Ce mois de septembre étant particulièrement chargé, je dois faire des choix pour épargner Arthomadame et les Arthokids. Peter Auto n'a pas eu de chance pour sa Gstaad Classic, la Suisse n'ayant pas souhaité reconduire les autorisations d'organiser des spéciales sur routes fermées. Du coup, tout le plateau compétition a disparu pour ne laisser qu'une simple épreuve de régularité. Un plateau un peu juste, des contraintes professionnelles et la proximité de l'évènement suivant m'ont donc conduit à jeter l'éponge. A regrets car cet évènement m'a déjà fourni de bien belles images. Bizarrement, les autorités helvètes, qui ont de sérieux problèmes avec le sport automobile depuis 1955, ont accepté de fermer pendant deux jours la route entre Ollon et Villars pour l'organisation de la course de côte historique. Etrange mais tant mieux. Je ne garde pas un mauvais souvenir de la dernière édition organisée il y a trois ans, c'est à deux heures de chez moi, autant aller voir.
Exceptionnellement je ne voyage pas seul: je prends avec moi
Antoine dont la voiture est en panne et dont le véhicule de remplacement ne
permet pas de se déplacer à l'étranger. Il n'a pas bronché quand je lui ai
annoncé un départ à 5h30, ce qui est tout à son honneur. Comme d'habitude, je
devrai être à la maison vers 18h00 pour respecter l'accord passé avec madame.
Puisque le voyage se passe bien, c'est peut être l'occasion de refaire un point
sur la Kia après 6 mois de loyaux services. Maintenant que je l'ai en main,
j'arrive à éviter les dramatiques creux du moteur à certains régimes, même si ça
signifie que je dois me forcer à passer la cinquième (sans parler de la
sixième). D'un point de vue pratique, je n'ai que deux choses à reprocher: la
visibilité de trois quart arrière inexistante, ce qui explique la présence de
radars de recul même sur la finition la plus basique, et l'absence totale de
retour de volant en marche arrière à faible allure. Au bout de 6 mois, je
n'arrive toujours pas à me garer en ligne, je ne sais jamais dans quelle
position sont les roues avant. Je n'ai jamais eu ce problème sur la Mégane.
En réalité, je suis allé un peu loin dans ma manie d'arriver tôt: il n'y a pas
encore d'activité et la plupart des voitures sont bâchées. Au moins la traversée
de Lausanne et le parking auront été faciles. La météo est très maussade. Deux
"paddocks" sont organisés autour de la gare d'Ollon. Voici d'abord une Stutz
DV32 de 1929, version course d'un modèle décliné ensuite en luxe. La marque
d'Indianapolis a terminé deuxième des 24 Heures du Mans en 1928, derrière
Bentley.
Comme à tous les évènements historiques, les Alfa Romeo sont là en force.
Il y a trois ans, la course avait également fait le plein d'Abarth. Voici déjà
une rare 1300 OT, construite à 50 exemplaires entre 1965 et 1966 pour satisfaire
aux besoins d'homologation. Utilisant des pièces de Simca, l'ensemble n'accuse
que 650 kilos sur la balance grâce à une carrosserie en polyester. Du coup, le
moteur de 1.3 litres développant 150 chevaux suffit à la rendre compétitive.
Il s'agit ici d'une série II avec le periscope sur le toit.
Sur son châssis spécifique en acier utilisant des éléments de Simca 1000, sa
carrosserie n’est qu’une frêle peau de polyester. Homologation oblige, il fut
construit 50 exemplaires de la 1300 OT, entre 1965 et 1966. Fidèlement, on
retrouve cette voiture insolite dans le Tour de Corse Historique grâce à Pierre
Bérengier. Le moteur Abarth de cette voiture est disposé en porte-à-faux à
l’arrière et avoue 1,3 litres de cylindrée. Avec sa batterie de carburateurs, sa
culasse à deux arbres à cames en tête, il délivre environ 150 ch pour…650 kg!
Pas mal du tout.
Cette Bugatti Type 51 semble avoir passé la nuit dans l'humidité.
Le plateau promet d'être éclectique. Ici une R8 Gordini,
et une NSU TT. NSU est une marque allemande fondée en 1873, et qui a fabriqué
des voitures jusqu'en 1929. En 1957, alors que la marque est le fabricant de
motos le plus important au monde, l'entreprise revient aux voitures, avec un
moteur Wankel. En 1969, NSU est racheté par VW et fusionne avec Audi.
Ca commence à bouger, avec l'arrivée de cette Abarth 850 Bialbero qui a du se
trouver un couchage au sec dans le coin.
La course génère aussi l'apparition de quelques modèles sympathiques, venus en
spectateurs.
La concession Ferrari Zenith à quant à elle organisé une sortie pour ses clients
qui monteront en ouvreurs avant chaque session. Le point de rassemblement des
Ferrari est situé dans une usine à quelques kilomètres d'Ollon. Je ne pense pas
que nous ayons le temps d'y descendre mais de toute façon les voitures devraient
passer devant nous.
Quoi qu'il en soit, en Suisse il faut toujours rester vigilant. Voici une rare
Audi A1 Quattro qui passe par là,
suivie de cette Delage D8 120 S qui semble équipée pour un mariage.
Et voici une 599 GTO qui monte, par surprise.
on continue avec les Alfa, et cette superbe Giulia SS,
En Ferrari anciennes, seules ces deux Dino 246 sont inscrites. C'est un peu
maigre pour un pays comme la Suisse mais contrairement à la Gstaad Classic ou la
Swiss Lakes Classic (qui accueillait cette année la nouvelle Ferrari la plus
chère du monde la 275 GTS NART Spyder), Ollon Villars n'est clairement pas
orienté prestige.
Ah, cette Lancia Stratos Groupe IV est en train de bouger.
Elle rejoins la pelouse après un peu de mécanique.
Non loin de cette Mustang.
Devant la gare, voici une belle Giulia "civile".
Dans le paddock "haut", voici une Fiat Abarth 982cc très typée course
et cette Fiat Abarth 2000 Sport.
Il faut toujours faire le tour des camions ou des remorques au cas où. Dans
celui ci, voici une Porsche 910 Martini... qui n'en sortira plus. Je me suis
déjà exprimé sur le danger de venir le dernier jour d'un évènement, avec les
risques de casse et de départs anticipés que cela suppose. Néanmoins, désolé de
doucher si vite votre enthousiasme, j'ai noté quelques absents de marque par
rapport à la liste des engagés. Ainsi vous ne verrez pas de Porsche 934-5, RSK,
906, 910, d'Alfa Romeo 33.2, de McLaren M1B... Ca fait quand même de gros trous
dans une liste d'annonce. A contrario, la liste des engagés fait preuve d'une
certaine honnêteté en annonçant une bonne partie des répliques. Un exemple à
suivre.
La route ferme à neuf heures, c'est le moment de chercher un endroit pour voir
passer les concurrents. Sur le bas du parcours, les commissaires sont nombreux
et vigilants. Le convoi de Ferrari est déjà en place au niveau du départ.
Nous suivons le parcours balisé pour les spectateurs au milieu des vignes, jusqu'à arriver à la première zone réservée au public. Il y a certes une buvette et des toilettes mais la partie qui longe la route fait à peine une dizaine de mètres de long. Ca ne laisse pas beaucoup de choix pour les angles de vue. Deux 458 Challenge s'élancent en tête.
Qui plus est, des lignes électriques dévalent la montagne pile à cet endroit là,
histoire de finir de gâcher le point de vue.
Pas moins de trois 599 GTO sont de la partie. Après les huit d'Hockenheim, c'est vraiment la voiture du mois.
Voici la CEGGA Maserati, CEGGA pour "Claude Et Georges Gachnang, Aigle". Les
Gachnang sont des figures locales qui ont participé à des courses sur des
voitures de leur conception comme celle ci. Je vous invite à lire le
reportage d'il y a trois ans si vous
souhaitez en savoir plus sur cette famille qui a la course dans le sang.
La très bonne surprise de cette édition est la présence de deux Matra, cette MS
650
et cette F1 MS11 V12 ex-Pescarolo. Cette Formule 1 est la bonne surprise de
cette édition.
Egalement présente, cette Inaltera qui participe souvent à des évènements.
La chaussée est humide et pour la plupart des concurrents, il s'agit davantage
d'une promenade que d'une épreuve chronométrée.
Cette voiture très basse reste entourée de mystère. Il s'agit d'une Borghi 001
1,3 litres, engagée par Michel Borghi pour la Scuderia CEGGA. Internet ne
fournit aucune information sur elle donc je ne peux que supposer qu'il s'agit
d'une création originale de son propriétaire, avec l'aide avisée des Gachnang.
Le look est assez réussi en tout cas.
Voici une Surtess TS9, une autre Formule 1, de 1971.
Une Ferguson P99 aux couleurs toujours très photogéniques de l'Ecurie Ecosse.
C'est bel et bien Harry Ferguson, le fabricant irlandais de tracteurs, qui est à
l'origine de la Project 99, la première Formule 1 à quatre roues motrices. Hélas
Ferguson disparut avant que la voiture ne soit roulante et le passage des
moteurs de 2.5 à 1.5 litres rendait la traction moins prépondérante. Qui plus
est, la P99 avait un moteur avant, alors que celui des Cooper était déjà passé
derrière le pilote depuis trois ans. La P99 n'a couru que trois courses dans sa
carrière, en 1961, et a remporté un course hors championnat à Oulton Park avec
Stirling Moss. Cette voiture exceptionnelle a battu le record de la course d'Ollon
Villars en 1963 en 4'23" avec Jo Bonnier.
La point de vue est tellement catastrophique que nous tentons de traverser la
route pour changer un peu mais c'est pire. Ici, une Abarth 025.
Retour de l'autre coté pour ce Morgan Three Wheeler.
Le plateau est tout de même prestigieux, avec des modèles significatifs comme
cette Alfa Romeo 2600 Monza qui porte le badge de la Scuderia Ferrari.
C'est assez drôle de voir certains pilotes venir chercher l'arrêt de bus pour
négocier le virage suivant. Pourquoi pas.
Malheureusement, nous sommes coincés ici. Pas moyen de monter plus et
redescendre nous mènerait en dessous du départ.
Il faut donc terminer la première montée à cet endroit.
Ca tombe bien, c'est quasiment terminé pour la partie qui nous intéresse, avec
l'arrivée des premières motos. C'est Freddie Spencer en personne qui ouvre la
route, le triple champion du monde. L'homme a été champion en 250 et 500 cm3 la
même année, en 1985.
Nous redescendons par le village, ce qui peut parfois réserver quelques
surprises,
puis je nous réoriente vers les spots que j'avais fait il y a trois ans, juste
en dessous du départ. Surprise, il reste un plateau de voitures à la suite des
motos. Un plateau assez hétéroclite d'ailleurs mais qui ne manque pas d'intérêt.
cette Stratos ou cette Daytona.
C'est la pause de midi. La route ouvre de nouveau et nous en profitons pour
descendre nous poster dans un endroit un peu plus photogénique. Les concurrents
doivent tous redescendre pour la prochaine montée donc c'est une bonne occasion
des faire des images un peu meilleures.
Les ouvreurs descendent les premiers.
Antoine a préparé des crêpes et trimballe un pot de Nutella géant dans son sac à dos depuis ce matin. Nous déjeunons donc tranquillement sur un mur en regardant passer les bolides. Des branches de prunier qui dépassent sur le trottoir fournissent le dessert. Et il pleut à peine!
Précisons qu'aucune Ferrari 250 GTO n'était présente lors de cet évènement.
La descente se fait en ordre dispersé.
Comme je suis un peu monomaniaque, j'ai tendance à photographier à nouveau les
même.
Voici une Austin Healey assez étrange.
Une Brabham
Les Alfa
Cette Fiat 600 serait en fait l'une des trois Tornado 600 construite, la seule équipée d'un 1.6 litre Lotus de 145 chevaux! Une voiture qui aurait assurément mérité un traitement plus poussé si je m'étais aperçu avant de son extrême rareté.
Ici une Lotus 18, la première monoplace de la marque à moteur arrière, dont 150 châssis ont été fabriqués. La 18 a couru en Formule 1, Formule 2 et Formule Junior.
Formule 1 toujours avec cette Cooper F1 de 1961.
La P99 et une Bugatti.
Une Porsche 356 et quelques berlinettes.
Et les Dino.
Au bout d'un moment, ça bouchonne un peu.
Revoici la Borghi et l'Abarth.
La circulation reprend par intermittence.
Cette 356 semble porter la fameuse bande de l'Ecurie Francorchamps. Peut être y a-t-il une histoire la derrière. Ou pas.
Voici une Porsche APAL, variation en fibre de verre de la Porsche Abarth 356B.
Cette Fiat Abarth 1000 SP a un petit air de Ferrari 250P vue de l'arrière, non?
Voici une Lotus 41, une Formule 2.
La descente se termine sur cette DB.
Quelques minutes avant la fermeture de la route, nous nous installons là où je
m'étais mis il y a trois ans: une épingle qui n'est pas une zone publique mais
qui est surtout hors de vue des commissaires.
La route est torturée à souhait.
Revoici les Challenge,
et les GTO.
Les premiers concurrents arrivent.
Merci Antoine pour le backstage.
Les couleurs Gulf sont toujours aussi populaires. Comme sur cette Crosslé 42S
2000 cc
cette Grac MT14 2000 cc
ou cette NSU.
Je sors le poncho mais pas pour m'abriter cette fois. Les points de vue au ras
du sol sont souvent spectaculaires. Je m'allonge donc sur la toile pour
dramatiser un peu le virage.
Pour ceux qui s'inquièteraient pour moi (merci) devant cette position pour le
moins dangereuse, je précise que le virage est situé avant le départ et que les
concurrents sont donc en liaison entre le paddock et la ligne. L'allure est donc
modérée et le risque de sortie de route très faible (ne comptez pas sur moi pour
dire que ça ne peut pas arriver en sport automobile).
On dirait que ça va plus vite car je suis au 1/80, une vitesse peu évidente à maitriser au grand angle et dans cette position.
Je finis par me redresser un peu.
L'heure tourne rapidement. A 15 heures, je dois donner avec un peu de regrets le
signal du départ. Alors que nous profitons d'un trou dans le trafic pour
descendre rapidement le long de la route, un commissaire nous dit de nous
dépêcher car les motos vont bientôt démarrer. Impeccable, ça veut dire que nous
n'allons quasiment rien louper.
En repartant vers la voiture, nous trouvons cette Dino bi-ton originale.
Ici une très rare TVR Grantura MkIII, construite à moins de 100 exemplaires.
L'Abarth se prépare à partir, un peu à la bourre.
Quel bilan tirer de cette journée? Honnêtement, à midi j'avais déjà pris la
décision de ne plus classer Ollon Villars dans mes évènements prioritaires.
J'avoue que je ne suis pas très fort pour traiter les évènements sur route
fermée; je préfère les rallyes de régularité où l'on peut changer de place, se
mêler aux concurrents, court-circuiter le parcours pour repasser devant eux.
J'ai du mal dès que les accès sont réglementés et qu'on ne peut pas trop bouger.
Le plateau n'était pas forcément transcendant, surtout considérant le passé
prestigieux de cette course et le patrimoine automobile de la Suisse. Qui plus
est, je ne suis pas assez pointu pour repérer d'emblée les perles les plus rares
(comme la Tornado ou la P99). Enfin, en bas de
la côte en tout cas, le public n'était pas vraiment valorisé avec une zone
réservée minuscule et plutôt mal placée. L'après midi a remonté un peu le niveau
de la journée, heureusement, mais j'ai tout de même la désagréable impression
d'avoir fait un bien meilleur reportage il y a trois ans que cette année.
Je termine donc par ce Post Scriptum à destination de mon moi du futur: si pour
diverses raisons (plateau en hausse, agenda clément), je décide de revenir
couvrir la course, demander impérativement une accréditation presse qui donne la
possibilité de naviguer dans les zones interdites du parcours afin de trouver
des endroits un peu plus photogéniques. Sans elle, il sera préférable de laisser
tomber.
Libre à vous de quitter cette page par ici si vous avez terminé la consultation du site. A bientôt