Quand la 250 LM se vit refuser son homologation en catégorie
Grand Tourisme, Ferrari dut trouver une solution alternative en urgence. La
marque modifia rapidement la 250 GTO pour une version plus aérodynamique, la 64, et choisit la 275 GTB
comme base pour la construction d'une nouvelle GT de compétition. Un premier
prototype, 6021, fut préparé avec une carrosserie alu et différentes entrées
d'air supplémentaires. Mauro Forghieri travailla ensuite sur une série de trois
Competizione Speciale dont l'avant ressemblait à celui des 330 LMB. Tout était
optimisé pour gagner du poids, du diamètre réduit des tubes de châssis à
l'épaisseur minimale de l'aluminium de la carrosserie. Le moteur était celui de la 250 LM
(qui faisait 3.3 litres) avec 6 carburateurs. A bien des égards, il s'agissait
d'une vraie "GTO 65". Une nouvelle fois l'homologation
fut refusée car la Speciale faisait 200 kilos de moins que la voiture de série.
Cette fois, les menaces d'Enzo Ferrari furent entendues et un accord fut trouvé pour accepter les Speciale moyennant un lest
supplémentaire. Le châssis 6885 de l'Ecurie Francorchamps se
classa troisième et vainqueur GT aux 24 Heures du Mans 1965. Hélas, je n'ai pas
encore eu la chance de croiser l'un de ces extraordinaire modèle.
Suite à la nouvelle déconvenue de l'homologation des Competizione Speciale,
Ferrari produisit une petite série de dix 275 à carrosserie aluminium plus
raisonnables pour l'usage de ses clients. Le V12 3.3 litres développait 300
chevaux: le dessin de Gioacchino Colombo approchait du stade ultime de son
développement, presque 20 ans après sa conception. Les seules différences
visibles avec le modèle de série étaient des entrées d'air sur les ailes arrière
et un bouchon de réservoir à ouverture rapide donnant sur un réservoir de 140
litres. Cette approche très conservatrice rendit la voiture très facile à
homologuer. Hélas, elle ne se montra pas très compétitive et resta cantonnée le
plus souvent à des courses nationales. Cette série peut être identifiée comme la
275 GTB Competizione Clienti.
07407 fut vendue en Irlande et fut alignée dans des courses mineures. A
partir de 1998, elle courut intensivement en Shell Historic Challenge, jusqu'à
ce que son arrière soit brutalement raccourci au Nürburgring en 2003. Elle fut
restaurée chez Brandoli à Modène.
07437 a participé à quelques courses de côte en Italie. Par la suite,
elle a appartenu à de grands collectionneurs comme Albert Obrist, Bernie
Ecclestone ou Chip Connor.
07517 est partie en Angleterre, pour courir en course de côte.
07545 est la voiture présentée au Salon de Francfort en 1965. En 1967,
elle est partie en Australie dont elle n'est revenue qu'en 2009.
07641 est la dernière Competizione Clienti produite. Elle n'a jamais
couru mais son premier propriétaire, un américain, l'a conservée jusqu'à son
décès en 1993.
Une deuxième série de douze voitures fut produite ensuite, sous la supervision
de Mauro Forghieri, au moment de la
transition entre la GTB et la GTB/4. Ce sont celles qui sont les véritables 275 GTB/C.
Malgré leur grande ressemblance avec le modèle de série, les différences étaient
très importantes. La carrosserie en aluminium, fabriquée chez Scaglietti, était ultra fine: s'appuyer dessus
suffisait à l'enfoncer et elle nécessitait un renfort en fibre de verre à
l'arrière pour absorber les chocs. Environ 150 kilos furent économisés. Les suspensions étaient plus dures et le
moteur dérivait de celui de la 250 LM. Cette série était
équipée de roues à rayons qui se montrèrent incapables de passer la puissance
sans se briser. Les 275 GTB/C furent les dernières Ferrari de compétition à
utiliser ce type de roues. Les GTB/C se montrèrent redoutables en compétition,
remportant leur classe au Mans en 1967 notamment. Aux Etats Unis, elles
coururent jusqu'en 1975. Elles furent également les dernières GT développées
par Ferrari, les suivantes étant basées sur des voitures de série et préparées
par des officines comme Michelotto.
09007 est le premier exemplaire produit. Vendu en Italie, il remporta sa
classe à la Targa Florio 1966 (vingt et unième au général) avant de remporter de
très nombreuses victoire de classe en course de côte en 1966 et 1967. Passée
entre des mains françaises, elle participa ensuite au Tour de France et aux 1000
kilomètres de Montlhéry. Par la suite, elle a fait partie de la collection du
Mas du Clos.
09027 a été livrée à l'Ecurie Francorchamps. Elle participa aux 24 Heures
du Mans 1966, terminant deuxième de classe et dixième au général, avant de
remporter sa catégorie au Mont Ventoux avec Lucien Bianchi. Ensuite, elle connut
une série de plusieurs accidents (au moins trois) avant de se retirer de la
compétition. Elle a intégré la collection Matsuda avant d'appartenir notamment à
Anthony Bamford.
09041 n'a jamais couru. Elle a fait partie des collections de Brandon Wang et d'Anthony Bamford dans les années 90 et 2000.
09057 a un peu couru aux Etats Unis en 1966 et 1967
09067 a été acquise par une société Milanaise et utilisée sur route. Elle
aurait participé à une épreuve de course de côte en 1969 avec son troisième
propriétaire avant de partir aux Pays Bas pour 20 ans.
09079 a été livrée à l'écurie Filipinetti. Elle a remporté sa classe au
24 heures du Mans en 1967, avec une onzième place au général. Elle a de nouveau
été engagée dans la Sarthe à deux reprises, avec moins de succès, mais a
également remporté sa classe aux 1000 kilomètres de Francorchamps en 1969. En
1985, elle a été gravement endommagée dans l'incendie de son garage avant d'être
restaurée.
09085 est la dernière des GTB/C. Elle n'a jamais couru et a disparu des
radars jusqu'en 1993, quand elle a été redécouverte et restaurée.
Une autre variation de la 275 GTB présente un intérêt particulier: la 275 GTS
NART Spyder dont dix exemplaires furent produits par Scaglietti à la demande de
Luigi Chinetti. Il s'agissait "simplement" d'une version découvrable de la 275 GTB/4
mais dont le nombre très réduit a fait exploser la cote. 09437 a été vendue aux
enchères en 2005 pour 3.9 millions de dollars. En 2013, 10709 a été adjugée pour
27.5 millions de dollars...
09437 est la première produite. Elle a prit la deuxième place de sa classe aux 12
Heures de Sebring 1967 avant d'être conduite par Faye Dunaway dans le film
"l'Affaire Thomas Crown" en 1968.
10749 est le neuvième exemplaire et a sans surprise passé une majorité de sa vie aux Etats Unis. Après un intermède d'une douzaine d'année, elle y est retournée en 2014.
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