Mercredi. Je dois confesser que ma motivation en ce début
d'année n'est plus tout à fait ce qu'elle a été par le passé. Je prends toujours
autant de plaisir à faire des photos: hier je me suis éclaté, au point d'en
oublier complètement que j'étais malade et qu'il faisait un froid de canard. Par
contre, les démarches pour obtenir les accréditations (qui sont de plus en plus
complexes dans certains cas) ne m'enthousiasment guère et les longs déplacements
me rebutent de plus en plus. Hier soir, j'ai étudié le parcours de l'étape qui
mènera les concurrents de Dijon à Mulhouse, et Google Maps (ou Street View) ne
m'a rien révélé de transcendant. J'hésite à faire le bord du lac de Gerardmer ou
à partir directement au château pour le déjeuner, encore une fois.
En fait, la décision va être vite prise. J'emmène les enfants chez leur mamie
pour la journée, comme d'habitude. En arrivant, je me rends tout de suite compte
que ça ne va pas être possible, mamie n'est pas en état de garder les deux
tornades jusqu'à ce soir. Il est un peu tard pour chercher une solution
alternative. Compte tenu du fait que je n'avais pas arrêté complètement mon
programme de la journée, la réponse est évidente: je reste à la maison avec les
petits.
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Jeudi. Le Tour se rapproche de chez moi. Parti de Mulhouse, il va passer par les
plateaux du Haut Doubs avant de filer sur le circuit de Bresse puis Aix les
Bains. Je connais bien la région de Pontarlier, il devrait y avoir des coins
sympas. Une fois les enfants déposés à l'école, je prends la route du Haut.
Direction le Lac St Point, qui devrait offrir des points de vue photogéniques.
En approchant de ma destination, une première petite déception m'attend: je
m'aperçois que mes chers sapins sont souvent cachés derrière une rangée de
feuillus. Et à cette altitude, aucune feuille n'a encore poussé. Mais c'est un peu plus
loin que mon sang se glace. L'itinéraire passe sur la rive droite et tout le lac est
à contre jour! Enfer et damnation! Je m'arrête sur un premier spot. Aucun
cachet, je suis dos au lac, une catastrophe.
Heureusement les ouvreuses servent aussi à ça et je suis une nouvelle fois très en avance. Quand les premiers arrivent, je sens qu'il est temps de bouger.
Je trouve un point de vue où le lac est visible mais l'ombre portée par la voiture me gène.
Nouveau déplacement. Cette fois, je trouve un spot un peu plus satisfaisant. Voici une illustration de ce que je disais plus haut: on est loin d'une forêt de sapins uniforme hélas. Je ne l'avais pas vu venir celle ci.
Bon, le fond reste assez sympa et typique, et surtout en me retournant je peux avoir un bout d'eau sans avoir le soleil dans les yeux.
Je vais rester là un bon moment.
Ce n'est pas le spot ultime mais je ne sais pas trop ce que je vais trouver derrière.
Des fois il y a des pauses assez longues entre chaque passage.
Avant l'arrivée d'un groupe.
Regardez comme les ailes arrière de ces Jaguar sont enveloppantes!
L'écran de contrôle du 60D me joue parfois des tours, me laissant croire qu'une photo est sous exposée alors qu'elle passe finalement bien sur l'ordinateur.
Du coup, il m'arrive de me retrouver sur exposé (je shoote rarement en Manuel, je sais, c'est mal).
Un petit traitement "arty" sur cette photo, je vous laisse l'ouvrir en grand pour en juger.
puis une première vague de Ferrari, ouf!
Bon, on approche de midi, ça fait plus d'1h30 que je suis en poste par ici. Je redescends doucement vers la voiture.
Si j'attends le Breadvan, je risque de rester bloqué là un bout de temps. Et cette étape a une particularité qui ne m'arrange pas du tout: il n'y a pas de pause midi à proprement parler. A Pontarlier, les concurrents se sont vus remettre un panier de pique-nique (assez classe en osier d'ailleurs, même si le caser dans une GT40 ne doit pas être simple) pour en disposer à leur guise.
Du coup, je n'aurai pas d'occasion franche de repasser devant le peloton ou de retrouver les voitures arrêtées.
Allez, je me relance. Quelques kilomètres plus loin, cette Cobra est arrêtée sur un parking pendant que ses occupants profitent du repas à l'ombre.
Pendant ce temps, ça passe toujours.
Un peu plus loin encore, je vois d'autres concurrents arrêtés au bord du lac, sur une aire de repos pour camping cars.
C'est donc de là que vient le bruit énorme des Cobra.
Non pas que celle ci soit plus discrète.
Encore une fois, toute prise de vue du lac est impossible ou presque.
Camping cars, poubelles... l'endroit n'est pas des plus photogéniques coté côte. J'arrive tout de même à placer quelques cadrages dégagés.
La 906 repart déjà. Je la suis, je me suis arrêté moins de dix minutes en tout, en gardant un œil sur la route en permanence. A priori je n'ai rien raté de majeur.
A un moment donné, la route passe dans une forêt avec des trouées de soleil. Je m'arrête derrière une autre voiture donc l'occupant est un lecteur d'Arthomobiles. Lui aussi a senti un spot "à la CM-Arte".
Ce n'est pas le puits de lumière parfait mais ce n'est pas si mal. Et surtout, c'est là que se présentent deux Ferrari majeures. Ca aurait pu être pire.
Moins d'un kilomètre plus loin, je tombe sur un dos d'âne prometteur. Il y a des signes distinctifs qui mettent immédiatement les sens du photographe en éveil: bosse, sortie de forêt, tunnel... Encore une fois, ce n'est pas ultime même si le résultat final est moins pire que celui très sombre que j'ai vu sur l'écran de l'appareil. Après toutes ces années de photo, je ne suis pas fier d'avoir encore autant de mal à gérer l'exposition de mes images. Et il est hors de question que je reste en permanence en RAW.
Tiens, je ne sais pas quand je suis repassé devant la 906.
Quelques kilomètres plus loin, un petit groupe de Ferrari est arrêté pour le déjeuner. Un sacré groupe tout de même!
Juste avant d'entamer la descente sur Lons le Saunier, un groupe important me dépasse, dont les De Tomaso dans un bruit d'enfer. Quelques minutes plus tard, je les retrouve sur un petit parking sur le bord de la chaussée, accompagnés de plusieurs gendarmes. Au final, douze équipages auront été arrêtés pour des excès de vitesse compris entre 131 km/h et 193 km/h. Neuf permis auront été retirés lors de ce contrôle inopiné. Un "piège" qui me laisse des sentiments mitigés. Manifestement le Tour était attendu sur cette route importante et roulante. D'expérience je sais que sur les petites routes, les concurrents roulent à bonne allure, le plus souvent derrière les motards de la Garde Républicaine. D'un coté, il semble normal que sur route ouverte, les concurrents se plient à la loi et respectent les limitations de vitesse. Il me semble d'ailleurs que des contrôles sont prévus par l'organisation dans les agglomérations. D'un autre coté, c'est la Garde qui donne le tempo donc ce n'est pas très logique que les motards mènent grand train alors que les locaux attendent au coin du bois. Ce qui est sûr, c'est que ce serait une catastrophe pour tout le monde si un accident mortel venait endeuiller le Tour, et plus encore s'il impliquait des tiers non participants. Triste illustration de ce que je viens de dire, un motard de l'escorte a été victime d'un accident mortel ce matin même dans le Doubs; il est sorti de la route et a heurté un arbre. Pour moi, il s'agit avant tout d'une fatalité, même si la vitesse est forcément un facteur. Ces spécialistes de l'escorte sont rompus à circuler à grande vitesse dans la circulation quand ils accompagnent des hommes politiques. La vitesse et le danger sont leur quotidien, et le Tour n'est qu'une mission parmi d'autres. Mes pensées vont évidemment à sa famille.
Je quitte l'itinéraire des concurrents et mets le cap sur le circuit de Bresse où j'arrive une heure plus tard. Je me faufile sur le parking VIP et me mets en quête de mon accréditation. C'est chose faite assez rapidement. Apparemment les suiveurs se renouvellent pas mal à chaque étape. Les lyonnais sont de la partie ici avec cette F12 et cette superbe 599 GTO qui avait déjà accompagné le Tour l'an dernier (ou celui d'avant).
Surprise, cette 906 se participe pas à l'épreuve. Elle est encore plus belle sans stickers du coup.
Je décide de profiter de ma chasuble et pars en piste pour assister au premier plateau compétition. Ce sont les Mercedes 300SL qui assurent le spectacle.
Et quel spectacle! A vrai dire, je n'avais encore jamais vu de 300SL cracher des flammes. J'ai donc passé tout mon temps à les chasser, même si le grand soleil ne les fait pas trop ressortir.
En tout cas il est largement temps que les huit tours se terminent car les
voitures commencent sérieusement à fumer à la toute fin de la session (les
freins?).
Les autres concurrents étaient beaucoup plus calmes,
hormis peut être cette Alfa,
qui donnait parfois l'impression de passer sur deux roues, sans jamais partir en tonneau.
Le circuit de Bresse a ceci de particulier que c'est un circuit sans glissières.
Hormis les grilles qui délimitent l'enceinte, la piste est au milieu des champs,
avec quelques postes de commissaire disséminés aux endroits clés, protégés par
des piles de pneus. Pour le photographe, c'est une sensation un peu bizarre. Je
retrouve Joris pour le deuxième
plateau compétition. C'est celui des plus énervés. Nous tentons de nous mettre à
l'endroit le plus spectaculaire, un gauche droite rapide avec des vibreurs et
des changements d'appuis assez violents.
Malheureusement, je n'ai pas pris le 300mm avec moi et je me trouve un peu court. Et la lumière est assez médiocre.
Quoi qu'il en soit, dès que les tours qualifs sont terminés, la direction de course nous intime l'ordre de ne pas rester là. Mieux vaut obtempérer, ils savent mieux que nous où sont les dangers de cette piste. Je me replie sur une butte vers un poste de commissaires.
Effectivement ça roule fort, avec parfois des figures pas vraiment contrôlées.
C'est le plateau du Breadvan.
Et c'est parti pour la course, dans un bruit aussi assourdissant que jouissif. Oui Bernie, le bruit ça fait tout!
Dans les premiers tours, la GT40 parvient à contenir un troupeau d'AC Cobra lancé à ses trousses.
C'est peut être le moment de faire le point sur le classement final du Tour Optic 2000. En catégorie VHC; c'est l'AC Cobra de Shaun Lynn qui s'impose devant la Jaguar de Jean-Pierre Lajournade.
Ludovic Caron, spécialiste de l'épreuve, ne termine que septième suite à des problèmes mécaniques, juste devant la GT40.
Les Cobra et les Type E trustent les sept premières place du général.
Le Breadvan termine a une honorable 32ème place (sur 77) mais l'essentiel est d'arriver en un seul morceau non? Vous vous en doutez, je l'ai bien mitraillé.
Sur ces photos, la gagnante de 1960 et la deuxième de 1961.
Dommage que 4153GT, la 250 GTO victorieuse en 1964 ne soit pas là, alors qu'elle a déjà souvent participé. Ca aurait pu faire une photo de famille sympathique.
Il est temps de baisser un peu les vitesses. Je commence au 1/60,
puis je tombe vite au 1/40
Pour jouer un peu, sur les derniers tours je passe à 1/20 mais avec des résultats mitigés.
1/15.
S'il y avait plus de tours, je pourrais sans doute finir par obtenir un résultat correct, sur le nombre. Je remonte à 1/30.
C'est l'heure du dernier plateau compétition. Le groupe G est remporté par la Porsche 906, devant la GT40
le Groupe H par une Porsche 911 2.7L RS. La 3.0L en photo ci dessous termine deuxième.
et le groupe I par une 308 Groupe IV (qui n'en est en réalité pas une, si vous avez bien suivi).
La fatigue et la lassitude aidant, j'avoue que j'ai pris un peu moins de photos, et de façon de plus en plus monomaniaque.
Cette 308 que j'ai loupée hier est 20457, une conversion.
Un peu du reste.
Pour le premier plateau de régularité, je décide de bouger, et d'aller me placer en contrebas de la piste, dans un virage. Je suis derrière une rangée de pneus et un bac de gravier de quelques mètres de large.
Le rythme n'est plus du tout le même. Je dirais même que le contraste est saisissant.
Je dirais même que c'est de la promenade pour la plupart des concurrents.
En fait, ce qui est assez drôle, c'est la participation de la Daytona Competizione dans ce plateau. Elle fait vraiment éléphant dans un magasin de porcelaine. Alors que tous les autres roulent tranquille sans monter les tours, la Groupe IV terrorise le plateau avec son échappement libéré. Même si elle voulait être discrète, elle ne pourrait pas. Et elle n'essaye pas.
Le problème de la configuration de cette piste, c'est qu'une fois sur un point, il n'y a plus de possibilité de s'en échapper jusqu'à ce que les voitures quittent la piste.
Je finis par m'ennuyer ferme en attendant que ça se termine.
Dès que les voitures sortent de la piste, je me dépêche de rejoindre le paddock et me dirige vers la zone publique. En fait, à la Bresse il n'y a qu'une seule zone où le public peut vraiment profiter de la piste: un grand virage à ~210° mais qui est assez spectaculaire. Qui plus est, on est sur une butte au dessus des grillages et assez proche de la piste. C'est quasiment le meilleur spot en fait. Si ce n'est qu'il y a du monde sur deux rangées. Heureusement, on approche de 18h00 et la foule commence à se clairsemer sérieusement. C'est parti pour le dernier plateau de la journée.
Ca faisait longtemps que je n'avais pas couvert le Tour Auto Optic 2000 sur circuit. Ce qui me saute aux yeux, c'est que seuls les plateaux Compétition valent vraiment le coup sur piste. Problème, ils passent les premiers donc ça implique de rester devant eux jusqu'en début d'après midi, donc de zapper la pause midi. Pour moi, c'est inconcevable. Je pense donc que je continuerai à limiter au minimum mes passages sur circuit et à profiter de cet intermède pour repasser devant le peloton et attendre les concurrents au bord de la route. Cette étape est très atypique puisqu'elle n'avait pas de pause déjeuner. En plus, à la sortie du circuit, les voitures vont prendre l'autoroute pour environ une heure de liaison, ce qui est très inhabituel également, et ne présente aucun intérêt pour moi.
Attention au choc des Dino! Non, ça passe.
A priori il y a eu pas mal de pertes chez les Stratos.
Je me mets au 1/40 pour dynamiser un peu tout ça mais je vous assure que ça donne une impression de vitesse qui n'était pas vraiment ressentie dans la réalité.
Avant de conclure, j'aimerais donner quelques précisions sur mes photos et mes exigences en terme de qualité. Aujourd'hui, je suis quasiment au summum au niveau matériel. Avec le 6D, le 70-200 f2.8 et le 60D pour le dynamique, je ne vois pas ce que je peux faire de plus, hormis passer au 70D éventuellement. Tous les boitiers ou objectifs au dessus sont beaucoup trop chers pour mon budget et l'usage que j'en ai. Quoiqu'il en soit, avec ce matériel pro-am, je n'ai plus d'excuses: si je rate des photos, c'est entièrement ma faute. J'ai déjà dit plus haut que j'étais rarement en manuel et que j'avais parfois des soucis pour bien exposer, c'est vrai. Soit ça se rattrape, soit ça part directement à la poubelle. Mais mon cheval de bataille est au niveau de la netteté. Idéalement, l'éternel insatisfait que je suis aime que tous les caractères sur la carrosserie, même les plus petits (comme le Ferrari sur l'insigne de capot) soient parfaitement lisibles. Comme ici, au 1/40, c'est parfait:
Evidemment, les photos de ce genre restent rares et mon objectif est de rendre compte du mieux possible d'un évènement avec plusieurs centaines d'images, pas de sortir dix photos sublimes par sortie. Certains le font avec un niveau que j'e n'atteindrai jamais. Je suis donc obligé de faire des concessions et de vous présenter des photos qui ne sont pas au top. Je dois considérer qu'un peu de flou est acceptable, à regrets. Comme ici, toujours au 1/40.
La pire de cette page étant sans doute celle ci dessous mais c'était ça ou ne pas présenter du tout l'auto. Voilà, c'était important pour moi que vous compreniez que parfois, le contexte ou le sujet sont plus important que la netteté parfaite. De ce coté, je me rassure un peu en feuilletant mes nombreux livres de photos automobiles, où certaines images sont beaucoup beaucoup plus floues que les miennes. Il faudra peut être que je fasse un petit reportage dédié aux photographes actuels qui me plaisent le plus, ceux dont j'essaie de m'inspirer, etc... Ils se nomment Vincent, Alexis, Camden... et mériteraient sans doute un coup de projecteur (même s'ils n'en n'ont pas forcément besoin). A voir.
A 18h15, quand le dernier plateau en termine, il n'y a quasiment plus personne dans le paddock. Seuls restent... ceux qui sont en panne.
Et quelques assistances parmi les plus atypiques.
Quand à ce suiveur, il a droit à tout mon respect!
Voilà, il n'est pas encore 18h30 mais ça semble bel et bien fini ici. Et comme je ne veux pas aller plus loin par l'autoroute, cela clôture mon Tour Auto Optic 2000 pour 2014. Une fois de plus, l'évènement a été très plaisant, même si je n'ai pas pu faire tout ce que j'avais prévu. L'improvisation fait aussi partie du charme. Malgré cela, j'attends d'ores et déjà avec impatience la prochaine édition, en espérant un plateau un peu plus étoffé au niveau des modèles les plus prestigieux. En 1955 et 1965, le Tour n'a pas eu lieu. En 1975, l'épreuve a été remportée par une Lancia Stratos. Une belle occasion de mettre ce modèle à l'honneur? Espérons!
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