Dimanche, dernier lever sans réveil mécanique ou organique, vers 8 heures. Une fois de plus, le temps fait mentir la météo: il fait grand bleu. Je prends mon temps pour arriver à la Galleria à l'ouverture à 9:30. Tiens, l'entrée a augmenté de 1 euro (13 euros). C'est cher pour une seule voiture mais bon. Premier entré, je file dans la salle tout en haut pour être tranquille avec la 512M sn 1028 qui termina 4ème au Mans en 1971 .
Je passe une dizaine de minutes en tête à tête avec elle avant de descendre à la rotonde où je retrouve la 400 Superamerica ex-Agnelli.
Je laisse ensuite tomber les voitures pour me concentrer sur le reste, ainsi que je me l'étais promis lors de ma dernière visite: tout ce qui n'est pas voitures, dont les moteurs de F1.
Le nez de la F2008 qui est pour moi la plus belle pièce jamais fixée sur une Formule 1. On en reparlera.
Je m’intéresse pour la première fois aux trophées, comme cette coupe de Mille Miglia remportée par Eugenio Castellotti en 1956
Targa Florio 1958 rapportée par Musso / Gendebien
Le siège et l'aileron avant de la 126C de Villeneuve, un autre monde.
A 10:30, des bus ont du arriver car il y a une foule dense dans la première salle et le brouhaha est insupportable. Ça tombe bien, j'ai fini donc je prends la fuite et je marche jusqu'à l'entrée du circuit de Fiorano. Coïncidence, je prends la navette avec 4 membres de Supercarfrance. C'est fou le nombre de connaissances que j'aurai rencontré ce week-end. Sur le circuit transformé en parking, nous apercevons au loin une 275 GTB/4. Autant commencer par là.
Plus loin, une F40 et la fameuse 612 Magic India
Arrivent tranquillement James Glickenhaus et Edgar Schermerhorn, un acheteur potentiel et un vendeur.
Aucun d'eux dans cette F50 qui fait juste un tour avant de repartir dans un grondement envoûtant. Le plus beau bruit de la production de Ferrari modernes. A cet instant, j'en suis sûr.
Toujours sur le parking, un duo de Boxers et la possibilité de faire une vue d'ensemble du centre des débats du jour
Devant l'accueil du hangar, je retrouve la 212 Export des Mille Miglia. Soit elle est restée là soit elle a rallié Brescia hier soir avant de revenir dans la nuit. Tout est possible.
Toutes les voitures ont été sorties dehors ou sous la tente car le hangar est désormais entièrement occupé par des sièges bien sûr. La Can Am a été déshabillée, dévoilant son moteur et permettant de mieux apprécier les formes torturées mais délicieuses de son capot arrière.
La Passo Corto Bertone est bien mieux visible qu'hier.
Avec son toit en métal brossé et son insigne pour mal voyants.
La Maserati sous le soleil.
A l'écart la 500 Mondial et la 166 Inter Nous réaliserons plus tard qu'elles sont là car elles ont été retirées de la vente. La 500 Mondial aurait été jugée indigne de figurer à la vente par Ferrari, à cause d'un état général insuffisant.
288 GTO et California passo corto.
A l'intérieur, un célèbre pilote de la Scuderia, David Piper. Ce sympathique pilote possède entre autres une 250 LM et une 330 P4 dans une fameuse livrée verte, en hommage au pétrolier BP qui l’a aidé à débuter. Il fut gravement blessé à la jambe lors du tournage du film Le Mans avec Steve McQueen.
Et le boss de RM, Rob Myers, qui discute avec celui de Ferrari, Amadeo Felisa.
C'est la première fois que j'assiste à une vente aux enchères donc je suis assez curieux de la façon dont cela va se dérouler. Les premiers rangs face au podium sont réservés aux principaux acheteurs mais n’importe qui dans la salle peut enchérir, à condition de s’être enregistré comme tel (moyennant une modeste obole supplémentaire) et d’avoir reçu un numéro d’identification. Ludo et moi nous installons dans les premiers rangs à la limite de la zone VIP. La vente commence par les Memorabilia (et pièces détachées): tout sauf les voitures. Les résultats sont surprenants. 1500 euros pour cet aileron F1-2000 cassé en essais privés
et même somme pour un appareil de ravitaillement en carburant.utilisé entre 95 et 2000. 500 euros pour deux pulls autographiés par F Massa : a mon avis c’est quasiment moins cher qu’en boutique, 3 000 euros pour une sculpture de Ferrari Daytona proposée à 3900 euros à Brescia. 54 000 euros pour un salon composé de 4 sièges de 599 Fiorano et d'une table en verre comprenant 12 pistons montés sur leurs arbres à came !! C’est le premier pétage de plombs de la vente, à mon avis: il suffit que deux acheteurs veuillent très fort un objet pour que le prix flambe.
38 000 euros pour la F2007 au 1/2 ayant servi aux essais en soufflerie pendant environ 10 000 heures. Quand on dit que la soufflerie tourne (tournait?) 24h/24, c'est apparemment assez proche de la vérité.
18 000 euros pour cette voiture d'enfant réplique de 500 F2 équipée d'un moteur de 9 chevaux. Des employés de RM répartis à intervalles réguliers guettent les mains qui se lèvent. Quand l’un d’eux croise mon regard à plusieurs reprises, je prends bien soin de ne pas bouger d’un cil et de me cacher derrière mon Canon.
D'un autre coté certains lots me semblent vraiment bon marché, mais toujours trop pour moi, comme ces pistons montés sur leur arbre: 4000 euros
ou ce nez destiné au test en soufflerie, 3500 euros
Un moteur non vendu à 34 000 euros.
16 000 euros pour cette boite à outils (vide) de la saison 2004.
25 000 euros pour la statue en bronze de l'Alfa Romeo Tipo B P3, représentée avec Tazio Nuvolari à son volant. Echelle 1/1, 8ème exemplaire d'une série de 12.
115 000 pour ce bus Iveco réservé aux pilotes. Il comprend deux appartements séparés comprenant un living room, une télé, des étagères et un lit dédié au massage. Un camping car de luxe livré aux couleurs de la Scuderia.
12 000 euros pour la maquette en résine construite à titre de prototype par Pininfarina pour le design de la Testarossa
Je suis prêt à craquer pour cette réplique taille réelle de nez de F2008 ... mais ce sera douze fois plus petit et ... 65 fois moins cher. J'ai vu le modèle 1/12e chez Warm Up et je compte bien le prendre avant la fin du voyage.
Deux heures après le début, c'est au tour des voitures, çà va devenir intéressant. La salle est comble. Le commissaire priseur change. Celui ci entame pour chaque voiture une ritournelle frénétique basée sur la répétition incessante du prix actuel et du prix demandé suivant. A peine a-t-il commencé son cinéma que j'en suis déjà fatigué.
Pour chaque nouveau modèle, le commissaire propose un prix de départ. Si personne ne se manifeste, il baisse jusqu'à ce qu'un acheteur lève la main. Les pas d'enchères sont d'abord assez importants et les enchères montent assez vite puis tout ralentit. Le commissaire joue un peu et mets la pression sur les enchérisseurs, réduisant les pas d'enchères jusqu'à ce que plus rien ne bouge. La 365 GT 2+2 part à 70 000 euros hors frais, la Dino 246GT à 75 000, la Maserati à 700 000 euros, la 288TO à 350 000, la 550 Barchetta à 115 000 euros, la 330 GT 2+2 à 55 000 euros, la BB à 115 000 euros.
Première enchère à atteindre 1 million d'euro, celle de la 275 Compétition. Elle ne sera finalement pas vendue à 1 250 000 euros.
La 250 GT Ellena part à 250 000 euros, la Dino 246 GTS à 95 000, la Lusso à 400 000.
Certaines enchères se font par téléphone. Ici un acheteur potentiel propose 4 millions d'euros pour la California Chassis court. En vain, le vendeur n'est pas prêt à céder à ce prix.
La Daytona Spyder reste sur le carreau également à 750 000 euros, tout comme la Maserati 250 F à 1.35 millions et la Lusso Compétition à 575 000 et la Passo Corto Bertone à 1.6 millions. Une mauvais passe avec ces cinq échecs consécutifs. La 275 GTB grise est adjugée 600 000 euros, la 328 GTS 60 000 (!!)
Un peu avant l'arrivée du lot 220, James G vient tranquillement s'installer au premier rang. La Can Am monte sur le podium moteur allumé. Les enchères débutent à 4 millions d'euros. James monte immédiatement à 5. Après quelques enchères supplémentaires, le chiffre se stabilise à 7 250 000, pas encore au prix de réserve. Rob Myers va personnellement palabrer longuement avec l'américain pour tenter de lui arracher une rallonge mais celui ci a joué cartes sur table et ne souhaite pas déroger à ce qu'il s'est fixé. La Can Am reste sur le carreau après une longue pause dans le rythme des enchères. Cela peut inspirer plusieurs commentaires: RM à communiqué en présentant 0858 comme une P4, ce qu'elle n'est plus. Elle a été certifiée par Ferrari en tant que 350 Can Am. Si d'aventure elle était modifiée pour revenir à la carrosserie et la motorisation d'une P4, Ferrari serait dans l'incapacité de la certifier en tant que telle, 0858 ayant quitté pour la dernière fois l'usine en tant que 350, ce qui fait foi. Tout au plus la voiture pourrait elle se voir attribuer un "Certificat d'Intérêt Historique" mais sans plus. Officiellement il ne reste plus qu'un seul exemplaire original de Ferrari P4 et il s'agit du chassis 0856 présent au soixantenaire, ce qui en fait sans doute l'une des voitures potentiellement les plus chères de l'histoire.
James a expliqué sa démarche sur Fchat en ayant estimé le prix maximum de la voiture après y avoir inclus la commission du vendeur, les taxes d'importation et le coût important de la restauration (la voiture n'a pour ainsi dire pas bougé depuis 25 ans), et être arrivé à la conclusion qu'il serait déraisonnable de monter au dessus de 5 millions d'euros, décision ) à laquelle il a su ce tenir. Qui plus est, contrairement a 0714TR par exemple, 0858 est très difficile à utiliser. Une utilisation routière est quasiment impossible, ce qui signifie de faire quasiment exclusivement du circuit, et ce avec un soutien technique forcément important. Dès lors on comprend mieux que 0858 n'ait pas été le "record breaker" attendu et qu'elle risque de rester longtemps avec son propriétaire si celui ci n'accepte pas de baisser son prix. Affaire à suivre.
La Daytona Competizione ne part pas non plus à 2.1 millions. Pour l'instant tous les gros lots sont invendus. On arrive ensuite à la collection Schermerhorn: 105 000 pour la 250 GTE, 650 000 pour la Superfast, la 195 Inter Ghia part à 260 000, la 166 Inter à 235 000, la Boano à 365 000
Ici, on ajoute 5000 au prix de la Daytona qui part finalement à 190 000. La 212 Inter est vendue à 310 000.
La Maserati 250S reste à 1.35 millions, la 365 GTC/4 est vendue à 100 000 euros. La 275 GTB jaune à 725 000 euros.
Parfois, les prix de réserve sont levés subitement. RM négocie avec les acheteurs mais certainement aussi avec les vendeurs pour les inciter à lâcher prise. Le commissaire priseur en profite alors pour claironner que la voiture sera vendue ce soir te tenter de ranimer les enchères. C'est le cas pour la Tour de France, adjugée 2.1 millions et pour la California chassis long sur laquelle le marteau s'abat à 1.925 millions
De nombreux gros lots n'ont pas trouvé preneur et la tension monte. Les scrutateurs ont repéré les enchérisseurs et les sollicitent du geste, obtenant parfois quelques succès. La F1 641/2 est vendue 320 000 euros et la F40 à 260 000 euros.
Quand le prix ne monte pas suffisamment, c'est au patron de jouer, d'abord en agitant les bras puis en allant palabrer. Tout çà ressemble étrangement aux marchandages que l'on peut observer dans les souks. Je ne m'attendais vraiment pas à çà. Globalement, la majorité des modèles ont été adjugés dans la fourchette basse de leur estimation, voire en dessous et plusieurs gros morceaux sont restés invendus. Le montant global de la vente est certes déjà important mais au vu du plateau, pas tant que cà.
Enfin, la Testa Rossa monte sur le podium sous les applaudissements. La salle est comble, les photographes s'agitent, moi y compris. Le prix de départ est fixé à 4 millions mais ces derniers s'empilent très vite. Cette fois pas besoin de supplications: 5, puis 7 puis 7,5. Ça ralentit un peu. La tension se lit sur le visage du commissaire priseur qui a l'occasion de transformer la vente en succès éclatant.
La réserve est levée, la voiture sera vendue quoiqu'il arrive aujourd'hui. De 7,8 on monte à 8 puis à 8,2 pour un enchérisseur par téléphone, ce qui laisse toujours planer un doute.
La marteau tombe sur cette nouvelle vente record pour Leggenda e Passionne (0714TR devient la voiture la plus chère vendue aux enchères). Les applaudissements fusent. Ça doit respirer un peu mieux dans le staff qui sauve sa journée. Le montant global de la vente reste cependant inférieur à la vente de l'an dernier. Les investisseurs se sont montrés prudents et la Testa Rossa aurait pu partir encore plus haut alors que l'an dernier, la California avait largement dépassé les estimations les plus optimistes.
Dès la fin de cette dernière enchère, tout le monde se lève pour partir. Nous nous postons sur le chemin que les voitures vont prendre pour quitter le parking, comme cette Alfa 8C Competizione.
ou cette 612 personnalisée
Toujours en place, une seconde F40.
Il est 18:15, l'heure de rentrer à l'hôtel pour un repos encore une fois bien mérité. En sortant nous passons devant la Gestion Sportive et ses multiples camions. Hier, une porte entrouverte m'avait permis d'entrevoir un alignement de F1 clienti mais ce n'est pas le cas aujourd'hui.
Avant je m'arrête à la Galleria pour acheter un livre sur Tazio Nuvolari (The legend lives on) puis je passe chez Warm Up pour acheter mon nez de F2008. Problème, ils n'ont que le modèle d'expo. Il a beau être derrière une vitrine, je préfère passer. En revanche il semblerait que des Ferrari soient désormais à louer, 100 euros les 15 minutes. Je n'avais encore jamais vu ce service à Maranello mais c'est somme toute logique, quoiqu'à un tarif prohibitif.
Chez Shopping F1, il n'ont que le nez de la F2006. Je verrai demain chez Hors Ligne, sans quoi ce sera une bonne idée de cadeau d'anniversaire. Demain lundi, dernier jour de cet incroyable séjour avec la matinée chez Pagani et on verra pour l'après midi. Il faudra aussi penser à redescendre sur terre et à rentrer à la maison. Ça tombe bien, la famille me manque quand même beaucoup.
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