Samedi matin. Après la grosse journée
d'hier, le réveil aurait pu être difficile. Il n'en est rien. Ma petite maison
d'hôte est très belle et très propre, ses propriétaires extrêmement
sympathiques, le fait qu'elle soit coincée entre une route et une voie ferrée
est gérable quand on est bien fatigué. Par contre, l'absence de volets fait qu'à
05h30 il fait grand jour dans la chambre. Le train de 6h45 n'aura pas l'occasion
de me tirer du lit. Du coup je démarre tôt. Il n'y a que 6 kilomètres jusqu'à
Cernobbio et il est 7h10 quand je me gare le long du mur de la Villa Erba. Comme
je suis en avance, je passe un moment dans le parc d'Erba pour voir ce qu'il en
est. C'est ici que se tiendra le concours ouvert au public demain. Dès
aujourd'hui, les spectateurs peuvent profiter des expositions et du concours
motos.
Je découvre cette superbe Maserati Ghibli. Hélas, les autres voitures au trident
sont encore bâchées. Je devine les formes d'au moins trois voitures de
compétition sous les plastiques. Une bonne nouvelle. Je repasserai dans la
journée.
Ici aussi, BMW a sorti le grand jeu. Une petite exposition de motos est
présentée sur le thème de la personnalisation. Je n'y connais absolument rien en
motos mais il semble que BMW ait récemment créé l'évènement avec un nouveau modèle, la R NineT.
La marque en profite pour lancer un vrai programme de personnalisation et, à
cette occasion, a fourni des modèles NineT à des préparateurs pour une
transformation parfois extrême. Voici la moto qu'aurait piloté Mad Max s'il
avait été amateur de deux roues. Cette "Impostor" est l'œuvre du collectif
espagnol El Solitario.
Ici, le "Track Grinder" personnalisé par Urban Motor, installé à Berlin.
Voici la Sprintbeemer par Lucky Cat Garage.
Pour les autres je ne sais pas mais je regrette de ne pas avoir regardé tout ça
de plus près, les customs étant généralement bourrés de détails superbes et
amusants. Bon, on ne peut pas tout faire.
Groupe BMW toujours, avec ces Mini de compétition. La 45, une Morris, a remporté
le Rallye des 1000 lacs avec Timo Mäkkinen en 1966. La 78 et la 2 sont des
répliques d'Austin Compétition.
Voici une Mini Cooper S Challenge qui a remporté une victoire avec Alessandro Zanardi en 2005 à Misano.
Une John Cooper Works Coupé qui a participé aux 24 Heures du Nürburgring en
2011, terminant à la 106ème place.
C'est l'année où j'y suis allé et je l'avais effectivement immortalisée.
Et voici la version All4 Racing développée sur "base" de Countryman par le team
allemand X-Raid, qui a remporté les trois derniers Dakar.
Bien, il faut tout de même que je rallie la Villa d'Este. Je pars à pied, ce
n'est pas très loin. En chemin, je suis dépassé par cette 612.
Tout Cernobbio est décoré aux couleurs de la marque à l'hélice, c'est assez
bizarre.
J'arrive sur les lieux du concours à 7h45. La Volvo Concept Estate va descendre
de son camion.
Quand je passe de l'autre coté du parc, où s'installent les anciennes, j'ai un
petit choc: de nombreuses voitures sont déjà sorties. Je suis encore en retard!
J'attaque par la Ferrari 212 Inter de Peter Kalikow, 0163E.
Chez Vignale, il y a toujours de quoi s'occuper pour le photographe.
Les obstacles ne manquent pas pour ces deux heures d'installation qui
représentent un moment privilégié pour les chasseurs d'images propres: le lac
est à contre jour,
les nombreux drapeaux signalant l'évènement peuvent porter des ombres
désagréables,
et beaucoup de propriétaires frottent leurs bijoux jusqu'au dernier moment.
Il faut aussi garder un œil sur les nouvelles arrivantes, qui sont plus ou moins
discrètes (je vous laisse deviner).
Une AC Cobra plutôt significative. Promis vous saurez tout un peu plus bas sur cette page. Pour l'instant, admirons les courbes.
La Lancia Aprilia Type 239
non loin de cette Hispano Suiza H6B par Chapron. J'ai vraiment du mal à aller spontanément vers ce genre de voitures.
Contrairement aux voitures de compétition qui m'attirent irrésistiblement.
Je me répète chaque année mais l'emplacement de chaque classe est invariable, laissant les voitures les plus intéressantes (à mes yeux) dans l'ombre une grande partie de la journée.
La 250 Califrornia est à une place qui lui donne environ une heure d'ensoleillement en début d'après midi avant que l'ombre ne commence de nouveau à la grignoter. C'est dommage.
A partir de 08h30, les arrivées se succèdent très rapidement.
La 904 vient tenir compagnie à la Cobra.
La classe C a souvent les meilleures places, dos au lac.
Deux Alfa Romeo 6C 2500 SS sont présentées. La grise est hors concours, et pour cause: surnommée Berlinetta Villa d'Este, elle appartient à l'hôtel!
Jolie brochette de cabriolets pour la classe nommée "de St Tropez à Portofino"
La Talbot Lago America fait partie des voitures qui sont restées totalement invisibles hier.
Comme cette Fiat 8V
Et surtout cette Ferrari 250 Europa. En règle générale, je ne suis pas très fan de l'Europa mais j'avoue qu'avec une livrée bi-ton, elle est souvent superbe. En particulier celle ci qui a une livrée vraiment très réussie.
Je n'avais pas revu la Bertone depuis la fameuse vente RM de Maranello en 2009.
Bien sûr, plus il y a de voitures, moins il y a de photographes autour de chacune, même si la photo "claire" est déjà une utopie.
Parfois, une arrivante fait bouger tout le monde et regroupe tous les photographes autour d'elle. C'est le cas de cette Fiat Abarth 2000 Scorpione, qui est sans doute la plus bruyante du plateau.
C'est aussi l'une des voitures les plus basses que j'aie jamais vu. Elle devait grimper sur la pelouse mais il est vite évident que c'est totalement impossible de lui faire passer la bordure.
Les organisateurs se grattent la tête avant de lui attribuer un autre emplacement.
Dernière chance de faire quelques photos sans personne.
L'Alfa de Corrado Lopresto est hélas placée dans l'ombre.
Sur le lac, les Riva sont en patrouille.
Il est 9h15, peut être le moment d'aller faire un tour rapide du coté des concept-cars. Voilà sans doute la seule photo de l'Infiniti Q30 que vous verrez ici, pour l'exhaustivité.
La Giugiaro Parcour
et la Lamborghini 5-95 Zagato.
En fait, je suis surtout venu voir la Maserati Alfieri. Mais bon, l'emplacement sous les parasols n'est quand même pas top. Est ce que les concept fondent au soleil?
De fait, BMW nous fait l'honneur d'un nouveau concept sur base de Mini, confié à Touring Superleggera et nommé Vision.
Franchement, c'est sublime. Une vraie réussite pour cette coopération Italo-germano-britannique.
Voici la DBS Centennial par Zagato. Franchement, je l'aime bien. C'est certainement le travail de Zagato que je préfère dans ces dernières années.
La Volvo Concept Estate.
Et cette "fameuse" Berlinetta SS par F.LLI Frigerio.
La Villa est un haut lieu de l'originalité, tous azimuts.
Je retraverse la terrasse. La 250 GTO est en train de s'installer.
Les invités commencent à prendre possession des pelouses.
Pour les photographes, le répit est terminé. Il est 10h15.
Il est temps d'aller à Villa Erba ce qu'il se passe, en compagnie de Kevin et Raphaël.
Kevin nous négocie un passage en Riva. Génial, encore mieux qu'en BMW.
C'est parti.
L'an dernier, j'avais risqué ma vie pour vous offrir quelques vues panoramiques du haut du toit de la piscine couverte. Cette année, voici de nouvelles images inédites: l'hôtel vu du lac.
Au revoir Villa d'Este.
Et voici la Villa Erba.
Le débarcadère de la Villa Erba est pour le moins succinct: de gros poteaux en fer et un escalier du même métal, pas de bouées de protection. Notre pilote manœuvre avec un art consommé: pas d'à-coups et en un mouvement fluide, nous voilà en position pour débarquer: époustouflant. En haut de l'escalier, quatre hôtesses nous attendent pour nous indiquer le fonctionnement des opérations. Merci mais on connait. J'immortalise notre luxueux taxi. Une expérience courte mais mémorable.
Je me dirige d'emblée vers l'exposition dédiée aux centenaire de Maserati.
Ici une 3500 GT Vignale Spyder.
Cette 6C/34 est celle de la collection Panini. Il s'agit du châssis 3025.
Cette beauté est une A6 GCS Scaglietti Spyder, châssis 2071.
Et enfin, une 300S, châssis 3051, une voiture qui a beaucoup couru en SCCA entre 1955 et 1956, avec William Lloyd, le neveu de Briggs Cunningham. En 1956, elle fut confiée à Stirling Moss pour le Nassau Trophy aux Bahamas, une coopération qui se termina évidemment par une victoire.
Au niveau moto, BMW présente également un concept, le "Concept Roadster" magnifique.
Je passe ensuite dans la rotonde où une exposition célèbre évidemment les 110 ans de Rolls Royce. Le display est étonnant, avec un style drap mouillé (et un peu sale) au sol.
Voici une Silver Ghost de 1924, châssis 324LF. Chaque voiture est caractérisée par deux adjectifs, ici Elégance et Style.
Une Phantom III V12 de 1937, châssis 3BT187, sous titrée Innovation et Simplicité.
Une Silver Wraith de 1954, châssis LDLW116, Personnalisée et Unique. En effet, le châssis et le train roulant étaient livrés nus pour être carrossés au goût du client.
Une Silver Cloud I, châssis SDD194, Luxe et Ambition.
Une Camargue, Belle et Moderne, dessinée par Pininfarina, le premier modèle à ne pas avoir été habillé par un designer britannique. Rolls Royce essayait alors de séduire une clientèle plus jeune.
Une Wraith rouge, une couleur peu utilisée par les clients de la marque.
Si vous avez toujours rêvé de regarder le Spirit of Ecstasy dans les yeux, c'est l'occasion avec ce modèle King Size.
Le retour à la Villa d'Este se fait à pied. Moins luxueux mais plus propice au spotting. Comme pour ces Lancia, Flavia et Flaminia
ou cette Honda NSX!
Nous revoici dans le parc. BMW rend aussi hommage aux 30 ans de la M5. Entre BMW, Mini et Rolls Royce, je ne sais pas combien de voitures la marque a déplacé mais le chiffre doit être assez hallucinant.
Vers 11h30, nous commençons à chercher une table pour déjeuner. Tout est déjà pris, d'autant que de nombreuses tables sont privatisées, pour la première fois, autant que je me souvienne. Beaucoup de gens réservent déjà pour la parade qui aura lieu dans... trois heures. Finalement, nous arrivons à nous caser sur une petite table à l'écart. Reste à trouver des chaises. BMW octroie deux vouchers pour chaque badge presse, qui donnent droit à un plat ou une boisson. Jusqu'à cette année, nous les avons dilapidés en prenant un plat et une boisson à midi. Cette année, nous avons décidé d'être plus malins en donnant un voucher pour le plat et en payant la boisson (ou en tenant le temps d'aller boire en salle de presse), et en conservant le deuxième bon pour manger le soir. Je fais une infidélité à l'énorme Club Sandwich pour tester le hamburger: excellent également et plus raisonnable à tous points de vue.
Une fois que nous avons mangé, je prends mon courage à deux mains et repars à l'assaut. Avec un peu de patience, il est possible d'avoir des photos à peu près claires. En tout cas pour les voitures adossées à un mur.
Ou alors des petits miracles. Le fait que ce soit l'heure du repas aide un peu aussi.
Le moteur de la Maserati 450S.
Je me concentre un moment sur les Jaguar. Les deux sont tout de même significatives.
et très différentes.
Une différence particulièrement soulignée quand je monte au balcon.
Pendant que je suis là haut, je fais quelques vues.
Retour sur le plancher des vaches. La Scorpione est presque sortie de l'ombre.
Finalement je n'ai pas passé beaucoup de temps avec la 150 GT, hélas.
Allez un effort, je me tourne vers les plus anciennes.
Il serait tout de même scandaleux d'oublier la Mercedes-Benz 500K.
La voiture de Corrado est toujours à l'ombre...
Je ne fais pas trop dans le people mais Julien me demande de le prendre en photo avec Giancarlo Esposito, un acteur Danois qui a joué dans la série Breaking Bad notamment. C'est d'autant plus drôle qu'hier soir en rédigeant cet article, j'avais mis la série Révolution en bruit de fond sur la tablette (pour la première et dernière fois si la télévision française offre un jour une meilleure alternative) et j'ai eu la surprise de le voir jouer dedans. Pour protéger le droit à l'image du boss de Supercarfrance, j'ai sauvagement coupé la photo. Apparemment, l'acteur est un véritable passionné et il est extrêmement sympathique.
Une brochette exceptionnelle!
Pour l'instant, j'ai assez peu utilisé le 70-200, ça va bientôt changer.
Je me rapproche de l'Alfa Romeo Superflow. Comme dirait Simon Kidston, qui va bientôt officier en tant que speaker de l'évènement, même le nom est cool.
C'est bientôt la fin des jolis alignements.
L'heure de la parade approche.
Direction le media lounge pour faire les niveaux, essayer de trouver un peu de wifi anémique pour envoyer les dernières images sur Facebook et trouver un peu d'ombre.
Ensuite je fais le tour par derrière pour aller me positionner. Quand les concept cars défilaient, ils se rassemblaient à l'arrière de l'hôtel mais depuis l'an dernier, ils ne participent plus à la parade du samedi. Par contre des motos se préparent à passer devant le public. Petit moment de stress pour les pilotes qui actionnent furieusement les démarreurs.
Je tombe tout de même sur la Mini Vision posée dans une flaque d'ombre.
Voilà, c'est l'heure de la parade. Un moment important pour moi car c'est l'occasion de publier les voitures une par une, dans l'ordre et avec un petit bout d'explication sur chaque. Les trois premières années, je l'ai couverte sur un ravissant bout de promenade avec le lac en fond et des fleurs en premier plan mais au bout d'un moment, il faut savoir changer. L'an dernier, j'ai rejoins Matteo sur son spot, là où les voitures quittent le jury pour faire le tour de l'hôtel et rejoindre leur place initiale. L'avantage est que l'on peut voir l'avant et l'arrière. Voici les motos
Cette BMW se dépêche de rentrer avant que la circulation soit limitée aux concurrents.
La BMW Concept a été présentée et vient se garer juste dans mon champ. Je pressens immédiatement que c'est une mauvaise idée. Elle va attirer du monde dans mon cadre!
A ce stade, je dois malheureusement présenter mes excuses pour les photos qui vont suivre. J'ai commencé à shooter en manuel et je me suis immédiatement aperçu que ça n'allait pas le faire, la différence de luminosité entre l'avant et l'arrière des voitures étant trop importante. Dans la précipitation, je me suis alors mis en priorité vitesse au lieu d'ouverture, sur un réglage au 1/100. Puis, trop occupé à dire des bêtises avec Matteo ou à pester contre ceux qui passent dans le champ, je n'ai plus vérifié mes réglages. Les photos sont suffisamment passables pour faire illusion sur l'écran du boitier mais selon mes critères, elles sont toutes floues. Une stupide erreur de débutant mais le mal est fait. Je vous les présente tout de même mais vous conseille de vous attacher plutôt au texte et d'aller chercher les belles images ailleurs sur cette page...
Il y a maintenant 85 ans qu'a eu lieu le
premier concours d'élégance à la Villa d'Este. Cette année, le concours est
articulé autour du thème "Gatsby le magnifique", avec différents thèmes liés à
l'âge d'or des années 20, dont le diner de gala de ce soir. Le jury est composé
de Lorenzo Ramaciotti, vice-président de Fiat-Chrysler, qui le préside depuis
2004, Charles Lord March (organisateur des meetings de Goodwood), Patrick Le
Quément (ancien chef du design de Renault), Hideo Kodama (designer), Winston
Goodfellow (journaliste et historien), Harm Lagaaj (ancien chef du design chez
BMW et Porsche), Stefano Pasini (auteur), Ian Cameron (ancien chef du design
chez Rolls Royce), Martin Roth (directeur de Musée) et Adolfo Orsi (expert et
historien de Maserati). Les voitures sont jugées par trois équipes sur la base
de leur authenticité, leur élégance, la qualité de leur restauration ou leur
préservation pour les véhicules non restaurés, leur fonctionnement et
l'historique documenté du véhicule. Ainsi bien sûr que par l'impression globale
laissée par le modèle jugé. Quinze prix sont à distribuer en plus des deux
premières places de chaque classe. De quoi satisfaire pas mal de participants,
même si certains visent tout particulièrement le plus prestigieux: le Best of
Show.
La classe A met à l'honneur la marque Rolls Royce pour fêter 110 ans
d'excellence.
Commençons par cette Rolls Royce Silver Ghost Roi des Belges par Barker,
de 1908, châssis 750, appartenant à Mark de Ferranti. Il s'agit d'une deuxième
main. Son premier propriétaire l'a conservée durant 57 ans et elle est dans la
famille De Ferranti depuis cette date. Contrairement à ce que l'on pourrait
croire, la voiture n'a pas appartenu au roi des Belges. Il s'agit en fait du nom
d'un style de carrosserie, en double phaeton avec des courbes rappelant la forme
d'une tulipe. Il fut créé en 1901 sur une Panhard et Levassor commandée par
Leopold II de Belgique (le roi, vous l'aurez compris). Le style aurait été
suggéré par Cléo de Mérode, sa maitresse. Sans grande surprise, la voiture
remporte le Trofeo FIVA de la voiture d'avant guerre la mieux préservée. Eh oui,
elle a tout de même 106 ans et elle roule très bien.
Voici ensuite une Rolls Royce Phantom II Boattail par Gurney Nutting,
châssis 125RY, de 1934, propriété de Sir Anthony Bamford. Avec sa plage arrière
en teck, elle remporte sa classe. Espérons que l'homme viendra un jour avec une
de ses Ferrari.
Ici une Rolls Royce Wraith Sedanca De Ville Park Ward de 1938 présentée
par Norbert Seeger. Il s'agit du châssis WXA107.
Cette Rolls Royce Silver Cloud I de 1959, présentée Marcello Fratini, est
le châssis LSLG112. Il a été carrossé par Harold Radford en shooting brake et
présenté au Salon de New York. Dans le coffre se trouve un logement pour 4
fusils. Elle prend la deuxième place de sa classe (Mention of Honour).
Enfin, voici une Rolls Royce Silver Cloud III Drophead Coupé par Mulliner,
de 1963, appartenant à Paolo Bianchi. Il s'agit du châssis LSCX 189. Elle
remporte le Trofeo Rolls Royce de la Rolls la plus élégante.
La classe B est sobrement intitulée "Gatsby le Magnifique, des voitures
princières", d'après le roman de Scott Fitzgerald et les deux films qui en ont
été tirés en 1974 et 2013.
Début en fanfare avec l'Hispano Suiza H6 B sedanca Landaulette par Chapron,
de 1922, présentée par Alexander Schaufler qui semble l'avoir acquise en 2013.
Le châssis 10479 remporte sa classe mais aussi le Trofeo Roeckl qui récompense
le meilleur ensemble voiture, conducteur et passager. On s'en serait douté.
Ici une Duesenberg A Straight 8 Roadster par Millspaugh & Irish, de 1923,
châssis A773, appartenant à Peter Heydon. Elle termine deuxième de sa classe.
Voici maintenant une Rolls Royce Phantom I par Hooper, de 1928, présentée
par Knud Sassmannshausen. Ce châssis 91EH a été livré neuf au magnat des
diamants Otto Oppenheimer et dispose d'un compartiment secret pour le transport
de pierres précieuses.
Enfin, cette Packard 640 Custom Eight de 1929 est engagée par Roland D'Ieteren
La Classe C est intitulée Via Col Vento, "Autant en Emporte le Vent, le style
profilé des années 30".
Voici d'abord l'Alfa Romeo 6C 1750 GS Spider Zagato / Aprile de Corrado
Lopresto, datant de 1931 et portant le numéro de châssis 10814331. La voiture
portait initialement une des fameuses carrosseries de course de Zagato et fut
équipée d'un compresseur pour courir dans des courses nationales. En 1938, le
carrossier Giuseppe Aprile de Savona fit l'acquisition de la voiture et remplaça
la carrosserie endommagée par une autre de sa création. Corrado Lopresto en a
fait l'acquisition en 2008 et l'a fait minutieusement restaurer, en retrouvant
les teintes de blanc et bleu exactes. La voiture remporte sa classe et surtout
la Coppa d'Oro qui récompense le Best of Show par vote du public à la Villa
d'Este. Lopresto fait honneur au nom de la classe en passant devant nous en
accélérant à fond. Madame a raison de tenir son chapeau, de peur qu'il ne soit
emporté par un vent rageur.
Voici ensuite la Mercedes-Benz 500K Cabriolet A 1935 de Winfried Ritter,
châssis 113717.
La Lancia Astura Type 233 Pinin Farina 1936 d'Orin Smith remporte le
Trofeo BMW Groupe Classic de la restauration la plus responsable (sensitive).
Elle fut présentée sur un stand du Salon de Milan 1936
Cette Bugatti Type 57 Gangloff de 1937, présentée par Johan van Puyvelde,
est le châssis 57546. En 1937, elle fut conduite à l'état de châssis nu sur les
55 kilomètres séparant Molsheim et Colmar pour être habillée chez Gangloff,
l'atelier de Bugatti étant surchargé. Il s'agit d'une carrosserie Ventoux
quasiment standard.
La BMW 328 coupé Streamline par Wendler de 1937, châssis 85048, apporte
la deuxième place de classe à son propriétaire Bernard Knöchlein. Le
propriétaire de l'époque avait commandé cette carrosserie profilée en aluminium
pour participer à la course Berlin - Rome. Un deuxième exemplaire fut fabriqué
et est exposé au Deutsches Museum de Munich. On devine l'influence de
l'ingénieur Hongrois Paul Jaray, qui a dessiné certaines Tatra.
Enfin voici la Lancia Aprilia Type 239 Spider Pinin Farina 1938 de Maria
Teresa Orecchia
En toute simplicité, la classe D est appelée "Villa d'Este, la Haute Couture
automobile Italienne" et rend hommage au Concours original qui s'est tenu de
1929 à 1949. Ainsi, la classe est encadrée par deux Alfa Romeo 6C 2500 car ce
dessin de Touring fut surnommé "Villa d'Este" après avoir remporté la Coppa d'Oro
au concours de 1949.
Ainsi donc, voici la première Alfa Romeo 6C 2500 SS Berlinetta Aerlux Touring,
de 1949, présentée par Heiko Seekamp. Il s'agit du châssis 915823. Elle prend la
deuxième place de la classe.
Cette Cisitalia 202B Cabriolet Lusso Vignale, de 1950, a été engagée par
l'argentin Sergio Lugo. Ce châssis, numéro 148, fut vendu en Uruguay et prit
part à des courses à Mar Del Plata et Buenos Aires.
Cette Ferrari 195 Inter Ghia appartenant à Renaat Declerck date de 1950
et porte le numéro de châssis 0101S. Seulement 35 Ferrari furent carrossées par
Ghia avant que Pinin Farina ne devienne un partenaire privilégié de la marque en
1953. Ca parait peu mais c'est déjà un bon nombre, considérant que Ferrari ne
produisit que 26 voitures en 1950. Celle ci fut d'ailleurs présentée au Salon de
Turin 1950. Au cours de sa vie, son moteur et sa boite s'égarèrent et ce n'est
qu'en 2000 que la voiture fut "réunifiée".
Cette Ferrari 212 Inter Vignale de 1951 est la propriété du très grand
collectionneur américain Peter Kalikow. A l'origine, 0163E disposait d'un toit
vert clair. Je ne sais pas s'il s'agissait d'une private joke de son
propriétaire, un portugais, car ce schéma de couleur était celui des taxis du
pays.
La Ferrari 250 Europa Pinin Farina 1953 de Jan de Reu, châssis 0305EU,
remporte la classe, ce qui sera sans doute un bel atout pour la vente aux
enchères RM de Monterey où elle sera proposée en août. Seules 22 Europa furent
produites. Celle ci partit aux Etat Unis en 1955, où son moteur finit par être
remplacé par un V8 Chevrolet. Ce n'est qu'en 2007 que le moteur original fut
localisé et replacé dans la voiture.
Présentée Hors Concours, et pour cause, cette Alfa Romeo 6C 2500 SS
Berlinetta Villa D'Este Touring de 1951 est présentée par Giuseppe Fontana.
Depuis 2011, elle appartient tout simplement à l'hôtel.
La classe E est intitulée "De Saint Tropez à Portofino", un trajet de rêve le
long de la côte d'Azur dans les années 50 et 60, sans embouteillages,
limitations de vitesse ou radars. A réaliser en cabriolet et en bonne compagnie,
évidemment.
On commence par cette Alfa Romeo 1900C SS Ghia Aigle de 1954, engagée par
Stephen Bruno, châssis 01959. Elle fut présentée sur le stand Ghia Aigle au
Salon de Genève 1955 et fut la première d'une série de 8 voitures carrossées à
Lugano.
Cette Lancia Aurelia B24 Spider America Pinin Farina 1955 appartient à
Fritz Kaiser et porte le numéro de châssis S 1166.
Cette BMW 507 Roadster de 1957 engagée par Jeffrey Lotman, châssis 70048,
est l'un des 253 exemplaires produits. Il a été restauré chez BMW Classic. Il
est vrai que, comme vous avez pu le constater dans le reportage précédent, la
507 n'est pas une rareté dans les parages.
Cette Mercedes-Benz 300 SL Roadster de 1958 a été engagée par Christian
Kramer. Malgré une production de 1850 exemplaires, le roadster 300 SL voit sa
cote exploser. Cet exemplaire est particulièrement désirable avec son hard top
rouge d'origine. Livrée aux Etats Unis, cette voiture servit de véhicule de
démonstration. Au volant, se trouvait souvent le légendaire pilote allemand
Rudolf Caracciola. Elle termine deuxième de sa classe et remporte le Trofeo
Automobile Club di Como de la voiture venue par la route sur la plus longue
distance. Elle a été conduite entre Düsseldorf et Cernobbio. Une vraie beauté.
La vainqueur de classe est cette Ferrari 250 GT LWB California Spider
1959 engagée par Sarah Allen. Il s'agit du châssis 1203GT, qui fut vendu
par Luigi Chinetti à Harvey Schur, un américain de 18 ans qui l'engagea dans des
courses d'accélération avant de l'échanger contre une châssis court plus
adaptée. La California est sans doute la voiture la plus emblématique du St
Tropez des années 60.
Et pour terminer, voici la Ferrari 250 GT Cabriolet série II 1960 de
Francesco Carozza. Il s'agit du châssis 1881GT. Je m'aperçois que je ne l'ai pas
du tout photographiée aujourd'hui. Je suppose qu'elle est arrivée tard mais il
est également vrai qu'elle n'a pas forcément le charisme de ses concurrentes,
même si elle ferait un malheur partout ailleurs.
La classe F s'appelle "Le Fuoriserie, rêves uniques" et regroupe des prototypes
ou des modèles uniques.
Voici d'abord cette très étrange Hudson Italia Prototype H01 par Touring,
datant de 1953 et présentée par Jan Dyck. Une série de 50 Hudson Italia était
initialement prévue mais seules 26 d'entre elles furent finalement produites.
C'est donc le prototype de cette toute petite série qui est présenté ici. Il
remporte le Trofeo ASI de la voiture d'après guerre la mieux préservée.
Deuxième de classe, 1739GT, une Ferrari 250 GT SWB 1959 carrossée par
Bertone, présentée par William Heinecke. Elle est l'œuvre de Giorgio Giugiaro
alors qu'il n'avait que 21 ans et fut présentée au Salon de Genève en 1960.
Bizzarrement (scandaleusement diront certains) ignorée dans le palmarès, cette
Alfa Romeo 6C 3000 CM Superflow IV 1956 est présentée par Steven Tillack.
Pourtant, cette voiture extraordinaire commença sa vie comme voiture de course
d'usine en 1953, avant d'être offerte à Pinin Farina à la fin de sa carrière en
compétition. Au cours des années 50, elle changea plusieurs fois de style (4
fois apparemment) avant d'adopter ce superbe toit coulissant en plexiglas.
Concernant sa vie en compétition, il semblerait que cette voiture ait été menée
à la deuxième place des Mille Miglia 1953 par Juan Manuel Fangio, rien que ça.
Puis, sous ses différentes incarnations, elle fut exposée aux Salons de Turin
1956, Paris 1956, Genève 1959 et enfin Genève 1960 sous sa forme actuelle. Un
historique de dingue.
Voici ensuite cette Mercedes-Benz 230 SL coupé Pininfarina de 1964
présentée par Russel Hook. Deux mois après la présentation de la fameuse 230 SL
Pagode dessinée par Paul Bracq, Pininfarina fut autorisé à proposer sa version.
Ce coupé dessiné par Tom Tjaarda fut présenté à Paris et une trentaine de
clients potentiels se manifesta. Jugé trop cher à produire, le coupé
Pininfarina resta cependant un exemplaire unique.
La victoire de classe revient à la Fiat Abarth 2000 Scorpione coupé
Pininfarina inscrite par le japonais Shiro Kosaka. Elle fut présentée au Salon
de Bruxelles 1969 puis emmenée au Japon par Sergio Pininfarina avec deux autres
véhicules pour l'exposition "Carrozzeria Italiana" de 1977. Pininfarina promit
de la vendre à son propriétaire actuel si celui ci fondait un musée Abarth à
Tokyo. Le musée ouvrit ses portes en 1993, en présence de Pininfarina et de la
Scorpione. C'est la première fois qu'elle revient en Europe depuis 1977, et
c'est donc un immense honneur que de la voir (et l'entendre) rouler.
Enfin, voici la Fiat 132 Aster Zagato 1972 de Patrick Bischoff. Présenté
en 1972 au Salon de Turin, ce prototype n'eut jamais de suite, la production de
sa carrosserie en aluminium étant jugée trop coûteuse. En réalité, deux
exemplaires furent produits qui appartiennent aujourd'hui tous les deux au même
collectionneur.
La Classe G s'intitule "Maserati, les cent premières années", même si en
réalité, il sera surtout question des cinquante premières.
Attaquons par la vainqueur de classe, la Maserati V4 Sport Spider Zagato
1929 de Lawrence Auriana. Ne vous fiez pas à son nom, la V4 est motorisée par
deux blocs de deux litres placés en V à 25°, pour un total de... 16 cylindres et
305 chevaux. En 1929, une V4 parcouru 10 kilomètres à 246 km/h près de Crémone.
La V4 remporta également des victoires aux Grand Prix de Tripoli et de Rome mais
elle était pénalisée par une usure rapide des pneumatiques qui peinaient à
passer au sol tout cette puissance. Cet exemplaire, le châssis 4002, qui fut
livré neuf à l'un des médecins personnels du Pape, est le seul existant à ce
jour. Le second, la voiture de course, a malheureusement été détruit.
Ah, une Rolls s'en va. Aucun rapport avec la parade.
Deuxième de classe, la Maserati A6GCS Berlinetta Pinin Farina 1953 de
Matteo Panini. Cet exemplaire, châssis 2056, est le premier des quatre carrossés
par Pinin Farina à la demande du représentant Maserati pour l'Italie, Mimmo Dei.
Celui ci fut vendu au Comte Paolo Gravina Di Catina qui l'engagea dans le Tour
de Sicile. La voiture y subit un sérieux crash et fut retournée à l'usine pour
réparations. Le propriétaire paya l'addition mais ne se présenta jamais pour
récupérer son bien. En 1991, Alejandro De Tomaso la fit restaurer par la
Carrozzeria Campana. En 1996, De Tomaso annonça son intention de vendre la
collection Maserati aux enchères et Umberto Panini acheta l'ensemble. La
collection est aujourd'hui visitable à
deux pas de Modène. La voiture remporte également le Trofeo Auto & Design du
design le plus excitant.
Voici ensuite une Maserati A6G/54 Allemano 1956 engagée par Jonathan Segal. Ce châssis, 2125, est l'un des 60 produits de ce modèle, dont 21 habillés par Allemano.
Cette classe montre bien les merveilles auxquelles a donné naissance la marque
de Modène. Voici maintenant une sublime Maserati A6G/2000 Zagato 1956
appartenant à Claudio Scalise. Ce châssis, numéro 2186, est le dernier des 14
berlinettes carrossées par Zagato. Une sublime rareté. Plus de photos arrivent
plus bas!
Et voici la fameuse Maserati 150 GT Prototype 1957 d'Andreas Mohringer,
un exemplaire unique exceptionnel. La légende veut que la voiture ait commencé
sa vie comme exemplaire de compétition, et qu'il ait servi de prototype aux
300S. Cependant, son propriétaire m'a lui même affirmé que d'après Adolfo Orsi,
tout cela relevait plutôt du fantasme. Il est cependant exact que le châssis
montre des traces de nombreuses modifications et que la voiture, sous ses airs
de petit cabriolet jet set, dispose d'éléments de compétition comme des freins
de 250F et montre un caractère bien trempé. A priori, la 150 GT a été développée
comme une version civile de la 150S de compétition, en vue du remplacement de
l'A6G/2000. Au final, elle fut jugée trop complexe et coûteuse et Maserati lui
préféra la 3500GT, pour le bien de la société. La voiture porte le numéro de
châssis 003, ce qui a peut être contribué à alimenter les spéculations les plus
hardies. Elle a été habillée par Fantuzzi, le carrossier traditionnel des modèles de
course, dans cette robe d'aluminium mélangeant les styles de Frua,
Allemano et Zagato. Elle a été acquise à la vente Gooding de Scottsdale en 2013,
pour 3 millions de dollars. Cette classe est vraiment très relevée et ça fait un
peu mal de voir les deux derniers modèles repartir bredouilles mais bon, c'est
le jeu. Maintenant, il n'y a plus qu'à croiser les doigts pour qu'Andreas
Mohringer nous présente l'an prochain son extraordinaire Ferrari 335 S à pontons
fendus.
Terminons avec cette Maserati Quattroporte Serie I Frua 1965 engagée par
Ermanno Keller. Bon.
Plus les classes avancent, plus je suis intéressé. La H s'intitule "Gentlemen
Drivers, de la piste au théâtre". En effet, dans les années 50 et 60, les riches
gentlemen pouvaient utiliser leurs voitures pour courir en amateur dans une
course de côte ou sur un circuit, mais aussi pour accompagner madame à un dîner
ou au théâtre.
Je commence à en avoir assez d'avoir
toujours plein de monde dans mon cadre donc je décide de changer de place,
quitte à tenter la fameuse perspective derrière l'hôtel. Le danger est de rater
des voitures car certaines peuvent rentrer directement au parking juste à
l'endroit où j'étais jusque là. Mais il fait beau et aucune ne l'a fait pour le
moment cette année. En chemin, je tombe sur Kevin et Raphaël qui me disent avoir
trouvé un spot sympa. Je m'installe vers eux et me couche sur l'asphalte
brûlante. Je suis toujours réglé à 1/100, à l'insu de mon plein gré. C'est vrai
que ce spot est sympa. Il peut même faire office de puits de lumière mais il a
l'inconvénient de ne présenter les voitures que de face. On ne peut pas tout
avoir.
Voici d'abord la Fiat 8V Rapi 1953 de Gabriele Artom. Au total, 114
exemplaires de cette Fiat 8 cylindres furent produits. Celui ci, châssis
106-000011 a notamment participé à la course d'Ollon Villars en 1956.
Elle est suivie de la Mercedes-Benz coupé Gullwing Alu de Bernardo
Hartogs, qui termine deuxième de classe et remporte le Trofeo Foglizzo du
meilleur intérieur. Sur les 1400 Gullwing produites, seules 29 disposent de la
carrosserie en aluminium, pour vous donner une idée de l'extrême rareté de
celle-ci. Qui plus est, elle a participé aux Mille Miglia en 1956 et 1957 ainsi
qu'à bon nombre de courses jusqu'en 1959.
Rassurez vous, malgré une trajectoire un peu atypique, elle n'est pas rentrée dans le mur.
Voici maintenant la Talbot-Lago America Coupé 1957 de Michael Kaufmann.
Pour tenter d'attaquer le marché américain, Anthony Lago se tourna vers BMW pour
bénéficier du V8 de la 507 mais rien n'y fit, seules 10 des 12 voitures
fabriquées traversèrent l'océan. En 1959, Lago vendit la marque à Simca qui
produisit 5 autres exemplaires avec des moteurs maison (de Vedette ou de
Chambord). J'en profite pour remarquer que cette année, le nombre de
participants français se monte très exactement à zéro. C'est bien dommage. Les
pays les mieux représentés sont les Etats Unis (12), l'Italie (8), l'Allemagne
(5) et la Belgique (5).
Allez, on rentre dans le dur avec la vainqueur de classe: la Ferrari 250 GT
LWB Tour de France 1957, châssis 0677GT, engagée au nom de la Collection
Destriero de Monte Carlo. C'est l'une des voitures que j'attendais le plus. Il
s'agit d'une des 9 de la série à 14 louvres, qui est esthétiquement ma préférée
parmi les Tour de France. Le modèle a reçu ce surnom après avoir remporté la
classique française trois fois consécutives entre 1956 et 1958. En 1957, 0677GT
remporta le Tour de Sicile avec Olivier Gendebien pour le compte de la Scuderia.
Le pilote belge acheta alors la voiture et remporta les 12 Heures du Reims puis
le Tour de France! En 1958, Gendebien et 0677GT remportent les 3 heures de Pau
et de nouveau les 12 Heures de Reims. A la fin de l'année, le pilote retourna la
voiture à l'usine pour prendre possession d'une autre Tour de France, 1033GT,
avec laquelle il remportera également le Tour. C'est un Italien qui prit
possession de 0677GT et l'engagea à la Targa Florio (douzième). Ce n'est pas tout
à fait terminé. Vous aurez peut être remarqué le lettrage sur la voiture: en
1957, engagée par l'usine aux Mille Miglia, déjà avec Gendebien au volant,
0677GT avait terminé à la troisième place au général! Nous sommes vraiment en
présence d'une Ferrari majeure à tous points de vue.
Voici ensuite la Ferrari 250 GT Interim
1959 de Paul Pappalardo, châssis 1465GT. Seuls sept exemplaires de 250 GT
Interim furent construits, et pour cause, il s'agissait du prototype de la 250
châssis court. En fait, le design Pinin Farina de la future berlinette est
adapté au châssis long de 2600mm de la Tour de France. Les courbes sont donc les
mêmes mais dans des proportions un peu plus importantes, même s'il faut un coup
d'œil acéré pour s'en apercevoir. Quelques détails permettent cependant de faire
la différence, comme la petite vitre de custode par exemple. Ce châssis, 1519GT,
a terminé troisième au général du Tour de France 1959. Elle remporta ensuite une
victoire à Montlhéry avant de prendre le chemin des Etats Unis où elle continua
à courir jusqu'à un sérieux accident. Ce n'est qu'en 2012 qu'elle fut remise en
état. Sa participation au concours est sa première apparition en public depuis
50 ans!
Et voici la dernière classe, la I, sobrement intitulée "La course".
Elle débute avec la très spéciale Jaguar XK120 de Kurt Engelhorn. Ce
châssis, 660986, fut en effet utilisée pour tenter de battre le record de
vitesse sur un mile lancé. Après avoir rencontré l'opposition d'une Pegaso,
Jaguar révisa l'aérodynamique de la voiture et installa notamment cette bulle de
plexiglas au dessus de l'habitacle. Un pari gagnant puisque le record fut battu,
à 277.4 km/h! Elle fut ensuite vendue à Albert Powell puis Brian Redman qui
coururent avec jusqu'au début des années 60. Elle vécut ensuite l'existence
d'une XK120 normale avant d'entrer en restauration en 2009 et de retrouver
l'aspect qu'elle avait pris pour son fameux record.
Voici ensuite l'exceptionnelle Jaguar Type D de Peter Neumark. Ce châssis
numéro XKC402 fait partie des six qui ont couru pour le compte de l'usine et il
a terminé deuxième aux 24 Heures du Mans 1954 avec Duncan Hamilton et Tony Rolt.
Trois semaines plus tard, la même équipe prenait la deuxième place des 12 Heures
de Reims. Elle remporte également la seconde place de sa classe au Concorso.
Très grosse surprise quand j'ai appris que la Maserati 450 S d'Albert
Spiess, châssis 4502, a remporté non seulement la classe I mais le Best of Show!
Il est vrai que seulement dix exemplaires de ce monstre de 400 chevaux carrossé
par Fantuzzi virent le jour. Celle-ci fut livrée aux Etats Unis à Tony Parravano
mais disparut rapidement, peut être au Mexique, en même temps que son
propriétaire. En 1959, elle fut vendue aux enchères par le Ministère des
Finances américain, et sa véritable carrière en compétition put commencer, avec
une douzaine de courses et plusieurs places d'honneur. L'attribution du Best Of
Show a déjà fait couler beaucoup d'octets, nombreux étant ceux qui pensaient que
la V4 méritait davantage.
Autre voiture que j'ai un peu négligée aujourd'hui car je l'ai bien shootée hier
et qu'elle est bien connue, la Ferrari 500 TRC 1957 de Claudio Caggiati,
châssis 0658 MDTR. La 4 cylindres termina notamment dixième aux 12 Heures de
Sebring 1957 mais c'est en définitive avec son propriétaire actuel qu'elle
établit le record le plus saisissant puisqu'elle a déjà participé 18 fois au
rallye des Mille Miglia!
Voici maintenant 4675GT, un des quatre exemplaires de Ferrari 250 GTO
1962 a avoir été recarrossé selon le style de la GTO/64. Elle a quitté la
célèbre Collection Matsuda en 2010 pour passer chez Chris Evans. Celui ci la fit
restaurer par Classiche avant de la vendre à Jean-Pierre Slavic. L'an dernier,
elle est partie aux Etats Unis pour un montant que la rumeur veut supérieur à 40
millions de dollars. A ces prix là, les propriétaires recherchent de plus en
plus l'anonymat, aussi est elle attribuée dans les plaquettes du concours à la
Collection Lionshead. 4675GT a un bel historique en compétition, d'abord en
course de côte en 1963. En septembre, elle se crashe au Tour de France, ce qui
entraine la modernisation de sa carrosserie. En 1964, avec Jean Guichet, elle
participe à la Targa Florio et termine deuxième aux 500 kilomètres de Spa. Puis,
de 1964 à 1966, elle continue à s'aligner dans de nombreuses courses de côte,
remportant plusieurs victoires.
Etrangement, la Porsche 904 GTS de Kriton Lendoudis ne passe pas. Je ne
sais pas ce qu'elle est devenue. Il s'agissait du châssis 904-026 qui a remporté
de nombreuses courses de côte entre 1964 et 1965 (au moins 13 victoires de
classe apparemment) avant d'être vendue au Venezuela où elle continua à courir.
Elle participa également à des courses de SCCA en Floride.
Et pour terminer, voici la Shelby Cobra 427 Compétition 1965 de Gary
Bartlett, qui remporte le Trofeo Vranken Pommery de la voiture la plus
emblématique. Cet exemplaire est l'un des plus désirables de la marque mythique,
une Shelby 427 Compétition, châssis CSX3006. Alors que les Shelby 289
faiblissaient face à la concurrence des Corvette, Carroll et Ken Miles
décidèrent de tenter le coup avec le bloc acier Ford 427. Pour courir en GT, la
FIA exigeait une production de 100 exemplaires, que Shelby pensait pouvoir
écouler. La commande fut passée à AC mais en avril 1965, quand les inspecteurs
de la FIA arrivèrent à l'atelier, seuls 51 exemplaires étaient achevés et
l'homologation fut refusée. La même mésaventure arriva à Enzo Ferrari et sa 250
LM en même temps. Shelby décida alors d'annuler la commande des exemplaires
restants, transformés en version routière par AC. Cependant, en juin, la FIA
créa une nouvelle classe, GT Compétition, dont la limite se situait à 50
exemplaires produits. Une aubaine, sauf que cela mettait les Cobra dans la même
classe que les GT40. Pour éviter tout conflit d'intérêt, il fut décidé que les
Cobra seraient laissées à des pilotes privés. A cette date, 53 châssis
avaient été produits dont 16 avaient été vendus à des privés (19 quelques
semaines plus tard). Le reste fut homologué pour un usage routier mais CSX3006
fait partie des 19 châssis de compétition. Il fut livré en 1965 à un américain
en bleu métallisé à bandes dorées. A l'été 66, elle fut vendue à l'écurie Chequered Flag de Londres, convertie en conduite à droite et peinte en Blanc
Wimbledon avec un capot noir brillant. La voiture remporta un succès
significatif à Brands Hatch, lors de l'Ilford 500 disputé sous des trombes
d'eau. Bob Bondurant et David Piper remportèrent la victoire. La voiture fut
ensuite vendue et acquis son immatriculation LOV1. Puis elle changea de mains à
de nombreuses reprises, ainsi que de couleur et encore au moins deux fois de coté
de conduite. En 2002, elle fut restaurée dans sa configuration Brands Hatch
actuelle.
Voilà, vous savez tout sur les modèles de cette édition. Cependant, la journée est loin d'être finie. Il est 17h15, je décide de rejoindre l'espace d'exposition. En chemin, je passe devant le fameux spot photo au moment où des bruits de moteur retentissent. Hélas, certaines voitures rentrent déjà au parking.
L'immense majorité des spectateurs a déserté, ce qui laisse une nouvelle fois le champ libre aux photographes, avec une lumière inversée par rapport au matin.
Ce qui est inversé aussi hélas, c'est qu'au lieu d'arriver, les voitures s'en vont.
La Scorpione a besoin de planches pour passer une petite grille d'évacuation d'eau.
Je profite tant que c'est possible.
J'essaie de repasser vers toutes les voitures encore présentes.
Quand le propriétaire monte dans sa voiture, il reste peu de temps!
La Bertone part avec Gunther Raupp, le photographe des calendriers Ferrari.
La Maserati Pinin Farina s'en va.
Je m'arrête un instant sur les plus vénérables.
Il faut aussi s'occuper de la toute fraiche Coppa d'Oro. Corrado Lopresto va graver son nom sur la coupe pour la quatrième fois. Je déconseillerais de boire le champagne dans la coupe pendant quelque temps.
La Maserati A6G/2000 Zagato se prête à un petit shooting improvisé. Ca tombe bien, je ne l'avais pas encore eue dans de bonnes conditions.
Un coup d'œil sur la ligne de l'Alfa Romeo 6C Touring
En duo avec la deuxième.
Oh, je me rappelle de l'existence des Concept Cars. C'est l'Alfieri qui remporte le prix du plus beau concept, sans grande surprise.
Même si je ne peux pas dire que je l'aime, je m'arrête longuement sur la Lamborghini 5-95 de Zagato. Elle célèbre 5 décennies de Lamborghini et 95 ans de Zagato. Elle est basée sur une Gallardo LP570-4 et serait destinée au collectionneur Suisse Albert Spiess, qui vient de remporter le Best of Show avec sa 450S. La rumeur fait état d'une production limitée à 5 exemplaires mais qui sait?
La Fiat 132 Aster Zagato arrive justement.
Quelqu'un lui suggère par geste de se garer à coté de la 5-95 pour une photo sympa. Le conducteur s'exécute avec plaisir. A peine les autos installées l'une à coté de l'autre, le responsable de la 5-95 monte dans la voiture et lance le moteur.
Incrédule, je me dis qu'il va la reculer un peu pour supprimer l'ombre qui affleure sur le nez. Mais non, il s'en va, tout simplement. Le propriétaire de l'Aster nous regarde d'un air perplexe. Personne n'a compris.
Une Z8 effectue un shooting aussi improvisé que bordélique.
L'ambiance est soudain très calme, je m'attarde sur cette M6.
La 450S rentre au parking dans un bruit d'enfer.
Puis c'est au tour de l'Alfieri de démarrer. Je suis très content de la voir rouler.
Et la DBS.
Bon, de ce coté, c'est à peu près terminé. Je retourne du coté des anciennes, qui sont désormais bien clairsemées.
La Tour de France est encore là, toujours à l'ombre.
Mais pas pour longtemps.
Cette Rolls Royce ne fait pas partie du concours. Nous l'avons vue passer dans la rue hier soir pendant le dîner. Elle dispose d'un éléphant translucide en guise de mascotte. En plus, il est rétro-éclairé dans des teintes changeantes, bleu, vert, rouge... Et je dois aussi vous parler du klaxon qui chante des mélodies délicieusement kitsch. Terrible.
Corrado Lopresto monte en voiture à son tour et démarre.
Tout à coup, une intuition me pousse à une dernier sprint pour la journée. J'arrive en haut juste à temps pour shooter Corrado coupes en main, et duckface incluse. Il est vraiment très cool.
Et le voilà reparti. Je vous propose la version un peu terne, et la version bien exagérée.
Tiens, la 500 TRC débouche à l'improviste.
Allez, il est temps d'aller manger. Nous nous installons en terrasse avec Kevin, Raphaël, Romain, Sébastien et Philippe. Plus de problème de place, tout est calme. Il fait bon et cette fois nous avons une belle vue sur le lac. Au fur et à mesure, les tables autour de nous se remplissent de personnes habillées à la manière des années 20, qui viennent prendre l'apéritif. Ils montent ensuite dans des bateaux pour être transportés vers le dîner de gala "Gatsby". J'avoue qu'à certains moments, nous nous sommes sentis un peu incongrus avec nos jeans et t-shirts. Peut être que pour l'an prochain, un petit effort vestimentaire le samedi serait envisageable. Surtout que maintenant que nous avons pris goût au repas du soir, il risque de devenir une habitude.
Au moment de repartir, nous passons par l'accueil de l'hôtel, par acquis de conscience. Cette année, pas de Pagani Zonda Cinque ou de RuF CTR3.
Un dernier coup d'œil aux M5 et il est temps de quitter la Villa d'Este définitivement pour cette année.
Sur le chemin de la voiture, ,nous croisons la Ghibli d'hier,
et cette Porsche 991 GT3.
Voilà, c'est terminé pour cette grosse journée, qui a tenu toutes ses promesses: soleil, dolce vita, plateau exceptionnel, cadre superbe, promenade en bateau... que demander de plus, si ce n'est de ne pas foirer les images de la parade? Demain, rendez vous à Villa Erba pour la dernière partie du concours, avec un changement de cadre. Il faudra arriver tôt pour devancer l'arrivée du public à 09h30 mais ça ne devrait pas trop être un problème. J'aimerais assez couvrir la parade du dimanche mais j'ai promis de rentrer pour le couché des enfants donc ce ne sera pas pour cette année. Il devrait cependant y avoir matière pour quelques belles images supplémentaires. Restez fidèles.
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