J'ai décidé de différer quelque peu la publication du reportage sur les Modena Trackdays le temps des retours de vacances, afin de toucher une plus large audience. Du coup, je suis à mon tour parti en vacances le 17 août. J'avais promis à madame qu'il s'agirait de vacances spéciales famille. A quelques jours de partir, des photos ont commencé à apparaître sur Facebook montrant plusieurs autos intrigantes arrivant sur Cannes.
Samedi matin, nous décidons de partir à 2h30 pour tenter de devancer le rush et les bouchons, et c'est exactement ce qui se passe. A 9h00, nous sommes en vue de Roquebrune sur Argens, notre point de chute, alors que les clés des appartements ne sont distribuées qu'à partir de 17h00. Arthomadame me propose de filer sur Cannes, qui n'est qu'à 40 kilomètres. Banco!
Je vais profiter de ce reportage pour parler d'un phénomène largement inconnu du grand public: les grandes transhumances des émirs du pétrole. En effet, les musulmans ne sont pas les seuls à scruter les dates du ramadan, les spotters aussi! Car ces chasseurs de voiture de sport savent que les riches moyen-orientaux passent l'été en Europe, sauf durant le mois saint qui voit traditionnellement un retour au pays. Et chaque année, en dehors de la période de jeûne, c'est un déferlement de voitures extravagantes, de préférence différentes des années précédentes, customisées avec un mauvais goût constant. Le parcours peut varier mais comprend généralement Londres et Cannes, parfois Genève et Paris. Or la police de Londres a déclaré une guerre aux voitures de luxe qui terrorisent le quartier d'Harrod's à coup rageurs d'accélérateurs ou de runs sauvages en pleine rue, les mettant en fourrière à la moindre occasion. Cette année, les voitures sont donc arrivées en force sur Cannes. Grâce à Facebook, je sais exactement quoi chercher, et où; idéal pour une chasse en famille. Je vous laisse la surprise. Je vous mets beaucoup de photos pour peu de voitures, histoire de justifier tout de même cette page. A vous de choisir vos préférées.
Nous commençons par le port. En effet, les voitures de luxe sont loin d'être les jouets les plus chers de leurs propriétaires.
Et comme prévu, à mon soulagement tout de même, voici l'une de mes cibles prioritaire, et l'exception à la règle ci-dessus. Cependant, même s'il ne s'agit pas d'un modèle de l'année, cette Ferrari F50 est sûre de faire tourner les têtes.
Habituellement noire, la F50 a été mise pour l'occasion aux couleurs traditionnelles noir et orange du RRR, acronyme de Rich in Real estate Ressources. Toutes les voitures de ce cheik saoudien milliardaire portent ces couleurs.
C'est ma première F50 noire, ce qui est déjà une bonne raison de venir la voir.
Les puristes ont immédiatement crié au blasphème mais ce genre de personnalisation ne me dérange pas. Ici, ce ne sont que des stickers, donc ça ne prête absolument pas à conséquences, mais au pire même une peinture sur une voiture moderne est une simple formalité: Zanasi fait ça très bien.
Ce sont souvent les mêmes qui hurlent en voyant les vidéos postées sur Youtube par Taxtherich et qui montrent des F50, Enzo ou Bugatti EB110 conduites à tombeau ouvert sur des chemins de terre de la campagne anglaise. Encore une fois, ça ne me dérange pas, au contraire: les voitures sont faites pour rouler, et elles ne sont pas en sucre! Et Ferrari se fera une joie de vendre au prix fort toutes les pièces d'usure qui auront pu être endommagées lors d'une sortie musclée, les stock sont abondants (un peu moins pour l'EB110, ok). J'approuve même d'autant plus ce genre d'utilisation que les prix flambent d'une façon incroyable: à Monterey, une 275 GTB/4 NART Spider a été adjugée pour la somme incroyable de 25 millions de dollars. Même s'il n'y a eu que 10 exemplaires de produits, ce n'est tout de même qu'une 275 GTB/4! Cette flambée ne peut qu'être dangereuse pour les passionnés car avec une telle explosion des prix, les spéculateurs vont se ruer sur les voitures et il va devenir très dur de les voir, et encore plus de les admirer en mouvement.
Apparemment Victory Motorcycles est la marque de deux roues qui a le vent en poupe chez les hyper-riches.
Une chose est sûre: partout où l'on trouve des voitures de luxe en plaques arabes, les Mercedes Classe G AMG des gardes du corps ne sont jamais loin, c'est une règle qui ne souffre pas d'exception.
Vue globale, vous noterez les plaques des Emirats Arabes Unis: 999 pour la F50, 9999 et 99999 pour les frigos.
Le pare-brise avant teinté est hautement illégal, mais comme de toute façon elle n'a déjà pas de plaques à l'avant...
Je ne sais pas si c'est l'âge mais je suis de plus en plus prudent: le 6D est resté à la maison, je n'ai pris que le 7D, le boîtier désormais surnuméraire, avec le 17-40.
Juste à coté, cette 458 spider est presque anonyme.
Tout comme cette California, qui vaut surtout pour son environnement.
Après une pause sur le sable, je me dirige vers le Majestic Barrière. Voici une M5 Hamann Mission Qatarie.
La voiture est mal placée, mais le cadre est sympathique. Il y a aussi une Aventador en baby blue mais elle est dans un endroit mi ombre mi soleil très contrasté. J'essaierai de revenir plus tard quand la lumière aura tourné.
Plus loin, une Aventador Roadster, le hit de l'été,
et une Mercedes McLaren SLR en noir mat.
Je vous laisse apprécier la propreté: sortie de grange.
Ayant laissé la famille à l'ombre, je fais la Croisette au pas de charge. J'arrive devant le Carlton où se trouve un line-up d'anthologie. On commence avec cette superbe Rolls Royce Ghost Koweitienne.
Hormis le wrap qui commence à cloquer et la portière qui semble être d'une couleur différente. Rien ne vaut une peinture!
Voici une superbe 458, avec un kit carrosserie Vorsteiner discret mais efficace, et des jantes superbes.
Derrière, l'inverse: je ne suis pas fan de cette 458 du Koweit.
Mais la voiture que je suis venu voir se cache derrière ce Classe G.
Ma première Pagani Huayra en liberté (hormis celle croisée à San Cesario mais pas photographiée). Les plus assidus des parisiens en sont à leur troisième avec celle ci, une bleue, et la voiture de démonstration officielle qui a fait un stop au retour de Goodwood.
A cette heure là, il ne faut pas compter sur une photo propre sans personne, d'autant que mon timing est serré; je ne peux pas la jouer patient (où lève tôt).
Derrière, voici une Aventador avec un discret kit Oakley Design.
Et une SLS wrappée chrome.
Toutes ces voitures bougent assez peu, passant de ville en ville en camion (où exceptionnellement convoyées par d'heureux employés). Une fois sur place, elles restent souvent au même endroit, ne roulant que tard le soir. La plupart n'ont pas de plaques à l'avant, parfois pas d'assurance, sont couvertes de traces de doigts.
L'Aventador est couverte de poussière. Le wrap de la SLS est lui aussi couvert de traces de mains et de rayures.
Sur le coté de l'hôtel, en zone privative, se trouve cette McLaren 12C.
Je pousse jusqu'au Martinez, passant en chemin devant cette F430 à louer,
mais il n'y a rien de plus notable que des 458 (ça y est, je commence déjà à être blasé).
En repassant devant la Huayra, je tente d'avoir une image claire, quitte à combiner plusieurs photos. Pas mal pour 11 heures du matin sur la Croisette.
Voici une deuxième Aventador Roadster blanche jantes noires.
Après avoir mangé les sandwichs, je reviens au Majestic. Cette F430 est de sortie.
Avec encore une Aventador Roadster blanche.
Et la lumière sur la baby blue est idéale.
Puisqu'elle n'est pas blanche, j'en profite.
Au final, sur l'objectif que je m'étais fixé, il ne me manque que l'Aventador Roadster kitée DMC bleu mat. Tant pis.
Nous faisons ensuite un tour dans les rues adjacentes, tombant notamment sur cette nouvelle DB9.
Je me suis souvent plaint du manque d'audace des designers d'Aston Martin mais je reconnais que la mise à jour de la DB9 est plutôt réussie. Merci à l'éphémère Virage.
Sur proposition de madame, nous repartons vers la voiture en longeant les hôtels. Je refais une série complète au Carlton.
Une California Vinaccia est amenée par un voiturier pour son propriétaire.
Dernière revue de détails
et adieu.
Nouveau passage dans les rues pour prendre une petite glace,
et nous repassons par le port pour retourner à la voiture. Une nouvelle 458 saoudienne customisée est garée sur la jetée.
L'endroit est un peu à l'écart et en cul de sac, ce qui fait qu'il y a vraiment peu de monde autour des autos.
Chacun se fera sa propre idée sur la configuration de chaque voiture.
Question de goûts. Même si je me doute que la plupart de ceux qui sont arrivés jusqu'ici ont les yeux qui piquent. Encore une fois, je ne suis pas choqué pour ma part. Je préfère de loin ceci au tuning ignoble à l'allemande , fait de bric et de broc avec d'horribles jantes à rivets et grand déport. Ici au moins, il y a une cohérence.
ll y a des trous dans les yachts. Je considère quelques minutes ce que ce doit être d'être à bord de l'un de ces mastodontes, ancré dans une crique déserte, avec jet ski et plage à disposition. Bref!
Revenons sur terre. Je refais une série de la F50.
Le soleil a tourné, ce qui me permet notamment cette vue arrière.
L'autre 458 n'a pas bougé non plus.
Voilà, il est temps de reprendre la route pour prendre possession de l'appartement. Comme les amateurs de belles voitures apprécient généralement toutes les belles (et chères) choses, je vous mets en prime quelques bateaux parmi les plus mastocs.
Le roi du bling!
Pas de visite à Monaco, pour me permettre de tenir au maximum ma promesse. C'est déjà la fin du spotting pour les vacances mais il aura tout de même été profitable. Madame aura eu une très bonne intuition puisque dès lundi, la Huayra a été spottée sur un camion en direction du nord (la puissance d'internet). Quoique dès lundi soir, on trouvait une Veyron au Majestic et une Zonda au Carlton, puis le jeudi une seconde Huayra au Carlton (!!). J'espère que cette courte plongée dans l'eldorado des spotters vous aura plu, ou minimum appris quelque chose.
Addendum: vendredi, veille du départ. Nous allons manger le midi dans un restaurant vietnamien d'une zone proche de la résidence. En repartant, nous longeons le parking d'une concession Porsche. Au loin, une tache blanche attire mon attention. Jantes blanches, c'est bien une 959. Je n'ai pas le reflex avec moi, il va falloir revenir (ceci est une reconstitution).
Une heure plus tard, me voici de retour. En me garant, je vois cette Jaguar Type F qui démarre.
La concession Jaguar est voisine, je commence par elle. Deux XK-RS sont garées à l'extérieur, une noire,
et ce superbe exemplaire bleu.
C'est drôle, les prises d'air sur les bords du bouclier avant me rappellent ceux dont vient d'hériter la 458 Speciale dont nous reparlerons en détail très bientôt.
Dans un parc adjacent sont garées trois F-Type supplémentaires, toutes en finition S.
Elles prennent un peu la poussière.
J'entre ensuite chez Porsche. Je fais le tour du bâtiment en m'attendant à tout moment à me faire éjecter mais personne ne dit rien, et me voici face à l'un des graal du spotter: la Porsche 959.
Avec 234 exemplaires, elle est beaucoup plus rare que sa grande rivale, la Ferrari F40.
Le moteur bi-turbo développe 450 chevaux dirigés vers une transmission intégrale à répartiteur électronique.
La plupart ont été livrées avec des jantes assorties à la carrosserie ce qui est plus ou moins heureux (sur les rouges notamment). Voilà, mission remplie. En repartant, je m'aperçois qu'il y a un second exemplaire dans l'atelier, une rouge qui est passablement désossée pour une révision.
C'était la récompense des puristes qui n'ont pas fermé la page trop vite.
J'entre une minute dans le showroom pour cette GT3 RS.
Post Scriptum: nous sommes de nouveau samedi. Nous voilà prêts au départ à 09h30 pour une journée qui s'annonce rouge sur les routes. Arthomadame confirme son statut de perle des perles en suggérant un nouveau passage par Cannes histoire de temporiser un peu. Ca rallonge le voyage en voiture d'une heure mais nous ne sommes pas à ça près. C'est parti! Nous reprenons le même parcours que la semaine dernière mais avec un renouvellement complet des voitures. Rien sur la jetée hormis une 599 qui montre que l'on peut avoir un goût douteux même sans être arabe et en restant dans une apparente sobriété.
Au Majestic, c'est la descente aux enfers, il n'y a que cette Mansory Siracusa.
Ca me peine de l'admettre, mais à sa façon extravagante, le tuner a vu venir certains éléments de la 458 Speciale, comme cette avant façon F1 et les ouvertures le long des feux avant. Gloups.
Devant le Casino, voici une nouvelle Aventador Roadster, tellement plus belle comme ça qu'en blanc!
J'en profite pour m'expliquer sur ma politique de gestion des plaques. Je les masque systématiquement sauf dans quelques cas particuliers: les voitures de location et les plaques que les propriétaires se sont donné du mal à obtenir (généralement allemandes ou anglaises). Ce serait dommage de masquer la plaque LP 700 ici, non? Enfin, je laisse les plaques arabes puisqu'elles sont indéchiffrables, voire même peut être fausses.
Devant le Carlton, voici une SLR 722 avec un wrap or mat. Ca redonne un coup de jeune à cette voiture qui vieillit assez mal selon moi.
Elle reste cependant à la mode puisqu'en voici une deuxième, 722 roadster.
Mais la bonne surprise du line up est cette Pagani Zonda F roadster tout carbone. Je cherchais une deuxième Huyara qui a fait une apparition dans la semaine, mais celle ci fait un bon substitut.
La F a été présentée en 2006 et proposait de nombreuses améliorations par rapport aux versions précédentes: un avant allongé, des prises Naca supplémentaires. l'aileron devient d'une seule pièce. Elle est sauf erreur la première Zonda présentée en carbone vernis. Sur 22 Roadsters F produits, une majorité l'a été dans cette livrée qui avait fait sensation à l'époque.
Derrière se trouve une 599 bicolore plutôt soft,
et la preuve que le bleu est la couleur de l'été! Autant la 458 matte vue plus haut ne m'a pas plu, autant celle ci en chrome est déjà plus sympathique, surtout avec l'intérieur rouge,
Qui plus est, les étriers aux couleurs italiennes montre pour la première fois autre chose que de l'égocentrisme, voire même un brin de passion.
Scène de la vie cannoise!
Mais c'est finalement cette 458 Hamann ni chromée ni matte que je préfère. Sobre, agressif...
Il faut juste enlever l'aileron et la prise d'air sur le toit pour qu'elle soit parfaite.
Encore derrière, voici l'Aventador de Bruce Wayne.
Je suppose qu'il s'agit et de loin de la voiture de sport à moteur V12 la plus produite actuellement.
et une Continental GT aux airs de bad girl.
Je pousse rapidement vers le Martinez, en passant à coté de cette Type F dans une couleur originale, mais toujours en version S.
Cette Viper est elle aussi d'une couleur très inhabituelle. Décidément, Cannes c'est Cannes.
Cette Gallardo totalement d'origine fait presque tache au milieu de cette débauche d'égos.
Maserati expose une Ghibli et une Quattroporte. Vraiment étrange comme gamme. Je n'ai pas regardé les prix mais il y a sans doute une raison pour avoir deux modèles consensuels qui semblent se marcher sur les pieds.
Le Martinez ne m'a jamais vraiment porté chance. Juste une MP4-12C, certes dans la couleur la plus seyante.
Bon, il ne faut pas trop trainer non plus. Un dernier coup d'œil sur l'alignement du Carlton. Même de l'avis des habitués, cette année aura été exceptionnelle.
Je repasse également au Majestic, où cette FF russe est d'une exemplaire sobriété. Au final, je n'aurai raté que l'Aventador Roadster DMC bleue, la Huayra or clair et la fameuse Aventador "Tron", le sommet de la personnalisation originale et choquante. Celle ci a placé la barre très haute, et pourrait annoncer un déluge de délires l'année prochaine. En tout cas, ce retour au spotting de rue (même un peu biaisé, c'est comme chasser le jour d'un lâcher de faisans) a été amusant. J'ai retrouvé l'excitation de la découverte. Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas eu un peu de temps pour faire ça. Pour ce qui est des proies, elles sont ce qu'elles sont mais encore une fois, ce ne sont que des transformations mineures et facilement réversibles et je trouve plutôt saine cette compétition pour avoir la voiture la moins banale. Ce qui me fâche davantage, c'est que toutes ces autos vont finir rapidement dans des parkings souterrains ou des hangars au milieu du désert, leurs propriétaires en ayant oublié l'existence pour se concentrer sur le jouet de l'année suivante. Dommage qu'ils ne prennent même pas la peine de les revendre.
Pour finir l'histoire, nous avons pris la route à 12h30 pour arriver à la maison à 21h00, soit un temps de trajet 50% plus long que pour l'aller. Heureusement, les enfants ont été adorables malgré l'absence de lecteur DVD embarqué. Maintenant, nous allons reprendre le cours normal des évènements, avec un mois de septembre qui s'annonce chargé. Et des voitures aux lignes pures et vierges de wraps et stickers qui malmènent les yeux des puristes.
Libre à vous de quitter cette page par ici si vous avez terminé la consultation du site. A bientôt