Pour sa quatrième édition sur les pelouses du Château de Coppet, le Concours d'Elégance Suisse a nommé un nouveau président du Jury en la personne de Achim Anscheidt, Directeur du Design chez Bugatti depuis 2004. Celui-ci aura pour mission de mettre l'élégance au centre des débats, en la définissant de la façon suivante: "l'économie de moyens et l'intégration des parties au tout. L'élégance s'oppose à l'ostentatoire, à la surcharge et à la recherche de l'effet." Autant dire que certaines carrosseries de Figoni et Falaschi sont d'ores et déjà éliminées. L'état de conservation sera également déterminant. Enfin, pour aller contre l'air du temps, un prix "Best of Sound" sera remis, dont l'intitulé parle de lui même. Chaque voiture sera enregistrée et soumise à l'aveugle au jury (qui ne devrait pas trop s'y tromper). Dix sept classes plus ou moins fournies vont rassembler plus de quatre vingt voitures. Bugatti, Bentley et Citroën seront particulièrement représentées. Et pour attirer une clientèle plus jeune, le Concours Suisse accueille également l'Epicurean Day qui présentera plusieurs supercars sur le thème du carbone. C'est Sébastien, un ami sellier très passionné qui en est à l'origine et je vous invite d'ailleurs à jeter un œil sur ses sacs à main en carbone, proposés sous la marque Epicurean Mademoiselle.
Comme d'habitude, je suis parti de la maison vers 6h15 le samedi pour arriver devant les grilles un peu avant 9 heures, heure officielle du début du concours. Je roule sous la pluie pendant la majeure partie du trajet mais une fois arrivé en vue de Coppet, le ciel se dégage miraculeusement. Une fois récupéré le bracelet, je commence par un tour des partenaires, qui sont prestigieux: Bugatti avec une Veyron et une Chiron.
Rolls Royce, sans Cullinan cette fois
Alpine fête sa nouvelle victoire au Mans avec Signatech en présentant cette LMP2, aux cotés de ses berlinettes.
Me voici vers les voitures de l'Epicurean.
Comme j'anticipe un squat en règle de jeunes spotteurs plus tard dans la journée, je commence par là. Et en particulier par la LaFerrari dont le rouge est la parfaite couleur complémentaire du vert de la pelouse.
Cette McLaren SLR est une très rare MSO Edition, dont seuls 25 exemplaires ont été revisités par la division personnalisation de la marque (pour la modique somme de 100 000 livres).
La Pagani Huayra Nautilo, une version personnalisée en carbone bleu vernis, plutôt réussie.
Ici une Mercedes-Benz AMG GT3
Une des quatre Bugatti Veyron Centenaire, la Wimille.
A coté de la Ferrari, une Maserati MC12, toujours aussi spectaculaire.
Une Carrera GT
et une F40! Décidément, il ne manque pas grand chose dans ce panel de supercars!
Un peu moins prestigieuses, des McLaren,
Dont quand même une P1.
Deux autres voitures de course sont présentes: une Ligier JSP3 LMP3. Elle ne jure pas dans le thème du carbone, c'est clair.
Et la plus inattendue, cette Porsche 962, qui semble être le châssis 133, une voiture pilotée par Jochen Dauer en personne. Apparemment les châssis 112 et 133 ont une histoire très complexe et intriquée, de quoi donner la migraine aux plus chevronnés.
Chez Ferrari, une Dino dans le fameux Rosso qui porte son nom
et une 312 F1 de 1967
avec ses fameux spaghettis.
Elle me donne la première photo marquante de la journée.
Un Combi Volkswagen, hors concours évidemment.
La Porsche 917, hors concours également, est passée de la piste de Dijon Prenois aux pelouses de Coppet. L'intérieur a quelque peu changé.
Pour mémoire, il s'agit du châssis 008.
Tiens, voici la première classe du concours, dédiée aux V6 Dino, avec cette Lancia Stratos, vainqueur de classe et lauréate du Prix de la meilleure préservation.
Une 246 GT, deuxième prix,
et une Dino 246 GTS
Enfin, une Fiat Dino Spider.
Les juges sont déjà à l'œuvre, notamment sur la classe des Ferrari V12
Voici d'abord un duo de Daytona, dont une véritable 365 GTS/4, châssis 15239, et 16037, un coupé.
Puis un duo remarquable.
D'abord 2321GT, une 250 GT Châssis court Competizione qui remporte le fameux prix "Best of Sound"
et 1035GT, une Tour de France qui fut initialement exportée à Cuba, et qui remporte la classe.
Et enfin, 0232AL, la 342 America Vignale qui était déjà présente à la Villa d'Este. Elle s'empare de la seconde place et du prix de la meilleure restauration, ce qui risque de faire tousser quelques puristes.
Dans la classe "Playboys and Gentlemen", voici une Maserati 3500 GT
Une 300 SL vainqueur de classe à l'ADAC Eifelrennen en 1957. Elle termine deuxième cette fois.
Une Fiat 8V, un exemplaire portant la robe usine dessinée par Luigi Rapi, comme 33 de ses 113 sœurs.
Le Best of Show de cette édition 2019, et bien sûr vainqueur de classe, est la Ferrari 250 GT Europa Vignale, châssis 0295EU. Elle est également la voiture préférée du Président du Jury.
On ne peut sans doute pas la qualifier d'ostentatoire mais sans aucun doute, le jury a décidé de récompenser l'audace.
Une deuxième Mercedes-Benz 300 SL.
Toute la difficulté de réunir un plateau de qualité est visible dans les différences importantes entre les voitures exposées sur les pelouses et la liste imprimée dans le programme. Ainsi, je ne saurais dire si cette 512BB fait partie de la classe "Playboys and gentlemen" ou "Futures Classiques - le plastique c'est fantastique". Eh oui, les boucliers sont en polyester.
En tout cas, la Pantera fait bien partie de la seconde.
Deuxième de classe, cette Daimler Double Six PMG Rapport Forté Estate, châssis 2K-2893BW, un exemplaire unique construit chez Ladbroke Avon. Elle est motorisée par un V12 de 5.4 litres.
Comme quoi on peut gagner un prix avec une voiture à 10 000 euros.
Une étonnante BMW M1 violette
Une Porsche Speedster ailes étroites
Victoire de classe pour cette Lamborghini Countach LP 500 S à haute teneur de Miami Vice.
Et une Alfa Romeo Montreal imprévue.
Dans la classe "design aérodynamique", voici d'abord une superbe Alfa Romeo 6C 2500 SS
Une Talbot Lago T26 Record Superprofilé, châssis 100304
Une deuxième 6C 2500 SS, qui remporte la classe. Visuellement, j'avoue une préférence pour la grise.
Et l'une de mes préférées du jour, cette Hudson Hornet, deuxième prix.
Avec sa ligne de toit ultra-basse, on dirait presque un custom.
Etrange classe que celle intitulée "When size doesn't matter", qui débute avec cette Maserati 3500 GTI, une voiture avec un gabarit plutôt normal.
Une Porsche 356 SC
Une Alfa Romeo Giulietta SZ
Une autre 356
La fameuse Aston Martin DBSC, qui remporte la première place.
Une Giulia Sprint GTA
Une Jaguar Type E 4.2L
Une Mustang.
Une Corvette Sting Ray, deuxième de la classe.
Une Porsche 911 S. Cette classe aurait peut être du s'appeler "le reste" tant on a l'impression qu'on y a mis les inclassables.
On termine avec cette superbe Dodge Super Bee
Dans la classe des Carrossiers Suisses, voici une Bentley R-Type Drop Head par Graber
Une Alvis TC 108 G Super Coupé par Graber
Graber également pour cette Alvis TD21
Une Rover 2000 TC Coupé, par Graber toujours, qui remporte la classe.
Deuxième place pour une carrosserie Gangloff, celle de cette Bugatti Type 43 A Roadster, châssis 43217
Une transition idéale vers deux classes de Bugatti assez relevées.
La première est consacrée à l'Age d'Or des Grand Prix, et débute avec cette Type 22 Brescia Modifiée, châssis 1070
Une Type 54 Grand Prix, qui remporte sa classe.
L'une des principales attractions de cette édition est cette incroyable Bugatti type 59, châssis 59121, une ancienne voiture d'usine alignée pour René Dreyfus et Robert Benoist
Avec ses incroyables roues à rayons.
Elle est magnifique
Elle inspire même les artistes, à juste titre.
La 35C est arrivée tardivement, du coup je n'ai quasiment aucune photo d'elle. C'est celle qui est à l'arrière plan, sans plaque d'immatriculation.
Ici au premier plan.
A ses cotés, une Type 51, châssis 51160, deuxième de classe.
La classe "Bugatti, l'élégance sportive" s'est réduite comme peau de chagrin, passant de cinq à deux participants. Du coup, tout le monde gagne. La Type 49 Faux Cabriolet, châssis 49141, est deuxième,
derrière la Type 57 C Stelvio par Gangloff.
Me voici ensuite devant les engagés de la classe "Automobiles d'avant-guerre, les sportives légères".
Voici d'abord une Alfa Romeo 6C 1750 Zagato Grand Sport
Cette Alfa Romeo 6C 1750 GTC Zagato, une peu plus civilisée, termine deuxième
derrière la Jaguar SS 90 Prototype, châssis 248436. Cette voiture exceptionnelle est la toute première voiture de sport construite par "Jaguar", dans son atelier expérimental, ouvrant la voie aux SS100. Cela dit, pour être tout à fait honnête, la société Swallow Sidecar de William Lyons n'a pris le nom de Jaguar qu'en 1945, pour des raisons assez évidentes.
Voici ensuite une Swallow SS1 Four Light Saloon.
Une BMW 328 Roadster vraiment très patinée.
Dans la classe "Automobiles d'avant-guerre, les grandes routières", voici une Mercedes-Benz 630 K Tourenwagen
Deuxième de classe, cette Voisin C23 Charente
Une Packard 1107 Roadster
Une Hispano Suiza K6 Cabriolet par Brandone
à l'arrière magnifiquement profilé. Elle remporte sa classe et le deuxième prix général derrière la Vignale.
Et enfin une Mercedes-Benz 320 B Cabriolet.
Le propriétaire dispose d'un casque assez mystérieux qu'il a reçu en cadeau.
Chez Aston Martin, on sort brièvement les voitures de sous les tentes. Voici donc (encore) le Shooting Brake Zagato, et une magnifique DBS Superleggera Volante.
Dans la classe "Delahaye - 125 ans d'élégance et de sportivité", voici d'abord une 32a de 1912
Puis une série de 135
Une 135 Chapron, vainqueur de classe
135M coupé Chapron
Une 135 Cabriolet, deuxième prix
et une 135M Cabriolet
Vers midi, le concours reçoit la visite d'un club de propriétaires de Bentley en goguette.
Des modèles de toute génération.
Ils viennent se ranger devant le château.
Il est d'ailleurs temps de s'intéresser à la marque qui fête son centenaire et à laquelle deux classes sont dédiées. La première s'intitule "Bentley since 1919 - From Cricklewood to Derby". Voici d'abord une 4 1/2 Litre Sports Tourer, deuxième de sa classe.
Une 8 Litre Open Tourer
Une 3 Litre Red Label Speed Open Tourer, châssis LM1342, avec une inhabituelle carrosserie en aluminium.
Une 8 Litre Drop Head Coupé par Thrupp & Maberly, châssis YX5106, qui remporte le premier prix.
Une voiture assez imposante.
Une autre classe est dédiée aux "Bentley, since 1919 - The cars from Crewe". Voici une S3 Chinese Eyes Convertible
une T series 1
une S3
une S2 Continental Coupe
une S1 Continental Drop Head Coupe
une R-Type Continental Fastback Series A, deuxième prix,
et cette Mark VI Cresta par Facel Metallon qui s'impose. Quand Jean Daninos, futur fondateur de Facel Vega, décida de se lancer dans l'automobile, il commença par construire des carrosseries de Panhard, de Simca, puis de Ford Comète. Mais en 1948, il obtint également le feu vert de Rolls Royce pour proposer des prototypes de coupés Bentley aux lignes fuyantes. Deux voitures sont d'abord construites avec l'aide de Pinin Farina. Onze ou douze voitures seront produites sous le nom de Cresta. Puis en 1951, Daninos crée une dernière Cresta, pour son usage personnel et dont il dessine lui même les lignes. Il s'agit de la voiture présentée ici, châssis B98 KM, qui préfigure déjà les lignes des futures Facel.
Il est temps d'aller faire un petit tour sur le parking
Il y a toujours des trucs sympas.
Comme cette Project 7 tout à fait inattendue.
Une superbe 356
ou ce trio de Ferrari.
Une DBS Superleggera en full black.
Citroën est aussi à l'honneur pour son centenaire, mais avec des voitures un peu moins exceptionnelles
Quoique cette Traction 15 Six Cabriolet qui remporte la classe "Attraction d'André Lefèvbre"...
La classe Déesse d'André Lefèbvre
remportée par cette DS 19M décapotable.
Quant à "La Petit Mule d'André Lefébvre", elle est surtout représentée par une rare 2CV Sahara.
Le concours est agréablement rythmé par une ambiance sonore adéquate.
Par chance, cette mascotte de radiateur a attiré mon attention avant que je ne décide de m'en aller. Je ne sais pas pourquoi mais je suis particulièrement sensible à l'iconographie des anges qui pleurent. Autant dire que j'adore celle ci.
Il est temps pour moi de prendre le chemin du retour. En rejoignant ma voiture, je repère cette Alpina.
Puis cette Porsche.
Au final, 42 prix auront été décernés, pour environ 90 participants. La moitié de ces prix ont été remportés par des voitures issues de collections suisses, ce qui ancre véritablement le concours au niveau local et fait sortir des voitures que l'on ne voit pas forcément ailleurs. Cette quatrième édition a été un beau succès public, avec 3000 visiteurs sur le weekend. Le Concours Suisse semble donc sur de bons rails, d'autant que les partenaires, vitaux pour la stabilité financière de tels évènements, semblent fidèles.
D'un point de vue plus personnel, c'est compliqué de donner un avis car je sais que je suis hyper blasé. En étant objectif, je pense que le plateau était de bon niveau, tout particulièrement en ce qui concerne les avant-guerre. Mathias Doutreleau se donne du mal pour extraire au forceps les pépites des collections suisses. La mise au centre du jeu de l'élégance est une excellente idée, là où beaucoup d'autres concours privilégient d'autres critères (la rareté à la Villa d'Este, la sportivité à Chantilly...). La présence de l'Epicurean Day a été un plus indéniable et a probablement fait plus de buzz sur les réseaux que le reste du concours. Enfin, le passage inopiné pour la deuxième fois (la première fois, c'était des Bugatti) d'un rallye de voitures anciennes ajoute un peu d'animation et quelques bijoux supplémentaires, c'est une excellente animation. Je continuerai donc à coup sûr à suivre le Concours pour sa cinquième édition.
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