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Ce lundi 05 mars 07, j'ai donc testé pour vous le Musée de l'Automobile de Mulhouse, qui expose la Collection Schlumpf, réputée comme étant l'une des plus impressionnantes au monde. Un peu d'histoire pour commencer

En 1957, deux magnats du textile et de la finance, Fritz et Hans Schlumpf connaissent une période de prospérité qui placent ces deux Suisses installés en France parmi les plus importantes fortunes nationales. Installés dans la région de Mulhouse, Fritz est particulièrement amoureux des voitures d'Ettore Bugatti dont les voitures sont construites dans la ville voisine de Molsheim. A l'apogée de leur fortune, les frères commencent à acquérir des véhicules dans la région, les stockant dans un hangar. A cette époque, les vieilles voitures n'ont quasiment aucune valeur et les Schlumpf ont à leur service des nombreux acheteurs qui raflent tout ce qu'ils trouvent, voitures et pièces détachées. D'autres employés répertorient et restaurent les modèles qui sont livrés directement dans le hangar par une voie ferrée spécialement remise en service à cet effet. Personne en dehors du cercle très restreint des employés tenus au secret ne connait l'ampleur et le coût pris au fil du temps par cette collection obsessionnelle. En 1965, les premières informations filtrent dans la presse car Fritz aimerait ouvrir la collection au public. A ce moment, la collection à coûté environ 12 millions d'euros actuels. Une somme importante si l'on considère qu'elle était supportée par les sociétés des frères, en tout illégalité et que l'industrie commençait à être en crise. Une somme ridicule si l'on considère que nombre de modèles étaient acquis au prix du métal et que la valeur actuelle de la collection est presque inestimable. Hélas en 1973, la crise pétrolière éclate et les sociétés des Schlumpf sont acculées à la faillite. En 1977, sous la pression des syndicats, la taille de la collection éclate au grand jour et surprend tout le monde par son ampleur. Les Schlumpf ont fui vers la Suisse, leur trésor est saisi. Heureusement, la valeur inestimable de la collection est reconnue et elle est classée Monument Historique en 1978. Aucun véhicule ne peut être cédé sans l'aval du Ministère de la Culture. Après inventaires des 600 voitures rassemblées par les Schlumpf, il est évident que leur collection est la plus importante au monde et d'une qualité remarquable. Pas moins de 123 Bugatti dont deux rarissimes Royales notamment. Tous les véhicules sont en parfait état car les frères avaient également constitué une énorme réserve de pièces détachées, allant jusqu'a racheter une partie des stocks de l'usine Bugatti lors de sa liquidation. 

Dès lors, il est évident que la visite du Musée est très impressionnante mais j'en suis sorti avec un goût un peu amer. Je m'explique.

Le Musée se compose donc de deux halls immenses et de petites pièces remarquablement sombres. Dans le plus grand hall, dont la taille est vraiment impressionnante se trouvent un nombre incalculable de voitures de toutes époques, dont les Ferrari qui m'avaient attirées, a savoir une 250 LM (sn 5975)

une 250 coupé Pininfarina (1005GT)

       

une 250 MM Spider Vignale (0230MM), voiture présentée au Salon de Paris en 1952, pilotée par Roberto Rosselini au Mille Miglia en 1953

       

       

 et une 250 MM ex prince Bao-Daï recarrossée par Scaglietti en berlinette Tour de France (0450AM)

       

 

On est pas à la Galleria de Maranello, je l'admets, donc les voitures sont dans leur état d'origine, peinture écaillée par endroits, ce qui a aussi son charme. Mais que la 250 LM ait un pneu dégonflé, c'est un peu trop vintage à mon goût.

Je pense qu'il y a quand même un minimum de soin a apporter à des voitures de ce niveau et de ce prix. Cela dit comme personne ne surveille, il est possible de prendre quelques libertés avec les barrières pour aller photographier l'arrière ou les détails des voitures.

Deuxième mauvaise surprise, la hall course est en travaux. Soit, ça peut arriver bien que cela ne soit signifié nulle part. Mais quelle surprise de voir toutes les voitures serrées au milieu du hall où ont lieu les travaux, sans aucune protection, c'est à dire avec déjà une belle couche de poussière. Je parviens a prendre quelques clichés avant qu'on me demande de quitter les lieux.



Bon, c'est sûr que les amateurs de Bugatti doivent être comblés, le musée devant quasiment être exhaustif. Je peine à imaginer un tel Musée avec la même collection de Ferraris. Il faudrait au moins une semaine pour en faire le tour en s'arrêtant sur chaque voiture. Les plus belles, comme la Royale, se trouvent tout de même dans des pièces assez sombres, qui nécessitent un temps de pause assez long donc si vous êtes venus sans trépied, il y a peu de chances que vous ayez une photo potable (cartes postales en vente à la sortie ;o) )

       



Bref, c'est sûr qu'il faut voir ce Musée si vous passez du coté de Mulhouse, c'est absolument spectaculaire! Mais franchement, en sortant, j'ai eu davantage l'impression d'avoir visité un cimetière qu'une belle collection, et je pense qu'à l'exception de quelques privilégiées, les voitures ne sont pas traitées avec tous les égards qu'elles méritent. Certes il y en a beaucoup et les moyens sont sûrement très limités mais changer un pneu, ce n'est quand même pas grand chose.

Voilà pour mes impressions, peut être dues à mon manque d'habitude des musées automobiles (hormis la Galleria, qui est en perpétuelle mutation).

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14 mai 2007, après avoir reçu par mail la confirmation que la section course de la Collection Schlumpf à Mulhouse était de nouveau ouverte, j’y suis retourné pour compléter la séance photo. Tout comme au mois d’avril, il tombe des trombes d’eau. Arrivé sur place vers 11H00, je fais le détour par Sausheim où se trouve la concession Ferrari pour l’est de la France, Modena Motors. Comme la fois précédente, il y règne un calme absolu. Les lumières sont éteintes malgré le temps pluvieux. Bref, rien à voir. Heureusement sur le parking se trouve une superbe F430 rouge (sn 140851). Après les photos, je la regarde longuement. Peut être est ce le cadre de cette zone industrielle banale mais je la trouve particulièrement belle et attirante.

       

Voilà le Musée qui m’avait laissé une étrange impression lors de ma première visite. Première bonne surprise, on a regonflé le pneu arrière de la 250 LM, ça me rassure sur le soin apporté aux véhicules de la collection. Deuxième bonne surprise, il y a du monde. La dernière fois, il n’y avait pas plus de 10 personnes en même temps que moi mais aujourd’hui, également un lundi, c’est beaucoup plus vivant, j’ai moins l’impression de visiter un mausolée.

Ouf, la section course est belle et bien ouverte. Les voitures y sont rangées comme sur une grille de départ. Très esthétique mais difficile de faire des photos des voitures qui sont sur la ligne la plus éloignée. Tant pis, je passe outre les câbles de sécurité pour avoir des photos dignes de ce nom et faire quelques gros plans. On finit évidemment par me demander si j’ai l’autorisation de passer de l’autre coté des barrières, ce qui n’est évidemment pas le cas. Heureusement, j’ai presque fini. Quelques minutes plus tard, je franchis de nouveau le câble pour faire quelques derniers clichés qui manquaient et je me dirige vers la sortie.

On trouve donc dans cette section incroyablement riche un échantillon de monoplaces rarissimes:

une 166 F2 de 1948, châssis 001F

       

       

une 212 F2 sn 0110 de 1950

       

       

deux 500/625, châssis 0512MD et 184 F2

       

       

       

Plus récente, une monoplace 156B (châssis 0004) au volant de laquelle Lorenzo Bandini remporta le Grand Prix d'Autriche en 1964.

       

 

Egalement dans cette section, où je ne trouverai pas la 312B annoncée, une 500 TRC (0692MDTR) ex Joe Siffert

       

       

       

 

Cette deuxième visite me laisse donc une bien meilleure impression que la première qui m’avait laissé frustré de ne pas voir la section course et agacé de trouver la 250 LM avec un pneu à plat. J’ai également davantage profité de l’extraordinaire collection de Bugatti, la réelle passion des Schlumpf, amassée parfois au prix de l’acier et qui a désormais une valeur inestimable. Dommage qu’ils n’aient pas eu la passion du Cavallino plutôt que celle des Bugatti car leur collection serait  encore plus extraordinaire (à mes yeux de tifosi en tout cas).

       

       

       

Pas mal de merveilles dans cette section course, avec des voitures qui ont marqué leur époque, notamment au Mans, Porsche et Mercedes SLR en tête.

       

Petit détour par Modena Motors avant de repartir : rien de nouveau, toujours éteint, toujours calme. La F430 trône toujours. Je profite une dernière fois de ses lignes agressives avant de reprendre la route. Belle journée !

(Résumé de la Collection Schlumpf adaptée de l'article de François Fouqueville paru dans Ferrari Club N°11.)

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