Le Mans Classic est un évènement éprouvant à vivre mais ça ne dure que trois jours. La rédaction des reportages est par contre beaucoup plus longue et exigeante. Du coup j'ai été vraiment très content de prendre des vacances d'Arthomobiles en août. J'ai peut être d'ailleurs un peu exagéré car je suis arrivé en septembre sans avoir rien préparé. Je me suis rattrapé aux branches pour Grand Basel mais je suis passé à coté du Supercars Owners Circle à Andermatt (à mon grand regret), du Goodwood Revival (je n'y serais pas allé de toute manière), des Dix Mille Tours (dont le nouveau positionnement n'est pas idéal), du Rallye de Montreux et du premier Rallye des Légendes. Je n'ai pas fait de démarches non plus vis à vis du cinquantième anniversaire du Club Ferrari France.
Comme il y a dix ans
(dix ans!!!), le club a décidé de fêter son anniversaire en Bourgogne, avec un
parcours sur la route des vins et deux jours de roulage sur circuit. Au vu de
mon fil Instagram, le bon plan aurait été de les rejoindre vendredi à Savigny
les Beaune où ils ont fait un arrêt au château, apparemment sans trop de
contraintes d'accès. C'était malheureusement incompatible avec mon emploi du
temps professionnel. Le samedi, le circuit de Prenois sera transformé en bunker
mais je décide tout de même d'aller faire un tour sur la route d'accès pour voir
arriver les voitures. Je propose à Alexandre de m'accompagner, ce qu'il accepte
volontiers. Du coup, j'ai une assez grosse contrainte horaire: il est convoqué
au foot à 13h00 et je dois passer faire une course au centre de Dijon avant de
rentrer donc il faudra décoller vers 10h00 du circuit, dernier délai. Ca devrait
suffire.
Pour être sûr de ne rien louper, j'ai mis le réveil à 6h00, ça pique! A 7h20,
nous voilà stationnés au bord de la seule route d'accès à l'entrée du circuit.
En plus de piquer, ça pince un peu. Nous ne restons pas seuls très longtemps
alors que les premiers spotteurs acharnés arrivent. Surprise, je les connais
tous! Et voici la première voiture, et non des moindres: une Daytona Spyder.
et deux 599 GTO! Ca commence bien.
J'ai d'excellents souvenirs dans cette voiture et elle est toujours aussi impressionnante! Sublime même.
Je m'attendais davantage à assister à un défilé de la gamme récente, et c'est ce qui va se passer, fort logiquement. Une 360, suivie d'une 328 GTS
Une 458 Speciale, très belle en jaune
On bouge un peu, pour profiter de la lumière rasante du soleil matinal, avec d'abord cette GTC4 Lusso.
Une 488 GTB, devant une autre Speciale
Une F430
Une 348tb
Une autre 512 TR, et une Testarossa!
Deux F12
suivies de deux 458 Spyder
Une 488
Une F12 à bande
Encore une 512 TR!
Deux Challenge Stradale
et une 612 avec les bonnes jantes: celle de la Stradale justement
Une Scuderia qui complète, hors Pista, la lignée des V8 survitaminées
tandis que cette 456 et cette 812 ne sont pas loin de compléter les V12
La plus belle des berlinettes, pour toujours
et une 599.
Franchement c'est très agréable de voir toutes ces générations se présenter une par une devant nous. Bien mieux que des les trouver alignées par dizaines sur le parking de Ferrari Days par exemple (même si ça a d'autres avantages en terme de variété).
Cette 550 Barchetta et cette 575 complètent les V12 modernes.
Et un plus ancien en la personne de cette Daytona.
Je bouge un peu pour faire des profils, histoire de changer.
Et voilà une rafale d'anciennes. Enfin pas trop modernes en tout cas.
A un moment donné, le directeur du circuit me reconnait, s'arrête vers moi et me propose très gentiment de me laisser accéder à l'enceinte. Mince, ça bouleverse un peu mes plans. De large coté timing, je me retrouve à l'étroit.
Je reste encore un peu ici car je vois arriver cette sublime F12 tdf. Ferrari a vraiment le don de sublimer ses modèles de série.
Elle est suivie de cette 275 NART, qui est en réalité basée sur une 330 GT 2+2!
Alexandre prend ses photos tranquille dans son coin.
Allez, encore cette Portofino et cette 355 et il va falloir y aller.
Alors que nous attendons que le gardien confirme notre accès, voici une 275 GTB et une autre barchetta
Nous voici donc à l'intérieur, comme par miracle. Les Dino et les Daytona sont rassemblées.
Deux voitures appartenant à Peter Mann sont exposées, dans leur habituelle livrée bleu Tour de France.
Nous faisons le tour du parking, qui est assez spectaculaire.
Ah, voici une voiture que j'avais très envie de voir depuis longtemps!
Je suis très heureux de rencontrer cette 488 GTB Tailor Made qui rend hommage à la 308 Groupe IV Pioneer d'Andruet.
Je suis très fan aussi de cette 599 GTO grise que je vois arriver. Hélas, j'ai complètement oublié de retourner la voir sur le parking. J'aime beaucoup ce gris souris non métallisé.
Une belle surprise que cette 250 Tdf. Je n'avais encore jamais croisé le châssis 0973GT, une voiture qui a terminé septième du Tour de France 1958 et a brillé à Montlhéry. Dans les années 60, elle a appartenu à Jess Pourret. Et depuis 10 ans, elle est chez l'un des plus grands collectionneurs français de Ferrari de course, qui l'a réunie avec son moteur original, dont elle était séparée depuis 1971. Je n'aurais jamais pensé repartir avec un nouveau châssis aujourd'hui.
Le fameux collectionneur dont je parlais juste au dessus a amené bien d'autres merveilles, dont trois BB LM
et cette magnifique 312 PB, châssis 0886.
Nous passons sur la pitlane, où les pistardes sont nombreuses.
Plusieurs 488 Challenge
Ah, la fameuse 308 qui a inspiré la 488 Tailor Made ci-dessus.
Là on attaque du très très lourd avec deux 458 GTC: le châssis 2824, une voiture qui a couru en GT Open et en ELMS
et 2874, une vraie AF Corse qui a couru deux fois les 24 Heures du Mans.
Et aussi une GT3, châssis 4272.
Bon, hélas il va déjà falloir qu'on y aille, et ce n'est pas de gaieté de cœur car les voitures continuent à arriver
et pas n'importe lesquelles.
Je ne m'attendais pas à grand chose en anciennes donc je suis agréablement surpris, bien que le plateau reste assez maigre.
12851 est tout de même le prototype des 365 GTS/4, la première des 121 construites et la voiture présentée à Francfort en 1969. L'élite de l'élite donc.
Surprise aussi de retrouver 12467, la Daytona convertie à la demande du NART qui est un peu la mère des Groupe IV, sa cinquième place au Mans en 1971 ayant prouvé la validité du concept à la Casa di Maranello.
Il est seulement 10h00 mais je dois couper court, sans quoi on va être en retard, mais c'est la mort dans l'âme Je serais bien resté plus longtemps mais je me suis engagé à ce qu'Alexandre soit dans l'équipe cet après midi et une parole est une parole.
Je rate beaucoup de choses, comme
la 312 PB en piste, mais c'est déjà beaucoup mieux que ce pour quoi j'étais
parti ce matin. Je n'ai fait que des photos affreuses mais j'étais assez
préoccupé par Alexandre: c'était sa première fois dans un paddock et une pitlane
et il n'a pas l'habitude d'avoir des yeux et des oreilles partout. J'ai donc
gardé en permanence un œil sur lui plutôt que dans le viseur. En quittant le
circuit, nous croisons deux F40. Comme d'habitude, l'effet de cette voiture sur
la route est juste incroyable.
Ce reportage consacré entièrement à Ferrari est aussi l'occasion de parler des
tous nouveaux modèles présentés par la marque le 18 septembre, car je ne serai
pas au Mondial pour les couvrir. C'est à Maranello que Ferrari a dévoilé les
Monza SP1 et SP2, des voitures qui sont intéressantes à plus d'un titre.
Les deux voitures reprennent les codes des barquettes de course des années 50,
et en particulier de la 750 Monza.
La SP1 est la version monoplace, la SP2 est la biplace, tout simplement. Elles
sont toutes les deux motorisées par un V12 6.5 litres atmosphérique de 810
chevaux qui devrait les amener à 200 km/h en moins de 8 secondes. Conjugué à
l'absence de toit mais aussi de pare-brise, les sensations devraient être
garanties. L'aéro a été particulièrement étudiée, avec notamment un "pare-brise
virtuel" breveté intégré au carénage au dessus du tableau de bord et du volant
pour dévier les flux d'air et préserver le confort du... pilote.
Même si internet a immédiatement crié au plagiat de la SLR Stirling Moss (ce qui
prouve le manque criant d'ophtalmos en France), je dois dire que j'ai un bon
à-priori sur ces Monza. Je ne peux pas décemment me plaindre continuellement des
designs torturés de toutes les voitures de sport actuelles et faire la fine
bouche devant des lignes aussi épurées. Logiquement, je devrais pouvoir vous les
montrer lors des Finali Mondiali qui se tiendront début novembre à... Monza (tadaaa!)
Les Monza sont significatives à un autre titre: elles inaugurent un nouveau
concept de séries spéciales en édition limitée, baptisée Icona. Ferrari continue
à segmenter sa clientèle et a flatter sa clientèle ultra-VIP. Les détails de la
production de la Monza n'ont pas encore été dévoilés mais il est question de 100
à 250 exemplaires pour chacune, pour un prix supérieur à un million d'euros.
Ce n'est pas du tout un hasard que ces deux modèles aient été présentés lors du
Capital Market's Day, une journée consacrée aux analystes et investisseurs. Le
nouveau directeur général de Ferrari, Louis Camilleri, en a dit plus sur les
projets de la marque. Pour les actionnaires, ils sont simples: doubler les
profits d'ici 2022. Je ne peux pas dire que j'étais un grand fan de Sergio
Marchionne, qui a livré Ferrari aux lois du pur capitalisme et a parfois tenu un
double langage. Cependant, il était un pur produit de l'industrie automobile et
j'ai peur de finir par le regretter. Son remplaçant a dirigé Kraft Food puis
Philip Morris. Ca n'empêche pas la passion évidemment mais on peut penser qu'il
est là avant tout pour augmenter les profits, ce que confirme son discours:
Ferrari devrait lancer 15 nouveaux modèles d'ici 2020 (oui, dans deux ans!),
avec l'arrivée du Purosangue (une grosse voiture qui n'est pas un SUV) d'ici
2022, date à laquelle la plupart des voitures de la marque devraient être
hybrides. Un bonheur pour les fans avides de nouveautés? L'avenir proche nous le
dira.
Je vais quand même faire une entorse à ce que je viens dire plus haut en parlant de Porsche. Plus je traine pour écrire ce reportage, plus la planète automobile se secoue et la marque de Stuttgart vient de dévoiler lors de la Rennsport Reunion de Laguna Seca un modèle tout à fait inattendu. Pour célébrer ses 70 ans, Porsche a créé cette réinterprétation de la 935/78 "Moby Dick", dont seulement 77 exemplaires seront proposés à un prix supérieur à 700 000 euros hors taxe.
La voiture ne sera pas homologuée pour un usage routier. Ses 700 chevaux ne pourront donc être exploités que sur piste. La base est la GT2 RS, avec une carrosserie en carbone mais le poids est tout de même de 1380 kilos. J'adore le geste, et le soucis du détail: long tail, pneus à flancs hauts... pour moi c'est juste dommage d'avoir remplacé les grosses optiques rondes à l'avant par des bandeaux leds mais j'adore le reste.
Cela dit, il faut bien reconnaitre qu'on touche ici au summum de la voiture gadget: on ne peut pas l'emmener sur la route, et pourtant elle n'a pas été spécifiquement développée pour la piste comme une FXXK ou une Valkyrie. Ce n'est quand même "que" une GT2 RS déguisée. On n'est pas non plus dans la supercar optimisée comme une AMG One ou une Chiron. Du coup son prix parait largement exagéré et la très faible production prévue prouve bien que Porsche a conscience de s'adresser aux 0.03% les plus hardcore de sa clientèle.
On pourrait dire que Porsche a regardé avec un brin d'envie la vague du restomod qui touche principalement ses modèles et a voulu en profiter un peu. Alors c'est vrai que certaines Singer valent près de 500 000 euros mais au moins leurs propriétaires peuvent en profiter au quotidien, sur la route. Bref, c'est un peu ridicule mais entre cette néo-935 et les Ferrari Icona, les passionnés désargentés peuvent s'éclater la rétine et c'est le principal!
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