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La vie d'Arthomobiles

Il y a quand même des choses curieuses: la page du vendredi au Mans Classic vient de dépasser les 2000 consultations uniques alors que la page du samedi se traine encore à 1200, différence que ne justifie pas la semaine d'écart entre les publications. Vacances? Décalage avec l'actualité? Pour essayer de remédier à ce problème, vous trouverez en bas de page un nouveau procédé que je vais essayer de généraliser, y compris rétrospectivement. Cela dit, il est incontestable que le mois d'août est très calme, aussi bien en fréquentation qu'en revenus Adsense. On se rattrapera en septembre.

PS: il suffit que je dise çà pour que la page de Lamborghini à St Moritz enregistre 800 visites en cinq jours suite au passage du lien sur un gros forum VW, s'adjugeant au passage la 5ème place des audiences 2010. Etonnant.

Depuis quelques mois, certains reportages représentent des opportunités idéales pour me documenter et augmenter ma culture automobile, tout en partageant avec vous mes découvertes les plus intéressantes. Vous le savez, mon cœur se trouve plutôt de l'autre coté des Alpes que du Channel. Néanmoins, le shooting d'aujourd'hui est l'occasion rêvée de creuser un peu l'histoire de Lotus, une marque fidèle depuis ses débuts à sa philosophie de légèreté et qui a marqué la légende du sport automobile à travers des modèles et des innovations historiques. En effet, après avoir vendu sa Z3M puis sa 355, Fred a trouvé un très bel exemplaire de Lotus Esprit V8-GT Bi-Turbo. Avant de découvrir les photos de cette séance, je vous propose donc de nous pencher sur l'histoire de Lotus, qui se confond comme souvent avec celle d'un homme charismatique: Colin Chapman.

C'est en 1952 que Colin Chapman fonde la Lotus Engineering Company, à l'âge de 24 ans, après avoir obtenu un diplôme d'ingénieur et effectué son service militaire dans la Royal Air Force. Passionné de course automobile, il tente d'y appliquer les principes de l'aéronautique, principalement au niveau de la légèreté, caractéristique encore emblématique de la marque à ce jour. L'origine du nom Lotus reste obscure (on dit qu'il s'agit du surnom donné par Colin Chapman à son épouse) mais les lettres ACBC qui figurent sur le logo sont les initiales complètes de Anthony Colin Bruce Chapman. Déjà en 1948, l'homme avait construit sa première voiture, la Mark I, sur une base d'Austin Seven, bientôt suivie de la Mk II et de la Mk III, sa première voiture de circuit, qui bénéficiait déjà d'une carrosserie en aluminium. En 1952, la Mk IV s'illustra honorablement en compétition tandis que la Mark V ne vit finalement jamais le jour. En revanche la Mk VI fut la première Lotus basée sur un châssis dessiné par Colin Chapman. Elle devint la première Lotus de série et s'écoula à environ 100 exemplaires en l'espace de 2 ans. Néanmoins, c'est le virus de la course qui anime Chapman et il crée dès 1954 le Team Lotus, dont les Mk VIII connaissent un succès immédiat avec un doublé dans la "Silverstone Sports Car Race". Succès qui amènera rapidement la création des Mk IX et Mk X.

Dès 1957, un peu plus de quatre ans après la création de son entreprise, Chapman reçoit le Ferodo Gold Trophy pour contribution extraordinaire au sport automobile britannique. C'est l'année de l'état de grâce, qui voit également sortir la mythique Seven, voiture utilisable sur route ou en course à un prix raisonnable puisque livrée... en kit. La production continuera jusqu'en 1973, date à laquelle les droits sont cédés à Caterham qui construit toujours des Seven à ce jour! Au Salon de Londres 1957, la Seven est accompagnée de la Type 14, dite Elite, la première Lotus fermée qui possède une coque en fibre de verre et polyester. Light is right. Pour parachever le tout, une Eleven remporte la classe des 750 cm3 et l'indice de performance au Mans. Quelle année!

En 1958, la marque fait ses débuts en Formule 1 avec la Type 12 et obtient une quatrième place à Spa. L'année suivante, l'usine est transférée de Homsey à Chesthunt. En 1960, devant le manque de réussite de ses monoplaces, Chapman décide de développer la Type 18 avec un moteur arrière. Stirling Moss emporte à Monaco la première victoire de Lotus en Formule 1. En voitures de sport, la Type 26, plus connue sous le nom de Elan, est présentée en 1962 et commence une carrière de 11 ans. Elle sera le premier gros succès commercial de Lotus. Sa carrosserie en fibres de verre sur un châssis poutre en acier sera utilisé jusqu'à l'Esprit en 2004. En Formule 1, Lotus gagne 79 Grand Prix, sept titres de Champion du Monde des constructeurs et six titres pilotes entre 63 et 78, plus les 500 miles d'Indianapolis en 1965. L'équipe n'est pas épargnée par les drames. Jim Clark en 1965 puis Jochen Rindt en 1970 se tuent au volant de leur Lotus, ce dernier étant sacré Champion du Monde à titre posthume. La voiture sacrée en 1972 porte une livrée mythique qui changera à jamais le visage de la F1: le noir et l'or de John Player Special, première marque de tabac à sponsoriser la discipline reine.

Le Salon de Paris 1975 marque la présentation de l'Esprit, sur laquelle je reviendrai évidemment un tout petit peu plus bas. En compétition, la Type 79 (JPS Mk IV) est la première F1 à effet de sol et remporte durant la saison 78 les derniers titres mondiaux de la marque. L'année suivante, la Type 80 "wingless wonder" tente de pousser le concept encore plus loin en supprimant les ailerons mais sans succès. 

En 1982, Lotus perd son fondateur, victime d'un crise cardiaque à l'âge de 54 ans, alors qu'un scandale financier autour de la construction de la De Lorean DMC-12 s'apprêtait à éclater. Chapman avait accepté de revoir entièrement la conception de la De Lorean qui s'avérait un échec total. Grâce au savoir faire de Lotus, la voiture de "Retour Vers le Futur" réussit à passer les tests d'homologation. Pour cette mission, le gouvernement Britannique, qui finançait l'aventure à condition que la voiture soit produite dans une usine de Belfast, verse à Lotus 15 millions de livres sterling qui s'évaporent dans une société basée au Panama. La DMC-12 est un échec commercial malgré près de 10 000 voitures produites en deux ans: fin 1982, la DeLorean Motor Company fait faillite et John DeLorean est arrêté pour une affaire de trafic de drogue dont il sera finalement acquitté. Chapman disparu, c'est le directeur financier de Lotus, Fred, Bushell, devenu président par intérim qui doit rendre des comptes. En 1992, il plaide coupable de fraude et est condamné à quatre ans de prison. S'il avait vécu, Colin Chapman aurait certainement connu un destin similaire. Dans son autobiographie, Jabby Crombac avoue sans détour que sans la disparition de son fondateur, Lotus aurait probablement été rapidement mis en faillite.

L'esprit d'innovation du patron perdure en 1983 avec le lancement d'une suspension active qui conserve l'assiette de la voiture dans les virages, freinages ou accélérations. Le système est testé sur la Type 92 par Nigel Mansell. Dans le même temps, suite aux déboires De Lorean, Toyota s'empare de 16.5 puis de 21.5% du capital. Un certain Ayrton Senna débute sa carrière sur la Type 97T. En 1986, General Motors acquiert 100% des actions du groupe Lotus Cars. L'écurie de course conserve son indépendance jusqu'à sa disparition en 1994. En 1995, la 50 000ème Lotus sort des chaines, une Elan Série 2. Entre temps, Lotus Cars a été revendu en 1993 à ACBN Holdings qui détient alors également Bugatti, puis passe sous le contrôle du groupe Malais Proton en 1996 auquel la marque appartient encore à ce jour, ce qui est tout à leur honneur. En revanche, en 2010, une polémique agite le microcosme Lotus quand une nouvelle écurie de Formule 1 revendique le nom prestigieux de Lotus.

Après l'arrêt fin 1994, les droits de l'équipe Lotus sont achetés par David Hunt, le frère de l'ancien champion de Formule 1 James Hunt. En 2009, la FIA lance un appel d'offres pour accueillir de nouvelles équipes à compter de 2010. Litespeed présente sa candidature sous le nom de Litespeed Lotus. Lotus Cars, la société mère du Team Lotus d'origine, prend alors a ses distances avec cette candidature et annonce sa volonté de prendre des mesures pour protéger son nom et sa réputation si nécessaire. Le 12 juin 2009, la liste des équipes pressenties pour 2010 entrée est diffusée et la candidature de Litespeed Lotus n'est pas retenue. En septembre 2009, suite au retrait de BMW, le gouvernement malaisien décide d'inscrire une équipe dénommée Lotus F1 Racing afin de promouvoir le constructeur automobile national Proton. Le 15 septembre 2009, la FIA annonce que Lotus F1 Racing, qui n'a donc aucune connexion avec l'écurie automobile originelle britannique, a obtenu son inscription pour disputer le championnat du monde de Formule 1 2010 sous le nom Malaysia F1 Team Lotus. Le 12 février 2010, l'écurie est rebaptisée Lotus Racing et la Lotus T 127 est présentée à la presse : son moteur est un V8 Cosworth. L'écurie reçoit toutefois le soutien de Clive Chapman, fils de Colin. Lotus Racing ne s'y trompe pas et vient de revendiquer le 500ème départ en F1 du nom prestigieux. Comment refuser pareil héritage? Bien sûr, la quatre vingtième victoire de Lotus en F1 semble encore bien loin.

Mais revenons à l'Esprit qui est la voiture qui nous occupe aujourd'hui. Ne vous inquiétez pas, les photos arrivent bientôt. L'Esprit Série I est présentée au Salon de Paris 1975, dessinée par Giorgietto Giugiaro pour le compte d'Ital Design. Il s'agit d'une biplace avec moteur arrière construite sur le traditionnel châssis poutre acier et dotée d'une carrosserie en polyester stratifié. La cylindrée est de deux litres et la puissance de 160 chevaux. La voiture aura les honneurs d'une James Bond "L'espion qui m'aimait", où elle est entre autre vue surgir de la mer en mode amphibie (!). Dès 1978 sort la Série II qui corrige les défauts de jeunesse de la Série I qui en avait bien besoin. En 1981, la S3 est présentée avec l'introduction du premier moteur Lotus turbocompressé. L'Esprit sera proposée en version Turbo de 215 chevaux et atmosphérique de 172 chevaux, la seconde bénéficiant des évolutions de châssis et esthétiques de la première. En 1987, la ligne s'arrondit quelque peu sous le coup de crayon de Peter Stevens (designer de la McLaren F1) avant d'être de nouveau revisitée par Julian Thompson en 1993 pour la version S4. En 1996, la Lotus Esprit reçoit enfin le V8 pour laquelle elle a été conçue initialement. Le moteur bi-turbo de 3.5 litres développe 350 chevaux. La production se poursuit jusqu'en 2004, faisant de l'Esprit fut l'une des voitures de sport les plus longtemps fabriquées de l'histoire: 28 ans. Les chiffres de production sont les suivants: 10682 exemplaires au total, dont 2919 en 4 cylindres atmosphérique, 6267 en 4 cylindres Turbo et 1496 en V8.

Bien évidemment la carrière de l'Esprit a été jalonnée de très nombreuses séries limitées (Essex, Turbo SE, GT3, Sport 350...). C'est l'une d'elles qui nous intéresse ici puisque voici un magnifique exemplaire de V8-GT. Le moteur est inchangé mais l’air conditionné, l’équipement stéréo, le cuir et l’aileron arrière ne font plus partie de l’équipement de série afin de réaliser un gain de 40 kilos. Cela dit, il y a des exceptions puisque celle ci dispose de toutes ces options. La production de la V8-GT entre 1999 et 2001 s'est limitée à 204 exemplaires et il y en a deux en ce moment à Besançon, que vous pouvez admirer sur la page de notre dernière ballade. Dans la foulée de cette promenade, Fred a vendu la Lotus pour revenir à sa passion première: une magnifique Ferrari 355 berlinetta. Et là, c'est le drame car nous n'avons même pas eu le temps de faire une séance photo digne de ce nom. Heureusement, le courtier qui a repris la voiture est compréhensif et nous avons la possibilité de la ressortir pour l'immortaliser. Le tout est bien sûr de trouver le temps. Pour moi, pas de soucis, je suis en vacances. Pour Fred, c'est un peu plus compliqué mais nous nous sommes fixés pour objectif de faire la séance cette semaine. Les prévisions météo précipitent les choses, nous décidant pour le lundi. Finalement, Fred se libère dès quinze heures, ce qui m'arrange plutôt. Je sais qu'il est fan d'une tête graffée que j'avais utilisée lors du shooting de la 430 Scuderia, donc je lui propose de nous retrouver sur le même spot, une vieille usine désaffectée. Je m'excuse d'ores et déjà auprès de mes lecteurs qui préfèreraient l'ambiance golf - relais châteaux mais Fred et moi apprécions ce genre d'atmosphère. Peut être un jour!

J'arrive sur les lieux le premier et me mets en position pour photographier l'arrivée de la belle. La voilà, pile à l'heure.

       

Avec un exceptionnel sens de l'à-propos, Fred file directement mettre la voiture à l'endroit stratégique.

En effet, alors que je marche pour le rejoindre, je suis intercepté par une commission de sécurité de la mairie qui attire mon attention sur un arrêté d'interdiction de pénétrer dans la partie qui nous intéresse. Dire que j'ai fait des pieds et des mains il y a 18 mois pour avoir des autorisations en bonne et due forme pour le shoot de la Scuderia. En tout cas, rien à faire, le site est "trop dangereux". Fred négocie pour faire trois photos le temps de récupérer la voiture; il avait bien senti le coup. J'arrache donc quelques photos rapides avant de battre en retraite. La végétation a pas mal poussé depuis un an.

       

En ressortant du "corridor de la mort", nous nous arrêtons quelques secondes devant ce cube haut en couleurs.

       

Le "big fail" quand on fait un shooting d'une voiture à phares escamotables: oublier de les faire monter. Ouf, c'est bon.

       

Au moins, nous pouvons rester dans la cour principale qui a elle aussi du cachet.

Entrons dans le vif du sujet. Il y aura forcément des photos qui se ressemblent un peu, faites votre choix.

       

J'essaie de varier les hauteurs de prise de vue,

       

et de passer du zoom au grand angle.

Puis on change de coté, Fred sait maintenant automatiquement orienter les roues dans le bon sens, un vrai pro. Moi, moins pro. Sur la photo de gauche, j'aurais du faire reculer la voiture pour l'avoir intégralement sous le tag mais j'ai toujours le sentiment de travailler un peu dans l'urgence, même quand le propriétaire ne mets pas la pression comme aujourd'hui. Je ne sais pas pourquoi.

       

Ca fait 20 ans que Rhône-Poulenc a fermé le site, ce qui explique l'état pitoyable de l'enseigne.

       

Bon, est il nécessaire de préciser que je préfère les latines aux anglaises? Cela dit, cette combinaison jaune / titane est particulièrement seyante.

       

Si le profil très plat et effilé me plait assez, l'avant est de mon point de vue un peu plus fade. Mais dans cette livrée, çà passe tout seul.

       

C'est l'heure de l'opération portes ouvertes,

       

       

pour passer aux prises de vues intérieures. Le compteur n'a peur de rien: 300 km/h.

       

Le sens du détail s'affirme par endroits

alors qu'à d'autres, on est vraiment dans la récupération de pièces de grandes séries.

Par contre, le levier de vitesse, c'est la classe.

       

Et voici le bloc moteur central arrière, une fois le cache enlevé.

La voiture est strictement conforme à l'origine, avec même la mallette à outils livrée à l'époque. Quasiment un état concours. 

Pour un site industriel, on savait aussi privilégier l'esthétique à la fin du XIXème siècle, ce n'était pas les cubes de tôle de maintenant.

       

Cette annexe de briques rouges n'est pas mal non plus.

       

Pour terminer, nous profitons de rails aujourd'hui inutiles pour donner un peu de perspective.

       

       

Je n'avais pas réalisé que j'avais fait autant d'infimes variations: 40mm, 70mm et 97mm.

       

Ce site est vraiment très photogénique (pour moi). Voyez cette passerelle à l'arrière plan. J'aime vraiment beaucoup venir ici. Ca fait des années que l'on entend parler de sa démolition mais il tient bon. Espérons que çà va durer.

Arrivé avec un peu d'avance, j'avais repéré un autre spot à une centaine de mètres, en plan B. Nous y allons avant de nous séparer mais une fois sur place, je réalise qu'il fait bien pâle figure par rapport à celui que nous venons de quitter. Son seul intérêt finalement est une rampe qui me permet de prendre un peu de hauteur.

       

Après une heure de shoot, il est temps de dire adieu à la Lotus, définitivement. Farewell, yellow one, benvenuto rossa, a presto!

Un grand merci à Fred, encore une fois, pour avoir sorti la voiture de sa réserve et pour avoir pris de son temps pour permettre cette séance en semaine. C'est vraiment génial d'avoir une personne aussi disponible, volontaire, enthousiaste et qui ne manque jamais de suggestions pour des idées originales. Pour la semaine prochaine, je pense avoir mis la main dans un nid de scorpions !

Cette page comporte deux innovations sur lesquelles je serais ravi d'avoir vos réflexions estivales. La première est l'historique de la marque en préambule du shooting. J'ai bien conscience que c'est un peu lourd mais les marques mythiques ont souvent une histoire chargée et je me vois mal mettre çà en bas de page. Dites moi si çà vous a plu. Ensuite, je vais tenter de généraliser un petit bandeau en bas de chaque page qui renverra vers d'autres pages plus anciennes mais traitant de sujets proches, si vous voulez approfondir, découvrir ou vous remettre en mémoire certains évènements. N'hésitez pas à donner votre avis, çà devrait ressembler à çà: 

La BMW Z3M Coupé

La Ferrari 355 berlinetta

Le shooting de référence: Ferrari 430 Scuderia

et les impressions du passager

Libre à vous de quitter cette page par ici si vous avez terminé la consultation du site. A bientôt


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