Hormis la Gstaad Classic, les grands évènements automobiles
en Suisse ont des périodicités plutôt irrégulières. La course de côte d'Ollon
Villars a été célébrée en 2010 et la prochaine édition est annoncée pour
septembre 2013 (les 14 et 15); le Grand Prix Suisse à Berne avait eu lieu en
2009 puis de nouveau en août dernier (j'avoue que je suis passé au travers).
Quand au Grand Prix de Montreux, commémorant la course de 1934, il n'a été
organisé qu'en 1990, 2002 et 2006. Sauf erreur, ces trois dernières éditions
étaient consacrées exclusivement à Ferrari alors que la mouture 2012 sera multi-marques.
Les organisateurs ont d'ores et déjà annoncé la présence du Musée Alfa Romeo
avec une dizaine de voitures, d'une McLaren M1C, d'une Lancia Stratos et de bien
d'autres modèles, aussi bien anciens que modernes. Le potentiel en Suisse est
tellement énorme que toutes les surprises sont possibles, même si ici comme
ailleurs la méfiance sera de mise. Le GP de Berne en 2009 m'avait semblé assez
suspect sur plusieurs modèles; il y avait une 250 GTO "Favre" à Ollon Villars et
le site de Rallystory, co-organisateur, annonce clairement la couleur: "Les
répliques ne sont pas autorisées. Seules les continuations copies conformes du
modèle original peuvent participer." Autrement dit passez votre chemin avec
votre base Toyota MR2 mais votre fausse SS100 à 150 000 euros est la bienvenue.
Pour moi qui suis très à cheval sur l'authenticité de ce que je photographie,
c'est très inquiétant mais au moins c'est dit franco alors qu'il semble que ce
soit de toute façon la règle implicite de tous les évènements historiques
(concours d'élégance mis à part). Pour ce qui est de Ferrari, je ne doute pas de
pouvoir faire le tri sans trop de surprises; par contre pour tout le reste, les
voitures présentes dans ce reportage sont donc soumises à caution, qu'on se le
dise.
Au niveau du programme proprement dit, les deux journées principales semblent
être le vendredi et le samedi. Vendredi sera marqué par un Rallye de régularité
entre Montreux, Gstaad et Vevey avec une épreuve de maniabilité sur l'aérodrome
de Saanen. Samedi, ce sera le Revival Montreux - Caux avec deux montées sur
route fermée (4.5 km de long, 900 mètres de dénivelé), suivi d'un défilé en
ville. Le vendredi devrait être assez tranquille au niveau affluence et le
samedi, ce sera sûrement la cohue! Heureusement, j'ai réussi à me faire
accréditer pour l'évènement, ce qui inclut une prise en charge complète le
samedi avec montée en bus sur les Hauts de Caux, repas, et retour. Je préfère
toujours conserver une totale liberté de mouvement et l'idée d'être bloqué avec
un groupe ne me plait pas tellement mais d'une part je ne connais pas du tout
l'évènement et d'autre part les routes sont souvent escarpées et/ou encombrées
donc se faire conduire sera peut être un atout. En plus, ma dernière
descente
sur Montreux m'a coûté un avant complet pour la Mégane donc soyons prudents.
J'ai donc décidé de couvrir le vendredi et le samedi. J'ai trouvé un hébergement raisonnable pour 50 CHF à une trentaine de kilomètres de Montreux donc j'espère que tout va bien se passer. Les nouveaux évènements sont toujours sources d'un peu de stress. Jeudi soir, j'appelle Etienne pour prendre la température et lui demander de récupérer mon passe si c'est possible. Il m'annonce un plateau plutôt timide, en particulier en anciennes. Vendredi, je pars sur le coup des cinq heures du matin, histoire de déjouer les pièges de la circulation et de prendre mes marques. Du coup, je suis passé d'une forte attente propice aux déceptions à une faible attente avec l'espoir d'une bonne surprise. C'est peut être mieux ainsi. La circulation est assez fluide et il est un peu plus de sept heures quand je me gare sous le marché couvert de Montreux, où sont rassemblées les voitures. A la sortie du parking, je suis accueilli par une statue de Freddie Mercury qui fait face au Lac Léman. Le chanteur a passé les dernières années de sa vie à Montreux, et était très attaché à la ville. Le socle de la statue est bien garni ce matin: le chanteur aurait fêté ses 66 ans il y a deux jours et les fans ont sans doute commémoré cette date ici même.
Tout à coté, un hélicoptère attend ses clients. Ce n'est pas pour rien que cette
promenade est surnommée la Riviera.
Sur la place, les participantes sont sagement alignées. Sous le marché couvert
se trouvent les voitures en exposition statique mais elles sont pour la plupart
bâchées et je n'y ai pas accès.
L'attraction du rallye d'aujourd'hui sera sans conteste cette Maserati MC12, une
supercar produite à 50 exemplaires seulement qu'il est rarissime de voir évoluer
sur la route. Attendez vous à la voir sur de nombreuses photos.
Je décide de prendre les devants et d'essayer de trouver un bon spot pour voir
passer les concurrents. Chose faite entre Ollon et Villars. Le ciel s'est
dégagé, il fait beau, que demander de plus? Au bout d'un moment, voici les
premiers concurrents, avec cette magnifique Daytona bleue.
Elle précède une Porsche 356 Spider et cette Alfa Romeo 1600 Junior Z.
Alfa Romeo est le partenaire officiel de l'évènement cette année, ce qui
explique une bonne représentation parmi les engagés ainsi que la présence de
plusieurs modèles du Musée d'Arese sous le marché couvert.
On est en Suisse donc il faut de temps en temps regarder ce qui descend car on
n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise, comme avec cette Wiesmann.
Erich Traber a décidé de la jouer dolce vita avec sa BMW 507, délaissant sa
Ferrari châssis court. Voici tout de même une Dino 246.
Une seconde Daytona, jaune celle ci, précède la Ferrari la plus prestigieuse du
plateau, cette 250 Châssis Court assez connue.
Une des Tesla de l'écurie d'Erik Comas passe en silence,
suivie d'une Ford GT40 et d'une AC Cobra. La première est une réplique. Quand à
la deuxième, le doute subsiste.
Elle précède de peu une Ferrari Enzo au couleur du garage Zenith, inédite pour
moi, puis une 512 BB.
L'Alfa Romeo 8C est toujours un plaisir à voir, et entendre! évoluer.
Attention, voici la Maserati. Pas de trafic à ce moment là, coup de chance.
Derrière elle, une Lancia Stratos et une 575 Superamerica.
Les arrivées sont très irrégulières et espacées dans le temps. Il est déjà plus
de onze heures. Je remonte vers la voiture. Oups, j'ai failli louper le passage,
à un bon rythme, de la 275 GTS.
Je démarre et prend la route des Diablerets. A Villars, alors que le GPS se perd
un peu, j'avise l'Enzo garée sur un parking. Je trouve une place pour me garer
et reviens vers elle quand elle démarre et s'en va. Zut!
A la faveur d'un feu tricolore pour des travaux, je recolle et reste dans son
sillage pendant quelques kilomètres. Ca passe vite quand on est aussi bien
accompagné!
Une autre portion de route à circulation alternée me donne l'opportunité de
sortir de l'auto et de voler rapidement quelques clichés. Honnêtement, je n'aime
pas trop les jantes noires sur l'Enzo. Je la trouve beaucoup plus belle chaussée
en gunmetal mais c'est personnel.
En passant au départ du téléphérique Glacier 3000, j'aperçois la MC12 et la
châssis court garée sur le parking. Je laisse partir l'Enzo et me range sur le
bas coté. Aurélien est déjà là en train de shooter.
Les voitures ne sont pas aussi seules qu'on pourrait l'espérer mais c'est déjà
pas mal.
L'intérieur de la MC12 est assez dépouillé. Elle appartient à Gaspare Baresi, le
distributeur de l'horloger Franck Muller en Italie et grand collectionneur de
Ferrari (qui possède également la FXX n°23).
La présence de la Porsche 906 est une surprise, elle n'est pas passée devant
moi.
Alors que cette très vielle Maserati passe au somment de la cote, je sens que
tout le monde se prépare à repartir.
Et la cabine du téléphérique montre elle aussi des signes de départ imminent. Toujours à l'affut d'une photo un peu originale, je croise les doigts pour que les voitures restent encore un tout petit peu. C'est le cas de la MC12, ouf, c'est en boite, pour ce que ça vaut!
En plus, je repars avant elle. Dès qu'un endroit me semble un peu prometteur, je
m'arrête sur le bas coté. La Maserati arrive dans la foulée et... je ne suis pas
sur le bon collimateur! Je me retrouve contraint de mettre la voiture en haut à
droite du cadre. Bon.
Je saute derrière le volant et revient facilement sur ma proie. Rouler à la
suite derrière une Enzo et sa sœur, c'est tout de même exceptionnel, même si je
n'ai pas la possibilité de faire de dynamique faute de chauffeur.
Les concurrents respectant un rythme très cool, j'ai la possibilité à un moment
donné de passer devant, ce que je fais dans l'espoir de trouver un dernier spot
avant la pause.
Je me retrouve derrière la châssis court, que je saute également.
Nous sommes dans les derniers kilomètres avant Gstaad puis Saanen, dans une zone
plus peuplée et donc pas très intéressante au niveau paysage. Finalement, je
jette mon dévolu sur une sortie de tunnel qui peut être intéressante. Hélas, la
circulation est dense et les voitures se suivent de très près.
Je ne parviens pas vraiment a obtenir l'effet escompté.
Il reste un jet de pierre jusqu'à l'aérodrome de Saanen. J'y retrouve Etienne
qui a eu la gentillesse de récupérer l'enveloppe avec mon passe hier (un grand
merci). Les voitures sont alignées devant les hangars.
Une montgolfière publicitaire est en démonstration, j'en profite illico.
Je m'attarde une nouvelle fois sur les modèles les plus spectaculaires.
Sur la piste sont disposés des cônes. Ici se déroule une épreuve de maniabilité
chronométrée puis un 400 mètres départ arrêté.
La plupart des concurrents est plutôt prudente. La 8C semble démontrer que
l'agilité n'est pas son point fort, à moins que ce ne soit qu'une impression, à
moins que ça ne vienne de son pilote.
La Tesla quand à elle, m'a littéralement bluffé. Certes, c'est un ancien pilote
de F1 au volant mais j'ai eu du mal à faire mon filé tant la voiture accélère
incroyablement fort. Une bombe!
Ah, voici la F40 qui arrive, tandis que la montgolfière s'affaisse
définitivement. J'ai bien fait d'en profiter tout à l'heure.
Elle est accompagnée d'une 458 Challenge qui est manifestement arrivée... par la
route!
C'est l'occasion d'essayer de regrouper les supercars Italiennes sur une même
photo.
Les voitures se présentent par groupes de dix pour une reconnaissance
avant de revenir par la seconde piste.
Je change un peu d'angle pour me placer dans un passage plus rapide.
La châssis court a été gagnée par la lèpre des Go-Pro.
Le 400 mètres départ arrêté n'est pas si spectaculaire, les concurrents ne
tirant pas sur les tours.
Cette Daytona a tout de même failli outrepasser ses limites.
J'ai toujours aimé le mélange aviation - voitures de sport donc j'essaie de
photographier au mieux les autos avec un appareil, comme cet hélicoptère.
C'est une manie d'essayer d'intégrer des éléments originaux en fond.
Soudain, les talkies walkies des commissaires crachent l'ordre d'évacuer la
piste et d'enlever les cônes: un avion est en approche.
Il s'agit d'un Junker mais celui ci, je n'arriverai pas à en faire grand chose
d'intéressant.
C'est en trainant dans le parking que je m'aperçois que cette Bentley a une
calandre bien imposante.
Et en faisant le tour que je réalise qu'il s'agit d'une version carrossée par
Zagato. Il était question d'une série de neuf exemplaires mais je ne sais pas du
tout où en est la production, si ce n'est qu'une version encore plus
personnalisée a été livrée en mai dernier à la Villa d'Este.
En tout cas, le prix est astronomique, ce qui rend étrange le fait de laisser la
voiture avec un pansement à l'arrière. Pour ma part, je dois dire que je préfère
la version Shooting Brake de Touring Superleggera mais c'est affaire de goût.
En parlant de goût, il est temps de manger, d'autant que le buffet est
excellent. Il est vrai que d'ordinaire je privilégie la pause midi pour
photographier les autos sans personne autour mais bon, on a le droit de vivre et
d'en profiter aussi, non?
Pour apaiser ma conscience, je me dépêche tout de même un peu et vais profiter
du parking.
L'ancêtre est une Tipo 26 de 1928, modèle considéré comme la première "vraie"
Maserati construite par les frères.
tout comme cette Bentley 4L 1/2 et ces deux Type E qui s'invitent à la fête.
J'envisage de partir trouver un coin sympa sur l'itinéraire du retour
quand je m'aperçois qu'un second avion vient d'arriver, un petit jet.
Je rebrousse donc chemin et, encore une fois, je tente de l'intégrer tant bien
que mal dans le cadre.
Quand on a de belles choses sous la main, autant essayer d'en tirer parti non?
Celle ci vient seulement d'arriver. Une Alvis?
Les épreuves sur la piste vont reprendre. Le moins que l'on puisse dire est que
l'ambiance est très détendue et que personne ne semble pressé de repartir.
Les deux ersatz de GT40 sont pressées d'en découdre, la réplique étant menée
tambour battant par son pilote, dans des hurlements rageurs. Je comprends que
l'on puisse prendre énormément de plaisir dans ce genre de copie conforme.
Les voitures sont de nouveau en piste.
La châssis court et la Tesla m'offrent plus ou moins la photo que je souhaitais,
en passant. J'aurais peut être pu (du) demander à un propriétaire de positionner
sa voiture près de l'aile pour un vrai shooting mais bon, pas osé! Je sais que
c'est idiot mais c'est comme ça.
Il est 14h30, les premiers risquent de repartir d'ici 30 minutes, il est donc
temps d'y aller.
La Continental GTZ me file d'ailleurs sous le nez.
Je m'arrête dans un endroit qui me semble sympa (quoique pas transcendant avec
le recul). La Tesla arrive en tête,
suivie de plusieurs Alfa Romeo.
Puis c'est au tour de la Lancia Stratos. Franchement, je n'ai rien trouvé de
mieux au niveau photo que les évènements dans les Alpes: le cadre est magnifique
et les routes donnent beaucoup de plaisir au niveau conduite. C'est pour ça que
j'ai un peu regretté que le GTO Tour ne s'aventure pas en montagne, mais
l'objectif était différent.
Voici les Aston Martin, DB Mk III et DB4,
Le plateau de Ferrari est tout de même honnête: 275 GTS, Enzo,
et la 458 Challenge qui roule bel et bien sur route ouverte (je vous rappelle
qu'on est en Suisse, pas le pays le plus permissif au monde)!
La Porsche 906 fait presque autant de bruit que la Challenge.
Les concurrents se présentent beaucoup plus régulièrement que ce matin.
Seule la MC12 se fait coller au train par un motard que j'ai eu bien du mal à
éliminer.
Ayant vu la plupart des voitures significatives, je reprends la route vers
Montreux. A un moment donné, je trouve un nouveau spot sympathique pour une vue
de derrière mais une demi heure d'attente n'est récompensée par le passage que
d'un concurrent.
Ensuite, le GPS me fait quitter la route principale pour m'emmener sur des
chemins étroits où il est impossible de se croiser, avec le talus d'un coté et
aucune visibilité. Sa spécialité dans cette région. Je ne dis pas qu'il ne m'a
pas fait gagner du temps car je retrouve Etienne sur le bord de la route, avec
quatre Ferrari arrêtées. La 275 GTS semble avoir un problème technique. Au final,
il ne s'agit que d'une bougie qui s'est détachée et est tombée au fond du
châssis. La voiture repartira sans encombre.
Je retrouve une place sous le marché couvert sans soucis et monte directement
voir l'exposition statique. Voici une 275 GTB, qui porte un sticker mais n'a pas
bougé,
Au niveau des voitures de course, une McLaren M1C Can Am, une Brabham (?)
Je retrouve la fameuse CEGGA (pour "Claude Et Georges Gachnang, Aigle") à moteur
V12 Maserati que j'avais découverte à Ollon en 2010.
Coté Alfa Romeo, de nombreux modèles superbes sont présents, comme cette 6C 3000
CM (Competizione Maggiorata) Colli Spider produite à deux exemplaires seulement.
Celui ci serait le seul survivant, qui a remporté la course de
Supercortemaggiore en 1954, avec Juan Manuel Fangio à son volant.
Et cette magnifique 2000 Sportiva. Depuis que j'en avais vu une à la Villa
d'Este en 2010, c'est sans doute mon Alfa Romeo préférée. A noter que seulement
deux exemplaires ont été produits. Le gris de la Villa est celui du Museo, quand
à ce rouge, il appartient à la Collection de Monsieur Bugnon (qui présente six
voitures) et serait bien le second châssis authentique. Sportiva, c'est fait!
Je poursuis avec cette Tipo 159 avec laquelle Fangio remporta le championnat du
Monde en 1951.
Ici une 8C 2300 Le Mans, sœur de celle qui a remporté les 24 Heures en 1931.
Une des douze TZ2 produites. Alfa Romeo ne s'est pas fichu du monde au niveau du
plateau. Il faudra que je pense à faire un tour du coté d'Arese (après
Stuttgart, j'y ai pensé avant).
Plus récente, cette 155 V6 TI qui a participé à de nombreuses courses de DTM et
de formules de tourisme.
Le marché couvert est très joli mais cette combinaison de toit avec des
ouvertures tout autour, plus le soleil qui vient descendre sur le lac, c'est une
catastrophe au niveau des photos: reflets sauvages, contre jour violent, tout y
passe, comme sur cette 308 Groupe IV ou cette Ford GT40 (qui ne me semble pas
authentique non plus).
La 599 GTO n'a pas bougé du weekend. Il arrive dans certains évènements que
quelques voitures fassent ventouse: elles sont engagées, elles sont présentes
mais elles ne bougent pas. Peut être le propriétaire n'a-t-il finalement pas pu
se libérer?
La lumière du soir commence a être sympathique mais le public, désormais admis
librement dans l'enceinte, se fait envahissant.
La Daytona a coté de son héritière, la 599 (désolé pour l'ombre).
Les concurrents continuent d'arriver régulièrement.
Mine de rien, il est déjà 19h00 et j'en ai plein les bottes. Malgré la lumière
favorable, la foule me pousse à stopper là pour aujourd'hui. Je boucle la
journée comme je l'ai débutée, avec Freddie.
L'hôtel est à une trentaine de kilomètres, dont la dernière dizaine en lacets
pour escalader les montagnes. Le GPS me joue un nouveau tour de cochon en
voulant me faire couper un lacet: obéissant, je m'engage sur un chemin
caillouteux dont la pente devient de plus en plus sévère. A trois mètres du
sommet, la voiture crie grâce et refuse d'aller plus haut. Je ne sais pas
pourquoi je me suis obstiné dans cette "montée impossible" mais l'embrayage a du
en prendre un coup car il y avait une vilaine odeur de brulé après cet
"exploit". Et tout ça pour repartir en marche arrière et prendre la route
normale.
Le lendemain matin, je démarre sur le coup des 7 heures, la campagne est encore
calme et embrumée.
A 7h30, je suis à pied d'œuvre, tout est calme.
Freddie a monté la garde toute la nuit.
J'en profite pour immortaliser quelques duos,
A l'intérieur, le problème de lumière est un peu atténué mais pas beaucoup. Les
contrastes restent forts.
Je reviens sur quelques Alfa Romeo
Puis je refais un petit tour des voitures de course.
dont la Cooper Monaco des Gachnang et une March F2
Je m'arrête aussi sur cette Porsche 930 Turbo, abordable,
et cette 2.7 RS, hors de prix.
Cette Bugatti restera en statique.
L'histoire du bus réservé aux médias est assez peu claire et les organisateurs
sont en pleine bourre. Je décide de prendre le funiculaire dont l'accès est
gratuit aujourd'hui. Avant cela, je croise Guillaume, qui m'indique qu'une Audi
R8 est stationnée devant le Casino. J'ai assez d'avance pour faire un détour et
aller voir. Elle est intégralement blanche, y compris la lame latérale, ce qui
est assez inhabituel. Je n'arrive pas à me faire à cette voiture: hormis la
pleine face, je ne trouve aucun angle où elle soit réellement photogénique. Je
n'aime pas du tout ses proportions.
Je me rends à la gare qui est à une dizaine de minutes de marche et grimpe dans
le train qui monte vraiment raide. Dès la première gare intermédiaire, le point
de vue est déjà sympathique.
Arrivé en haut, je croise une seconde 8C, noire cette fois.
Je me retrouve à l'école d'hôtellerie de Caux, là où était passée la Gstaad
Classic l'an dernier. Cette fois, s'agissant d'une montée sur route fermée, tous
les trottoirs sont verrouillés et quadrillés par des commissaires intraitables.
De fait, hormis le départ et l'arrivée, la montée est bien peu accessible aux
spectateurs. Je me retrouve donc sur une terrasse qui surplombe la route à
environ deux cent mètres de l'arrivée.
Les premiers concurrents arrivent,
Problème, la route reste dans l'ombre, ce qui n'est pas très photogénique. Je
dois me rabattre sur des vitesses très basses (1/50) pour donner un peu de
cachet aux images.
Il est urgent de changer de point de vue. En marchant dans l'herbe haute trempée de rosée, je parviens à rejoindre l'épingle précédente et traverse pour me trouver à l'intérieur du virage.
Juste à temps pour l'arrivée des gros bras.
Je ne suis pas encore vraiment satisfait du résultat, et le filé au grand angle
n'est pas évident.
Je me positionne maintenant à l'extérieur du virage, dans une zone autorisée.
Malgré tout le zèle des commissaires, je ne suis pas persuadé qu'il s'agisse de
l'endroit le moins dangereux mais bon.
Voici Hubert Auriol qui pilote une Type E aux couleurs de son sponsor.
La 906, très impressionnante dans ce virage.
Les vénérables Bugatti et Maserati arrivent.
Puis le talkie walkie des commissaires donne l'ordre de prévenir les spectateurs
de l'arrivée de voitures silencieuses. Les Tesla arrivent dans la foulée,
repérables uniquement aux crissements de leurs pneumatiques. Apparemment, les
voitures posent des problèmes de sécurité jusque là inédits.
Les concurrents d'hier sont passés, et c'est avec soulagement que j'entends
qu'une partie des voitures en exposition statique vont faire la montée. C'est
toujours mieux de voir des pièces d'histoire que des Tesla, ou même des 308 GTB.
Voici d'abord une Alfa Romeo GP Tipo B P3 de 1932, une génération prestigieuse
ayant remporté de nombreuses victoires, notamment au bénéfice de la Scuderia
d'Enzo Ferrari.
précède les deux voitures des Gachnang.
La Cooper n'est pas pilotée par Natacha, comme annoncé.
La 6C 3000 CM roule, une bonne surprise,
même si elle bouchonne la Dino 206S.
Voici l'Inaltera. Je vous rappelle qu'en plus du Mans, cette voiture a également
participé à des courses de côte comme Ollon Villars. Sa présence dans cette
épingle n'a donc rien d'un anachronisme.
puis la McLaren M1C, dans le tonnerre de son V8.
devant la Type E dont le réservoir semble se délester d'un peu de trop plein.
La montée est clôturée par cette GTA 1300 junior. Ces derniers passages ont été
assez exaltants, j'en aurais bien voulu plus.
Le déjeuner a lieu à l'école d'hôtellerie, sur la terrasse ombragée. Un plaisir
qui ne se refuse pas.
Je fais ensuite une petite ballade digestive dans l'immense parc qui domine le
lac d'une vue aussi imprenable que spectaculaire. Somptueux!
Cela dit, je n'abuse pas de la beauté du lieu pour repartir vers les voitures
avant qu'elles ne redescendent en convoi pour la seconde montée.
Toutes les autos sont garées en pente. Je profite une nouvelle fois des Ferrari
anciennes, en nombre hélas un peu insuffisant.
M Baresi a une sacrée confiance en laissant ses casques badgés FXX en partant
manger.
Je court-circuite le reste du plateau pour foncer directement à l'endroit où
sont stockés les protos. Etienne s'est renseigné sur la 206S, il s'agit hélas
d'une réplique,
qui serait motorisée par un véritable moteur de 246S. Je trouve tout de même dommage qu'aucun organisateur ne décide, par soucis de transparence, de mettre un "R" à coté des répliques sur la liste des engagés? C'est la peur de froisser les propriétaires? Ce serait tout de même simple et beaucoup plus honnête pour tout le monde, et on saurait ce qu'on voit. J'avoue qu'aujourd'hui, en dehors des concours d'élégance les plus réputés, je ne crois plus guère à ce que je vois. Et je le regrette.
C'est le meilleur moment du weekend:
les modèles les plus rares dans un cadre agréablement photogénique.
Dire que je me suis fait suer à essayer de les prendre sous le marché couvert.
La Cooper Monaco
La 6C CM
La CEGGA Maserati
L'Inaltera
La Lancia Stratos
La P3
Dommage qu'il en manque autant.
Mais bon, franchement j'apprécie le contraste entre ces monstres et le cadre
bucolique.
Et puis il fait un temps superbe, alors difficile de se plaindre. Hein le chien?
J'ai particulièrement insisté sur la Can Am qui est plus rare que rare.
Les concurrents sont rappelés à leur voiture, le départ est imminent. J'essaie
de choisir un endroit sympa. Je trouve un talus qui devrait me permettre d'avoir
de face au zoom une sortie de virage
puis de dos au 55mm une église en arrière plan. Je dois fortement surexposer le dernier cas pour faire ressortir l'auto.
Au début, ça se passe assez bien,
puis les concurrents stoppent devant moi pour attendre la libération de la
chaussée devant eux. Je reprends le grand angle pour faire quelques images
supplémentaires en statique, sans penser à vérifier le réglage. Tout est
surexposé jusqu'à ce que je réalise ma bêtise, et c'est trop tard pour
recommencer, le défilé a repris.
J'arrive tout de même à placer certaines voitures dans un contexte original,
comme l'Inaltera ou la Can Am.
Et je sauve les meubles pour quelques autres.
La Jaguar ferme la marche.
Il est quatorze heures passées. J'estime que j'ai fait un tour quasiment
exhaustif de l'évènement: compte tenu du verrouillage de l'itinéraire, la
seconde montée ne m'apportera pas vraiment de plus value. Quand à la parade en
ville, elle offrirait des photos différentes mais des mêmes voitures. Je décide
donc de prendre le chemin du retour. Il faut déjà affronter la descente en
funiculaire, impressionnante. On ne dépasse pas les 20 km/h mais c'est déjà bien
assez vu l'angle de la pente et le fait que notre vie ne tient qu'à une route
crantée.
Une fois en bas, je rejoins la voiture en passant par les quais. Je mets
automatiquement en joue ce pick-up plein de caractère. Le conducteur s'arrête
gentiment jusqu'à ce que je lui fasse signe. Très sympa.
Je retrouve ensuite la 8C noire qui est exposée au bord du lac, puis entre dans
le parking. C'est fini. Rien qu'en sortant de Montreux, je croise une GranCabrio,
une R8 et une Aston Martin Rapide. La circulation est fluide et me permet
d'arriver chez moi à 18h00, parfait pour profiter un peu des enfants.
En conclusion, je peux dire que le plus dur a été de faire abstraction des
éditions précédentes, qui n'avaient en commun que le nom. Une fois cela fait, il
faut avouer que le Grand Prix de Montreux a été de fort bonne tenue, avec un
plateau varié mais intéressant, des animations très différentes et une
exposition statique soignée, quoi que pas du tout photogénique. A l'inverse, les
montagnes verdoyantes de la région offrent un cadre fantastique pour les images.
Si je devais émettre une réserve, je dirais que le potentiel automobile
extraordinaire de la Suisse aurait du permettre de réunir un plateau de plus
haute tenue. Il va falloir faire marcher un peu plus le carnet d'adresse en vue
d'une éventuelle cinquième édition.
D'ici là, je devrais retrouver les merveilleux alpages Suisses en 2013, lors de
la course de côte d'Ollon Villars le 14 et 15 septembre et lors de la Gstaad
Classic quelques jours avant.
Libre à vous de quitter cette page par ici si vous avez terminé la consultation du site. A bientôt