Les lecteurs les plus assidus parmi vous n'auront pas manqué de remarquer une petite lassitude de ma part après les Mille Miglia. Trop de kilomètres, beaucoup de fatigue, il m'a fallu quinze jours pour me débarrasser du coup de froid de Maranello. Si on ajoute à çà quelques inquiétudes au plan personnel (aujourd'hui résolues), j'ai préféré renoncer à Sport et Collection et aux 24 Heures du Mans, même si j'avoue une frustration assez forte en regardant à la TV la course passionnante de cette année. Car rassurez vous, après un mois de sevrage, j'étais impatient de retrouver carrosseries rutilantes et moteurs rugissants.
Le seul avantage des longs raids vers Maranello, Cernobbio et autres, c'est que quand un évènement a lieu à 200 kilomètres de chez soi, c'est quasiment comme si c'était au fond du jardin. C'est le cas du premier Rallye Germania qui démarre d'Allemagne pour prendre la direction de l'Autriche. Réservé aux supercars, le Rallye part de la Forêt Noire pour rejoindre Salzburg et le circuit du Salzburgring en deux journées de route. Le départ est donné de l'Adler Parkhotel d'Hinterzarten. C'est là que j'ai prévu de venir voir les concurrents. Je rentrerai ensuite à la maison en début d'après midi car leur itinéraire est exactement opposé à ma route de retour. Le site internet annonçait une limite à 100 voitures mais un contact avec l'organisation me laisse entendre qu'il y en aura beaucoup moins car ils sélectionnent les voitures les plus prestigieuses. Des rumeurs de Zonda et de Koenigsegg se font néanmoins entendre çà et là.
Suivant ma politique habituelle, je me lève à 4h30 et prend immédiatement la route (je n'ai pas dit que c'était facile). Il pleut et la radio parle d'orages mais une fois en Allemagne, le ciel reste gris mais sec. Je me gare à proximité de l'Hôtel vers 7h00, mon œil immédiatement attiré par la Porsche Carrera GT et la Ferrari F40 garées devant. Au moins, il y a déjà de la matière, pas la peine d'attendre. J'enlève les filtres polarisants pour compenser le manque de lumière et je me mets au travail.
Le Rallye a même sa bannière, fichée dans un cadre plutôt agréable.
Une pensée pour les amateurs de Bentley. Pour moi, ces modèles se ressemblent tous mais il y a apparemment des séries spéciales plus rares que d'autres.
Sous les arbres, les reflets sont tout de même importants, je décide donc de remettre les filtres, même si çà doit me coûter un peu de vitesse. Je n'ai même pas pensé à sortir le trépied: il faut dire que çà fait un moment que je ne m'en suis pas servi, alors qu'il ne quitte jamais le coffre de la voiture.
L'Hôtel n'est pas très grand et a beaucoup de charme. D'un point de vue purement photogénique, dommage tout de même que l'une des façades soit en réfection juste en ce moment: les photos auraient été plus réussies sans les échafaudages.
Je joue un peu avec les différents ornements qui égaient les pelouses.
Des deux supercars, c'est bien sûr la F40 qui retient le plus mon attention, mais nous y reviendrons.
Vers 7h30, l'un des organisateurs sort de l'Hôtel et me propose de l'accompagner dans le parking souterrain: il doit aller faire le plein de sa Ferrari 348. Cette fois par contre, je saute sur mon trépied. J'y trouve la Bugatti Veyron et la 360 Novitec promises. Je connais déjà ces deux voitures qui ont participé aux derniers Rallyes de Paris, la première en 2009, la seconde cette année.
Se trouve également garées là une Ferrari 458 Italia, des Aston Martin DBS, DB9 et V12 Vantage mais honnêtement le cadre n'est vraiment pas génial, même selon les standards des parkings souterrains.
Avant de remonter, j'ai cependant une idée. Un de mes photographes préférés, Webb Bland, avait fait une photo de lui et d'une Bugatti Veyron dans un parking souterrain. Je n'ai plus exactement l'image en tête mais l'occasion est bonne de s'en inspirer. Je mets donc le déclencheur en mode retardateur avant de tâtonner pour trouver la bonne place et rester immobile en prenant l'air le plus concentré possible. Le résultat n'est pas si mal, même si l'éclairage de la voiture est très insuffisant. Certains diront que l'autoportrait est plus réussi quand le sujet est de face mais je ne souffre pas de ce genre d'égocentrisme: ma place préférée est derrière l'objectif, surtout pas devant.
Je ressors du parking, fais une pause rapide devant une néo-Camaro
avant de repartir m'occuper de la F40.
C'est vraiment une chance d'avoir ce genre de modèle pour soi seul.
J'ai tout le temps pour les désormais traditionnels cadrages au ras du sol.
Alors, laquelle pour vous?
La 348 ts revient, ce qui va donner le signal de la mise en place progressive des participants.
Voici une Lamborghini Gallardo qui n'était pas dans le parking. Une voiture jaune est de toutes façons toujours une bonne surprise.
Le line-up prend forme.
c'est le moment de jouer un peu.
Un dernier tour vers la Carrera GT (sur les deux heures et quelques que j'ai passé sur place, n'oubliez pas que je suis resté plus de la moitié du temps seul avec la GT et la F40, ce qui explique les proportions des images)
Trois membres du forum EAP (Emotion Auto Prestige) ont fait le déplacement en M3 pour couvrir l'évènement, dont Eddy que je croise assez régulièrement au fil des évènements. Il n'apporte pas de très bonnes nouvelles: la batterie de la Koenigsegg est morte et le remplacement semble imposer une dépose du moteur (!!), le propriétaire de la Zonda vient d'être hospitalisé et une SLR n'est pas sortie de carrosserie après un accrochage. Ces voitures sont apparemment stockées chez Auto Salon Singen, un célèbre vendeur de voitures dont le showroom est l'un des mieux achalandé d'Europe.
Les voitures sortent du parking dont cette Aston Martin DB9 Volante et cette Bentley Continental GTC Speed.
Puis cette V12 Vantage
La Veyron va sortir. Eddy s'invite en passager, je me poste à la sortie du parking.
Les voitures empruntent un chemin qui contourne l'hôtel et mène juste derrière la F40.
La Novitec suit, couvrant l'éventuel bruit de la Bugatti dans un concert d'échappements.
Pour l'instant la Veyron est prise d'assaut (par moins d'une dizaine de personnes mais dans cet espace étroit...). Je me contente donc des détails en attendant qu'elle se libère.
Il est temps de charger les bagages dans la F40. Pas trop quand même, l'espace est compté.
Les arrivées se succèdent de plus en plus rapidement. Ferrari 599 HGTE, Aston Martin DBS
Ferrari 458 Italia
Au moins pendant que tout le monde tourne autour de la Veyron, la voie est libre autour des autres.
Ah voilà! Ca va mieux.
D'un seul coup vers 09h30, l'ambiance devient électrique, les moteurs s'ébrouent. Le départ est proche. J'ai fait une photo de la première page du roadbook pour essayer d'aller attendre les voitures à quelques kilomètres du départ. J'ai peur que la F40 ouvre la route, ce qui explique que je ne parte pas dans la foulée du premier concurrent. La F40 et la V12 Vantage sont positionnées pour partir en tête.
Les voitures commencent à bouger.
Un break Mercedes estampillé Presse démarre. Je me précipite pour la suivre. A la sortie du village, la voiture prend une bretelle alors que le roadbook semble indiquer tout droit. Des panneaux de direction jaunes laissent penser à une déviation. Me voilà déjà désorienté. Je décide de patienter un peu ici mais l'échec ou la réussite tiennent souvent à peu de choses: je me suis garé en warning à l'intérieur de la bretelle et tout le monde passe quasiment à l'arrêt à coté de ma voiture, anticipant je ne sais quoi (alors que je ne gêne absolument pas). Je repars dans la direction prise par la Mercedes pour trouver un autre spot. Je m'arrête vers un pont. Vingt minutes plus tard, je n'ai rien vu passer d'autre que cette affreuse 300C Limousine. Je dois me rendre à l'évidence: je me suis planté.
Vers 10h15, il est déjà temps de prendre le chemin du retour. Je pourrais aller à Auto Singen, passer chez Affolter à Porrentruy... mais j'ai promis un retour pour 14h00 dernier délai. En revanche, la concession Ferrari de Mulhouse est le long de l'autoroute qui me ramène chez moi. Mais d'abord, faisons une aparté: à la minute où j'écris ces lignes, les 24 Heures du Mans viennent de s'achever sur un triomphe d'Audi. Et même si du temps aura passé quand vous lirez ces lignes (et peut être beaucoup), j'aimerais en dire quelques mots. En regardant le palmarès des dix dernières années, l'amateur négligeant que je fus lors des grandes années Porsche pensera qu'avec neuf victoires, Audi a tué le spectacle aux 24 Heures. Rien n'est plus faux: cette année, je suis resté hypnotisé devant les live feeds de la course et j'ai été scotché par les rebondissements (la malédiction des voitures menant leur catégories) et par le duel au corps à corps qui laisse des voitures à moins de deux tours d'écart au bout de 20 heures de sprint. J'ai été ému par les larmes d'Olivier Quesnel et d'Hugues de Chaunac quand tous leurs efforts sont partis en fumée et impressionné par celles du Dr Ulrich contemplant son triplé, lui qui a déjà tout gagné, et plusieurs fois. Les 24 Heures du Mans sont tout sauf une course ennuyeuse et elles méritent leur statut mythique. Décidément, il va vraiment falloir que j'aille voir tout çà de mes yeux. Tiens, juste pour ne plus entendre les idioties de Gérard Holtz, çà vaut le coup.
En attendant, j'arrive chez Modena Motors vers 11h00. Garées sur le parking de la concession se trouvent une Maserati Granturismo S blanche et une 612 Scaglietti One to One dans sa plus belle déclinaison: jantes challenge et rétros chromés: elles sont toutes les deux magnifiques.
Mais c'est à l'intérieur que se trouve la principale attraction: une Ferrari 599 GTO noire. Elle ne doit pas être là depuis très longtemps je pense. C'est la première que je vais pouvoir détailler à l'arrêt. La personne présente me donne gentiment l'autorisation de photographier et comme vous allez le voir, je ne me suis pas privé.
Par rapport à une 599 normale, on peut noter de nombreuses retouches cosmétiques, discrètes mais efficaces pour donner davantage d'agressivité à la ligne de la GT
Il y a bien une lame en carbone à l'avant, très discrète et qui risque de souffrir un peu vu la garde au sol. Nul doute que Ferrari a prévu le coup et que son remplacement coûte une petite fortune.
La seule petite difficulté d'adaptation que j'éprouve pour adorer ce modèle est le nouveau bossage du capot, un poil too much à mon goût.
Ah si, et le sigle n'est pas des plus réussi. Il s'agit d'une réactualisation du sigle de la 288 GTO avec le filigrane noir à l'intérieur des lettres mais... enfin bon. C'est un détail.
Les jantes sont vraiment très fines et cette teinte anthracite est celle qui me plait le plus.
En découvrant la 599XX, j'étais loin de me douter que les fameux wheel donuts qui améliorent le refroidissement des freins et le flux d'air le long de la voiture feraient si rapidement leur apparition sur un modèle de série. Sur ce coup là, chapeau Ferrari.
Le toit mat est une belle idée, quelque peu neutralisée ici par la teinte foncée de la voiture. Je trouve que c'est dommage pour un modèle aussi extravagant de prendre une teinte aussi sombre mais c'est le propriétaire qui décide. Nombre d'entre eux choisissent d'ailleurs des teintes sombres pour être plus discrets et pouvoir utiliser leur Ferrari plus facilement mais dans le cas de la GTO, je pense que toute velléité de discrétion est vouée à l'échec, ne serait qu'au niveau de l'échappement.
Je ne fais pas le tour du showroom, les larges baies vitrées rendant la plupart des photos inutiles hormis pour les archives. Je m'attarde juste sur cette LP640 full black.
Avant de sortir pour assister au départ de cette California qui sera la dernière prise de la journée.
Je repars ensuite tranquillement pour être à la maison à 13h30. Au niveau du bilan: c'est sûr que le plateau du Rallye Germania était tout de même assez réduit. Cependant, je tiens à préciser que les contacts que j'ai eu avec les organisateurs étaient très sympathiques et qu'ils m'ont précisé par mail et par téléphone que le plateau serait maigre et que certaines voitures étaient sous réserve. C'est donc en toute connaissance de cause que j'ai fait le déplacement et honnêtement, pour une matinée, je trouve que je me suis déjà bien fait plaisir. La GTO était évidemment la cerise sur le gâteau. Je suis prêt à remettre çà l'an prochain si ce n'est pas en même temps que Le Mans.
Pour la suite, un gros déplacement la semaine prochaine puisque je vais faire l'aller et retour à St Moritz dans la journée pour assister à un gros rassemblement Lamborghini, avec de vraies Reventon dedans (soi disant). Et çà commence à me démanger d'aller voir les nouveaux locaux de Modena Cars à Plan les Ouates à coté de Genève.
La Bugatti Veyron en piste à Dijon | La première sortie de la 599 GTO | |
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