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Comme il y a deux ans, RM Auctions revient à Villa Erba pour une vente aux enchères de grand prestige. Le plateau est impressionnant, et particulièrement attrayant pour les fans de Ferrari, avec notamment l'ensemble des supercars de la marque. La vedette est bien évidemment la 340/375 MM présentée en avant première à Rétromobile, et que j'espère pouvoir détailler ici. Ma première visite a lieu le vendredi matin. Il pleut et la Villa d'Este est désespérément calme. C'est le moment ou jamais d'aller couvrir les voitures de la vente. Enfin presque car une fois sur place, je m'aperçois que le toit transparent de la structure montée pour l'occasion ne recouvre qu'une petite partie de l'espace d'exposition. Il y a deux ans, tout était couvert et ça faisait sauna; cette année les voitures sont trempées et recouvertes de feuilles tombées des arbres. Un timing ô combien malchanceux pour RM.

Peu importe, il faut couvrir l'évènement coûte que coûte. A l'écart, voici une Maserati Touring Bellagio Fastback de 2009, une transformation sur base de Quattroporte réalisée par Touring Superleggera au bénéfice de l'ancien président de Ducati. Touring s'est aventuré sur le terrain très british des shooting brakes en 2008, en présentant ici même la Bellagio au concours d'élégance. Il s'agit d'un véritable break de chasse avec grille de séparation à l'arrière pour les chiens et compartiment à fusils dissimulé.



Cet exemplaire a été mis à jour avec les feux arrière restylés en 2010 et est équipé de jantes 19 pouces Borrani, finies en Verde Stupinigi (du nom du domaine de chasse de la famille Royale d'Italie, le Palais de Stupinigi). Il n'existe à ce jour que quatre exemplaires de Bellagio, ce qui rend l'estimation surprenante: entre 80 et 120 000 euros seulement. Je n'ai aucune idée du coût d'une telle transformation mais je me demande s'il n'est pas supérieur à cette estimation. Même si chronologiquement la vente n'a lieu que demain soir, je vous donne les résultats au fur et à mesure avec les photos, ce sera mieux qu'une longue liste ensuite. La Bellagio a été (sera) vendue à 117 600 euros. Toutes les sommes indiquées ci dessous s'entendent frais de courtage de 12% inclus, d'où les chiffres pas vraiment ronds. C'est donc la somme réellement déboursée par l'acheteur, pas celle sur laquelle le marteau est tombé.



RM présente à cette vente le panel complet des supercars Ferrari, et a organisé son display avec intelligence, ce qui donne une photo rare et immanquable.

       

Un peu gâchée par le temps hélas.

               

On commence par cette 288 GTO, châssis 54777. Celle ci a été livrée par Charles Pozzi dans le sud de la France avant d'arriver neuf ans plus tard chez Jean Guikas. Elle a ensuite été exposée au Musée de Mougins puis a connu différents propriétaires. A ce jour, elle n'a que 35 000 kilomètres et est certifiée Classiche.

       

Estimée entre 800 et 950 000 euros, vendue 963200.

       

La F40 porte le numéro de châssis 80715, n'a connu que deux propriétaires et est certifiée. Elle affiche 40 000 kilomètres au compteur.

       

Estimée entre 320 et 380 000 euros, elle est partie à 470 400 euros.

       

La F50, châssis 106910, est elle aussi passée par l'atelier de certification et n'a roulé que 12000 kilomètres.



Estimée entre 420 et 480 000 euros, nous allons voir si la valeur monte pour cette voiture pour laquelle la cote d'amour des fans est sans cesse croissante. C'est le cas, elle part à 560 000 euros.

       

Cette Enzo, châssis 138347, n'a parcouru que 1028 kilomètres aux mains de son seul et unique propriétaire qui l'a en plus fait certifier chez Classiche. On peut supposer du coup que les quatre voitures appartiennent au même propriétaire qui a envoyé un camion à Maranello (d'autant qu'elles ont toutes des papiers italiens, l'autre pays de la pression fiscale).

       

Estimée entre 760 et 880 000 euros, elle coûte au final un peu plus d'un million d'euros. Toutes les supercars sont parties au dessus de leur estimation. Sans doute à cause de leur faible kilométrage et de la certification, mais aussi car cette race à part chez Ferrari que sont les supercars garde un statut particulier dans le cœur des passionnés.

       

Pour compléter cet étonnant line-up, voici une Ferrari 599XX, châssis 170895 et qui porte le numéro 25. Cette voiture est évidemment une première main et a toujours été conservée à Maranello. Elle n'a été utilisée que pour une sortie circuit et n'a donc pas reçu l'expansif kit Evoluzione. Qu'une Ferrari soit achetée pour rester dans un garage, c'est toujours dommage mais quand en plus c'est une XX et qu'elle reste à l'usine, c'est incompréhensible. Estimée entre 800 000 et 1.1 million d'euros, adjugée 918 000.

       

Cette 250 GTE 2+2 coupé de 1962, châssis 3827 GT est matching numbers certifiée par Classiche. Cette Série II est passée chez Pozzi à Paris avant d'être livrée en Italie. La peinture Grigio Notte est la teinte d'origine.



Estimée entre 140 et 190 000 euros. J'espère toujours que la cote des GTE monte pour leur éviter la boucherie d'une transformation en pseudo GTO ou TR. En tout cas celle ci s'est vendue pour 235 200 euros.



Cette Porsche 356 Pre-A 1500 Speedster à carrosserie Reutter (sur base du roadster America de Max Hoffman, comme tout ceux qui ont lu le reportage sur le Musée Porsche le savent désormais) est le châssis 80208. Cet exemplaire fini en Signal Red a d'ailleurs été vendu initialement à New York par Hoffman. Elle a été récemment restaurée en profondeur, avec un moteur conforme (mais pas celui d'origine).



Estimée entre 160 et 200 000 euros. Vendue 190 400 euros. C'est elle qui a la place la plus photogénique, tout au bout du display, dos au lac.

       

Voici l'une des 139 BMW 503 Cabriolet construite, châssis 69146, de 1957. C'est encore une fois Max Hoffman qui convainquit BMW de développer un modèle V8 haut de gamme pour prendre la suite des 501 et 502 dont le six cylindres datait d'avant guerre. La carrosserie a été réalisée par Bertone et la 503 est la première voiture allemande à avoir disposé d'un toit électrique. En 2011, la voiture a été confiée à... RM Auto Restoration pour une remise en forme complète, pour un coût approximatif de 80 000 dollars. Les roues Rudge a elles seules auraient coûté 20 000 dollars. Le compteur kilométrique n'afficherait que 890 kilomètres, ce qui parait un peu étrange. Estimée entre 260 et 340 000 euros, elle n'a pas trouvé preneur à 240 000.



Cette Ferrari 275 GTB short nose, châssis 07743 matching numbers est celle qui a été présentée sur le stand du salon de Francfort en 1965, dans cette livrée Azzurro. Elle a ensuite pris le chemin de la Californie où elle a été transformée en long nose pour améliorer la stabilité à haute vitesse. Ce n'est qu'en 1979 qu'elle est revenue en Allemagne. En 1999, elle est acquise par un collectionneur polonais pour une restauration complète, incluant le retour au nez court et à la livrée d'origine. Elle a ensuite été certifiée par le département Classiche.

       

Estimée entre 750 et 850 000 euros, elle a été adjugée 1.12 millions d'euros!

       

Voici une Bugatti Type 40 roadster de 1929, châssis 40845. Ce modèle remplaçait la Brescia et a été construit à 780 exemplaires mais seuls 42 d'entre eux reçurent la carrosserie roadster dessinée par Jean Bugatti. Cet exemplaire, qui fait partie des treize survivants identifiés, est toujours resté en France. Il se présente dans une livrée noire et rouge identique à l'exemplaire personnel de Jean Bugatti. Estimée 250 à 300 000 euros, vendue 324800 euros.

       



Cette Rolls Royce Phantom I Tourer de 1929, châssis 820R a été carrossée par Barker. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais je trouve cette livrée crème / aluminium magnifique. Au tout début de sa vie, elle a servi de voiture d'essai à l'usine avant de partir pour Mombasa au Kenya. Ce n'est qu'en 1965 qu'elle fut vendue à un américain qui la conserva pendant 32 ans. En 1999, son nouveau propriétaire opta pour une restauration complète dans l'état d'origine et remporta ensuite le Trophée Lucius Beebe de la Rolls-Royce la plus élégante à Pebble Beach.

       

Estimée entre 340 et 420 000 euros, elle n'est pourtant partie qu'à 268800 euros.

       

La cote des Mercedes 300 SL semble sur la pente ascendante, ce qui devrait en faire sortir pas mal dans les ventes aux enchères à venir. C'est le cas de ce roadster estimé entre 650 et 800 000 euros. Vous ne serez peut être pas étonnés d'apprendre que c'est une fois de plus Max Hoffman qui réclamait une version découvrable pour le marché américain. Et cette version s'est avérée plus populaire que le coupé, atteignant le chiffre de 1858 exemplaires produits au final. Celui ci dispose de freins à disques et d'un hard top d'usine et n'a parcouru que 34 000 kilomètres depuis 1962. Elle dispose d'un superbe set de bagages en cuir assorti à l'habitacle burgundy. Magnifique! Elle a d'ailleurs été adjugée pour le montant un peu délirant de 1.1 million d'euros.

       

Cette Ferrai 365 GTC de 1968, châssis 11997 est également matching numbers. Seuls 168 exemplaires ont été produits avec le moteur 4.4 litres. Estimée entre 490 et 550 000 euros, partie pour 588 000 euros.

       



La certification Classiche semble désormais un passage quasi obligé avant une vente aux enchères. Cette Ferrari 365 GTB/4 de 1973 châssis matching numbers 16415 a passé l'examen avec succès. Elle est parée d'une carrosserie Blu Dino Metallizzato et a été la voiture personnelle de Charles Pozzi, restant près de 30 ans dans la famille de l'importateur. En 1982, la mécanique a été revue à la concession tandis que la carrosserie était confiée à Lecoq. Elle a de nouveau été entièrement revue après 2000 par son nouveau propriétaire. Estimée entre 260 et 320 000 euros, elle a finalement coûté 380 800 euros à son nouvel acquéreur.



Sur les bords du Lac de Côme, il n'est pas très étonnant que des bateaux fassent partie de la vente, et pas n'importe quels bateaux. Voici un Riva Tritone de 1960, construit pour le champion Achille Roncoroni et utilisé ici même. L'homme avait commandé le Riva le plus long, le plus puissant et le plus rapide de son époque. Et de fait, ce Riva Tritone Special Cadillac Ribot III, numéro 132, est resté unique, malgré les sollicitations de Roi Hussein de Jordanie notamment. L'engin mesure 8.3 mètres de long et est propulsé par deux V8 Cadillac-Crusader Marine dérivés du bloc de l'Eldorado et développant 325 chevaux chacun. Avant sa livraison, le pilote d'essai de Riva a atteint la vitesse de 96 km/h, plus rapide que tous les autres modèles au catalogue, comme convenu. Le Ribot III n'a eu que deux propriétaires, tous deux basés sur le Lac. Estimé entre 500 et 700 000 euros, vendu 460 000.

       

Le deuxième Riva proposé à la vente est cet Ariston Cadillac "Slughi" de 1956, coque numéro 101. En grec, Ariston se traduit simplement par "le meilleur". Seuls 19 bateaux de la gamme Ariston ont été équipés de moteurs Cadillac, celui ci étant le deuxième. Slughi a arrêté de naviguer au milieu des années 60 avant d'être redécouvert en 2004. Pas moins de quatre propriétaires successifs s'attelèrent à sa restauration. Estimé entre 180 et 220 000 euros, vendu 150 000. Le temps gris et froid n'a donné à personne l'occasion de se rêver en train de naviguer sur le lac.



Cette Bugatti Type 57 Ventoux de 1937, châssis 57524, est la 99ème produite sur le total des 164 exemplaires. La dénomination Ventoux désignait une carrosserie à quatre places et deux portes. 57524 est le seul exemplaire à présenter cet arrière en forme de goutte d'eau. La voiture dispose toujours de son moteur d'origine et est dans une livrée conforme au jour de sa livraison.



Estimée entre 295 et 400 000 euros. Vendue 324800.



Voici une Bentley 6 1/2-litre Sedanca De Ville par Mulliner, châssis KR2687. Elle a été exposée au Salon d'Olympia en 1929 et se trouvait depuis 2007 à l'usine Bentley de Crewe pour le bénéfice des visiteurs des lieux. Estimée entre 600 et 700 000 euros, elle n'a pas trouvé preneur à 540 000. Le dimanche, la voiture a pris feu, menaçant également l'Enzo garée juste à coté. Heureusement le personnel de sécurité était vigilant et a pu éteindre rapidement l'incendie.

       

Cette Cisitalia 33DF Voloradente de 1954, châssis 0510 n'est estimée "que" entre 135 et 175 000 euros. Pourtant, seuls 15 exemplaires auraient été produits pour succéder à la 202. Il faut dire que son moteur est un quatre cylindres d'un litre de cylindrée pour 69 chevaux! Sa carrosserie est en aluminium. Vendue 128 800 euros.

       



Cette Lamborghini Miura P400 porte le numéro de châssis 3087. Il y a assez peu à en dire. Mieux vaut se contenter d'admirer cette magnifique robe Rosso Miura.

       

Estimée entre 360 et 420 000 euros. Vendue 425 000 euros, na!



Autre bijou de la vente, cette Ferrari 400 Superamerica SWB Coupé Aerodinamico châssis 3559SA de 1962. Estimée entre 1.9 et 2.3 millions d'euros, celle ci a tout pour bien figurer, et pas seulement sa certification Classiche: châssis court, phares couverts, une superbe livrée Blu Sera Italver. En mars 1968, elle remportait déjà un prix au concours du Ferrari Club of America de Greenwich.

       

Une habitude qu'elle n'a pas perdu puisque ses propriétaires successifs l'ont aussi présentée à Pebble Beach, à l'expo Louis Vuitton au Parc de Bagatelle ou encore au Cavallino Classic (en 2005 et 2012). Elle est aujourd'hui la propriété du pilote américain Skip Barber qui a couru en Formule 1 et en CanAm.

       

Adjugée pour 2.18 millions d'euros.



Depuis ma visite à Mulhouse, j'attendais la description de cette Bugatti Type 46 coupé superprofilée de 1930, châssis 46208. La Type 46 était surnommée "Petite Royale" car son style s'inspirait de l'énorme et inabordable Type 41. En tout, 350 Type 46 furent vendues entre 1929 et 1933 dont l'une a éclipsé toutes les autres: le coupé superprofilé, que beaucoup considèrent comme le meilleur dessin de Jean Bugatti. Le seul et unique exemplaire se trouvant (apparemment) à Mulhouse, celle ci en est une "représentation" fabriquée par le carrossier australien Ken Haywood. La date de la transformation n'est pas précisée dans le catalogue.

       

Estimée entre 840 000 et 1 million d'euros, elle n'est partie qu'à 672 000 euros. Manifestement, l'authenticité prime, ce dont je ne peux que me réjouir.



Cette Moretti 750 Gran Sport Berlinetta est la première à avoir été importée aux Etats Unis par Ernie McAfee, avant d'être testée par le magazine Road & Track. Elle porte une robe signée par Giovanni Michelotti. Estimée entre 110 et 150 000 euros, vendue 134 000 euros.



Cette Ferrari 275 GTS porte le numéro de châssis 07189. Il s'agit de la 75ème produite sur 200, et elle est également certifiée Classiche. Elle se présente dans une rare livrée Oro Chiaro. Estimée entre 650 et 780 000 euros, vendue 795000.

       

Voici une Bugatti Type 37 Grand Prix de 1927, châssis 37254 dont l'historique est assez exotique puisque son premier propriétaire était Malaysien et qu'elle est ensuite partie pour Singapour. Elle fut entièrement démontée pour échapper à la destruction lors de l'occupation japonaise, avant d'être réassemblée en 1962. Estimée entre 750 000 et un million d'euros. Un des rares invendus à 730 000 euros!

Une autre Bugatti, la Type 44 Grand Sport de 1929, châssis 441008. La Type 44 était l'une des premières Bugatti réellement civilisée. Les modèles civils précédents étaient plutôt des "voitures de route pour pilotes de course". La Type 44 avait un châssis plus long, un embrayage et des suspensions plus souples. La carrosserie actuelle est une réplique des carrosseries Grand Sport de l'usine, la robe originale ayant disparu depuis longtemps. Estimée entre 300 et 360 000 euros, elle aussi sur le carreau à 265 000.



Ici une magnifique Lancia Aurelia B24S spider de 1955, châssis B24S 1147. Estimée entre 500 et 600 000 euros. Vendue à 492000.

       



Bien sûr, la voiture la plus importante à mes yeux parmi ce plateau exceptionnel est cette Ferrari 340/375 MM Berlinetta Competitizione, châssis 0320AM, qui est en train de faire son entrée.

       

D'une part parce que j'adore les 375MM, et d'autre part car celle ci a un historique tout à fait remarquable. Il s'agit d'abord de l'une des trois voitures usine engagées aux 24 Heures du Mans 1953. Celles ci présentaient toutes ce nouveau dessin de Pinin Farina hérité des 250 MM. Sur les trois, 0320AM et 0322AM furent construites sur un châssis de 340MM avec un V12 de 4.1 litres (de véritables 340 donc) tandis que 0318AM bénéficiait du V12 4.5 litres Lampredi des Formule 1 type 375. Avec le numéro 14, Mike Hawthorn et Nino Farina emmenèrent 0320AM à la deuxième place au douzième tour avant d'être disqualifiés pour avoir ajouté du liquide de frein lors d'un ravitaillement (l'ajout de fluides était interdit avant le 28ème tour).

       

       

Dès le mois suivant, le moteur fut démonté et sa cylindrée portée à 4.5 litres, la transformant de fait en 375MM. En même temps, des modifications de carrosserie furent également entreprises, avec un nez plus aérodynamique et des feux avant couverts de plexiglas. La lunette arrière fut également rétrécie pour éviter les reflets des phares lors des courses de nuit. Après ces changements, 0320AM abandonna aux 24 Heures de Spa, avant de s'imposer aux 12 Heures de Pescara avec Hawthorne et Maglioli. Après cela, elle fut vendue à un particulier. En novembre 1953, elle était cependant au départ de la Carrera Panamericana, avec quatre autres 375MM privées. D'abord pilotée par Mario Ricci, celui ci dut laisser sa place à Maglioli dont la voiture perdit une roue dans la cinquième étape. L'Italien se plaça sixième, après avoir roulé à 222 km/h de moyenne pendant 359 kilomètres, un record qui reste à battre pour une spéciale sur route ouverte. Pour terminer l'année, 0320AM et Maglioli remportèrent une course sur le Circuit de Guadeloupe en décembre. En 1954, 0320AM fut importée aux Etats Unis par Luigi Chinetti et se retrouva à Denver où le nez fut endommagé dans une collision. A cette occasion, la voiture retrouva aussi sa vitre arrière d'origine. Elle changea ensuite plusieurs fois de mains aux Etats Unis, remportant sa classe à Pebble Beach en 1976. En 1999, elle entra dans la collection de Sir Anthony Bamford (l'homme aux deux GTO) qui remporta avec elle le Best of Show au concours d'élégance Louis Vuitton en 2000. En 2006, elle entra en possession de son propriétaire actuel qui la fit restaurer dans sa configuration du Mans 53, en revenant au nez d'origine (ce que j'aurais personnellement tendance à regretter mais bon). Etrange de revenir à la configuration d'une course pendant laquelle la voiture n'a réalisé que douze tours, plutôt que de la laisser dans celle de la Panamericana où elle a brillamment participé, même s'il ne s'agissait pas d'un engagement d'usine officiel. Bref, c'est le propriétaire qui décide, et j'avoue une faiblesse pour la Carrera en ce qui me concerne. Le catalogue note aussi que 0320AM est la seule Ferrari d'usine à avoir été pilotée par trois Champions du Monde: Ascari, Farina et Hawthorne, pour ce que ça vaut.

       

Pas d'estimation communiquée, ce serait dommage de freiner les acheteurs. Elle est finalement partie à 8.8 millions hors frais, soit 9.85 millions tout compris.



Voici maintenant une SS Jaguar 100 2 1/2-litre roadster de 1937, estimée entre 250 et 300 000 euros, vendue 280000.

       

Beaucoup de Ferrari sont présentes à cette vente. Ici une 330 GTC, châssis 09359, qui est toujours restée en Italie. Elle se présente en Argento avec une plaque historique "Roma" pleine de cachet. Après une révision mécanique complète pour 76 000 euros, la voiture a été certifiée par Classiche. Estimée entre 295 et 355 000 euros. Bien vendue à 448 000 euros



Documents italiens, matching numbers et certification Classiche également pour cette Ferrari 250 GT Lusso, châssis 5275, livrée en 1964 dans cette livrée Rosso Cina. Après un long séjour américain, elle est revenue en 1998 chez Victor Muller, un entrepreneur néerlandais, fondateur de la marque Spyker Cars. Elle revint ensuite en Italie en 2000.



Estimation entre 670 et 770 000 euros, adjugée 974 400 euros.

       

Idem pour cette 250 GT Cabriolet Series II de 1961, châssis 2533GT qui a notamment participé au fameux FF40 de Bruxelles en 1992. Estimée entre 680 et 780 000 euros, vendue 834 400 euros.

       

Cette Jaguar XJ220, châssis X220765 a des papiers italiens mais pas de certification Classiche! J'ai été surpris par l'estimation entre 150 et 190 000 euros. L'échange du V12 pour un V6 turbo a vraiment coûté cher à tous les points de vue. Cet exemplaire fini en Le Mans Blue n'a que 1500 kilomètres au compteur. Vendue à 151 200 euros. Pas cher pour une supercar, même si le prix de l'entretien peut être dissuasif.

       

Dernière Ferrari présentée à la vente, certifiée comme vous pouvez vous en douter, voici une 550 Barchetta, châssis 124269. Elle n'a parcouru que 1800 kilomètres. Voilà ce qui arrive quand on a trop de voitures: on oublie de les conduire et de se faire plaisir! Estimée entre 110 et 150 000 euros. Même prix exactement que la XJ220, faites votre choix.

Je ne sais pas trop ce que cette DB2 fait là, elle ne participe ni à le vente ni au concours.

Cette Bugatti Type 30 Torpedo porte le numéro de châssis 4289. La Type 30 fut la première Bugatti de série équipée du huit cylindres qui allait déboucher sur la mythique Type 35. Elle est basée sur une version allongée du châssis de la Type 23 Brescia et a été produite à près de 600 exemplaires. 4289 avait été carrossée en berline mais la carrosserie fut enlevée avant la seconde guerre mondiale pour la transformer en voiture de course, plans que la guerre vint bouleverser. La Bugatti demeura cachée jusqu'au début des années 80 et reçut une nouvelle carrosserie dans le style Lavocat et Marsaud. Estimée entre 290 et 340 000 euros, vendue 313 600 euros. Celle là, je l'ai croisée dans la rue.

Voilà pour le vendredi. Toutes les voitures étaient trempées mais je n'ai pas eu le temps de revenir pour les faire au sec, ni le même jour, ni samedi dans la journée. L'étape suivante est la vente elle même, qui débute samedi à 21h00. Nous arrivons environ une heure avant. Toutes les voitures ont été mises en file dans l'ordre des lots, prêtes à défiler sous le marteau du commissaire priseur fou, Max Girardo, qui est aussi directeur de la division européenne.

       

Hier après midi, il manquait trois voitures sous le chapiteau. Elles devraient être là. Cette Cisitalia 202 SMM "Nuvolari" Spyder est un exemplaire unique et significatif. Ce châssis 002S est le prototype du modèle 202 SMM, construit entièrement en acier et présentant des caractéristiques uniques (au niveau des portes par exemple). En mai 1947, 002S a été pilotée en course par le fondateur de la marque lui même, Piero Dusio, mais il ne s'agit pas là de son principal fait de gloire. En effet, Cisitalia engagea trois voitures d'usine aux Mille Miglia 1947, dont une confiée à Tazio Nuvolari. Nuvolari pointa à Modène avec huit minutes d'avance sur le deuxième mais des pluies torrentielles causèrent des problèmes d'allumage, le privant de la victoire. Il termina tout de même deuxième, donnant à la voiture le surnom de "Nuvolari" Spyder. A Brescia, les Cisitalia terminèrent en deuxième, troisième et quatrième position, 002S étant la dernière du trio en 17 heures et 40 secondes. Estimée entre 450 et 550 000 euros, adjugée 425600 euros.



L'une des stars de la vente est cette Fiat 60 HP de 1905, châssis 3003. Elle est apparemment la seule survivante de la série de vingt exemplaires similaires produits. Ce châssis, le troisième, a été livré en version raccourcie au brasseur américain August Anheuser Busch (dont l'entreprise est aujourd'hui le leader mondial du secteur), qui l'a commandé sur la recommandation de l'Empereur Guillaume II d'Allemagne. Le châssis est passé par le carrossier Quinby & Co de Newark, qui l'a habillé d'une carrosserie en aluminium suivant une technique brevetée très longue et complexe. Le carrossage seul aurait coûté 4000$, en plus des 13500$ de la voiture. Les ailes étaient détachables pour permettre un usage en course mais même avec celles ci, le poids était contenu vers 1300 kilos. La voiture resta en possession de Busch jusqu'à sa mort en 1934, avant de passer entre les mains de plusieurs collectionneurs du Connecticut durant les 73 années suivantes. De fait, quasiment toutes les pièces sont encore d'origine et la carrosserie ne montre aucun signe de fatigue malgré ses 108 ans de patine.

       

Estimation non communiquée. En tout cas, le propriétaire n'a pas voulu la vendre pour 1.3 millions.



La lumière baisse peu à peu, trépied conseillé.

       

       

       

       

J'essaie de mixer un peu voiture et architecture mais ce n'est pas évident.

               

RM a installé à giga-écran géant pour l'occasion, qui gâche un peu la vue.



La vente commence. Nous en finissons avec cette 250 GT et la XJ220 avant de rejoindre les abords de la tribune.

       

 L'éclairage est puissant mais il fait vite nuit noire.

       



Max est déchainé. Il a une admirable science de la relance et du rythme. Il n'est pas frénétique comme certains qui répètent en boucle inlassablement la même chose pour ne pas laisser s'installer une seconde de silence. Qui plus est, il n'hésite pas à lancer de nombreux traits d'humour, parfois aux dépens de l'enchérisseur.

Rien que sur la 300SL: à 950 000 "regardez les yeux de votre fiancée, elle aime cette voiture! Son bonheur vaut bien plus que ça". Les enchères montent de 5000 en 5000, Max ne se départit pas de sa bonne humeur. A 995 000 "c'est un prix de supermarché, ça à l'air moins cher comme ça". Un peu plus tard, alors qu'une enchère attend 400 000 euros, il revient vers l'homme qui enchérissait par pas de 5000 et lui dit (à peu près): "_ vous qui aimez les chiffres en 5, est ce que vous voulez me donner 500 000?".

Bref, on a bien rigolé.

       

Par contre on n'a pas eu chaud. Dans la tribune, RM distribue des couvertures et des boissons chaudes.

Le geste à ne jamais faire dans une vente aux enchères. Je fais une photo de quelques amis (dont deux pressentent que le troisième va bientôt avoir une dette de quelques centaines de milliers d'euros envers RM). En reprenant la photo ensuite, je m'aperçois qu'il n'y a pas moins de six personnes que je connais personnellement dessus, en trois groupes distincts. Je commence vraiment à être un vieux routard.



Vincent n'a pas failli à sa réputation et a repéré le père de tous les puits de lumière, quand les voitures sortent de la pénombre pour arriver devant la tribune, sous les pleins spotlights.

       

Sauf que son 5D gère très bien les haut ISO alors que mon 7D peine à me donner de la vitesse. Je pense que c'est à ce moment là qu'a germé dans mon esprit la toute première idée de renouveler ce boitier qui me cause tant de tracas.

       

Toujours est il que mon taux de déchets avoisine les 100%.



J'arrive à sauver quelques images, à 1600 ISO. Aller au delà ne serait pas raisonnable.

       

Max annonce ensuite une voiture écologique, alors que la Fiat s'avance dans un nuage de fumée, mais par ses propres moyens.

       

Comme j'ai la flemme de changer d'objectif à chaque fois, je suis souvent réduit à faire des vues de détails au 70-200.

       

       



La dernière voiture qui me manquait est cette MG K3 Magnette de 1933, châssis K3001 qui possède un historique significatif. Entre 1933 et 1934, MG fabriqua 33 voitures de courses équipées d'un six cylindres compressé d'un litre de cylindrée, sous l'impulsion de Earl Howe. L'aristocrate pilote proposa de couvrir les coûts de développement pour produire une concurrente aux Alfa Romeo et Maserati. C'est ainsi que MG aligna trois voitures usine aux Mille Miglia, dont K3001 pilotée par Howe lui même. La marque anglaise réalisa un doublé dans la catégorie des moins de 1100 cm3 avec 90 secondes d'écart, K3001 terminant derrière sa sœur K3003. Parmi les autres faits d'armes des K3, on peut noter la victoire de Nuvolari au Tourist Trophy 1933 et une victoire de classe au Mans en 1934 (quatrième au général). K3001, quant à elle, a continué à courir jusqu'en 1937, notamment en course de côte. Récemment, la voiture a participé au Mans Classic 2010, ce qui confirme ce que je disais au Tour Auto: il est très facile de passer à coté de voitures majeures dans des marques qu'on ne connait pas. C'est dommage.



Estimée entre 580 et 700 000 euros. Contrairement à ce que je pensais, le prix ne va donc pas forcément de pair avec la cylindrée. Cela dit, elle n'a reçu le marteau qu'à 408 800 euros.



Toutes les voitures arrivent par leurs propres moyens,

       

parfois plutôt bien accompagnées.

       

Petit à petit les lots défilent. Je me fais un peu peur à chaque fois que je regarde la montre.

           

       



Et voici la star de la vente qui s'approche.

       

       

Les enchères commencent à 3 millions d'euros et montent rapidement jusqu'à 6, avant de marquer un peu le pas.

Puis s'engage une partie de ping pong impressionnante entre deux enchérisseurs présents dans la salle et un troisième au téléphone. La tension est palpable.



Petit à petit, le rythme s'épuise... jusqu'au coup de marteau de Max Girardo à 8.8 millions d'euros. Un chiffre étourdissant qui laisse deviner des sommets encore plus étourdissants pour des voitures dotées d'un palmarès prestigieux.

       

Pour ma part, je stoppe là et part voir sur l'espace d'exposition si certaines voitures ne seraient pas bien placées dans une tâche de lumière comme il y a deux ans.



Mais hélas non.



C'est assez amusant de voir que l'écrasante majorité des Ferrari proposées ici sont certifiées Classiche, même si le cas est un peu atypique puisque de nombreuses voitures viennent du même patrimoine. On voit néanmoins que Ferrari a parfaitement réussi son coup: la certification est en train de devenir un atout majeur, voire un passage obligé, pour la vente de Ferrari classiques. Alors même que le département avait eu de la peine a établir sa crédibilité auprès des collectionneurs à ses débuts. Je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui mais la soumission éventuelle à la certification de 0858 devrait nous éclairer sur la probité de Classiche (il s'agit de la 350 Can Am qui est en passe de redevenir une 330 P4). Dans la série des ouï-dire, j'avais cru comprendre que l'une des raisons du non renouvellement des ventes RM de Maranello était l'obligation de ne présenter que des voitures certifiées. On dirait que le problème est en train de se résoudre de lui même. Le marché n'est il pas bien fait?



84% des voitures ont été vendues (32 sur 38), pour 27.3 million d'euros, un excellent résultat. Ferrari et la 300SL ont confirmé leur excellente tenue en dépassant majoritairement les estimations.



C'est terminé pour ce soir. Il est minuit et demie passé, je suis congelé. Je vais ramener à la maison une crève que je n'ai pas encore réussi à totalement secouer au moment où j'écris ces lignes, un mois plus tard (eh oui, c'est beaucoup de travail). Qui aurait cru qu'une polaire et un blouson seraient insuffisants fin mai en Italie?



Le dimanche, les voitures sont dans la position dans laquelle elles ont été remises la veille au soir, à savoir majoritairement le nez dans les barrières. Même si le soleil est de la partie, je n'ai pas vraiment le temps de refaire le tour.

       

Je me contente donc de celles qui sont sur le bord,

       



et je reviens une dernière fois vers 0320AM, au cas où je ne la reverrais plus pendant longtemps.

       

       

Voilà. Le plateau était beau, la vente a été rythmée et spectaculaire. Le parfait complément au Concours. Logiquement, en 2014 les prochaines enchères devraient se tenir à l'occasion du Grand Prix de Monaco Historique avant de revenir ici en 2015. Nous verrons bien. Ainsi se termine cette suite de huit reportages italiens. Le mois de mai a été intense donc il va falloir calmer le jeu au niveau des déplacements en juin. Adieu Sport & Collection, les 24 Heures du Mans... Le prochain gros évènement devrait être les Modena Track Days à Spa.

PS: alors que je suis en train de terminer la rédaction de cette page, RM vient d'annoncer l'ajout d'une nouvelle date à leur calendrier de vente européen: de nouvelles enchères auront lieu en même temps que la prochaine édition de Rétromobile, aux Invalides. Avec Rétromobile et la vente Artcurial, Bonhams au Grand Palais et RM aux Invalides, ca va commencer à faire une journée dantesque. Il faudra probablement faire des choix, soit en me concentrant sur les lots significatifs de chaque enchère, soit en faisant l'impasse sur au moins l'une d'elles. Ce qui est sûr, c'est que je serai de la partie avec RM qui propose toujours des plateaux énormes. A suivre.

  Villa Erba 2011 Maranello 2009, premier jour Maranello 2009, à Fiorano Maranello 2009, les enchères
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