Chaque début d'année, j'attends avec une certaine fébrilité
de savoir si j'ai gagné la grande tombola du Tour Auto Optic 2000. Cette année,
c'est perdu. Les concurrents vont se diriger vers l'ouest pour une arrivée à La
Rochelle. Lors des six éditions que j'ai couvertes pour vous, j'ai plusieurs
fois eu la chance de voir les concurrents venir près de chez moi (traduire moins
de deux heures de route pour aller), voire très près (moins de trente minutes).
Comme il m'embêterait de louper une édition, j'ai pris la décision d'aller voir
les concurrents au Grand Palais pour les vérifications techniques du lundi,
d'autant que c'est un cadre que je préfère de loin aux poussiéreuses Tuileries.
Certes, ce sera encore de l'intérieur (la onzième page consécutive sans
quasiment mettre le nez dehors, un long hiver) mais pour la bonne cause. Qui
plus est, Peter Auto a annoncé la première présentation française de LaFerrari
lors d'une conférence de presse à 14h30. A mon avis, ce sera l'émeute mais
toujours mieux que de laisser la voiture bâchée toute la journée pour la
dévoiler en VIP le soir, comme ça avait été le cas avec la F12 l'année dernière.
Hélas, elle ne fera pas partie des ouvreuses (pour cette année en tout cas).
Cette année, le Tour Auto optic 2000 mettra à l'honneur Aston Martin et les
prototypes Porsche. Pour ces derniers, la liste des engagés fait état de la
présence d'une 718 RSK, de trois 904, de six 906 et quatre 910! Un plateau
impressionnant complété entre autres par trois Ford GT40, une 250 Tour de France
et surtout une AC Cobra Daytona Coupé. De quoi me décider à me déplacer
également sur la deuxième étape qui reliera Orléans à Vichy en passant par Magny
Cours, qui est la pointe la plus à l'est de l'itinéraire. Cela dit, souvenons
nous qu'en 1970, Matra réussissait un doublé avec les 650 (Beltoise devant
Pescarolo) et qu'en 1971, une autre Matra 650 (celle de Gérard Larrousse)
s'imposait devant la Ferrari 512M de Jabouille. Deux prototypes que j'adorerais
voir prendre la route d'un futur Tour Auto!
Le Grand Palais ouvre ses portes à dix heures, y compris pour les médias (donc j'ai une nouvelle fois la chance de faire partie). Pour une fois, je peux donc retarder un peu le réveil. Je le programme à 05h35, c'est royal. D'habitude je suis déjà dans le train à cette heure là. Il est 09h30 quand j'arrive devant le Grand Palais, il fait un grand soleil, c'est parfait. Cette année, les ouvreuses sont garées devant le Palais plutôt que dedans. En tête, voici une Enzo bien connue, et toujours aussi charismatique.
A ses cotés, cette très belle 250 Coupé Pininfarina.
Les deux 458 semblent quasiment anecdotiques.
A 9h45, je récupère mon bracelet et je peux pénétrer dans l'enceinte avec quinze
minutes d'avance sur le public.
Apparemment certains aiment le risque.
Je me dirige directement vers la voiture la plus excitante du plateau à mes
yeux, qui n'est pour une fois pas une Ferrari. Elle se trouve tout en bout de
rangée. Il s'agit de cette magnifique Shelby Cobra Daytona Coupé, châssis
CSX2300. Chaque sortie de ce modèle est un petit évènement puisqu'il n'a été
construit qu'à six exemplaires. Le V8 de 4728 cm3 développe 385 chevaux et
j'imagine qu'il doit bien glouglouter. J'espère l'entendre en tout cas.
CSX2300, le troisième châssis, a été terminé fin 1964 et n'a donc participé
cette année là qu'au Tour de France, sans parvenir à terminer l'épreuve. En
1965, elle a terminé cinquième des 2000 kilomètres de Daytona, treizième des
douze heures de Sebring, neuvième des douze heures de Reims et douzième des 1000
kilomètres du Nürburgring. A cette dernière occasion, on peut noter qu'elle
avait été prêtée à l'écurie Ford France qui l'engagea sous ses couleurs: blanc
avec des bandes bleues et rouges. L'une des rares occasions à un Coupé Daytona
quitta la traditionnelle livrée bleue à bandes blanches. Elle fut ensuite vendue
au Japon où elle courut sans grands résultats avant d'être rachetée dans les
années 70 par Carroll Shelby lui même. En 2000, elle à changé de mains à
Monterey pour 4 millions d'euros, ce qui laisse supposer une valeur bien
supérieure aujourd'hui.
Elle n'a pas la beauté d'une 250 GTO mais incontestablement, on reconnait la
bestialité des Shelby Cobra. Elle sera pilotée par Kenny Bräck, un pilote
suédois vainqueur notamment des 500 Miles d'Indianapolis en 1999.
Les protos Porsche sont bel et bien en nombre, comme promis. Encore un peu de
patience!
Je reviens ensuite bien sûr vers les Ferrari. Les attractions principales sont
cette 250 châssis court ex-vainqueur de l'épreuve,
et cette 250 Tour de France qui se fait rare sur le rallye qui lui a donné son
surnom.
Sont également présentes une autre châssis court,
Egalement intéressantes, ces trois authentiques 308 Groupe IV
Le reste du plateau Ferrari est composé exclusivement de variantes de 275 GTB,
et de pas moins d'une douzaine de Dino!
Je n'ai rien contre les Dino, qui sont magnifiques, mais ce n'est vraiment pas la voiture que j'associe au Tour Auto,
ni même à la compétition d'ailleurs, au contraire de la Porsche 911 par exemple, qui est elle aussi présente en grand nombre.
Bon, ça fait des enfilade sympathiques, même si à ce niveau, le principal traumatisme restera les 16 châssis court de l'édition 2010.
Pas de 250 GTO cette année. Le propriétaire de 4153GT au couleurs de l'Ecurie
Francorchamps court cette année sur la Cobra Daytona et sa compagne, qui pilote
habituellement la GTO, sur cette superbe Alfa Romeo 1600 GTA.
Au milieu des ancêtres se trouve le stand Ferrari: entourée d'une FF et d'une
458 Spider,
LaFerrari est là comme promis, attendant son heure de gloire.
BMW confirme son implication dans les évènements relatifs aux voitures
historiques puisqu'en plus de la Villa d'Este, la marque est également
partenaire du Tour Auto Optic 2000. A ce titre et en plus des dizaines de
voitures suiveuses, on peut noter la présence d'un stand BMW Classic. Moins
spectaculaire que les Art Cars de l'an dernier mais très varié. Voici d'abord
une magnifique M1 Procar.
Cette BMW R100 GS est visiblement celle avec laquelle Hubert Auriol a remporté
le Paris Dakar en 1983.
avec sa porte ouvrant sur le devant. Figurez vous que la 600 a bel et bien pris
le départ du Tour à l'époque.
Je trouve une porte ouverte pour monter sur les coursives qui surplombent la nef. L'occasion de faire des images un peu différentes.
Deux serpents côte à côte.
Le coupé vaut bien que l'on se prosterne un peu.
Une partie du groupe des protos Porsche, impressionnante.
Arrivé à la moitié de la coursive, la sécurité me demande de redescendre sur la
plancher des vaches. Dommage.
Je reviens aux Porsche. La 718 RSK est bien là
ainsi que deux 904, le modèle succédant à la 718. Cette petite bombe ne pèse que 650 kilos, ce qui permet à ses 180 chevaux de la propulser à 260 km/h, vitesse à laquelle elle n'a besoin d'aucun artifice aérodynamique pour conserver sa stabilité.
La voiture est formée de deux demi coques en plastique: la coque inférieure, avec les sièges moulés, constitue le plancher, boulonnée et collée au châssis. La partie supérieure est vissée par dessus, comme un couvercle, ce qui explique la légèreté de l'ensemble. La partie supérieure est un peu plus large pour offrir quelques centimètres supplémentaires d'habitabilité.
Les propriétaires de la seconde mettent en place leur déjeuner tranquillement.
La carrosserie polyester est bien patinée, magnifique. Seuls 106 exemplaires ont été produits. En 1964, une armada de huit Porsche 904 GTS sont inscrites au Tour Auto et terminent 3, 4, 5 et 6ème au général, derrière deux Ferrari 250 GTO.
Esthétiquement, ma préférence va aux 906. Cette voiture n'a pas forcément connu la gloire car elle courait en même temps que les GT40 et Ferrari 330 P4 mais elle a très souvent dominé sa classe des moins de deux litres.
Elle aussi pèse environ 600 kilos, ce qui lui permet de briller avec un moteur de puissance relativement modeste: 210 chevaux.
Les "moustaches" firent leur apparition en 1966 pour augmenter l'appui à l'avant.
L'immense verrière du Grand Palais se reflète dans les carrosseries. Là, on aime ou on n'aime pas. Personnellement je préfère ça aux points de lumière de spots par exemple, même si j'ai conservé toute la journée le filtre polarisant.
Peter Auto a fait fort en réunissant autant d'exemplaires de 906, construite à une soixantaine d'exemplaires en tout. J'imagine que les Porschistes étaient aux anges.
Celle ci est annoncée 910 mais j'ai bien l'impression qu'il s'agit d'une 906 non?
La 910 à succédé directement à la 906. Plus qu'un révolution, il s'agit plutôt d'un raffinement de la Carrera 6, avec un nez redessiné, des portes articulées sur le montant avant et une plage arrière différente. Plus large, elle n'était pourtant pas plus lourde, au contraire, avec 575 kilos sur la balance.
Moins de 30 exemplaires ont été produits, dont trois se trouvent réunis ici!
L'éventail des Porsche engagées est incroyablement large, allant de la 911 RSR 2.8 litres de 1973
à la ST 2.5 litres,
ou la 914/6 de 1970
en passant par les 911 plus classiques.
Sans oublier ces superbes RS 2.7 litres.
J'avoue que j'ai un peu négligé les 356 cette année.
Aston Martin est également mis à l'honneur, pour son centenaire.
Il y a aussi plusieurs BMW inscrites.
Le jeu est un peu de trouver les voitures qui ne reviennent pas chaque année,
comme cette Sunbeam Alpine.
Evidemment je ne me plains pas de revoir cette GT40, celle qui aurait grandement
contribué à la fin tragique de Willy Mairesse.
LaFerrari se dévoile un peu, le temps de faire sa toilette.
Ma photo préférée de la journée:
Alors qu'un rayon de soleil se glisse entre les structures métalliques, je retourne voir les Cobra. La Daytona est brutale
mais les rondeurs du modèle classiques sont plus séduisantes à mes yeux.
Même si tous les modèles n'ont pas la même pureté dans le muscle.
Ici l'exemplaire du multiple vainqueur, Ludovic Caron qui fera bien entendu partie des favoris.
Hublot, qui se lance à fond dans l'automobile, propose un modèle aux couleurs du
Tour.
Je ressors un moment.
Je ne sais pas si cet étrange bus suivra tout le parcours.
L'un des propriétaires de l'Enzo ouvreuse m'avait proposé par mail de venir le saluer. Je profite qu'il s'apprête à sticker sa voiture pour l'interpeler. Nous discutons un moment. Au moment de se séparer, il m'offre un exemplaire de l'annuel des 24 Heures du Mans 1994, sur couverture duquel figure la Porsche 932 Dauer victorieuse. Il m'explique que le sponsor de la voiture, F.A.T International, était sa société à l'époque!
Gerard Larrousse arrive. A 72 ans, le double vainqueur du Mans et triple
vainqueur du Tour est toujours fidèle en ouvreur, au volant d'une M3.
Retour à l'intérieur. De très belles Mustang sont inscrites,
ainsi que cette monstrueuse Ford Galaxy.
Coté british:
Quelques pilotes seront au départ, outre Kenny Brack: Jacques Laffite, Eric
Comas et Olivier Panis. Ce dernier à l'air de s'embêter royalement lors d'un
petit discours officiel.
Vers 13h30, il est temps d'aller manger un morceau. Avec Patrick, un passionné
avec lequel je corresponds par mail et téléphone depuis des années mais que je
rencontre pour la première fois en chair et en os, nous poussons jusqu'au Quick
des Champs Elysées. Au retour, en quelques centaines de mètres, je spotte cette
sublime Testarossa,
une Aston Martin V8, une Camaro,
deux Gallardo Spyder et une California à louer pour quelques minutes, une Cygnet...
Je ne ferai pas de discours sur la crise et les inégalités mais la densité de
voitures de luxe dans le secteur des Champs est hallucinante et sans précédent.
Nous revenons vers le Palais pour voir démarrer cette Maserati Khamsin, la
première carrossée par Bertone.
En arrivant sous la verrière, j'entends les derniers rugissement de LaFerrari...
sur le film de présentation projeté sur écran et les applaudissements du public.
Les spectateurs sont sur plusieurs rangs, inutile d'espérer approcher tout de
suite. Je monte les escaliers magistraux pour prendre quelques images depuis le
stand Optic 2000. Cette voiture a vraiment le don pour attirer une foule
compacte!
A vrai dire, j'ai été plus intéressé par l'effervescence autour de la voiture
que par LaFerrari elle même, que j'ai déjà pu détailler à Genève et que
j'attends désormais en extérieur. Je me suis donc contenté de quelques photos au
téléobjectif, sans chercher à m'approcher plus que ça.
En tout cas je pense qu'il faut remercier Ferrari, Pozzi et Peter Auto d'avoir
prévu une présentation au public lambda avant le cocktail du soir qui verra un
nouveau lever de rideau pour les invités. C'est un beau geste qui a certainement
été très apprécié, en plus d'augmenter la fréquentation.
Ces 300 SL dans leur jus ont sans doute une histoire intéressante. En tout cas
elles sont très préparées "course".
Trois Lancia Stratos seront au départ
dont une entre les mains d'Eric Comas.
Une des doyennes de l'épreuve sera cette OSCA MT 4 de 1949.
Le panel d'Alfa Romeo est toujours aussi varié, des fameuses TZ,
à la SZ
en passant par les Giulia
Coté françaises, il s'agit principalement d'Alpine, mais on peut aussi noter la présence de cette rare Ligier Maserati JS2.
La journée au Grand Palais n'est pas vraiment faite pour les photographes: les voitures sont serrées les unes contre les autres et c'est une vraie ruche: tout le monde s'affaire autour des voitures pour caser les bagages dans les coffres et mettre en place les stickers. Je me suis dit à un moment qu'il fallait plutôt que j'essaie de faire des photos à la Alexis, d'ambiance avec des gens dessus (pas au fond, au premier plan!!) mais au final, j'ai vraiment du mal à trouver des sujets. Mon oeil n'est simplement pas calibré pour ce genre d'images.
A 18h00, le public est progressivement reconduit à l'extérieur de l'enceinte. Petit moment de suspense quand un vigile vient contrôler mon bracelet: je peux rester, ouf! J'en profite pour refaire un tour des Ferrari.
La 718 RSK est un peu plus libre,
tout comme les GT40.
Voilà, la plupart des ces voitures seront tout de même plus
spectaculaires en train de rugir sur les départementales de France.
Alors qu'on approche des 19h00, le Palais se remplit de nouveau, des invités
pour le cocktail du soir. C'est à ce moment qu'arrive enfin la première bonne
nouvelle de l'extérieur: une 599 GTO jaune serait garée devant le bâtiment. Je
n'en ai jamais vu de cette couleur! Je ne demande pas mon reste et sors
immédiatement pour découvrir une cohue invraisemblable: circulation très dense
et au moins cent mètres de queue pour montrer patte blanche et pénétrer dans les
lieux. La GTO est bien là, devant le Petit Palais qui se trouve de l'autre coté
de la rue.
C'est vraiment une couleur particulièrement seyante pour la GTO, même si le
rappel en liseré sur les jantes n'est pas à mon goût.
A 19h30, il est temps de sauter dans le métro pour rentrer à la maison, où
j'arrive à 23h00 tapantes, après une bonne journée. Demain, c'est boulot avant
d'aller chercher les concurrents sur les routes de la Nièvre mercredi. J'ai
tendance à l'oublier d'une fois sur l'autre (pas bien de ne pas relire les
reportages!) mais les voitures étaient vraiment serrées, comme d'habitude, pour
faire réellement des photos intéressantes. C'est tout de même l'occasion de
faire un état des forces en présence, de profiter du lieu et des expositions, et
surtout de faire de très nombreuses rencontres, inédites ou régulières. D'autant
que contrairement à la plupart des évènements, il est possible de prendre son
temps. Il va enfin être temps de mettre le nez dehors après tous ces reportages
d'intérieur.
En avant première, je peux vous dire que le prochain reportage proposera des photos d'un autre calibre que celles ci alors restez fidèles!
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