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Les mois d'hiver sont traditionnellement calmes en terme d'évènements automobiles, le froid et le sel ne faisant pas bon ménage avec les voitures. Cependant, en étant motivé, on peut trouver de quoi s'occuper. Je garde un souvenir intact et intense du Cavallino Classic en Floride il y a tout juste un an mais ce n'est hélas pas un voyage que je peux faire chaque année. En ce moment se tient le salon Interclassics de Maastricht mais c'est un peu loin pour faire l'aller et retour dans la journée (600 km aller). Le cimetière automobile Autofriedhof en Suisse, que j'ai très envie de visiter est encore fermé (plus pour longtemps j'espère) et le Musée de Sinsheim est lui aussi un peu loin (400 km). Heureusement que j'habite à proximité du plus grand Musée Automobile d'Europe, la Cité de l'Automobile de Mulhouse. 

Pour ce qui est de l'étonnante histoire qui a conduit à la création de ce Musée, je vous invite à lire le reportage que j'avais écrit en 2007 lors de ma dernière visite. A l'époque j'y étais allé presque exclusivement pour les quelques Ferrari présentées mais cette fois j'aimerais m'intéresser un peu plus aux autres marques, et en particulier aux Bugatti bien sûr. J'espère que j'aurai le temps de tout faire car les horaires sont réduits en ce moment (10:00 - 14:00).

Après un détour par la crèche, c'est parti. la radio annonce une panique généralisée sur les routes de Rhône Alpes, Jura et Bourgogne à cause de pluies verglaçantes. Pour l'instant je ne suis pas concerné mais cerné, c'est sûr! Le trajet est calme et j'arrive sur le parking du Musée un peu avant 10:00. Le temps de me débarrasser de mon manteau et je fais le pied de grue devant la porte. 10:10, la porte est toujours fermée, la journée commence à mal tourner. J'échafaude déjà un plan de repli vers Porrentruy où je comptais essayer de passer au retour. En me dirigeant vers la voiture, j'avise un panneau qui indique des horaires d'ouverture de 13:00 à 17:00. J'ai du rêver en regardant les horaires sur le net mais au moins, ce sera ouvert aujourd'hui. Pour patienter, je prends donc la route de Sausheim pour aller voir ce qu'il se passe du coté de la concession Ferrari, Modena Motors.

Sur l'arrière du bâtiment se trouve une 599 GTB dans un rouge foncé sublime. Avec les jantes challenge, elle est vraiment magnifique. Dommage pour ces horribles scotches encore collés sur la voiture mais je ne pouvais ni les arracher ni les effacer à la retouche, désolé. Egalement stationnées là une 360 et une 355. Visuellement, je préfère de loin la 355 à la 360: elle est plus agressive, mieux posée. Mais ce n'est qu'un avis personnel évidemment, de la part de quelqu'un qui n'a roulé dans aucune des deux.    

        

 Sur le coté, une des 200 Fiat 500 que Ferrari a fourni à son réseau européen pour servir de véhicule de courtoisie pendant que le cavallino est au garage. Cent chevaux et sellerie cuir pour maintenir le standing.

 

Sur le parking avant se trouve une California noire. Pas de hauts le cœur, depuis ma surdose du mois de novembre je me suis habitué à la ligne de la voiture qui ne me choque plus. Le plus difficile est de tenir l'appareil sans trembler car le thermomètre indique -2°.

       

Non loin d'elle se trouve une Granturismo qui permet de juger de la filiation (ou non) des lignes des deux voitures. C'est sûr que le nez de la Maserati est exceptionnel et que la California semble s'en être un peu inspiré. 

D'habitude je ne m'aventure pas à l'intérieur du showroom mais je remarque immédiatement la présence d'une 250 GTE (le modèle martyr qui sert de base à tout et n'importe quoi) grise. J'entre et je me fais confirmer que j'ai le droit de photographier à l'intérieur, ce qui ne pose pas de problème.

         

Il y a également dans le showroom une très belle 355 équipée de jantes personnalisées et qui parait vraiment très basse.

 

A un jet de pierre de là se trouve une immense concession qui regroupe Audi et Porsche. C'est là qu'a été inaugurée le 11 septembre dernier (date malheureusement facile à retenir) la quatrième concession Lamborghini française. Le responsable commercial m'accueille très gentiment et m'autorise lui aussi à faire des photos. Mon attention est immédiatement attirée par une LP560-4 orange, couleur encore rare pour ce modèle.

         

Derrière elle se trouve une LP640 dans la désormais traditionnelle livrée blanche.

 

Egalement présentes, une Superleggera anthracite, une Gallardo Spider blanche et une Gallardo Nera. On me propose même de photographier l'intérieur de la Superleggera, alcantara et carbone. Je m'exécute évidemment avec grand plaisir.

         

Une fois la séance terminée, nous discutons un peu de la conjoncture (difficile, surtout pendant la période hivernale) et de la proximité du garage Affolter. La concession espère se démarquer en proposant des modèles strictement sortis d'usine, là où la concession Suisse propose énormément de personnalisations maison. Meilleurs vœux de réussite à tous les deux. Dans le showroom Audi, une R8 noire, dans celui de Porsche, une Gt3, Gt3 RS et 997 Turbo. Pas assez pour que je m'arrête. Du coup, il est presque midi. Par précaution, je repasse devant Ferrari avant d'aller manger. Je croise la California en arrivant. Sur le parking, elle a été remplacée par une Granturismo S. C'est l'occasion de faire un petit comparatif avec sa sœur plus sage et de constater à quel point de petits détails peuvent changer l'aspect d'une voiture. Des jantes anthracites et des fonds de phares noirs suffisent à donner à la S un air plus agressif.

 

Egalement sur le parking sont garées deux Quattroporte, dont une restylée (la plus claire). On peut constater une nette différence sur la calandre avant.

 

Bon, la journée a déjà été agréable finalement mais il est temps de revenir au but principal de ma visite: la Collection Schlumpf. Retour à Mulhouse, cette fois c'est ouvert, ouf. Le bâtiment est imposant et le visiteur est accueilli par des formes de voitures "en suspension" dans l'air. 

         

La première salle est plutôt luxueuse, un écrin rouge qui accueille une Bugatti Type 35 et une Ferrari 312B...

       

 

ainsi qu'un hommage à la mère des frères Schlumpf à qui est dédié le Musée et quelques statues qui mettent une ambiance classieuse ... ou effrayante suivant le cas. 

         

La deuxième salle, la plus importante par la taille, se compose de plusieurs allées bordées de réverbères. Depuis trois ans, je retourne progressivement dans le temps: des voitures modernes je suis passé à celles d'après guerre avec Ferrari, puis à l'entre deux guerre en m'intéressant aux Bugatti. La première allée est consacrée aux voitures d'avant 1914 mais là, je pense que je n'accrocherai jamais. La carrosserie est inexistante, le moteur réduit à sa plus simple expression: sans doute une source d'émerveillement pour les bricoleurs ou les mécaniciens mais pas pour moi. A la limite cette Type 16 de 1912.

 

Cette salle présente de nombreux modèles très originaux, comme cette énorme Alfa Romeo 8C 2.9A qui remporta les Mille Miglia en 1936 ou cette Maserati Biplace Sport 2000

       

ou de marques depuis longtemps disparues comme cette Hotchkiss Gregoire ou cette Panhard Levassor Dynavia. 

        

ou cette Arzens dite "la baleine". On comprend aisément pourquoi.

       

Evidemment de nombreuses Bugatti dont certaines étonnantes comme cette camionnette Type 40 ou cette Type 101 de 1951 qui sort 4 ans après le décès d'Ettore Bugatti, quand son fils Roland tentait en vain de sauver la marque. 

        

Je ne peux pas être exhaustif évidemment, le Musée rassemblant 430 voitures de 97 marques différentes, dont 150 Bugatti, surtout que nombre de modèles ne présente pas un intérêt esthétique extrême. Des travaux ont lieu à un endroit où je remarque également une sévère fuite d'eau dans le toit. Je vous montre encore cette Torpedo Grand Sport Type 43 de 1929 qui a appartenu au Roi Leopold de Belgique. Et cette Type 101 de 1952. Le génie dans le trait n'y est clairement plus.

       

 Arthomobiles ne serait pas Arthomobiles sans Ferrari donc même si je les ai déjà détaillées lors de mon précédent reportage, je vous remets la 250 LM (sn 5975), la 250 GT (sn 1005GT),

         

la 375 MM (sn 0450AM) et la 250MM (sn 0230MM)

         

Lors de mon passage à Gstaad, j'ai expliqué que j'avais fait les photos en mode M en forçant 200 ISO et une ouverture à f/22. Un membre de Ferrari-modelisme m'a gentiment fait remarquer que le piqué optimal d'un appareil photo était obtenu environ 3 stops au dessus de l'ouverture maximale, soit entre f/5.6 et f/8. Ensuite, il y a une perte de piqué à cause du phénomène de diffraction. J'ai donc tenu compte de ces conseils et la majorité des photos en intérieur de cette page sont prises en mode M avec un forçage sur 200 ISO et f/8. J'avoue que le résultat est plutôt satisfaisant.

Pendant qu'on est dans la technique, je me suis amusé à tester un petit effet amusant quand on est en pose longue: il suffit de tourner progressivement la bague du zoom pendant la pause (en commençant un peu avant et en terminant un peu après) pour obtenir cet effet plus ou moins marqué suivant la vitesse à laquelle on a manipulé l'objectif. Ca ne sert pas à grand chose mais dans certaines occasions, le résultat peut sûrement être sympathique.

       

Enfin, quand je suis arrivé au bout de cette salle, j'ai échangé le 17/40 pour le 70-200 avec la ferme intention de me concentrer sur les insignes et les bouchons de réservoir. Plutôt que de faire à main levée (ce qui aurait sans doute été possible dans cette salle bien éclairée), j'ai gardé le trépied et les même réglages forcés. Ici un Spirit of Ecstasy et une plaque Maserati.

         

Première constatation, ça tremble pas mal. Quand la fixation sur le pied est faite par le boitier, la longueur de l'objectif fait trembler l'ensemble au moindre souffle d'air. Je déclenche en apnée.

         

Et le cadrage n'est pas évident non plus, un millimètre d'inclinaison faisant bouger pas mal le cadrage d'un objet si proche. Bon, en persévérant, j'y arrive quand même.

       

Cette Hotchkiss n'hésite pas à montrer ses origines guerrières et à l'époque, même Peugeot sur sa 203 faisait un effort de présentation.

         

Un coup d'œil à ma montre m'indique qu'il est déjà plus de quinze heures. L'heure tourne et il faut accélérer. A partir de là je garderai régulièrement un œil sur la montre. Je me dépêche de photographier la Porsche 959 et 205 Turbo 16.

         

Fort logiquement pour la plus grande concentration au monde de Bugatti, une Veyron trône sur un plateau tournant, ce qui ne facilite pas la photo (je n'ai même pas pensé à mettre un coup de flash).   

 

Il est temps de passer dans l'antre de la compétition, où sont rassemblées des voitures ayant couru en Formule 1 et aux 24 Heures du Mans. Au passage, je rencontre également une Vaillante: une très bonne initiative que de donner vie à cette marque fictive mais qui aura marqué l'imaginaire de nombreux passionnés de ma génération.

        

C'est parti avec les Reines du Mans, les Porsche avec cette Dauer-Porsche 962 et cette 935

         

puis cette 908, troisième en 1968 et 1972 et une flèche d'argent 300SLR.

         

parmi les voitures exposées, les Gordini retiennent particulièrement mon attention par leurs formes étranges. J'aime beaucoup les gros yeux de celles ci.

         

Une Bugatti qui use deux fois plus de pneus arrières et un duo de flèches d'argent.

       

Vient ensuite deux impressionnantes rangées de Bugatti de compétition, presque toute bleues. Effet visuel garanti. Ca commence avec cette type 13 de 1921.

        

Type 37 et Type 51

       

et cette somptueuse et emblématique Type 35

Parmi les non Bugatti, cette Panhard Levassor ou cette Serpollet de ... 1902

       

Puis on revient à la Formule 1 (voir les Ferrari dans le reportage de 2007), des plus anciennes comme cette Bugatti Type 251 aux modèles plus récents mais qui ont marqué leur époque comme cette Renault Turbo RE40.

         

Il me reste moins d'une heure et je n'ai pas encore attaqué le Hall intitulé "Les chefs d'œuvre de l'Automobile". En tout cas ce ne sera pas les chefs d'œuvre de la photographie car l'atmosphère de cette salle est très feutrée, comprendre très très sombre. C'est là que se trouvent notamment deux des sept Bugatti Royale construites mais aussi de nombreuses Rolls, Bentley, Hispano Suiza 

       

 

 et bien sûr un nombre extravagant de Bugatti ... dont cette merveilleuse Type 46

       

ainsi que cette Voisin que je trouve magnifique (la photo ne lui rend pas justice)

 

Les bouchons de réservoir semblent m'appeler. Changement d'objectif et cette fois, plus question de main levée, on arrive dans des temps de pause de plusieurs secondes. Isotta Fraschini, Voisin

        

Hispano Suiza, Rolls Royce

        

Pour terminer la série, ce sublime Icare.    

 

plus qu'une dizaine de minutes avant la fermeture et il reste encore sur le chemin de la sortie une Royale et plusieurs Atalante. La Royale est une reconstruction du Roadster "Esders" dont je vous laisse admirer le travail sur les ailes.

 A proximité, a dernière voiture sortie de restauration, une Mercedes Benz 710 SS

Sur le chemin de la sortie: cette Panhard Levassor Phaëton 4HP qui serait la première voiture "de série" au monde, produite en six exemplaires en 1891.

 

et l'une des Atalante

Dans l'ultime couloir, non éclairé, qui mène au magasin de souvenirs et à la sortie, on peut admirer (et écouter)  l'extrême sobriété des moteurs qui fut une des marques de fabrique de Bugatti.

 

17:00 me voilà dehors et il est temps de rentrer à la maison. Voyage sans histoire bien que la pluie/neige qui tombe et la température juste en dessous de 0° incite à la vigilance. Une fois rentré, je vérifie le site internet du Musée qui indique bien les bonnes heures d'ouverture. Soit il a été mis à jour il y a très peu de temps, soit j'ai un gros problème de connexions neuronales.

Au final, la journée aura été très positive et je suis surpris de ne pas avoir réussi à faire mon tour en quatre heures. La dernière fois j'étais allé beaucoup plus vite mais il est vrai que seules les Ferrari m'intéressaient vraiment. J'ai donc du sacrifier un des Halls les plus importants, et qui nécessite le plus d'application en photo du fait de son atmosphère très sombre. Il faudra donc une nouvelle (et ultime?) visite pour compléter ma collection d'images. Quoiqu'il en soit, cela démontre l'extraordinaire richesse de ce qu'il y a à voir (et çà doit être encore bien pire avec les audioguides gratuits) et je ne peux que vous engager à faire la visite si vous passez dans la région de Mulhouse: la Cité de l'Automobile vaut largement l'investissement d'une journée de tourisme. 

Il ne me reste plus qu'a tester mes nouveaux réglages dans un mois lors du Salon le moins bien éclairé du monde: Retromobile. 

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