Ouf, au bout de trois jours je trouve enfin le bon créneau pour aller voir la vente Artcurial associée au Mans Classic. La maison d'enchères française à la main chaude depuis 18 mois et le catalogue devrait avoir une orientation compétition qui n'est pas pour me déplaire. J'ai eu un peu de mal à couvrir cette vente: le vendredi je suis arrivé trop tôt et je me suis contenté de quelques voitures à l'extérieur. Le samedi idem, et beaucoup d'autos étaient stockées en ligne à l'extérieur pour laisser la place aux sièges des spectateurs. Dimanche, j'ai fait ça très vite car ce n'était pas une priorité. Les photos sont donc totalement indignes et ce reportage a plus un but de catalogage et de mémoire qu'autre chose. Les prix sont annoncés frais inclus.
Commençons par cette 2CV Sahara qui a été léguée à son décès au jardinier du premier propriétaire. Celui ci a semble-t-il eu bien du mal à s'en défaire en 2007. Dommage car elle s'est vendue 79 864 euros, au milieu de l'estimation.
Ici une Lancia Delta Evo 1 Martini 5, série limitée à 400 exemplaires. Estimée à
près de 100 000 euros, elle n'a pas trouvé d'acheteur.
Cette Lancia Fulvia HF Groupe 4 est l'un des trois exemplaires engagé par le
team usine Squadra Lancia Corse au Monte Carlo 1973. Elle termina huitième au
général, et réitéra la même performance au San Remo avant de continuer à courir
intensivement entre des mains privées. Estimée entre 150 et 180 000 euros, elle
est restée invendue.
Invendue également, cette Lotus 47 GT Groupe 4 de 1966, châssis 47 GT 10,
estimée entre 125 et 145 000 euros.
Ici une Opel Ascona 2000 Groupe 2, qui a notamment participé au San Remo en
1981, terminant quatorzième. Vendue 29 800 euros.
Voilà le grand mystère de la vente, il en faut toujours un: cette Corvette est
une continuation sous licence du modèle de course "Grand Sport". Elle a été
préparée pour l’édition 2013 de l’East Africa Safari Rally, pour un coût annoncé
dans le catalogue de 340 000 euros. Trois ans plus tard, la voici proposée sans
réserve pour une estimation entre 60 et 100 000 euros. Heureusement, elle est
partie plus près de l'estimation haute, à 92 976 euros.
Cette Delahaye 148 L de 1949, châssis 801278, a reçu au forceps une carrosserie
Antem unique qui a longtemps habillé une 135 compétition (46094). Quand cette
dernière a été remise dans son état initial, la carrosserie s'est retrouvée
orpheline jusqu'à ce que la voiture ici présente la reçoive. Trois ans de
travaux ont été nécessaires pour venir à bout de cette opération difficile, qui
a impliqué des adaptations aux cotes du châssis. Elle a été vendue 250 320 euros,
au centre de l'estimation.
Une 911 Carrera 2.7 RS Touring, châssis 911 360 1366, affichant un peu plus de
81 000 kilomètres et estimée entre 420 et 580 000 euros. Vendue 476 800 euros.
Cette Ferrari 512M, châssis 105381, vendue neuve au Japon et qui n'affiche que 32 000
kilomètres, n'a pas trouvé preneur.
Même chose pour cette rare Ferrari 365 GT4/BB, châssis 18153, conduite à droite.
Cette Ferrari 360 Spider, châssis 124958, est une version Tailor Made avant
l'heure. Elle fut offerte par Gianni Agnelli à Jean Todt en 2001, dans cette
teinte Blu Lapislazzuli. Ses rétroviseurs se rabattent électriquement et elle
dispose de quelques plaques, dédicaces et broderies rappelant son illustre
propriétaire. Vendue 130 000 euros, juste au dessus de l'estimation basse.
Cette Ferrari 512 BB, châssis 28297, avec des passages de roues élargis n'a pas séduit.
Elle reste chez le propriétaire qui est le sien depuis 1989
Ici une Maserati 3500GT de 1963, châssis AM1012576, vendue 268 200 dans la
fourchette haute. Sublime.
Même chose pour cette Pantera GTS à 88 208 euros
Une magnifique Ferrari 412, châssis 63025, qui affiche seulement 38000
kilomètres, vendue 59 600 un peu en dessous de l'estimation basse.
Voici une Aston Martin V8 Vantage Volante X-pack, première main avec seulement
1550 kilomètres au compteur, en grande partie effectués par le mécanicien en
charge de la collection dont elle provient. Estimée entre 800 000 et 1.2 million
d'euros, elle n'a pas trouvé d'acheteur.
Cette Mercedes 220S Cabriolet de 1959, restaurée il y a 23 ans a été vendue 101
320 euros, bien au delà de l'estimation optimiste de 80 KE.
Au dessus des estimations également pour cette Aston Martin AMV8 de 1977 à 91
784 euros.
Pile dans l'estimation pour cette Alfa Romeo Giulia 1600 SS de 1964 vendue 119
200 euros
Pas de vente pour cette Ferrari 365 GT 2+2 de 1969, châssis 11827 GT
Une Dino 246 GT, châssis 04372 dont le propriétaire est décédé en 1995 mais que
ses filles ont conservée pendant 21 ans en sa mémoire. Pas d'acheteur entre 220
et 280 000 euros.
Une Ferrari 308 GTB vetroresina, la version la plus recherchée, châssis 21043,
vendue 153 768 euros sur l'estimation basse.
Voici la première Dodge Viper engagée aux 24 Heures du Mans en 1994. Sans
soutien officiel, elle termina dix neuvième avant de prendre part à quelques
manches de BPR. Elle a trouvé un passionné à 214 560 euros.
Cette R5 Turbo 1 de 1982, totalement restaurée vaut 104 896 euros.
Voici une Fiat Abarth 750 Allemano Spider de 1959, qui a participé à de
nombreuses courses de clubs aux États-Unis. Estimée entre 75 et 95 000 euros,
elle est invendue.
Idem pour cette Ferrari 308 GT4, châssis 12736.
Une Lancia Flaminia Touring GTL 2.8L 3C de 1965, vendue pour 89 400, au dessus
des estimations.
Pas de vente pour cette Corvette C1 "Blue Flame" de 1954, équipée d'un rare hard
top
Non plus pour cette Alfa Romeo Giulietta Spider Veloce de 1960, restaurée à neuf
Dans l'estimation, cette Ferrari 308 GTS Quattrovalvole, châssis 50209, à 67 944
euros
Une Ferrari 328 GTB, châssis 73997, avec juste en dessous de 40 000 kilomètres
au compteur vendue 89 400 dans le haut de la fourchette
Cette Ferrari 308 GTS porte le numéro de châssis 28469. Elle n'a pas trouvé
d'acheteur.
Tour comme cette superbe Porsche 965 Turbo estimée entre 90 et 120 kE
Une Porsche 911 T de 1969,magnifiquement restaurée. Estimée à près de 100 000 euros, elle n'a pas trouvé preneur.
Une superbe Testarossa Spider, châssis 81586, convertie chez Lorenz & Rankl et
qui n'affiche que 20 000 kilomètres. Estimée entre 170 et 230 000 euros,
personne n'a voulu l'acheter.
Encore un exemplaire remarquable de Ferrari F40, le châssis 84557. Il s'agit
d'une deuxième main qui affiche moins de 6800 kilomètres au compteur. Estimée
entre 1.1 et 1.3 millions d'euros, elle est invendue
Cette McLaren M1B de 1966, châssis 30/08, fut utilisée au Royaume Uni
par son premier propriétaire, David Prophet. L'année suivante, elle fut vendue
en Suède. Son nouveau pilote, Picki Troberg, sponsorisé par la poste suédoise,
fixa deux grandes boites à lettres à l’arrière de la voiture, faisant office de
coffre ! Il mit également en place un plus grand pare brise pour obtenir
l'homologation en championnat national suédois de voitures de sport. La voiture
changea encore deux fois de mains mais resta toujours en Suède. Vendue 217 000
euros, dans l'estimation.
La star de la vente est cette Ferrari 250 châssis court acier, numéro 2917GT,
qui appartient au même propriétaire depuis 47 ans. C'est la voiture qui fut
présentée au Salon de Paris 1961 en bleu clair. Son acheteur la fit
immédiatement repeindre en noir chez Chapron. Par la suite elle reçut cette
livrée rouge. Jusqu'à maintenant, elle a toujours été française et le restera
peut être encore un peu puisque l'enchère la plus haute de 7.6 millions d'euros
a été jugée insuffisante.
Une M635 CSI de 1987, première main avec 132 000 kilomètres au compteur, estimée
entre 35 et 45 000 euros, vendue 47 680 euros.
Autre voiture importante, cette Delage 3 Litres Biplace compétition usine de
1947, châssis 880003, qui fait partie d'une série de cinq voitures mises en
chantier après la guerre, sur une conception d'avant le conflit bien sûr. Ce
châssis est le seul à avoir conservé sa carrosserie d'origine. Après quelques
courses pour l'écurie d'usine, avec Philippe Etancelin et Maurice Trintignant
notamment, elle fut vendue à Auguste Veuillet qui l'engagea au Mans (abandon) et
aux 24 heures de Spa (cinquième). Il la cèda ensuite à Charles Pozzi qui la
conserva jusqu'en 1981. Estimée entre 1.2 et 1.4 millions, elle n'a pas trouvé
d'acheteur.
Cette Porsche 935 porte le numéro de série 930 770 0904. Il s'agit d'un modèle
1977 qui a participé aux 24 Heures en 1978 (abandon), 1979 (onzième) et 1980
(vingtième). Lors de cette dernière participation, elle était pilotée par Hervé
Poulain, qui va l'adjuger aujourd'hui. Elle est dans son état
d'origine et nécessite une révision mécanique complète. Vendue 1.3 millions
d'euros, pile dans l'estimation.
Cette Bugatti Type 57 Ventoux, châssis 57547, a été vendue 524 480 euros, très
au delà de l'estimation optimiste de 350 000 euros. Elle est en état d'origine
et bénéficie d'un historique limpide.
Cette Delahaye 135 M Cabriolet Guilloré, châssis 801242, n'a jamais été
restaurée. Elle a été vendue 107 280 euros.
Cette Lancia Flaminia GT Touring est prête pour une restauration complète. La
mise de départ est de 38 000 euros, proche de l'estimation basse.
Cette voiture est une BSH Guiry de 1972. Les BSH étaient vendues en kit à monter
sur une base Renault 8 Gordini généralement. Environ cinquante exemplaires
auraient été produits, dont un a participé au Tour Auto 1971. Celui ci a été
monté par un certain M Guiry, qui l'a fait immatriculer lui même. Vendue 38 144
euros au centre de l'estimation!
Voici la Lancia 037 Groupe B usine évolution 2, châssis 0410. En 1984, elle remporta le championnat d'Italie des Rallyes avec deux victoires. En
1986, sous les couleurs Martini, elle participa au Safari Rallye au Kenya.
Estimée entre 450 et 650 000 euros, elle n'a pas trouvé d'amateur.
Autre Lancia remarquable, cette Delta S4 Prototype, châssis SE038-003. Cette
voiture est le prototype de la version route de la Lancia Delta S4, version
nécessaire à l'homologation en Groupe B. Elle est équipée du moteur numéro 001.
En tant que prototype, elle a participé à de nombreuses séances de test sur des
surfaces variées. En 1989, elle fut cédée à un collectionneur qui l'a conservée
jusqu'à maintenant. Pas d'amateur à 300 000 euros pour cette pièce unique.
Cette monoplace, une Martini MK19, châssis 001, a permis à Patrick Tambay de
finir troisième au Championnat d'Europe de Formule 2, en 1976. Estimée entre 60
et 80 000 euros, elle n'a pas été vendue.
Cette 300 SL, châssis 02781, est la deuxième à avoir été fabriquée avec des
freins à disque. Elle a été vendue 935 600 euros, pile dans l'estimation.
Ici une rare Ferrari 330 GTS de 1967, châssis 10375. Seuls 99 exemplaires ont
été produits, et celle ci et certifiée Classiche. A l'occasion de la
certification, il a été découvert que la voiture n'était pas matching numbers,
le numéro du moteur ayant été refrappé. Le moteur est malgré tout du bon type et
porte désormais son vrai numéro (10503). Estimée entre 1.7 et 1.9 millions
d'euros, elle est restée invendue
Cette Bandini 750 Sport Bialbero de 1953, châssis 003, n'a aucun rapport avec la
pilote Lorenzo Bandini. Elle a été construite par Ilario Bandini et carrossée
par Rocco Motto, comme deux de ses soeurs. Estimée entre 375 et 425 000 euros,
elle n'a pas trouvé preneur.
Voici une Riley Sprite Sports de 1936, une des 49 construites, châssis S26S
4920. Celle ci a la particularité d'être équipée d'ailes de Delage fabriquées
par Figoni. Pas de vente pour elle.
Cette BMW 327 Cabriolet de 1940, restaurée complètement en 2000 a été vendue 184 760 euros, au delà des estimations.
Cette Aston DB2/4 Mk III de 1958, n'a eu que 3 propriétaires. C'est la deuxième
classique full black de la vente! Pourtant les roues à rayons peintes en noir
sont plutôt rares d'habitude. Elle n'a pas trouvé l'âme sœur.
Ici une Allard K2 de 1950 équipée d'un V8 Mercury de 4.3 litres, vendue 89 400
euros,
dans l'estimation.
Cette Ferrari 365 GTC/4, châssis 1479, est l'exemplaire exposé au Salon de
Genève en 1971. Estimée au delà de 400 000 euros, elle n'a pas trouvé
d'acheteur.
Enfin, voici une avant première de la
vente de l'ensemble du Normandy Tank Museum qui aura lieu le 18 septembre. Ce M4
Sherman 105mm Howitzer a appartenu à la 2ème DB du Maréchal Leclerc..
Au final, 64% des lots ont été vendus pour un total de 9.1 millions d'euros tout
compris. Matthieu Lamoure a publié sur Facebook un communiqué un peu agacé pour
s'insurger contre les médias qui ont présenté cette vente comme un échec. Il est
vrai que si la châssis court avait été vendue, le résultat aurait été presque
doublé. Et surtout, il a raison de dire que tout le monde a un peu perdu contact
avec la réalité lors de la folle montée des prix de ces dernières années. Le
marché semble aujourd'hui revenir à lui et le pouvoir repasse du coté des
acheteurs. Les spéculateurs quittant le navire, les modèles les moins rares vont
revenir à des prix plus raisonnables, accessibles aux passionnés (fortunés tout
de même). Il faut désormais que les vendeurs se fassent une raison et ne
s'attendent pas à ce que leur voiture soit celle qui décroche le record absolu
pour le modèle. 7.6 millions d'euros pour une 250 châssis court acier, sans
palmarès, non certifiée et pas dans sa configuration d'origine, ca semble
raisonnable.
Bien évidemment, les ventes de Monterey vont sûrement me faire mentir et casser
la baraque mais les modèles présentés sont absolument exceptionnels: Bonhams va
présenter une Bugatti Type 51 ex-Nuvolari (et une 205 Turbo 16), Gooding une
Ferrari 250 GT LWB California Spider Competizione (estimation basse 18 millions
de dollars) et une 250 GT Châssis Court Competizione septième au Mans en 1960, à
carrosserie originale (15 millions), une 250 GT châssis court certifiée (10
millions), une Alfa Romeo 8C 2300 Monza (12 millions) la Porsche 935 deuxième du
Mans vue à l'Heritage Club (4.5 millions). RM Auctions proposera pour sa part la
Jaguar Type D vainqueur du Mans 1956 dans son état original (estimation basse 20
millions de dollars), deux GT40, une Ferrari 250 GT LWB California Spider (12
millions), une 250 GT Tour de France (7 millions), une Alfa Romeo 8C 2900B Lungo
Spider Touring (20 millions), une Ferrari 268 SP ex-Mas du Clos pour ne parler
que des lots les plus fous. Bref on pourra se faire une idée de la santé du marché de
l'ultra-exclusif.
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