L'année dernière, Artcurial avait écrasé les ventes concurrentes grâce au buzz créé par la "redécouverte" de la Collection Baillon, buzz qui avait conduit à un emballement des enchères et à plusieurs records. Cette année encore, les projecteurs sont braqués sur la maison française qui propose en tête d'affiche un lot exceptionnel: une Ferrari 335 S issue de la collection Bardinon, qui pourrait bien devenir la voiture la plus chère jamais vendue aux enchères. De quoi vaincre le signe indien qui a affligé Bonhams et RM?
Hélas l'espace d'exposition alloué à Artcurial est toujours aussi inadapté. Là
où Bonhams dispose de toute la surface du Grand Palais, qui a jadis accueilli le
salon de Paris, pour présenter 133 automobiles, Artucrial doit caser 172 lots
(dont 48 Citroën qui font l'objet d'une vente à part, et qui sont en grande
partie issues de la collection d'André Trigano) dans un espace
respectable mais largement insuffisant. Les voitures se retrouvent donc comme
d'habitude entassées les unes sur les autres. Je dois même laisser mon barda à
l'entrée, de peur de ne pas pouvoir me faufiler dans les quelques centimètres
qui séparent chaque véhicule. Tu m'étonnes! D'ailleurs c'est simple, chez RM
j'ai sélectionné 187 photos pour une soixantaine de lots, chez Bonhams 248
photos pour 135 lots et chez Artcurial 136 photos pour 172 lots.
Les acheteurs devront payer 16% de frais jusqu'à 900 000 euros, puis 12% au
delà. Comme peu de lots ont dépassé le million, je tâche de vous faire la
conversion en prix hors frais, comme pour les autres ventes. Il peut y avoir
quelques imprécisions mineures car Artcurial a du faire des arrondis: je n'ai
retrouvé aucun montant rond en divisant par 1.16 donc c'est du coup moi qui ai
arrondi. J'ai couvert les lots vers 20h00 le premier
soir, au moment du cocktail de bienvenue, ce qui n'a pas vraiment amélioré
l'accès aux voitures. Par contre les huitres et la charcuterie étaient
excellentes.
A tout seigneur, tout honneur, commençons directement par l'attraction principale de la vente: cette sublime Ferrari 335 Sport de 1957, châssis numéro 0674. Cette voiture, emmenée par son V12 de 3.8 litres, a commencé sa carrière à Sebring en 1957, terminant les Douze Heures à la sixième place aux mains de Collins et Trintignant. Toujours en configuration 315S, 0674 prend ensuite le départ des dernières Mille Miglia avec Von Trips. Elle termine deuxième derrière la 335S de Taruffi, après avoir reçu pour consigne de ne pas attaquer sa concurrente qui donne des signes de faiblesse. Hélas, la deuxième 335S, celle de De Portago, sort de la route et provoque la mort de plusieurs spectateurs, et sonne le glas des Mille Miglia. Gonflée à 4 litres, elle est engagée aux 24 Heures du Mans avec Hawthorn et Musso. Au trentième tour, la Ferrari est la première voiture de l'histoire à dépasser les 200 km/h (203,015 km/h exactement) de moyenne au tour sur le circuit des 24 Heures. Hélas, c'est l'abandon à la cinquième heure. Au Grand Prix de Suède (les 6 Heures de Kristianstad), le même équipage termine quatrième. Avant de partir pour l'Amérique du Sud, la voiture reçoit un avant de 250 Testa Rossa à pontons fendus. Au Venezuela, c'est la débâcle pour Maserati et Ferrari rafle les quatre premières places et le Championnat du Monde des Constructeurs, 0674 finissant deuxième. La voiture reçoit ensuite un moteur tipo 141 de 335S et est vendue à Luigi Chinetti. Dans une livrée bleue à bande blanche, Masten Gregory et Stirling Moss remportent la victoire au Grand Prix de Cuba en 1958, offrant enfin à 0674 une victoire d'envergure. Durant l'année 58, la 335S participe à plusieurs épreuves américaines, entre les mains de Gaston Andrey et Lance Reventlow (créateur des fameuses Scarab), signant plusieurs beaux résultats dont une victoire à Road America 500.
En 1970 elle entre dans la Collection de Pierre Bardinon, qui la fait remettre dans sa
configuration d'origine en 1981 chez Fantuzzi à Modène. La partie avant à
pontons fendus est aujourd'hui vendue avec l'auto. Voilà l'occasion de parler un peu de
Pierre Bardinon, qui restera devant l'éternel le premier et le plus grand
collectionneur de Ferrari de compétition au monde. Né en 1931, l'homme bâtit sa
fortune dans le cuir (la maison Chapal). Il possède un château près d'Aubusson,
en plein centre de la France. Mais loin du calme de la Creuse, Bardinon est un
passionné de course automobile. Dès 1948, il avait acheté une Bugatti Type 35B,
et plus tard la Jaguar Type D victorieuse au Mans en 1957. Comme d'autres se
font construire un cours de tennis ou une piscine, Pierre Bardinon souhaite
faire rouler ses voitures et en 1963, il fait créer un tracé de 400 mètres sur
son terrain. Dès 1967, le circuit du Mas du Clos et ses 3.2 kilomètres ouvre ses
portes. Des constructeurs comme Matra, Ligier et Alpine viennent y réaliser
leurs essais, puis les Clubs sont au rendez vous: Ferrari, Bugatti, Bentley,
Porsche... En 1963, Bardinon avait acheté une Ferrari 250 GT Châssis Court. Ce
fut le
coup de foudre. En 1965, une 250 LM rejoint son garage et il commence à échanger
ses autres voitures pour acquérir des Ferrari, avec une préférence pour les
modèles de course s'étant distingués au Mans. Enzo Ferrari lui même finit par
lui vendre les voitures de l'année précédente, à une époque où personne ne
voulait de ces modèles dépassés. En 1976, Hervé Poulain raconte ne pas avoir pu
adjuger une 250 GTO, proposée pour 200 000 francs. Aujourd'hui, le badge du Mas
du Clos apposé sur la carrosserie vaut plus qu'une certification Classiche.
En 2012, Pierre Bardinon s'en va, bientôt suivi de son épouse, laissant derrière
lui plusieurs enfants, de nombreuses merveilles parées de rouge et une situation
fiscale très complexe. Dès qu'il s'agit d'œuvres d'art ou de voitures de
collection, l'estimation des biens qui passent dans une succession est un
véritable casse-tête, tant les valeurs fluctuent rapidement. Les objets donnés à
des œuvres de charité sont souvent surévalués mais c'est le contraire quand il
s'agit de transmission. Des 70 Ferrari qui sont passées par le Mas du Clos, une
vingtaine s'y trouveraient encore. Achetées à prix cassé, elles valent aujourd'hui une
véritable fortune. La 335S est vendue pour payer les taxes mais l'effet pervers
est que plus elle va se vendre cher, plus l'estimation du reste de la collection
va augmenter, et plus l'état risque de demander encore plus d'argent. Selon le
New York Times, la famille aurait évalué le reste des voitures à 70 millions
d'euros. Selon les historiens, la valeur actuelle pourrait approcher les 180
millions. Hélas, le feuilleton est loin d'être terminé.
Curieusement, la vente de la 335S a été un complet anticlimax pour moi. Je
n'étais pas dans la salle, où la tension était sans doute palpable, mais devant
mon ordinateur, en train de regarder le livestream. Donc pas dans l'ambiance,
c'est vrai. La mise de départ a été fixée à 20 millions d'euros. Très vite, il a
été annoncé qu'une offre ferme avait été faite avant la vente à 25 millions. Des
chiffres stratosphériques où peu de passionnés ont encore de l'oxygène. Assez
poussivement, le curseur est monté à 28 millions et le marteau est tombé. je
sais que je suis mal habitué car la plupart des ventes auxquelles j'ai assisté
étaient menées par Max Girardo de RM, dont la vista, le rythme et l'humour en
plusieurs langues sont insurpassables.
En tout cas cette vente n'a pas laissé indifférent et rapidement, deux tempêtes
(dans un verre d'eau) se sont levées. Artcurial a bien sûr revendiqué
immédiatement le record mondial de vente aux enchères pour une automobile de
collection. Bonhams a immédiatement publié envoyé un mail de démenti par le
biais de son attachée de presse, parlant de "cafouillage". La réalité est la
suivante: a 32 millions d'euros frais inclus, la 335S est bien la voiture la
plus chère a avoir jamais été vendue aux enchères EN EUROS. En revanche, en
DOLLARS, la Ferrari 250 GTO vendue par Bonhams en 2014 conserve son record
mondial, avec 38.115 millions de dollars. Avec les fluctuations des taux de
change, la 335S n'atteint "que" 35.7 millions de dollars. Le record est donc
partagé pour le moment.
Ensuite, une rumeur s'est répandue comme une trainée de poudre sur internet,
affirmant que le footballeur Lionel Messi avait coiffé son collègue Ronaldo pour
remporter l'enchère. Comme d'habitude, l'intox a été relayée partout avant même
d'avoir pu être vérifiée. Au final, un site a fini par dévoiler l'identité et la
biographie du véritable acheteur, ce qui est encore plus indélicat. Et ce n'est
pas un footeux, ni un français.
Car le départ à l'étranger de ce joyau pose aussi la question de la fuite de
nombreuses voitures hors du pays. La France a compté de très nombreuses
collections très prestigieuses par le passé: Bardinon, Bajol, Sage, Midy, Prost,
Baillon... Hélas, de tout temps, la réussite et l'argent ont été mal vus dans l'hexagone,
inspirant envie et jalousie plutôt qu'admiration et inspiration. Et cette
attitude s'accentue de plus en plus, forçant les gens qui détiennent des trésors
beaux et chers à se cacher de plus en plus. A l'étranger, et aux Etats Unis en
particulier, la mentalité est différente et les gens sont fiers de montrer leur
réussite. Alors c'est vrai que de nombreux trésors quittent la France pour de
nouveaux horizons mais si c'est pour connaitre une vie active plutôt que de
rester dissimulés dans un château, pourquoi pas? Les merveilles de la collection
Bardinon n'ont été vues qu'au compte goutte ces 30 dernières années. A la Villa
d'Este, les participants français sont extrêmement rares. En 2015 à Pebble Beach
on pouvait admirer la California ex-Baillon et le Best of Show a été remporté
par une Isotta Fraschini 8A ex-Albert Prost vendue par Artcurial en 2014 à un
américain. Mon avis est que les mentalités françaises ne sont pas près de
changer, en particulier dans le climat anti-voitures entretenu par l'ensemble de
la classe politique (alors qu'il s'agit quand même via la TIPP et les radars
d'une source de revenus très loin d'être négligeable). Donc si les voitures
doivent partir hors de France pour être montrées et utilisées, je ne suis pas
contre et tant pis pour nous. Je m'estime déjà chanceux que cette 335S ait été
proposée à Paris et non à Goodwood ou à Monterey. Pour ça, un grand bravo et une
grand merci à Artcurial!
Pour la suite, voici une très rare Lamborghini Countach LP400 "Periscopio"
de 1975, châssis 1120110. Ne cherchez pas le périscope, il n'existe pas. Le
premier prototype, la LP 500, en comportait un faisant office de rétroviseur. Ce
dispositif ne fut pas retenu sur la version de série, mais le décrochement
ménagé dans le toit fut conservé, ce qui vaut à la voiture cet étrange
qualificatif. Lâchée juste sous le million d'euros, loin des 1.2 millions de
l'estimation basse.
Cette Maserati Khamsin dorée de 1978 a appartenu à Marc Sonnery, l'auteur du livre sur le Breadvan qui m'a fait le plaisir de me féliciter pour une de mes photos du Mans Classic à Rétromobile. Elle n'a pas trouvé d'acheteur.
Cette Lamborghini Jarama de 1971, châssis 10160, est l'une des 177
produites. Sortie d'usine en gris, elle a été repeinte ensuite en Verde Scuro.
Non vendue.
Issues de l'ancienne collection de Gildo Pastor, voici trois exceptionnelles
Bugatti de l'ère moderne. Tout d'abord l'EB110 Super Sport avec laquelle
l'homme d'affaire monégasque, directeur de Venturi, a battu le record du monde
de vitesse sur glace en 1995, châssis 39017. Initialement prévu avec une Porsche
Turbo, c'est finalement avec cette Bugatti, lestée de 270 kilos et équipée de
simples pneus neige non cloutés, que le record a été établi en Finlande à 296.34
km/h. Un record qui a tenu jusqu'en mars 2013, date à laquelle il a été battu
par une Audi RS6. Seules 31 EB110 SS ont été produites et celle ci porte encore
les stickers du jour du record. Elle est vendue avec les jantes du record et un
moteur neuf à part, celui installé ne comptant que 1373 kilomètres. Vendue 780
000 euros juste sous l'estimation basse.
La deuxième EB110 Super Sport a elle aussi une histoire très originale
puisqu'elle a un historique en compétition. Il s'agit du châssis 39044. La
préparation a été très poussée, avec l'installation de freins en carbone, d'un
arceau de sécurité, d'une double alimentation de carburant, de vérins de levage
rapide... Avec Patrick Tambay, elle a pris part à plusieurs épreuves IMSA en
1995, dont les 24 Heures de Daytona. Engagée aux 24 Heures du Mans 1996, elle
fut endommagée aux essais et ne put être réparée à temps pour la course. Une
fois remise en état, elle participa encore à une épreuve de BPR à Dijon.
Aujourd'hui, elle est immatriculée et utilisable sur route. Vendue 811 000 euros
sur l'estimation basse.
Plus rare encore, voici une des deux EB112 produites, châssis 39003. Au
Salon de Genève 1993, Bugatti présentait un concept de berline pour compléter sa
gamme. Le passage en production n'eut jamais lieu et en septembre 1995, l'usine
fermait ses portes. Après la faillite du constructeur, certains actifs sont
proposés aux enchères et Gildo Pallanca Pastor rachète un ensemble important de
pièces. Dans le lot se trouvent trois EB112 de présérie, inachevées. A partir de
ces voitures, il achèvera en 1998 la fabrication de deux exemplaires dans ses
ateliers du Monaco Racing Team, un noir et un bordeaux. Il en garde une et vend
la deuxième à un collectionneur russe. Sur un châssis en carbone, la carrosserie
est dessinée par Giorgetto Giugiaro et le moteur est un V12 6 litres de 455
chevaux. Elle n'a pas trouvé d'acheteur.
Les Ferrari Testarossa blanches comme celle ci, châssis 79068, rappellent
forcément des souvenirs télévisuels et musicaux aux gens de ma génération (In
the air tonight...). Celle ci nécessite quelques travaux, comme un remplacement
des durites, ce qui explique sans doute qu'elle se soit vendue sous
l'estimation basse à 92 500 euros.
Cette Ferrari 512 TR, châssis 96310, est une deuxième main affichant 23
000 kilomètres. Estimée entre 190 et 230 000 euros, elle n'a pas trouvé
d'acheteur.
Voici une rare Porsche 993 RS avec kit Club Sport, affichant 88 000
kilomètres. La production a été de 1014 exemplaires, ce qui est assez peu pour
une 911 moderne. Vendue 251 000 euros sur l'estimation basse.
La 964 RS à quant à elle été produite à environ 2500 exemplaires. Celle
ci a été vendue 175000 euros, en plein centre de l'estimation.
Cette 328 GTS, châssis 72001, a été livrée d'origine en blanc, ce qui
était assez rare en 1987. Vendue 78100 euros, dans l'estimation.
Cette Porsche 959 a une histoire un peu triste: elle a été commandée en
1986 par le triple Champion du Monde de Motocross André Malherbe. Hélas, lors de
sa livraison en juillet 1986, l'homme était déjà tétraplégique depuis près de 6
mois suite à une mauvaise chute lors du Paris Dakar. Aujourd'hui, elle affiche
environ 15 000 kilomètres. Estimée entre 1.2 et 1.4 millions d'euros, elle n'a
pas trouvé preneur.
Cette Lamborghini Islero S porte le numéro de châssis 6453. Vendue 190
000 euros, au centre de l'estimation.
Une Lamborghini Espada série 1 de 1969, châssis 7216, restée invendue.
Cette Lamborghini Diablo a été livrée neuve au Champion du Monde de F1
Keke Rosberg en 1991. Il n'en a pas abusé puisqu'elle n'affiche que 5500
kilomètres et qu'elle serait toujours chaussée de ses pneus d'origine. Pour moi,
c'est la configuration parfaite, la plus pure. Vendue 175 000 euros sur
l'estimation basse.
Les Lamborghini Diablo Roadster ont sans doute été produites à moins de
300 exemplaires. Celle ci, une version VT à transmission intégrale, est
présentée dans une sublime teinte "Purple 30th anniversary". Avec les jantes
anthracite, je suis fan. Elle n'a cependant pas été vendue.
Encore une Ferrari Testarossa, châssis 65133, qui présente la combinaison
idéale à moyeu central et rétroviseur unique. Par contre la couleur est atypique
et il faudra vite retrouver une calandre avant. Vendue sur l'estimation basse à
133 000 euros.
Issue de la même collection, une Ferrari 412, châssis 79592. J'avoue que
le catalogue a fait mouche en précisant "Elle est le modèle parfait pour tout
connaisseur de 40 ans ayant deux enfants" mais bon, 77 000 euros, c'est trop
tard.
Cette Lamborghini Espada série II, châssis 8023, entièrement restaurée,
est restée invendue.
Une autre Testarossa grise, châssis 62897. Elle dispose du moyeu central
mais pas du rétroviseur unique. Cela dit, elle a une autre particularité qui
explique une estimation entre 680 et 900 000 euros: il s'agit d'une décapotable.
Plusieurs Testarossa ont été converties en cabriolet, chez Straman notamment
mais celle ci est encore plus spéciale. Ce qui la rend unique est que la
transformation a été réalisée à l'usine de Maranello en 1986, pour fêter les 20
ans de la prise de commande par l’Avvocado Gianni Agnelli de la multinationale
FIAT Spa. Immatriculée TO 00000G, elle est de couleur Argent, dont le symbole
sur le tableau périodique des éléments est AG, les initiales de Gianni Agnelli.
Outre une capote très étudiée avec un arceau électrique et un couvre-capote en
dur, la voiture est équipée d'un système de changements de vitesses très
particulier. En actionnant un des boutons sur la console centrale, entre les
deux sièges, la pédale d’embrayage s’escamote pour faire place au système Valeo.
Gianni Agnelli avait eu un grave accident de voiture dans sa jeunesse qui lui
avait laissé un léger handicap sur la jambe gauche. Un système d’embrayage
automatique avait donc été élaboré pour permettre à l’Avvocado un maniement plus
aisé de la boîte de vitesse. Aujourd'hui, cette Testarossa unique affiche 23 000
kilomètres. Elle a dépassé à la fois les estimations et le million d'euros.
Du même propriétaire, une Ferrari 512 BB, châssis 31971, estimée entre
350 et 450 000 euros. Celle ci reste à la maison.
Grosse rareté que cette Lancia Hyena de 1993, châssis numéro 015.
Produite sur un châssis de Delta Intégrale et habillée par Zagato, il ne s'agit
pas d'une voiture de série. En effet, c'est Marco Pedracini, du bureau de style
de Zagato, qui a proposé ce design. Après un accord initial de Lancia pour
lancer une production de 500 exemplaires, la maison mère se rétracte. Paul Koot,
l'importateur hollandais de la marque qui soutient le projet, se voit obligé
d'acheter des Delta Intégrale pour les déshabiller et produire la Hyena. Au
final, seuls 24 exemplaires ont été produits, dont un seul en vert. Celui ci
n'affiche que 7000 kilomètres au compteur. Il reste sur le carreau.
Deux superbes Ferrari 250 GT Pininfarina sont coincées derrière les
tables des traiteurs. Tout d'abord ce coupé, châssis 1023GT, restauré dans sa
teinte d'origine. Hélas, il n'est pas matching numbers mais dispose d'un moteur
de 250 GTE. Vendu 452 000 euros sous l'estimation basse de 480.
La deuxième est un Cabriolet Pininfarina Serie 2, châssis 1928GT, doté
d'un hard top en inox unique commandé spécialement par le prince Moulay
Abdallah, frère cadet du Roi du Maroc. En 1985, elle est acquise par le
collectionneur d’art Adrien Maeght qui l'installe dans son Musée de Mougins.
C'est lui qui la vend aujourd'hui. Hélas, comme la précédente, elle n'a plus son
moteur d'origine mais celui d'une 250 GTE également (décidément les GTE sont
très généreuses, elles donnent presque tous leurs organes). Estimée entre 1.4 et
1.8 millions d'euros, elle n'a pas trouvé preneur.
La Facel Vega FV4 a été produite à 36 exemplaires pour le marché
américain, et dispose d'un moteur Chrysler 5.8 litres de 340 chevaux. Celle ci a
été entièrement restaurée entre 2004 et 2008. Vendue 195 000 euros sur
l'estimation haute.
Une Dino 246 GT, châssis 1448. Chez le même propriétaire depuis 1984, le
pilote Yves Martin, elle a été entièrement refaite en 2008 pour un total de 150
000 euros. Vendue 308 000 euros, dans l'estimation.
Cette autre Dino 246 GT est aux mains du pilote Patrick Perrier depuis
1978 et a été entièrement restaurée. Annoncée vendue exactement au même prix que
la précédente (ça sent la confusion sur le site des résultats)
Tiens, je connais cette Alfa Romeo Giulia Sprint GTA de 1965 avec son
avant cabossé depuis 1976. Elle avait été présentée lors de la vente Solo Alfa
ici même en 2014, et vendue pour 150 000 euros. Estimée aujourd'hui entre 150 et
200 000 euros, elle a été adjugée 370 000 euros!! Belle plus value en deux ans.
Cette Lancia Flaminia 2800 Sport Zagato de 1960 présente, pour citer le
catalogue, le charme de la « sortie grange ». Elle a été découverte en Belgique
où elle était garée avec d'autres voitures depuis les années 70, probablement
depuis le décès de son seul et unique propriétaire. Pour l'instant, elle n'en a
pas trouvé d'autre.
Deuxième grosse attraction de la vente Artcurial, voici 4065GT, la toute
dernière Ferrari 250 GT châssis court produite. Cette version acier est
sortie d'usine en 1963 dans cette teinte bleu marine et a été exportée aux Etats
Unis. En 1982, elle est achetée par Antoine Midy, célèbre collectionneur disparu
en 2007.
J'ai été soulagé en lisant le compte rendu de Classic Driver de constater que je
n'étais pas seul à trouver la méthode Artcurial un peu confuse. Sur son site, le
journal écrit "In Paris, there were five people on the rostrum all seemingly
talking over each other in different languages and, as such, it made it very
difficult to know what actually sold and what didn’t. Take the Ferrari 250 GT ‘SWB’,
for example, that Hervé Poulain appeared to sell at 7.8m euros (1.2m euros below
its lower estimate) to a phone bidder." // " A Paris, cinq personnes sur
l'estrade parlaient en même temps dans des langues différentes, ce qui rendait
très difficile de savoir ce qui se vendait ou non. Par exemple la 250 SWB
qu'Hervé Poulain a semblé adjuger au téléphone pour 7.8 millions d'euros (1.2
million sous l'estimation)". Au final, elle reste dans la succession.
Une Lancia Stratos dans la même configuration que celle de Bonhams.
Invendue également.
Cette Ferrari 330 GT 2+2, châssis 7113, bénéficie de la boite 5 rapports
de la série II mais avec les 4 phares de la série I. Il s'agirait de l'un des
125 exemplaires "intermédiaires" produits. Invendue elle aussi.
Finalement on peut aussi apprendre certaines vérités dans les ventes aux
enchères. Comme le fait que cette Ligier JS2 est en fait une des deux
répliques construites pour participer au Mans Classic et au Tour Auto, sur base
d'une voiture de route. Vendue 123 000 euros au centre de l'estimation.
Juste à coté, l'histoire est toute autre. Voici le "Poisson Dieppois",
une voiture importante dans l'histoire d'Alpine. Elle a commencé sa vie comme le
premier prototype usine d'A310 V6. L'A310 se révélant sous motorisée, la marque
décida d'y installer un moteur de développement sur base du bloc V6 PRV. Jean
Pierre Bourdy (le père des moteurs Turbo 16 et du V10 des 905) parvient à tirer
300 chevaux d'un V6 2.8 litres. Il est installé dans une A310 largement
modifiée, confiée au pilote Mauro Bianchi. La voiture se montre très rapide mais
le moteur coûte très cher et Renault recule. Le proto est stocké au département
compétition et c'est en 1975 qu'il est retrouvé par Bernard Decure, inspecteur
technique et pilote amateur. Il en fait l'acquisition mais sans le moteur, qui
est retourné à Viry Chatillon. Hervé Poulain donne l'idée à Decure de préparer
la voiture pour Le Mans. Ce dernier trouve un sponsor, la Chambre de Commerce de
Dieppe qui promeut alors la pêche locale avec le slogan suivant: "Poisson
Dieppois, Poisson de choix". La voiture a trouvé son surnom. Une équipe de
passionnés travailla d'arrache-pied pour mettre l'Alpine en conformité avec les
spécifications GTP. Malgré les promesses de Renault de récupérer le moteur Boudy,
Decure dut se contenter d'une préparation maison de 225 chevaux. Une puissance
un peu juste pour Le Mans mais la voiture se qualifia en 51ème position. En
course, la voiture se hissera à la 29ème place mais renoncera au petit matin
suite à des problèmes de surchauffe. Sous une autre livrée, le Poisson est
ré-engagé en 1978 mais le nouveau moteur, plus puissant, est moins fiable et la
voiture ne peut pas prendre le départ. De 1979 à 1986, elle continue à courir
dans diverses épreuves. Aujourd'hui, elle est remise dans sa livrée du Mans 1977
avec le moteur correspondant. Estimée entre 200 et 300 000 euros, elle n'a pas
été vendue, ce qui est tout de même une déception.
Cette Ferrari 355 challenge a un bel historique de compétition, ayant
participé au Challenge Ferrari France de 1998 à 2000 puis au Championnat VdeV de
2004 à 2007. En plus, elle est aujourd'hui immatriculée pour rejoindre le
circuit par la route. Bien vendue à 152 000 euros.
Ici, une Ferrari 365 GTB/4 Daytona, châssis 15375, restaurée chez Pozzi
et certifiée chez Classiche. On l'a vue plusieurs fois à Rétromobile aux
différents stades de sa restauration, sauf erreur de ma part. Un travail payant
puisqu'elle a été adjugée 850 500 euros, proche de l'estimation haute.
Toujours un plaisir et une émotion que de croiser une Lamborghini Miura.
Ici un modèle S, châssis 4239, livré d'origine en Verde Miura. Concernant le
moteur, je cite la pirouette du catalogue: "Au milieu des années 80, il casse le
moteur, celui d’origine qui portait le numéro 30418, qu’il remplace par celui
fourni sur palette et refait. Celui-ci porte le numéro frappé « CO 345 ». Bien
que ce numéro ne correspond pas à une numérotation Miura, il en reste qu’il
s’agit bien d’un moteur du modèle. Il faut préciser qu’à l’époque personne ne
portait quelque importance que ce soit au fait qu’une voiture était mue par son
moteur d’origine ! Le but était de rouler !" C'est sûr qu'à l'époque tout le
monde se fichait de tout mais la situation a un peu changé aujourd'hui. En tout
cas cet exemplaire a été entretenu mais jamais restauré et affiche 54 000
kilomètres. Pas d'acheteur, sans grande surprise compte tenu du marché actuel.
Cette Cisitalia 202 Serie A Cabriolet, châssis 062SC, est pour le moins
originale dans cette teinte verte éclatante. Il s'agit de l'un des 34
exemplaires survivants, et celui ci a appartenu à Carlo Ponti, producteur des
films de Fellini et Rossellini. Et oui, le vert pomme semble bien être sa
couleur d'origine. Vendue à 246 600 euros dans l'estimation.
Voici une voiture qui devrait fasciner les amateurs de Facel Vega. Portant le
numéro de série FV-04-0002, il s'agit tout simplement de la toute première Facel
Vega construite par Jean Daninos, le fondateur de la marque, et qui servit de
prototype de pré-production. Elle fut même envoyée à Détroit chez Chrysler pour
subir divers essais moteurs. Elle dispose de nombreuses particularités, comme un
châssis court (2510mm au lieu de 2630m par la suite), une malle arrière
descendant jusqu'au coffre... Elle fut exposée au Salon de Paris 1954 dans une
livrée grise à toit noir. Devenue propriété de Jean Daninos, son style évolua au
cours du temps, avec notamment l'adoption des fameux phares ronds superposés en
remplacement des phares ronds au dessus de feux rectangulaires. C'est Daninos
lui même qui la fit repeindre en noir au début des années 60. En 1976, la
voiture passa de Jean Daninos au président de l’Amicale Facel Vega La Vega, qui
la céda en 1998 au co-fondateur de l’Amicale. Elle est donc toujours restée dans
un cercle très restreint de passionnés. La Vega 54 Prototype V par Facel
a été vendue 431 000 euros, pile dans l'estimation.
Une sublime De Tomaso Mangusta de 1971, châssis 8MA1266, bien vendue à
282500 euros, proche de l'estimation haute.
Cette Maserati 3500 GT Sebring a été entièrement restaurée de 2011 à
2015, pour un total de 225 000 euros. Et que fait le propriétaire une fois cette
restauration pharaonique achevée? Il revend la voiture pour une estimation entre
200 000 et 250 000 euros... Heureusement pour lui elle a séduit et a été vendue
282 500 euros.
Cette Ferrari 330 GTC, châssis 11589, est l'avant dernier exemplaire
produit, dans une livrée noire. Elle a participé au fameux (mythique?)
Louis Vuitton Serenissima Run en 2012. Vendue
462 400 euros dans l'estimation.
Une deuxième Ferrari 330 GT 2+2, châssis 5409, présentée dans une
étonnante teinte marron clair métallisé. Elle dispose d'un toit ouvrant
électrique Golde installé en 1975. Elle n'a pas trouvé d'acheteur. Là encore les
modifications en cours de vie coûtent cher dans un marché qui veut de
l'authenticité à tout prix.
Cette Maserati 3500 GT Vignale Spyder dans son jus et l'un des rares
exemplaires à capot long (montant pour envelopper les essuie glaces). Elle n'a
pas servi depuis la fin des années 60 et était apparemment inconnue du
microcosme Maserati jusqu'à sa "redécouverte". Vendue 473 000 euros, juste sous
les estimations.
Toujours une rencontre exceptionnelle, voici une Alfa Romeo 6C 1750 Super
Sport de 1929, châssis 0312905. Importée en Angleterre sous forme de châssis
nu, elle fut initialement équipée d'une carrosserie Carlton Carriage, puis
vendue à JD Benjafield, pilote ayant remporté les 24 Heures du Mans 1927 à bord
d'une Bentley 3 litres. Immédiatement, elle fut engagée aux 6 Heures du BARC à
Brooklands où Benjafield décrocha la quatrième place. Deux semaines plus tard,
il se retrouva à Dublin pour le Grand Prix d'Irlande, qu'il termina sixième
après une brève sortie de route. Le 20 juillet 1929, Benjafield participa à une
course de côte organisée par le Middlesex Automobile Club et remporta sa
catégorie. Il prit part ensuite à la course du Tourist Trophy qui se déroula le
17 août en Irlande du Nord et termina l'épreuve mais ne fut pas classé. En 1934,
la voiture couraitt toujours avec un nouveau propriétaire. Dans les années 80,
une nouvelle carrosserie fut fabriquée pour remplacer la précédente, "à bout de
souffle". Un pédigrée insuffisant pour atteindre le prix de réserve.
Cette Maserati Mistral Spider de 1965, châssis AM 109/S/085 est l'un des
125 exemplaires produits, dont très peu disposeraient d'un moteur 3.5 litres
comme celui ci. Invendue.
Cette Bugatti type 13, châssis 981, semble disposer de son moteur et de
sa boite de vitesse d'origine, en état de fonctionnement mais son historique
n'est hélas pas limpide. La voiture a disparu en France avant la guerre pour
être retrouvée aux Etats Unis dans les années 60. Elle disparait ensuite de
nouveau et refait surface au Japon en 1989. Vendue 308 000 euros, loin sous
l'estimation basse de 360 000.
Voici une voiture unique, une Georges Irat Cabriolet de 1949. Georges
Irat s'est essayé à la construction de voitures avant guerre, produisant environ
400 exemplaires avant de devoir jeter l'éponge. Après la guerre, il étudie une
nouvelle automobile dont il présente au salon de Paris 1946 un prototype
révolutionnaire monté sur une ossature en magnésium. Il récidive l'année
suivante avec une évolution de ce premier prototype. Enfin, en 1949, un dernier
prototype est proposé, celui présenté ici. A l'époque, le succès n'est pas au
rendez-vous et ce prototype marquera la fin de l'aventure automobile de George
Irat. Seule la carrosserie de cette voiture attribuée au célèbre carrossier
Labourdette a été retrouvée dans l’usine de Bègles. Afin de pouvoir être
présentée dans divers événements, elle a été installée sur un châssis Simca Huit
pour permettre son utilisation. Vendue sur l'estimation basse à 50 000 euros,
moins que la Simca 8 Sport que vous verrez plus bas.
J'adore les catalogues d'enchères et leur imagination débordante. Ainsi, voici
une 1931/2012 Bucciali-Cord. En 1930, Paul-Albert Bucciali dessine une
spectaculaire carrosserie présentant un très long capot, un châssis surbaissé,
des vitres de faible hauteur et de très grandes roues, comme celles des Bugatti
Royale. Le plan est confié à Saoutchik qui donne vie à cette carrosserie. Il
s’agit d’une «voiture de salon», destinée à trouver un acheteur, ce qui
permettrait de financer la suite de l'aventure. Un acheteur se présente
effectivement en 1931, mais il commande une carrosserie berline et non cabriolet
! Le beau coach décapotable, sans acheteur, est détruit en 1934... En 2010, un
collectionneur décide de lui redonner vie. Il achète un châssis complet de Cord
L29, équipé d’un huit-cylindres en ligne Lycoming de 4,9 litres. La marque
Bucciali existant encore, il acquiert en 2012 l’autorisation de réaliser une
reproduction de la carrosserie du coach décapotable TAV 30 de 1931, sous
certaines conditions de qualité et à un seul exemplaire. L’atelier Bonnefoy,
dans le Cher, se voit confier la réalisation et allonge le châssis. Sur une
ossature en bois, la carrosserie est réalisée en tôle d’acier alors que le
capot, les portes et le couvercle du coffre sont en aluminium. Puis, je cite
"Une fois un rêve concrétisé, il s’estompe généralement avec le temps pour
laisser place à un autre. C’est la raison pour laquelle le propriétaire actuel
se sépare aujourd’hui de sa Bucciali-Cord." Même si, vous le savez, je ne suis
pas fan des répliques, celle ci me fait penser à la Royale Roadster de Mulhouse,
au niveau de la démesure et de la rigueur du projet. Et c'est vrai qu'il aurait
été dommage de se priver à jamais d'admirer ce design, la voiture originale
n'existant plus. Vendue 514 000 euros, juste au dessus de l'estimation basse.
Une autre particularité amusante des catalogues d'enchères et qu'ils
s'interdisent de mentionner le nom du vendeur, ce qui est plutôt sain et qui les
conduit parfois à des pirouettes amusantes, comme pour le propriétaire actuel
des deux voitures qui suivent. Lisez avec la voix de Julien Lepers: "cette
passion l'a fait passer par le journalisme automobile, la représentation de
diverses marques dont celles du programme de Ford et de Carroll Shelby dans les
années 1960, la direction d’un important team privé de compétition,
l’importation et la distribution pour la Suisse, la présidence d’un des plus
importants Salons de l’automobile d’Europe et finalement la responsabilité
administrative de plusieurs sociétés liées au secteur." Je suis, je suis... je
suis...? Personnellement je n'en sais rien et je m'en fiche complètement mais
j'ai trouvé ça suffisamment amusant pour le partager avec vous.
Cette Alfa Romeo Giulietta Sprint Coda Tronca par Zagato a couru à Monza
et Spa notamment en 1963. Après une casse moteur, elle fut équipée d'une
mécanique de Giulietta 1300 mais un moteur du bon type a été remonté dans les
années 2000. Insuffisant pour trouver un nouveau propriétaire.
Et aussi cette Stanguellini 1100 coupé à carrosserie Motto qui aurait été
exposée au Salon de Turin en 1947. Suite à un accrochage, l'avant aurait été
refait avec une calandre dans le style des Cisitalia, à la demande du
propriétaire. Invendue aussi.
Châssis 0409 pour cette Lamborghini 350 GT équipée d'un moteur 4 litres matching numbers, sans doute suite à un échange à l'usine dans les premières années puisqu'il ne s'agit pas d'un modèle interim. Elle a été entièrement restaurée récemment. Invendue.
Voici une belle Lancia Aurelia B20 GT 2ème série, vendue 128 500 euros,
dans l'estimation.
Cette Simca 8 Sport est très originale et bien patinée. A 56 500 euros,
elle a su séduire au delà des estimations.
Cette Ferrari 365 GTB/4 Daytona, châssis 14185, a été convertie en spider
chez Straman aux Etats Unis. Estimée entre 675 et 800 000 euros, elle n'a pas
trouvé d'acheteur
Cette AC Bristol de 1959, châssis BEX1127, est présentée dans son jus.
Bien vendue à 277 500 euros, au dessus des estimations.
Cette Facel Vega HK 500, châssis BE8, est issue de la collection André
Trigano, qui la possède depuis 1978. Vendue 92500 euros sous les estimations.
Cette Ferrari 512 BB, châssis 20509 a été restaurée dans sa teinte
d'origine et certifiée chez Classiche mais elle n'a malgré tout pas séduit.
Cette Porsche 993 GT2 EVO a participé aux 24 Heures du Mans en 1998 et
1999. Elle a abandonné les deux fois, en 1998 sur casse moteur à la 23ème heure.
En 1998, elle avait remporté la catégorie GT2 aux 4 Heures de Jarama en GTR
Euroseries. Elle est toujours dans sa configuration du Mans aujourd'hui et vient
d'être révisée chez Larbre compétition. Pas d'acheteur. Les voitures de
compétition ont toujours du mal à se vendre à Rétromobile.
Cette Mini John Cooper Works de 1998 aurait été préparée pour John Cooper
lui même, avec un moteur 1380 cm3 de 138 chevaux et tout en tas d'améliorations
diverses. Tout ça pour parcourir 2000 miles... Vendue 61 600 euros sur
l'estimation basse.
Quant à cette Mini Cooper S Works de 2001, elle a été préparée pour...
madame Cooper. Il s'agit de l'une des toutes dernières construites. Son compteur
n'affiche que 550 miles. A croire que les Cooper n'appréciaient pas trop de
rouler dans leurs propres voitures, ou que le rêve s'estompe vraiment très vite.
Vendue 46 200 euros dans l'estimation.
Voici une Citroën M35 à l'histoire très originale. A la fin des années
1960, Citroën se laisse tenter par la technique du moteur à piston rotatif mise
au point par Felix Wankel. Pour tester et améliorer le système, Citroën décide
d'étendre les essais à ses... clients. Quelques dizaines d'usagers Citroën
fidèles seront sélectionnés pour participer à cette opération et acheter un
prototype M35. Celui-ci, fabriqué par Heuliez, comporte une carrosserie coupé
2+2 dérivée de l'Ami 8 et un moteur Wankel 995 cm3 développant 49 chevaux. Les
prototypes présentent tous la même teinte métallisée et portent un numéro. Les
clients sont bien entendu aux petits soins du constructeur et il est convenu de
les dépanner en toutes circonstances et de leur prêter une voiture si
nécessaire. L'objectif initial est de produire 500 voitures mais finalement ce
chiffre ne dépassera pas 267 exemplaires. Citroën souhaitant toutefois
communiquer sur 500, la numérotation des prototypes n'est pas continue et
comporte par exemple un "trou" entre 175 et 376. Celui présenté ici porte le
numéro 417 et a été acheté par André Trigano en 1980. Bien vendu à 18 300 euros.
Cette 2CV Sahara en état d'origine, avec 11 300 kilomètres au compteur,
est toujours restée dans la même famille. Elle est présentée avec la poussière
sous laquelle elle a récemment été "redécouverte" Une des sensations de la
vente, à 149 000 euros, loin de l'estimation haute de 90 000!
Cette Visa 1000 pistes, dont seuls 200 exemplaires ont été construits à
fin d'homologation en rallye, n'a parcouru que 2500 kilomètres. Vendue 32 000
euros, dans la fourchette basse.
200 exemplaires également et même objectif pour cette Citroën BX 4TC
développant 200 chevaux transmis aux quatre roues. La voiture de course ne se
montrant pas compétitive, Citroën eut toutes les peines du monde à écouler la
production de série. Au final, seulement 85 BX 4 TC Série 200 furent
commercialisées ou données, les autres exemplaires étant détruits sous contrôle
d’huissier. Vendue 53 400 euros, dans l'estimation.
Presque le même kilométrage pour cette 2CV Charleston: 2900 depuis
l'origine. Vendue au cœur de l'estimation à 32900 euros.
Encore mieux, 1700 kilomètres pour cette Mehari 4x4, dont seuls 1213
exemplaires ont été produits. Vendue 43 000 euros, au delà des espérances.
Ici une Citroën P19 Chenillette Kégresse de 1929, sœur des participantes aux célèbres Croisières Noires et Jaunes. Vendue 30 800 euros, sous l'estimation basse de 40 000.
Cette CX GTI Turbo 2 était attachée à l'Assemblée Nationale et a été
achetée par André Trigano au milieu des années 1990, après son élection en tant
que député. 11 800 euros pour se prendre pour un élu.
Ici une Aston Martin DB2/4 MkIII de 1957. Vendue 236 000 euros, sur
l'estimation basse.
Une Aston Martin DB4, châssis DB4/679/L, vendue 462 400 euros juste au
dessus de l'estimation basse.
Et une Aston Martin DB4 convertible Série 5, châssis DB4C/1100/L, un des
19 exemplaires produits avec conduite à gauche. Adjugée pour 1.28 millions
d'euros, sur l'estimation basse. J'ai vraiment failli passer à coté.
Ici une Renault Viva Grand Sport Cabriolet, vendue 70 000 euros sous
l'estimation.
Une Salmson G72 coupé portant une carrosserie unique par Saoutchik 160 -
220
Voici une des trois Delahaye 135 carrossées par Ghia. Celle ci, le
châssis 800514, aurait été livrée au Shah d'Iran en 1949. Vendue pour 138 500
euros.
Et pour terminer, ce modèle est une Graham Paige Type 97, carrossée par
Pourtout. Elle aurait été achetée par le père de Françoise Sagan pour les 18 ans
de sa fille mais celle ci l'aurait peu utilisée, préférant sa Jaguar (eh oui).
Vendue 143800 euros, sous l'estimation basse.
On parle un peu d'Automobilia avant de conclure? Je vous donne les prix frais inclus, par pure flemme (oui, il me tarde d'en terminer avec ces ventes, j'avoue). Comme chez RM, voici un moteur Ferrari. Ici un Type 049 de la saison 2000, monté sur socle, vendu 42900 euros.
Tout un tas de miniatures: Enzo au 1/5 (3250 euros), F430 au 1/5 (invendue), 250 GTO au 1/5 (7150 euros), 330 P4 au 1/8 par Patrice de Conto, numéro 6/21 (9750 euros) et la LaFerrari BBR 1/12 cachée derrière la GTO, numéro 86/259, vendue 2600 euros. Je passe sur les malles.
Une Lamborghini Countach Junior à moteur thermique, 16900 euros, et une sculpture d'Emmanuel Zurini, non vendue.
Divers tableaux de Rob Roy, vendus entre 1000 et 1800 euros pièce.
Le plus sidérant pour moi a été de voir apparaitre ces photos encadrées des voitures de la Collection Baillon. Les deux de gauche, estimées entre 1500 et 2000 euros (!) n'ont pas été achetées mais celle de droite est partie à 1896 euros!! No comment.
Au total, Artcurial aura vendu pour 55.71 millions d'euros au cours de cette vente, augmentant de 21% le résultat déjà exceptionnel de l'édition 2015 et réalisant la vente la plus importante consacrée aux voitures de collection en Europe continentale. 80% des lots ont été vendus, à 78% d'acheteurs étrangers. Des lots de très grande qualité ont permis de battre des records pour les modèles concernés: Testarossa, Bugatti EB110 SS, Facel, Alfa Romeo GTA, Renault Fregate Ondine et BMW 2002 Cabriolet. Les Citroën ont également explosé tous les records mondiaux avec la Sahara, une Traction 11B Cabriolet, une ID 21F Break, la Mehari 4x4, une C4 G Torpedo et une B12 Woody. Plusieurs très gros lots sont toutefois allés au tapis: l'EB112, la 250 Châssis Court et l'Alfa Romeo 6C mais la présence de la 335S a incontestablement tiré la vente vers le haut. Comme quoi il est toujours utile d'avoir une très grosse tête d'affiche pour mettre les gens d'humeur acheteuse. Pour autant, le marché est resté fidèle à sa nouvelle tendance, boudant les voitures peu originales ou à l'historique peu limpide.
XJ 220, CLK GTR, Diablo, Countach, Testarossa, F40, 959, EB 110, quasiment toutes les voitures qui ornaient les murs des quadragénaires étaient de sortie pour cette semaine d'enchères. Alors que les voitures d'avant guerre semblent en perte de vitesse, peut être que ce sont elles les stars de demain?
D'un point de vue plus personnel, je ne reviendrai pas sur la décevante mise en place des voitures. En tout cas de nombreux lots étaient très intéressants, comme en témoigne la quantité de texte pour certains modèles: beaucoup de voitures avaient des histoires à raconter, ce qui est important pour moi. Malheureusement, j'ai loupé pas mal de choses intéressantes: la Frégate Ondine, une collection de 4 rares italiennes: Alfa Junior Zagato, Osca 1600 GT Cabriolet, ASA 1000 GT et Italia 2000 coupé, une Delahaye 235 coupé Chapron... Je ne peux m'en prendre qu'à moi même mais le timing était serré et le nombre de voitures vraiment important. Même avec tout mon temps, pas sûr que je me serais attardé sur la Ferrari California de 2010 qui a atteint 340 000 euros!! Il s'agirait du seul exemplaire roulant à conduite à gauche disposant d'une boite mécanique. Un autre est exposé au Musée Ferrari et trois autres existeraient en conduite à droite.
Ouf, fin des listes interminables. Maintenant, direction Genève!
Libre à vous de quitter cette page par ici si vous avez terminé la consultation
du site. A bientôt