Concorso d'Eleganza Villa d'Este, le dimanche

Dimanche. Encore une fois, le réveil est sans pitié. La nuit a été courte: après s'être couchés vers 1h30, le coup de froid et la nourriture avalée trop vite (en fait c'est sûrement la première fois que je ne saute aucun repas sur un évènement) m'ont fait subir une mini indigestion au milieu de la nuit (désolé Vincent). Du coup nous ne sommes pas très frais à 7h30 en arrivant sur les pelouses de la Villa Erba. Qui plus est, rien ne se passe pendant un assez long moment. Hier soir avant la vente, j'ai fait un petit tour de l'exposition réservée aux Corvette. En voici un échantillon.

J'ai failli dire une bêtise en déclarant que vous avez devant vous le Pace-car des 500 Miles d'Indianapolis 1978. En recherchant un peu d'infos, je me suis aperçu qu'il s'agissait d'une série "limitée" à 6500 exemplaires pour célébrer cette occasion. Ce n'est tout de suite pas la même chose.

A un moment donné, je vais montrer à Vincent les fameuses marches d'escalier qui lui font tellement envie, et là... c'est le drame. Au dessus des marches se trouve un entassement de chaises et des tables sous une bâche verte ignoble. Nous sommes déjà une dizaine de photographes mais difficile de prendre l'initiative de faire le ménage. Il nous faut l'aval d'un pro, ce qui ne devrait pas poser trop de problème: cette vue fait partie de leurs revenus prévisionnels pour l'année à venir, surtout après les occasions manquées de vendredi. Nous attirons ô combien subtilement Peter par ici. Son visage se décompose quand il découvre le carnage. Bien vite, tout le monde est sur le parvis pour mettre les chaises et les tables de coté, hors champ.

Là où l'affaire devient comique, c'est que quelques minutes plus tard, des ouvriers arrivent qui entreprennent... de remettre tables et chaises sur la terrasse. S'ensuit un long conciliabule qui aboutit à un espace presque dégagé. Ouf, il n'y a plus qu'à trouver des voitures.

La XKSS arrive. Je trouve la lumière assez dure ce matin, plus que les autres années. Peut être car les premiers m'ont semblé arriver plus tard que d'habitude.

Un shooting de la DBS a lieu sur l'allée qui longe le lac. C'est Gunther Raupp, le célèbre photographe des calendriers Ferrari, qui est à la manouvre.

Lui est un adepte du soleil de face, ce qu'il peut se permettre avec ses flashs déportés. Pour moi, c'est un peu plus compliqué.

Je m'aperçois que la Mercedes Saoutchik est en shooting devant les marches. Vite vite. La terrasse est presque nette.

Nous sommes une douzaine à nous marcher dessus sur deux mètres carrés pour faire la photo sous le meilleur angle. Pour quelques degrés de plus.

Ca se passe étonnamment bien au vu du nombre de photographes présents. Tous sont manifestement d'une intelligence supérieure à la moyenne (et le contrevenant est vite sifflé s'il s'oublie)

Je suis en train de photographier une Bugatti Atlantic dans un décor idyllique! Je ne vais pas dire que c'est mon accomplissement ultime mais j'ai encore de la peine à croire que ce soit moi qui ai fait ça.

Au final, la Bugatti Atlantic de Ralph Lauren aura remporté les prix suivants: Coppa d'Oro par référendum public à Villa d'Este, Best in Show par le jury, Trofeo BMW Group Italia par référendum public à Villa Erba, Trofeo BMW Group Ragazzi par référendum des moins de 16 ans à Villa Erba, la classe B bien sûr et le Trofeo Auto & Design du design le plus excitant décerné par le jury. Ce n'est que la troisième fois depuis la résurrection du Concorso qu'une voiture fait le triplé des deux prix du public et du prix du jury, et les deux premiers Grand Chelem avaient été réalisés par des Alfa Romeo. La concurrence a été atomisée, même la plus prestigieuse.

La candidate suivante est la Dino. Quelqu'un fait un excellent boulot de rabattage!

Encore une fois, tout se joue en quelques minutes, il faut courir et shooter sans tarder ni gêner les autres.

Bon, même si j'aime beaucoup ce spot, je vais essayer de varier un peu. Je ne sais pas pourquoi mais depuis deux ans, les concept cars sont mis à l'ombre sur du gravier ou carrément sous des arbres vers la tribune de la parade. C'est franchement horrible pour les photos. Déjà qu'ils ne sont pas trop bien placés le samedi pour certains.

C'est la Disco Volante de Touring qui remporte la classe concept cars et prototypes. Personnellement j'aurais plutôt voté pour la CC100 car même si la Disco Volante est sympathique, elle a du mal à surpasser la beauté de la voiture qui lui sert de base: la magnifique Alfa Romeo 8C. Je pense qu'Aston Martin aurait mérité d'être récompensé de ses efforts, même si une barquette typée course avec numéros a peu de chance de faire l'unanimité dans un concours d'élégance.

La BMW ne m'inspire que de l'indifférence mais en fait c'est le cas pour toutes les voitures de la marque depuis quelques années (hormis la sublime 328 Hommage).

Je pars ensuite en chasse sur les pelouses, à la recherche des voitures bien placées et pas trop prises d'assaut.

Rendez vous compte que cette voiture, l'une des plus rares et les plus chères au monde, va rester là, sans aucune barrière, alors que des milliers de personnes vont être attirées par elle comme des abeilles sur une fleur magnifique. Ca en dit long sur la confiance des organisateurs au sujet de la passion et du respect des spectateurs présents. Chapeau.

Il reste encore quelques possibilités de prendre des photos sans personne dessus mais ça risque de ne pas durer.

Même si elle est à l'ombre, la Jaguar a probablement l'une des places les plus photogéniques, sous cette arche végétale.

En fait je n'ai pas grand chose à écrire sur cette journée, les voitures ont déjà été amplement couvertes hier. Tout se passe sans anicroches.

C'est du bonus. Qui plus est, je dois dire que je préfère l'environnement ici à la Villa Erba que celui de la Villa d'Este. Allez savoir pourquoi, je suis d'avis qu'un concours d'élégance doit avoir lieu sur des pelouses plutôt que sur du gravier.

En plus on est ici au ras du lac, ce qui peut donner des prises de vues plus sympas.

Bon, sur deux jours les décors sont très variés et c'est surtout ça qui compte.

On me signale qu'Aston Martin distribue gratuitement des coques de smartphones aux couleurs du centenaire, je vais donc en chercher une.

A 9h25, des voitures sont encore en train d'arriver alors que l'ouverture est imminente.

La Tour de France bleue n'est pas encore arrivée. Décidément celle ci aura passé le weekend à essayer de s'échapper. Heureusement il y en a plein d'autres.

A 9h30, l'envahissement des pelouses par le public commence, il est temps de se réfugier en salle de presse pour le petit déjeuner. Cette année, pas de folle rumeur sur des voitures aperçues en train de tourner: pas de Zonda, pas de Veyron, pas de McLaren F1. Juste une LFA. A partir de là, le choix est simple: partir tout de suite ou attendre à 14h00 la parade qui peut donner des photos sympas et libérer de l'espace autour des autres voitures. J'ai toujours dit que je ferais ça un jour mais cette année... je suis déjà crevé, Vincent a encore quatre heures de route à faire après notre retour chez moi. Nous décidons de lever le camp.

Non sans faire un tour des parkings bien sûr. Voici la fameuse LFA, une voiture qu'il est rare de rencontrer en liberté.

Dans le parking opposé, cette 599 est belle... de loin. Les jantes et le toit sont mat mais les ailettes style XX sont en carbone vernis. Comment dire...

Allez, il est temps de monter en voiture et de prendre le chemin du retour. La parade du dimanche ne sera encore pas pour cette année, pas plus que le regroupement des vainqueurs à la Villa d'Este pour la remise des prix. Avant de partir, j'avais envisagé de partir en chasse du rallye anniversaire d'Aston Martin qui doit aujourd'hui rallier Mulhouse à Lucerne, soit le voyage exactement inverse du notre. Bon, les informations précises manquent un peu mais je soupçonne que les participants sont encore au Musée de l'Automobile quand nous arrivons à Mulhouse. Après un weekend pareil, la perspective de voir quelques DB4 ou DB2 supplémentaires n'est pas excessivement excitante. Je ne dis pas que je ne me serais pas arrêté si j'avais été seul (après tout je m'arrête presque toujours chez Modena Motors) mais je peux dire que j'ai eu ma dose de merveilles. Après quelques arrêts, nous arrivons à la maison vers 16h00. Vincent embarque pour la suite de son voyage (je serai assez soulagé d'entendre qu'il est arrivé à bon port vers 20h00)

Pour conclure, le constat est le même chaque année: malgré la pluie et le froid qui ont bouleversé quelque peu le programme du vendredi, rendu bien tristounet, le plateau était comme à chaque fois exceptionnel, touchant même à l'inoubliable grâce à la présence de l'Atlantic. La Villa d'Este reste le seul grand concours d'élégance européen digne de ce nom, tous les autres se trouvant Outre Atlantique: le Cavallino Classic et Amelia Island en Floride, Meadow Brook dans le Michigan, The Quail et Pebble Beach en Californie. Londres essaie de se faire une place avec le concours tenu l'an dernier à Windsor et qui est transféré cette année à St James mais Rome ne se bâtit pas en un jour. Tant que les organisateurs voudront bien de moi, je resterai donc fidèle au Concorso en espérant y voir venir les Ferrari les plus mythiques (P4, 375 Plus, 250 TR à pontons fendus...).

Le mois de mai se termine, et avec lui la période la plus intense de l'année. Cet agenda bien chargé me conduit à faire l'impasse sur Sport & Collection et Le Mans, mais vous verrez qu'il est toujours possible de s'occuper près de chez soi. Et avant, il reste encore un reportage sur les rives du Lac de Come: celui qui traitera de la vente aux enchères organisée par RM Auctions. Restez fidèles.

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