Romeo 6C
1750 GTC (Gran Turismo Compressore) de 1931, présentée par Gabriele
Artom. La dame qui fumait cigarette sur cigarette sur le siège passager est
la fille du premier propriétaire, un officier de la Navy qui courtisa sa
mère avec cette voiture. Cette Alfa a été récompensée du prix de la voiture
la mieux conservée, donc je suppose non restaurée.
Ensuite la Mercedes 500K
(Kompressor) de 1936 d'Alexander Schaufler: une stricte deux places qui est
passée un moment dans la collection de Bernie Ecclestone. Elle a remporté
une mention d'honneur pour la Classe A.
Je change rapidement de place pour gagner
un endroit que m'a conseillé Wolfgang: le petit chemin dallé devant le lac
que les voitures empruntent avant de se présenter au jury. Certes toutes les
vue sont les mêmes mais elle sont superbes. Je rate quelques voitures en
chemin mais je le récupère quand elles reviennent à leur place, comme cette
Bentley 4 1/4 litres de 1936, propriété de Heinz Eymann. Bentley était alors
déjà le propriété de Rolls Royce depuis 1931. Carrosserie fabriquée par le
Suisse Köng.
Une autre Bentley 4 1/4 de1938, présentée par Gerry Leumann, carrossée celle
ci par Carlton. A l'époque les voitures étaient livrées sans carrosserie et
le propriétaire pouvait choisir le carrossier de son choix. Cette voiture a
remporté sa Classe à Pebble Beach en 2006, ce qui n'est pas une mince
référence.
Cette
Lancia Astura de 1938, propriété de Klaus Edel, a remporté la victoire de
classe. Il s'agit d'une "Lusso
convertible".
De Belgique également cette Bugatti 57C de 1939 présentée
par le neveu du premier propriétaire, Albert Lemaire. Elle est restée dans
la même famille depuis 1939.
Passons à la classe B, les Voitures Fermées d'Avant
Guerre, avec d'abord cette Rolls Royce Phantom I Sports Saloon de 1925,
Dr Norbert Seeger. Elle avait la particularité d'avoir deux carrosseries
interchangeable, une pour l'été et une pour le reste de l'année. C'est
dans cette dernière version qu'elle est présentée ici.
Cette Bentley 8 Litres Sportsman Coupé de 1931,
présentée par Frans van Haren et produite a 100 exemplaires remporté le
prix spécial du jury.
Je ne sais pas si son bouchon de réservoir très
sensuel y est pour quelque chose. En tout cas, elle est également
récompensée du trophée de la voiture conduite depuis le lieu le plus
éloigné. Il lui a fallu trois jours pour rallier l'Italie depuis les
Pays Bas. Ca a du être du sport!
Une Rolls Royce Phantom I Sedanca Town Car de 1933,
par Walter Steinemann.
Enfin prêt en bonne position le long du fameux chemin
pour cette SS1 de 1935 apportée par Andre Wallimann. La marque SS a
changé son nom en Jaguar dès 1936 pour des raisons politiques assez
évidentes. Belle clairvoyance.
Cette sublime Bugatti 57S (Surbaissée) Atalante de
1938, présentée par Gil Noble a remporté la mention d'honneur en Classe
B et le prix du design le plus excitant par le jury. Ses cinq sorties
d'échappement laissaient échapper une sympathique symphonie.
Le gros morceau: cette Alfa Romeo 8C 2900B de 1938
présentée par Jon Shirley a remporté non seulement la Classe B mais
également la Coppa d'Oro décernée par le public de la Villa d'Este, le
Best of Show décerné par le jury et le Trophée BMW décerné par le public
de la Villa Erba le lendemain. Après le Best of Show à Pebble Beach en
2008, c'est donc un Grand Chelem complet pour Jon Shirley, propriétaire
également de la 375 MM ex Rosselini maintes fois primée. Bravo! Quarante
voitures furent construites, ou en tout cas le châssis et le moteur,
laissant la carrosserie à la discrétion de l'acheteur. Celle ci est
l'œuvre de Touring et cache un moteur digne d'une voiture de course.
La classe C s'intitule: Voitures de Sport d'Avant
Guerre. La première voiture est cette Alfa Romeo 8C 2300 de 1934
propriété de Peter Livanos. Le 8C fait référence au moteur 8 Cylindres
en ligne. Carrosserie construite par les Etablissements Farina.
Toujours Alfa Romeo avec cette 6C 1750 GS (Grand
Sport) de 1933, présentée par Hugo Modderman. Probablement une des
quatre voitures carrossées par Touring.
Evidemment il faut de temps en temps faire
la police pour éviter que des photographes indélicats ne se mettent dans le
champ. Et je dois dire qu'il y a un ou deux abrutis qui ont gonflé tout le
monde. C'est plus difficile pour les piétons. Ici une SS 90 Prototype de
1935 considérée comme la grand mère des futures Jaguar de course. 24
exemplaires produits dont celui ci apporté par Christian Jenny. Mention
honorable dans la catégorie.
Forcément c'est beaucoup moins bien ... la
plupart du temps.
Photo encore polluée
pour cette BMW 328 Roadster de 1939, propriété de Michael Kaufmann. Celle ci
a été carrossée par Wendler, ce qui était apparemment assez inhabituel.
Cette Lancia Aprilia de 1939 n'est pas sans rappeler une
certaine Ferrari 125S. D'ailleurs le propriétaire fit convertir le coupé
original en "tipo spider corsa" en ... 1947 pour pouvoir courir les Mille
Miglia. C'est Niccolo Ghedini qui présente ce modèle très intrigant.
On continue avec cette très aérodynamique Auburn 852SC
(Super Charged) Speedster de 1936, apportée par Andrew Pisker. Vainqueur du
prix de la Classe C.
Hélas la Bugatti 57 SC Atlantic de Ralph Lauren (une des
trois produites) annoncée n'était finalement pas présente. C'est dommage car
elle aurait sans conteste été un des points d'orgue du concours. D'après
Asphalte.ch, Ralph Lauren aurait trouvé indécent de montrer une voiture de
cette valeur dans le contexte actuel. Je suppose donc que toutes ses autres
voitures restent également au garage. Nous
poursuivons donc avec la Classe D, Prestige International, voitures fermées.
La première concurrente, et gagnante de sa Classe, est cette Alfa Romeo 6C
2500 SS de 1949, présentée par Giuseppe Spiller. Cette carrosserie Touring
n'a changé de main pour la première fois qu'en 2007. Vous noterez les
caoutchoucs crème sur les pare chocs avant et arrière.
Puis cette Bugatti 101 de 1951, propriété de Daniel
Marachin. Incontestablement la disparition de Jean Bugatti, le designer de
génie des Bugatti, disparu en 1939 se fait cruellement sentir ici. Celle ci
est complètement dans son jus.
Une Fiat 8V de 1953, dont le propriétaire est Ermanno
Keller. Ce modèle fut présenté au salon de Genève 1952 comme une pure
voiture de course. Ce modèle de deuxième série présente pourtant un avant de
Série I.
Personne ne sera surpris d'apprendre que ce paquebot est
une Bentley R Continental de 1953, propriétaire René Herzog. On peine à
croire qu'elle fut à son époque la quatre place la plus rapide. Deux cent
huit exemplaires seulement dont celle ci carrossée par Mulliner.
La même Bentley R Continental, de 1955 cette fois, mais
une des deux seules carrossées par Park Ward et la seule survivante.
Présentée par Fred Kriz.
Enfin une Ferrari. On sent d'ailleurs l'excitation monter
dans le groupe de photographes. Voici donc une Ferrari 250 GT Europa de 1955
sn 0419GT, carrossée par Pinin Farina. Cette version raccourcie de la 250
Europa a été produite à 35 exemplaires. Magnifique dans cette teinte bi-ton,
je la trouve plus équilibrée que sa devancière.
Elle permet à son propriétaire Kenneth Roath de remporter une mention
Honorable dans sa classe et le prix de la meilleure restauration.
La Classe E est probablement la plus excitante pour moi,
son intitulé étant "les voitures nées à Modène". Hélas la première d'entre
elle, la 250 GT Europa Vignale de Fritz Kroymans n'a pas pu être présente.
Les affaires de son propriétaire se dégradent très rapidement. Vous
comprendrez pourquoi quand je vous aurai dit que le Groupe Kroymans était
notamment l'importateur officiel de General Motors en Europe. Pas vraiment
une marque d'avenir. Espérons pour lui qu'il redresse la barre et puisse de
nouveau disposer de ses voitures au plus vite.
La première est donc une Maserati A6G/54 GT Zagato,
présentée par Stefan Hamelmann. C'est le modèle même qui fut présenté au
Salon de Bruxelles en 1955 et qui fut ensuite acquis par le journaliste et
pilote Paul Frère, disparu en 2008. Elle participe régulièrement aux Mille
Miglia et est d'ailleurs venue d'Allemagne par la route.
Ferrari 250 GT Passo Corto de 1960 sn 1905GT, propriété de Peter
Read, dont le frère courait le Tour Auto en début de semaine au volant de la
275 GTB NART. Il s'agit d'une version compétition allégée grâce à
l'utilisation intensive d'aluminium. Mention Honorable.
Une 250 GT Lusso un peu particulière, sn 4891GT, puisqu'elle fut
achetée neuve en 1963 par le King of Cool et grand passionné de vitesse Steve McQueen qui sélectionna
cette couleur originale: marron métallisé. Cette prestigieuse filiation lui
a permis de battre un record de vente pour ce modèle en 2007: plus de deux
millions de dollars. Elle est aujourd'hui la propriété
de David Moores.
Cette Lamborghini 350 GT de 1964 présentée par Paul
Roesler est la première Lamborghini vendue à un client par la marque au
taureau. Simon Kidston relate l'habituelle histoire de Ferruccio
Lamborghini, fabricant de tracteurs, allant se plaindre à Maranello de la
fiabilité de sa Ferrari avant d'être raillé et renvoyé par Enzo en personne,
ce qui le conduisit à construire ses propres voitures de sport. La première
350 GT produite est présentée au Salon de Turin 1963 ne possédait pas de
moteur, ce qui obligea Ferruccio à bien des esquives pour éviter d'ouvrir le
capot moteur, prétextant avoir perdu les clés. La seconde fut détruite
durant un essai routier. La troisième produite et la première à trouver
acquéreur la victoire de classe.
Elle précède cette superbe Miura S de 1969, dont le
propriétaire est Stefano Cammareri. C'est ce modèle qui propulsa
définitivement Lamborghini au statut de marque mythique qui lui a permis de
survivre jusqu'à nos jours. Le nez de cette voiture avait pourtant la
réputation de se lever dangereusement à des vitesses élevées mais son look
imaginé par Bertone se suffit à lui même.
Classe F, Prestige International, voitures ouvertes. La
première concurrente est cette Aston Martin DB 2/4 "Indiana" de 1954
carrossée par Bertone. Cet exemplaire unique appartient à Carlo Bianchi.
Mention Honorable.
Cette Ferrari 250 GT Cabriolet Pinin Farina Série I sn
1075GT de 1958 a été entièrement détruite dans un feu de garage en 2002
avant d'être entièrement reconstruite pour Peter McCoy. On peut évidemment,
comme d'habitude, s'interroger sur l'authenticité de cette voiture
reconstruite à partir d'une carcasse calcinée. En tout cas les
professionnels semblent reconnaitre la qualité du véhicule si l'on en juge
par les récompenses qu'elle a déjà remporté, dont la victoire de classe ici.
"A labor of love" comme l'a qualifié le speaker. Comme quoi, les voitures
mythiques ne sauraient mourir, tels les phœnix mythologiques.
Suivent deux BMW dont cette 503 de 1956 qui fut présentée
à Francfort en 1955 aux cotés de la plus racée 507. Seuls 139 exemplaires
ont été produits en découvrables. Celle ci est la propriété de Heiko Seekamp.
Et cette 3200 Super (ex 502) de 1960, présentée par Peter
Wiesner. Celle ci fut retrouvée complètement démantelée avant d'être
entièrement restaurée. Il semblerait qu'à l'époque les cabriolets quatre
portes faisaient figure de rareté.
Ferrari 275 GTS de 1965 sn 7021, présentée par Norberto
Ferretti. Un des premiers modèles dont la conception n'incluait pas de gênes
de compétition mais était entièrement dédié au tourisme.
Une AC 428 de 1969, propriété d'Anton Bilton. Les châssis
partaient d'Angleterre vers l'Italie pour être carrossés pa Pietro Frua
avant de repartir dans l'autre sens pour recevoir la peinture chez AC. Le
meilleur des deux mondes? En tout cas cette voiture développe la bagatelle
de 345 chevaux.
La Classe G est Ô combien alléchante, intitulée Voitures
de Course du début des Années 50. On y retrouve d'abord la petite Abarth
204A de 1950. Son propriétaire, Mark Gessler a le privilège de recevoir le
Prix Spécial du Jury. J'avoue que c'est aussi un de mes coups de coeur du
weekend et je me réjouis de la retrouver au Mille Miglia dans trois
semaines. Abarth fut fondée en 1949: son créateur quitta Cisitalia avec six
voitures de course en guise d'indemnités de départ et les développa pour
créer la "Squadra Carlo Abarth". La 204A fut la première voiture produite
intégralement par la jeune marque sportive. Fantastique!
Tout aussi nerveuse et rageuse vient ensuite la Fiat 8V
Zagato de Jan De Reu, construite en 1953. 114 de ces pures sportives furent
construites, mais pas toutes habillées par la griffe caractéristique de
Zagato. C'st la gagnante de cette Classe G.
Autre petit coup de cœur, cette Porsche 356 Roadster
Glöckler de 1952 présentée par Herbert Wysard. Son nom lui vient d'un
concessionnaire VW de Francfort. Elle est construite en aluminium et possède
un hard top amovible (évidemment). La voiture a remporté le Championnat
d'Allemagne en 1952 et établi un nouveau record de classe au Nürbürgring
dans la livrée reprise ici. Aucun rapport donc avec l'écurie Francorchamps.
En tout cas, un modèle aussi somptueux que rarissime.
La Maserati A6 GCS de 1955 de Umberto Falchetti
(mais poussez vous donc!) qui suit est l'un des 50 exemplaires construit par
la marque au trident.
Cette Jaguar Type D de 1955 a été livrée en Finlande où
elle a couru dans de nombreuses épreuves et continua après une première
restauration à s'aligner au départ jusqu'en 1966, comme par exemple au Grand
Prix de Russie en 1961. En superbe état, comme toutes les autres bien sûr.
Celle que j'attends le plus et mon deuxième gros coup de
cœur du concours: cette sublimissime Ferrari 410 Sport sn 0594, de 1955,
dessinée par Scaglietti et présentée par Jon Hunt. Quel bruit! Cette voiture
de course ne connut jamais les circuits mais fut achetée par Michel Paul-Cavallier qui adorait les voitures très rapides. Il posséda aussi une GTO.
Vous noterez la conduite à droite. Produite à 4 exemplaires, elle est passée
dans la collection Bardinon. Mention Honorable.
Classe H: le style Italien devient international. Cette
Classe est ouverte par cette très fumante Lancia Aurélia B52 de 1952,
propriété de Corrado Lopresto. Celle ci fut livrée châssis nu avant d'être
carrossée chez Vignale d'après un design de Michelotti. Seules trois voitures
portent ces deux badges prestigieux et c'est ici la première présentation de
celle ci après la fin de sa restauration.
Très caractéristique, cette Jaguar XK 120 Supersonic de
1954 carrossée par Ghia n'existe qu'à deux exemplaires, donc celui ci
présenté par Michel Garçon. Très originale, et simplement superbe.
La dernière Ferrari à se présenter est cette 400
Superamerica de1959, sn 1517SA. C'est la première fois que Ferrari déroge à
sa tradition de nommer ses modèles en fonction de leur cylindrées unitaires.
Ce modèle unique fut produit spécialement pour le PDG de Fiat, Giovanni
Agnelli. Elle dispose entre autres de panneaux en inox sur les flancs.
1517SA a connu une embarrassante incontinence juste devant nous et a du
rallier le jury à la poussette. Hum, dommage.
A la suite, une Prince Skyline Sport de 1964, apportée du
Japon par Tadakazu Kojima. Prince construisait des voitures de luxe depuis
1947 avant d'être absorbé en 1966 par Nissan. Ce design aux yeux bridés est
l'œuvre de Michelotti. La grosse tache est l'œuvre de la 400SA. Le personnel
d'entretien appréciera mais au moins ce n'est pas de l'huile.
Toutes les Ferrari étant passées, je zappe
l'Iso Grifo
et la Momo Mirage (respectivement première et deuxième de
classe) ainsi que la BMW Spicup verte et je
monte en vitesse derrière l'hôtel où je sais que les concept cars se
regroupent avant le défilé. Mais je ne suis pas le seul à avoir eu cette
idée et elles sont assez entourées.
.
Je redescends donc pour
reprendre le défilé avec la BMW Gina dont je vous ai parlé hier,
La Fisker Karma S qui
avance dans le silence toujours surprenant des électriques.
Je vous épargne la très
laide Rinspeed iChange pour vous montrer la très spéciale également Mindset.
Très légère surtout: à peine plus de 700 kilos.
Plus agréable à l'œil et
à l'oreille, l'Infinity Essence dont le moteur essence développe 440
chevaux, assisté par un moteur électrique de 160 chevaux. Vu la puissance et le nom du concept, je ne suis pas sûr qu'il soit
si hybride que çà.
La Perana Z One est le
fruit de la coopération entre le groupe Sud Africain Perana et le célèbre
designer Zagato. Sans doute la plus séduisante du lot à mes yeux. Une
production de 999 exemplaires serait prévue, qui me semble un peu optimiste
malgré un prix inférieur à 100 000 euros.
La Stile Bertone Mantide,
œuvre de Jason Castriota qui a notamment dessiné la P4/5 pour Pininfarina et
a collaboré aux 599 GTB, Maserati Granturismo et Birdcage 75th. Ce concept
basé sur une Corvette ZR1 n'est donc certainement pas son chez d'œuvre même
si l'influence de ses précédentes créations est manifeste, dans le cockpit
vitré et les rétros haut perchés (P4/5) ou le décrochement sur l'aile
arrière (599 GTB). On aime ou pas mais le designer semble être un vrai
passionné, comme en témoigne cette
interview sur Jalponik.
Enfin L'Aston Martin
One-77 est désormais en phase de pré-production et non plus à l'état de
concept car. En tout cas, c'est la première fois qu'elle roule, et dans quel
bruit de tonnerre. Bon le nombre de fois où elle a calé laisse présager un
peu de développement supplémentaire sur les réglages du moteur. En tout cas,
elle gagné le prix du design par référendum public à la Villa Erba dimanche.
Quelques chiffres: 1 million d'euros, 7.3 litres, 700 chevaux, 77 unités et
je ne sais combien de décibels.
Pour terminer sur la parade, je vous montre
quand même comment çà se passe en plan large: les voitures défilent devant
la jet set tranquillement attablée devant un verre, puis s'arrêtent devant
les juges et une horde de photographes. Je n'aurais cependant pas échangé ma
place contre la leur.
A la fin, le public se disperse rapidement.
Je vais tranquillement en salle de presse boire un coup. Quand je ressors,
la One-77 arrive pour un shooting dans la cour. Les photographes ont une
assistante motivée qui fait le ménage dans le cadre avec autorité. Autant en
profiter pour un petit focus.
Vers 18h00, il est temps de prendre le
chemin de l'hôtel: la journée a été éreintante. Avant cela, je vois la
Bellagio de face pour la première fois, non pas que j'en sois très
impressionné.
On est jamais au bout des surprises puisque
sur une pelouse près de la sortie, la Momo se livre elle aussi à une séance
privée.
Et en partant, je jette un œil en contrebas
pour voir si la Gransport est toujours là: elle se prépare à partir! Du
coup, je demande encore quelques efforts à mes pauvres jambes pour courir
jusqu'au portail de la villa à deux cent mètres environ. La Veyron est
derrière le portail mais ne semble pas décidée à partir tout de suite. Ce
n'est pas grave, je ne suis pas pressé. Je patiente d'autant plus facilement
que je tombe sur Jacky, qui vient de Montbéliard juste pour le dimanche.
On discute tranquillement en attendant que la voiture veuille bien
sortir. La circulation est pour le moins chaotique dans ces rues très
étroites de Cernobbio, sillonnées en permanence par des 730 et des Rolls.
Alors quand une DB9 se lance dans des manœuvres complexes, c'est vraiment le
cirque.
Finalement, après une vingtaine de minutes,
la Gransport quitte les lieux. On la retrouvera certainement à Erba.
Retour à l'hôtel pour prendre un peu de
repos après cette journée titanesque et fort agréable. Demain, je serai sur
le pont très tôt pour voir arriver les voitures et faire les photos avant
l'entrée du public.
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