Retour au Mans Classic pour la fin de l'évènement. Nous avons changé de page, mais c'est toujours samedi. Nous nous sommes quittés à la fin du plateau 4 vers la passerelle Dunlop. La luminosité baisse sérieusement maintenant et je suis descendu jusqu'au Esses de la forêt. Une idée pas très lumineuse (ou plutôt trop) car les phares du plateau 5 sont puissants.
Du coup ça ne donne pas grand chose de correct.
Les ISO commencent doucement à monter, je suis à 2500.
Et quand je m'approche du Tertre rouge, en contrebas de la piste, c'est pire
encore.
Bon ça donne un style mais pas la peine de s'attarder.
Commence alors une assez longue transhumance pour mes pieds fatigués.
Je remonte à la Dunlop. Le but est de passer de l'autre coté de la piste pour profiter d'une tache de lumière d'un réverbère, avec la tribune éclairée en arrière plan. A coté de la passerelle, je trouve une Corvette, visiblement en panne. je profite des dernières lumières du couché pour l'immortaliser. Je pourrais sortir des voies de sécurité ici et traverser mais je n'ai pas de certitude de trouver une porte ouverte en face. Beaucoup sont cadenassées.
Je
redescends donc jusqu'au bout de la ligne droite des stands pour prendre le
tunnel et remonter sous la passerelle. Ca calme mais me voilà au bon endroit.
Il m'a fallu 25 minutes depuis le Tertre.
Après toutes ces tergiversations, j'ai juste le temps de prendre la 512, la
Howmet
la 917
et la Ligier JS3 que je vois pour la première fois avant la fin du plateau 5.
En gros je viens de vous montrer comment gâcher un plateau entier mais qui ne
risque rien n'a rien. Ca ne paye pas à tous les coups, c'est tout.
Puis les monstres sont de sortie, prêts à cracher des flammes. Le public est
très nombreux derrière les grillages pour profiter du meilleur spectacle du
weekend.
Argh, dommage cette photo a vraiment failli être superbe. Mais je ne supporte pas les voitures coupées.
La Monza est la seule à cabrer comme ça à l'accélération.
Comme toujours, je m'intéresse plus aux GT qu'aux protos
Je comprends facilement pourquoi c'est le moment où tous les spectateurs sont au bord de la piste, c'est un moment très spécial, dont les photos peinent à restituer toute la magie.
Coté réglages, je suis stabilisé tant que je vise la tâche de lumière d'un réverbère: 1/80 pour 3200 ISO. Je suis passé au 200mm qui ouvre bien plus que le 400. Voilà pour la minute jargon.
Coté protos, impossible d'ignorer la Mirage et la Lola.
Je descends ensuite progressivement pour faire des vues de l'arrière, avec une
transition en filés latéraux.
on peut voir des flammes, souvent,
des tubulures chauffées au rouge, parfois.
Vraiment un beau spectacle.
La course terminée, c'est le plateau 1 qui va enchainer de nouveau, mais sans nous. Nous nous trainons péniblement jusqu'aux voitures. La circulation est assez dense pour quitter le circuit, de nombreux spectateurs ayant eu le même raisonnement. Je me jette sur le lit, les pieds en compote. Environ vingt cinq mille pas dans la journée, ce n'est pas tant que ça dans l'absolu mais c'est beaucoup pour le sédentaire que je suis. Il est environ 1h30, on a passé 17 heures sur le terrain, il est grand temps de faire dodo.
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Trois heures plus tard, le réveil sonne. Ouuuf ça pique les yeux mais surtout
mes pieds sont toujours douloureux, ils n'ont pas eu le temps de récupérer. Bon,
on est là pour en chier de toute façon donc c'est parti. A cinq heures trente
nous voilà de retour au bord de la piste. Le ciel est toujours dégagé donc ça
devrait valoir l'effort. Nous sommes arrivés à la toute fin du plateau 4.
Il y a ensuite une interruption assez longue avant le lancement du 5, pendant
laquelle j'observe avec inquiétude le ciel s'éclaircir. C'est bon, les voilà.
J'essaie de me concentrer sur les voitures importantes.
Les couleurs sont telles que sorties du boitier. Je shoote en jpg et je n'ai pas
le temps de faire des retouches en profondeur pour accentuer certaines teintes.
Après trois jours, je n'ai plus grand chose à vous raconter. C'est un peu ce que
je reproche à la piste d'ailleurs, contrairement à la pitlane par exemple, c'est
qu'on est vite à court de récit. C'est assez propre à mon mode de
fonctionnement, c'est vrai. D'un autre coté, si je ne reste pas avec les autres
et que je fais mon propre reportage dans mon coin, je n'aurai jamais le courage
de me lever aussi tôt et ce sera perdu.
Nous descendons ensuite vers les Esses, encore. Ca y est, le soleil émerge de l'horizon, énorme boule orangée qui se cache d'abord timidement derrière des panneaux indicateurs.
Là je peux vous dire qu'il y a une vraie excitation et la sensation de vivre un moment aussi exceptionnel qu'éphémère.
Entre la première photo de cette série où le soleil pointe derrière les arbres et la dernière où il est quasiment complètement levé, il ne s'est écoulé que cinq minutes, de 6h23 à 6h28.
Hélas, une nouvelle fois, la pause entre les deux courses intervient au plus mauvais moment et j'observe avec anxiété la course du soleil. La piste prend une superbe teinte dorée.
Vite, vite. Heureusement les voitures arrivent. Il est 6h42.
Entre la vue arrière et la lumière inhabituelle, l'autofocus ne sait plus où il
est.
La plupart des photos finissent comme ça,
ce qui m'oblige à faire la mise au point manuelle sur la bosse et à tenter de
déclencher quand il faut.
Ca met un peu de piment et le résultat vaut le coup.
Une fois que le soleil a terminé son feu d'artifice, vers 7h00, nous nous déplaçons vers le
Tertre Rouge pour profiter encore un peu de l'ambiance chaude de l'aube.
Là aussi, c'est super sympa, bien plus qu'en pleine fournaise de midi
Ca se passe de commentaire, du moins j'espère.
Je reste un peu déçu par l'impression d'avoir manqué un paquet de 935. J'ai
l'impression qu'il y en avait bien plus dans le paddock que sur la piste.
En tout cas ce matin il en reste bien peu.
Les deux Mirage sont solides
A 23h30 en rédigeant ce reportage, je m'aperçois que l'on voit très bien le regard des pilotes sur certaines photos. J'essaie de faire un méga-crop. Ce n'est pas hyper net mais je trouve ça sympa. C'est juste pour les regards hein!
L'heure tardive aidant, je décide d'en faire une série. Avec des regards déterminés,
une surveillance de l'adversaire
et des rétros
et un regard de monstre sacré
Voilà, pas sûr que c'était une excellente idée, en terme de qualité en tout cas, mais je la garde quand même, pour la variété.
Pour changer, j'essaie de faire de nouveau un peu de vues de l'arrière mais
l'heure magique est passée et maintenant c'est juste du contrejour assez moche.
Le plateau 6 est terminé, tout comme le moment privilégié des photographes. Il
va être temps de prendre le chemin du retour, ce qui pourrait ne pas être une
mince affaire vu mon déficit de sommeil. Thomas suggère d'attendre le plateau 1,
que nous n'avons encore pas vu du tout. C'est dur mais c'est une bonne idée.
Voici les dominatrices Talbot 105
Les Alfa Romeo 8C 2300
et cette 6C 2300B MM
Aston Martin Ulster
et 2 Litre Speed
Delage
Une Lagonda V12 Le Mans
Les Bugatti, avec trois Type 51
et les Type 35
les BMW 328
Une Bentley 4.5 Litre Blower
Une Riley TT Sprite
Après quelques tours, je commence à remonter vers la passerelle, en continuant à faire quelques filés. De nouveau les Bugatti Type 35 et 51
Les "camions", Bentley 4.5 Litre, Lagonda LG45
Citroën C4 et Talbot 105
Les Alfa: 8C 2300 Monza et 8C 2300 Zagato
et cette Riley MPH
Delage D6-70 S
Une Invicta et Aston Martin Ulster
Je sors des voies de sécurité, traverse la piste et descend vers les tribunes et le centre média. Je suis un peu en pilote automatique, même si je fais encore une ou deux photos.
Tiens, je suis sûr que la 935 du milieu n'a pas tourné ce weekend!
La Scuderia Bizzarrini clôt ce reportage de fort belle
manière, je trouve.
Récupération du paquetage, réintégration de la chasuble, un verre d'eau et je
retrouve la voiture. A ma grande surprise le trafic est faible (il est tôt c'est
vrai) et surtout j'arrive à rentrer avec seulement une demie heure de sieste (et
c'est tant mieux vu la température dans l'habitacle après 5 minutes d'arrêt).
C'est l'heure de la conclusion et des conseils à mon Moi du futur (qu'il ne
suivra pas, le vilain je-sais-tout). Sur l'évènement lui même, les chiffres donnent le tournis: 700 voitures de course, 1000
pilotes, 8500 voitures classiques représentant 200 clubs, 200 boutiques et 135
000 spectateurs, une hausse de dix pour cent par rapport à 2016. Une réussite
incontestable, une confirmation du caractère unique et exceptionnel du Mans Classic.
D'un coté plus personnel, il ne vous aura pas échappé que je ne suis pas très
satisfait de ma couverture de l'évènement. Pas mal de gens sont venus dès le
jeudi mais je n'ai rien vu de vraiment renversant sur leurs fils respectifs.
Pour ma part, je suis tiraillé entre deux objectifs contradictoires: d'une part photographier le plus de voitures possible, car beaucoup sont très
intéressantes, voire même inédites. Avoir aussi une photo correcte, tant qu'à
faire, c'est à dire pas sous tente. Sur piste quoi. Et d'autre part vous
raconter une histoire parce que bon, c'est quand même la particularité
d'Arthomobiles. Or quand on passe la journée derrière un rail, hormis vous
abreuver de jargon et de réglages, il n'y pas grand chose à décrire (et quelque
part tant mieux). Cette année, à cause des (très intéressants) nouveaux
plateaux, j'ai fait beaucoup trop de piste: au moins trois heures de plus qu'en
2016 et cinq à six heures de plus qu'en 2014, avant les Groupe C. Alors même
que, soyons franc, le circuit du Mans n'offre pas les arrière plans les plus
esthétiques qui soient. Du coup, je n'ai quasiment pas couvert les clubs et
leurs trésors, pas la vente Artcurial, peu de statique et pas d'ambiance (même
si ce n'est pas mon point fort en temps normal). Je ne parle même pas des
campings et des parkings extérieurs. Evidemment je n'ai pas été sur le terrain
H24, j'ai aussi un peu zoné en salle de presse mais je ne suis ni Superman ni
Peter "Terminator" Singhof. J'ai même, un peu, dormi la nuit.
Alors comment faire en 2020? Mon Moi du futur exige la réponse dont il ne
tiendra pas compte. Pout avoir une vue d'ensemble, j'ai sauté dans ma DeLorean
et je suis allé consulter les Moi des éditions précédentes. Le Moi de 2008
faisait un peu la gueule car son égo en a pris un coup mais il faut bien
débuter. En 2008 donc je n'ai fait que du Dunlop et du paddock la nuit (une
activité hélas rapidement abandonnée), en 2010, l'intérieur d'Indianapolis et la
chicane Playstation). En 2012 de la pitlane uniquement le vendredi et les
virages Porsche et Hunaudières le samedi. En 2014, les virages Porsche et
Hunaudières le vendredi et puis le départs et le raccordement le samedi. En 2016
toujours les virages Porsche et les Hunaudières le vendredi et le raccordement
et la pitlane le samedi, plus la nuit et le matin comme en 2018. En 2020 il faut
donc revenir aux fondamentaux. Profiter du vendredi pour faire le statique, la
vente et les clubs, en assistant aux Groupe C et Legends dans des endroits
proches, comme le raccordement. Aller ensuite faire les plateaux 4, 5 et 6 en
piste, peut être à l'intérieur d'Indianapolis pour changer un peu du puits de
lumière des Hunaudières. Revenir un peu dans les paddocks, notamment la nuit
quand certains mécaniciens travaillent. Le samedi, continuer à se lever tôt,
c'est indispensable, faire les départs et de la pitlane aux heures de grand
soleil. Et une fois que le catalogage est terminé, profiter de la nuit et du
lever du soleil pour faire les belles images. En clair, moins de piste, plus
d'atmosphère, plus de pitlane, plus de statique, plus de paddock. Et étudier la
liste des engagés avant bon sang!
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