Mercredi, c'est le dernier déplacement
de la Mégane avant sa mise en retraite demain. Malgré tout ce que l'on a
partagé, la confiance n'est plus là et j'ai de plus en plus peur qu'elle me
lâche en route. Ce sera une fin en apothéose puisque nous avons aujourd'hui
près de 800 kilomètres à faire pour nous rendre dans la Nièvre, au château
de Bannegon pour retrouver les participants du Tour Auto Optic 2000 au
déjeuner. Nous zapperons ensuite le circuit de Magny Cours pour doubler le
maximum de concurrents et faire un peu de bord de route. Allez, installez
vous à coté de moi!
Le démarrage est difficile: la petite est malade et ne s'endort qu'à une
heure passée. Je quitte la maison à six heures, ce qui devrait me permettre
d'arriver au château vers 10H00, une heure trente avant l'arrivée prévue des
premiers participants. Eh oui, j'ai horreur d'être en retard. Dur dur mais
au final, bien m'en a pris. En approchant du Creusot par la double voie, un
voyant s'allume m'intimant l'ordre de stopper pour cause de surchauffe. Cent
mètres plus loin, je suis garé sur un dégagement. L'aiguille de température
d'eau redescend immédiatement. Je suis venu tardivement au smartphone mais
je dois avouer que pouvoir trouver sur internet l'adresse d'un garage sans
déranger l'assistance ou mon épouse qui doit être en train de préparer les
petits, c'est très pratique. Et coup de bol, le garage choisi au hasard est
déjà ouvert à 7h45 du matin! Une rasade de liquide de refroidissement et
tout redevient normal! J'ai toujours fait les révisions dans les clous mais
c'est la première fois que la voiture consomme autant d'huile et de liquide.
Du coup, elle ne m'a jamais habitué à vérifier les niveaux avant un
déplacement, je l'admets. Pour l'instant, j'ai fait environ 200 kilomètres,
il m'en reste 600 si je continue. La question se pose de faire demi tour ou
de poursuivre l'aventure. Il fait beau pour la première fois depuis des
mois, je suis déjà loin de la maison; je décide de tenter le coup.
Finalement il est 10h45 quand j'arrive au château sans autre alerte. Je me
gare dans l'espace réservé aux assistances et pénètre dans l'enceinte. Il y
a un grand parc ombragé et un magnifique bâtiment entouré de douves, avec un
accès par une tour percée d'un pont levis. Un endroit plein de potentiel!
Les tables sont prêtes pour le repas des concurrents. Les pauses déjeuner du Tour Auto Optic 2000 ont toujours lieu dans des endroits magnifiques et très photogéniques. J'essaie toujours d'y passer quand je suis une étape.
A 11h15, les premiers accompagnateurs arrivent, en même temps que les ouvreuses.
Comme chaque année, c'est le plateau compétition qui arrive le premier.
Et comme chaque année, ce sont les Alfa qui ouvrent le bal,
en nombre. Une véritable invasion.
Mais également une belle variété de modèles.
Si j'en crois la plaque d'immatriculation, le propriétaire de cette Porsche 356 a un petit reproche à lui faire.
Parmi les oubliées du premier reportage, j'ai pensé aux Jaguar et Lotus,
La Ferrari 250 GT ouvreuse est fidèle au poste. Elle arrivera au bout de l'épreuve.
A midi, les premiers repartent déjà. J'ai trouvé un spot sympa pour le départ.
Alors que je pars à la recherche de la 250, un ami me signale qu'elle est derrière une maison, en position idéale. Et c'est effectivement le cas!
Les arrivées deviennent régulières.
Et les départs se succèdent également, assurant le renouvellement des voitures sur les pelouses.
Ce que les photos ne peuvent pas retranscrire, c'est l'ambiance sonore autour du château. De nombreux corbeaux volent et croassent en permanence au dessus de nos têtes, laissant à l'occasion tomber un missile qui traverse les feuilles et nous fait prier de ne pas le prendre sur la tête. Puis c'est soudain un bruit de tonnerre qui retentit sous les arbres. Je me mets en position pour voir arriver la Cobra Daytona dont les échappements latéraux soulèvent pas mal de poussière.
Inutile de dire que toutes les têtes se tournent.
Au risque de passer pour monomaniaque, j'ai passé beaucoup de temps autour d'elle pendant qu'elle était là. Pour moi, c'est la voiture la plus importante de cette édition.
Voici Kenny Bräck, ancien vainqueur des 500 Miles d'Indianapolis, un titre qui force le respect.
L'équipage discute pas mal du parcours. Je suppose que le propriétaire est heureux d'emmagasiner tous les conseils du pilote, ce qui n'est pas forcément possible en roulant.
Au bout de 14 minutes exactement, les deux hommes remontent en voiture, sans avoir profité du buffet.
Et c'est reparti. Pour avoir le château bien net, j'ai utilisé des vitesses élevées (1/1250 ici) qui figent vraiment l'action,
c'est un peu dommage mais en post production, il est possible de redonner un peu de vitesse à l'ensemble, pour ceux qui préfèrent.
D'autres AC sont arrivées, celle de Ludovic Caron par exemple, qui terminera troisième de la catégorie VHC (1951 à 1965) après un retour de la 21ème place suite à des problèmes mécaniques dans la première étape!
C'est Carlos Monteverde, sur une autre Cobra, qui remporte cette catégorie, devant une Jaguar Type E.
Une autre.
Au forceps, je parviens à entrer dans la cour intérieure, réservée aux concurrents qui déjeunent. Le lieu est vraiment parfait, permettant de nombreuses vues différentes sans trop bouger.
La 904 s'est mise à l'ombre. Bien pour la température intérieure, moins pour les photos.
La fameuse entrée avec le pont levis, n'est pas si facile à exploiter. Il y a toujours du monde qui va et vient.
Les premières GT40 sont arrivées.
Le repos du guerrier avant de repartir à l'assaut (merci à Arnaud pour le signalement).
Alors que je photographie la GT40 pilotée par Willy Mairesse, voici qu'arrive 2129GT, qui a permis au pilote belge de remporter le tour en 1960.
Elle est suivie d'une des Lusso.
Pour les premières AC, c'est l'heure de partir pour Magny Cours.
Elles croisent les arrivantes.
Je me dirige maintenant vers le portail du parc, pour changer un peu.
Juste devant se trouve une maison pleine de caractère.
Avec Arnaud, nous philosophons un peu sur le fait que nous ne pouvons hélas pas être spécialistes toutes marques et que de ce fait, nous passons certainement à coté de voitures importantes, avec peut être des palmarès significatifs. Dans les Porsche par exemple, vu le nombre de protos présents, il serait étonnant que l'un d'eux n'ait pas remporté quelques victoires de classe mais comment les identifier? Nous n'avons même pas idée d'où peut se trouver le numéro de série sur ce genre de modèle. Cette Mustang par exemple est aux couleurs de l'écurie Ford France, ce qui en fait déjà un exemplaire prestigieux. Le pire est qu'elle porte son palmarès sur l'aile avant et que je ne m'en suis pas rendu compte. On ne peut pas tout connaitre, mais ce n'est pas l'envie qui m'en manque croyez moi.
Malheureusement je ne vois pas de solution à ce problème.
Cette GT40, non identifiée, est en tout cas celle qui remportera le Groupe G (1966 - 1971) à La Rochelle.
Ici le pédigrée est parfaitement identifié, merci à Nathalie Vincent, qui s'occupe d'animer la web-TV du Tour, pour son sourire.
Je me tourne maintenant vers le portail pour choisir un nouvel angle de vue,
puis pousse jusqu'à la rue perpendiculaire, qui n'est pas trop laide.
Voici la Stratos Groupe IV confiée à Eric Comas qui remportera la catégorie H,
qui précède la Ferrari 308 Groupe IV, future vainqueur du Groupe I.
L'impressionnante Ford Galaxy
précède la BMW 3.0 CSL.
Une des De Tomaso Pantera, pas la voiture la plus discrète du plateau.
Je décide de retourner dans le parc après le passage de cette Porsche 906.
La 275 GTB sort à contre sens pour rejoindre son camion d'assistance.
La pelouse a été renouvelée à 90% depuis que je l'ai quittée il y a à peine une demi-heure.
Juste dans les quatre ou cinq marques qui m'intéressent (disons Ferrari, Porsche, Shelby et Ford), il y a du très lourd, comme les trois 308 Groupe IV,
ou les rarissimes protos Porsche (la production totale des 904, 906 et 910 réunies est largement inférieure à celle de la Ferrari Enzo.
L'une des 910 fait un peu de mécanique.
Malgré leurs faibles différences, je préfère de loin le look des 906, très typées, à celui des 910, plus arrondies.
Pour revenir à ce que je disais, le Tour Auto Optic 2000 est un véritable musée roulant qui parcourt la France chaque année, et c'est vraiment dommage de le louper quand il passe à proximité,
car j'imagine que les passionnés de toutes marques peuvent y trouver leur compte, qu'il s'agisse d'Alpine, de Lotus, de Jaguar... vous avez compris le message!
Ah, la 250 Tour de France arrive, un petit évènement en soi.
Hélas elle va se mettre sous un arbre, contrairement à la Lusso par exemple, idéalement placée.
La GT40 semble avoir eu besoin de chatterton, hélas.
De nombreux concurrents remontent en voiture, je vais me replacer sur le "spot de sortie".
En réalité, et j'y reviendrai plus bas, le plus bel endroit du monde ne peut donner plus que ce qu'il a et fini par devenir, sinon monotone, en tout cas répétitif. Et là j'ai un peu abusé c'est vrai. Marre du format paysage?
La deuxième châssis court est arrivée.
Une nouvelle fois, le parking est renouvelé. Il est 14h30, je commence à regarder la montre mais je décide de rester encore un peu, même si les premiers sont déjà partis depuis 2h30.
Il y a encore du spectacle et aucune des douze Dino n'est encore arrivée.
D'ailleurs en voilà une.
La deuxième 904 GTS est là aussi
accompagnée des 2.7 RS
Encore un V8 glougloutant.
Et voici l'une des Stratos.
Maintenant que c'est un peu plus calme, j'essaie de tirer parti du pont levis mais le résultat n'est pas vraiment à la hauteur de mes attentes.
Bon, tant pis.
Pas besoin d'une voiture de prestige pour participer à l'épreuve. Un modèle basique et quelques prières suffisent.
Bien, le cadre est idyllique mais il va être temps de poursuivre.
Ah, voilà l'Enzo!
Je me dirige vers la sortie, toujours en gardant l'œil ouvert bien sûr.
Ca démarre.
En voiture. Le trajet remonte vers Magny Cours avant de reprendre en direction du sud vers Vichy. C'est l'idéal pour moi pour court-circuiter la boucle du circuit et me placer le long de la route. Par contre, j'ai consulté le parcours sur Google Maps et je dois dire que je n'ai rien vu de vraiment folichon: des lignes droites entourées de champs et de haies, sans élément charismatique en bord de route. A la sortie de Le Veurdre, j'aperçois Joris arrêté au bord de la route. Il est 15h30. Il m'annonce qu'aucun concurrent n'est encore passé. C'est inespéré. L'attente commence. J'en profite pour photographier la future-ex compagne de mes déplacements.
Juste pour la création d'Arthomobiles, elle m'aura emmené quinze fois à Genève, huit fois à Maranello, cinq fois à la Villa d'Este, cinq fois à Mulhouse, deux fois à Monaco, trois fois à Gstaad, deux fois à Molsheim, deux fois à Stuttgart, deux fois à Francfort,une fois au col de Vars, deux fois à Bâle, une fois à Berne, une fois à Ollon Villars, une fois à Brescia, à St Moritz, à Montreux, à Obernai, à Reims. Nous avons suivi six Tour Auto et visité les circuits d'Hockenheim, de Dijon Prenois (au moins seize fois), du Mans (trois fois), de Spa Francorchamps (trois fois), du Mugello (deux fois), du Vigeant, du Nürburgring (deux fois), du Castellet, de la Bresse et de Magny Cours. Pas mal de noms qui sonnent dans l'histoire du sport automobile. Elle aura également été mise une fois dans une fourrière germanique et se sera fait reculer dans le nez par un camion Suisse. Que d'aventures et de souvenirs mais mieux vaut se séparer avant que je ne lui en veuille de m'avoir planté sur la route de la Villa d'Este, au hasard. Tiens, une Porsche.
Après trois quarts d'heure d'attente, les premiers concurrents arrivent. Dans l'ordre habituel.
Je m'accroupis dans le fossé plein d'orties pour mettre un peu d'herbe au premier plan mais le résultat ne me plait pas vraiment.
Une fois les premiers concurrents arrivés, les autres enchaînent rapidement et régulièrement derrière.
Des voitures "partenaires", comme cette Superamerica, se mêlent au cortège. Ce n'est pas encore les Mille Miglia et c'est toujours mieux que les camions d'assistance.
Dans ces situations, le plus dur est toujours de savoir quand remballer, courir à l'auto et chercher un spot de qualité plus loin sur la route. Là, les voitures les plus prestigieuses passent les unes après les autres.
En fait, ma hantise est surtout de louper la Cobra Daytona. Même en liaison, certains concurrents (sous escorte de la garde républicaine) mènent grand train et si je démarre et qu'elle déboule dans mes rétros, je suis foutu. Celles ci ont les bonnes couleurs mais toujours pas de Daytona en vue (et je ne parle même pas de la Ferrari Daytona Groupe IV qui n'a pas pu poursuivre au delà du premier jour).
17h00 passées, il faut se décider. Je m'installe au volant et c'est parti. Pour le moment, la route est droite, pas la peine de consulter le roadbook. Ca tombe bien car il faut aussi rouler à allure soutenue et guetter dans le rétro si un spot correct se présente. Je recherche le mythique puits de lumière cher à Vincent, mon éternelle source d'inspiration (et d'envie et de frustration mais çà, ça ne s'avoue pas): une tache de lumière dans laquelle passe la voiture, sur un fond sombre. Idéalement une sortie de forêt ou de tunnel par exemple. Une aiguille dans une botte de foin ici. Je m'arrête dès que je repère un coin qui ressemble un peu au but recherché. Il est 17h15, voici l'Enzo. Je m'aperçois que mon filtre polarisant n'est pas tourné comme il le faudrait.
Les GT40 passent à allure raisonnable, tant mieux pour mes oreilles.
Une série de Ferrari, toujours agréable.
Le spot n'est pas déplaisant en lui même, mais à peine au dessus de la moyenne. J'ai envie de repartir mais je reste paralysé par l'absence de la Cobra. Je crois même la voir arriver de loin, mais fausse alerte.
Tout ça commence fortement à ressembler à la longue attente de la 250 LM l'an dernier, que nous avions attendu jusqu'à 20h00 passées.
De fait, c'est exactement le même cas puisque la Cobra est restée immobilisée à Magny Cours pendant plus de sept heures suite à des problèmes mécaniques. Au moins je l'aurai vue tranquillement à la pause!
J'ai négligé de prendre le 300 millimètres mais en fait j'aurais largement pu, d'autant que le boitier qui porte le grand angle ne sert absolument à rien ici. A noter pour la prochaine fois.
Une suiveuse officielle et une suiveuse officieuse.
Bon, l'attente m'aura tout de même permis de voir arriver quelques merveilles.
Mais je n'aime pas trop faire toujours les mêmes images.
Allez, allez,
il faut bouger.
A 18h15 je remonte dans l'auto. Rapidement, un groupe comprenant une Porsche 906 se présente derrière moi. Je baisse la vitre et fait signe de passer. La 906 me troue les tympans, en pleine accélération. Un autre groupe me double ensuite, avec des BMW. Je me colle derrière un camion d'assistance qui roule déjà bien. Aucun spot potable ne se présente, le soleil est derrière nous pendant un bon moment. Tout à coup, je m'aperçois que nous sommes sur une nationale, ce qui n'est pas le genre du Tour. L'assistance a coupé, et moi avec. En consultant le GPS, je m'aperçois que j'arrive précisément au point le plus proche pour rentrer à la maison. Si je continue, je m'éloigne et devrai revenir sur mes pas. Il me reste 2h30 de route, pas mal de voitures sont déjà passées, je décide de jouer la raison et de rentrer. Il faut aller au boulot demain! Du coup, j'arrive chez moi à 21h00, ce qui est tout de même appréciable. La Mégane aura tenu!
Une fois de plus, le Tour Auto Optic 2000 aura tenu toutes ses promesses, avec un plateau énorme et un itinéraire très sympa. Pour ce qui est des leçons à tirer, rien de bien nouveau mais les voici tout de même:
1.) Rester en mouvement. Même le spot le plus extraordinaire s'use rapidement. Au bout de 5 ou 6 photos nettes, dont une au moins d'une voiture qui plait particulièrement, chercher un nouveau spot.
2.) Le corollaire: ne jamais rester scotché pour une seule voiture qui n'arrivera peut être jamais. Il faut prendre le risque de la louper sur route si nécessaire.
3.) S'arranger pour suivre l'étape à deux. Les liaisons entre les spots doivent être rapide, sans louper un embranchement et il faut guetter le bon endroit pour les images et trouver à stationner: compliqué, voire périlleux quand on est seul.
4.) Ne jamais lâcher. Joris a persévéré jusqu'au bout, bien que son trajet de retour soit encore pire que le mien, et il a sorti quelques images magiques au couché du soleil.
Comme en toute chose, il est plus facile de donner les conseils que de les mettre en pratique. Ce qui est sûr, c'est que j'aimerais vraiment suivre une prochaine édition sur une distance plus importante. On verra, en fonction de l'itinéraire et de la marque mise à l'honneur, mais trois jours au moins, ce serait vraiment le top. En tout cas, vivement l'année prochaine!
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