C'est samedi à la Villa d'Este! La grosse journée. Aujourd'hui, c'est installation, parade, et vente aux enchères RM le soir. Le thème de cette année est "The Symphony of Engines, 90 Years of the Concorso d'Eleganza Ville d'Este & BMW Automobiles" Pas de véhicules électriques, il va falloir faire du bruit! L'accès nous a été confirmé à partir de 7h00. Le réveil sonne à 6h30. Vincent se précipite sur la fenêtre et annonce un temps dégagé. Une bonne surprise car hier encore, il était prévu de la pluie toute la journée et la nuit a été le théâtre d'un vrai déluge. Nous arrivons dans l'enceinte pour 7h30, un peu en retard. Sur le chemin de l'espace d'exposition, je passe par la réception, histoire de m'assurer de ne rien rater. Et wow, les deux Ruf CTR sont là ensemble, l'originale et la 2017.
Je passe derrière. Quelques voitures sont déjà installées, dont la 275 GTB/C. Autant dire que les pensionnaires de l'hôtel ont dû bénéficier d'un réveil en fanfare.
Une Porsche 959, une première à la Villa je pense. Vivement la première F40!
La Vivant vient se mettre en place.
Cette Austin-Seven semble réservée aux gens pas trop grands.
C'est parti, il faut profiter au maximum pendant que les voitures sont encore à peu près seules.
Deux Ferrari d'un coup.
L'Aston Martin DB4 GTZ est arrivée avant nous.
L'une des grandes bizarreries de cette année est cette Gyro-X
Regardez attentivement, c'est magique.
Voici la California, l'une des plus célèbres.
Il commence à y avoir du lourd.
La 250 est installée.
Pourquoi est ce que je dis que la California est célèbre? Elle est désormais méconnaissable mais il s'agit de celle de la collection Baillon, désormais remise à neuf.
La voiture, qui avait battu le record de vente aux enchères pour une California en 2015 (16.3 millions d'euros), avait participé dans son jus au concours de Pebble Beach en 2015. J'ai lancé un petit débat sur Ferrarichat, arguant notamment qu'il me semblait bizarre que le propriétaire ait payé un prix record pour une voiture en état d'origine pour au final, la transformer en une autre California plus que neuve. Bien sûr, je me doute que la décision a été pesée très minutieusement. Et visiblement les dégradations étaient vraiment importantes, et surtout résultaient davantage de la négligence (une importante corrosion due aux déjections d'oiseaux par exemple) que d'une patine. C'est l'un des arguments qui a poussé le nouveau propriétaire à opter pour une restauration état concours.
Voici ensuite la châssis court
puis une 275 GTB, que nous n'avions pas vue hier.
La Mistral.
Le rythme des arrivées commence à devenir trop rapide
certaines voitures arrivent à passer dans mon dos sans même que je m'en aperçoive, comme cette Fiat 1200 par exemple.
ou, hélas, cette Abarth 205 Sport
La Bugatti 57S est installée.
Regardez ce spectaculaire alignement.
Un bruit de voiture de course déchire l'air. Voici la Modulo.
James manœuvre pour installer le monstre à son emplacement.
Je m'attarde de nouveau sur la Vivant. Il me tarde de faire quelques recherches sur cette voiture.
Voici ensuite une OSCA, une des deux voitures à venir du Japon.
Une Alfa Romeo 8C
La 342 America
et la Vauxhall
La deuxième nippone est cette Abarth.
Je reviens vers l'autre Abarth, que je trouve vraiment fascinante.
Appréciez la longueur de cette Lancia Astura.
Sur ce 33 tours, BMW expose dans la classe F une 507 très spéciale: il s'agit de la voiture qu'Elvis Presley avait achetée en 1958 à Francfort, durant son service militaire. Le châssis 70079 avait déjà une histoire chargée avant de devenir la propriété du King. Elle avait été exposée au Salon de Francfort avant de devenir une voiture de presse. Hans Stuck la conduisit au Salon de Londres, s'arrêtant au retour à Bruxelles pour la montrer au roi Baudoin. Elle fut exposée une dernière fois au Salon de Turin avant de participer à quelques courses de côtes et de revenir à Francfort pour une remise à neuf.
Pour éviter que ces groupies ne lui laissent des messages au rouge à lèvre sur la carrosserie, Elvis fit repeindre sa voiture en rouge. A la fin de son service, il est probable qu'il la ramena aux Etats Unis avant de s'en séparer. Elle fut retrouvée au début des années 2010, en piteux état. BMW Classic fut mis au courant et proposa de restaurer la voiture, avant de la racheter à son propriétaire. L'opération dura deux ans. Les poignées de porte et manivelles de fenêtres furent reproduites par impression 3D. Le V8 fut reconstruit, mais sans recevoir de numéro de série.
Voici maintenant une Bentley
La Marzal attire l'attention.
L'Alfa Romeo 1900 de Corrado Lopresto.
Voici ensuite une Jaguar Supersonic
Et une deuxième OSCA MT4
Une Siata 208S s'est installée à mon insu
tout comme la 340 America.
Je n'ai pas vu arriver non plus la Bizzarrini.
Même à la Villa, c'est rare de voir un alignement de vaisseaux spatiaux de ce genre.
Je m'approche de la Marzal, la seule Lamborghini à six cylindres jamais construite.
Restaurée, elle a bien changé depuis sa vente ici même en 2011.
Intéressons nous un peu à cette merveille de technologie qu'est la Giro-X. Cette voiture de 1967 roule sur deux roues mais comme vous pouvez le constater, elle tient en équilibre même à l'arrêt.
Ce petit miracle est dû à une grosse boule gyroscopique située à l'avant. Celui ci tourne à 6000 tours par minute. Il lui faut environ trois minutes pour se lancer puis il reste en fonction pendant environ deux heures après l'arrêt du véhicule.
En dehors de ces plages, la Gyro-X déploie deux roulettes de chaque coté, comme un vélo d'enfant, pour rester stable.
Comme toutes les voitures de James Glickenhaus, la Modulo est non seulement roulante, mais immatriculée.
La restauration a été soignée et complète.
James semble prêt à en parler pendant des heures, toujours avec la même passion.
Je vais en vitesse faire un tour vers les concept cars avant qu'il n'y ait trop de monde. La Voiture Noire de Bugatti sera sans doute très entourée.
Sans surprise, elle est déjà dix fois plus belle sur une pelouse que sous les spotlights de Genève.
Je retrouve la Peugeot e-legend pour la troisième fois après Rétromobile et Genève, mais enfin dans des circonstances favorables aux photos.
L'Ares Panther, un hommage à la De Tomaso Pantera basé sur une Lamborghini Huracán. Comme toutes les néo-rétro, la ligne souffre d'un alourdissement lié aux réglementations et aux nécessités du confort moderne.
L'Austro-Daimler Bergmeister ADR630. Moi qui pensait que les portes papillons étaient désormais has-been.
Alors, quelle est cette étrange BMW? Il s'agit de la reconstruction du coupé Garmisch, un concept datant de 1970 qui fut présenté au Salon de Genève en 1970. A l'époque, Nuccio Bertone souhaitait resserrer les liens avec la marque allemande et il demanda à Marcello Gandini de dessiner ce coupé.
Parmi ses particularités, il y a les optiques striées et la lunette arrière en nid d'abeille mais le plus drôle est sans doute le double haricot hexagonal. Sans doute qu'à l'époque il fut aussi commenté que les énormes naseaux des versions haut de gamme actuelle.
Gandini lui même a été associé au projet de reconstruction de ce concept qui a totalement disparu de la circulation après le salon.
Pas de Zagato pour cette année du centenaire, c'est Touring qui représente la carrosserie italienne. J'aurais vraiment aimé voir la Pininfarina Battista et la Ferrari P80/C mais bon.
RAS chez Rolls Royce cette année, pas de projet extravagant, juste un exemplaire de la Wraith Eagle VIII, une série qui rend hommage au premier vol transatlantique sans escale, réalisé il y a 100 ans, à bord d'un biplan propulsé par deux moteurs Rolls-Royce Eagle VIII. Elle se présente en bronze et gris. Cinquante exemplaires sont prévus.
La Mercedes-Benz 300 SL est une participante régulière à la Villa d'Este.
L'une des six 342 America produites,
et la seule à carrosserie Vignale.
La fameuse calandre coupe-frites est imposante.
Une Maserati A6G/2000
Je m'attarde un peu sur les deux OSCA MT4. C'est rare de voir deux voitures du même type engagées à la Villa. L'une est de 1955
et l'autre de 1953.
Le fond de la petite cour ne voit malheureusement pas longtemps le soleil.
Je crois que je ne me souviens pas d'un seul Concorso sans la présence d'une Miura.
Une Aston Martin vraiment très étrange, dont l'avant n'est pas sans rappeler la Lamborghini Flying Star II. Les deux sont l'œuvre de la Carrozzeria Touring.
Une deuxième Siata.
La petite Abarth
et une... Seat.
Voilà pour les petits gabarits.
Les jardins sont ouvert au public, qui envahit petit à petit les allées. Nous nous replions momentanément au Media Lounge pour prendre le petit déjeuner.
La CD Panhard est arrivée très en retard.
Qui dit plus de monde autour des voitures, dit plus de détails pour les photographes.
L'heure de la parade approche, ce qui signifie aussi que la plupart des visiteurs sont allés s'attabler pour déjeuner et réserver leur place. Du coup, les voitures sont un peu plus libres. Je refais un tour. J'avais loupé cette Aston Martin
La Miura,
la Porsche
L'intérieur de la Mistral est dans son jus.
Je pense qu'on ne retrouvera pluss de trace de l'ADN d'Alain Delon dans la California.
Un beau duo qui a dû souvent se retrouver sur les circuits au début des années 60
Il y a toujours une ou deux voitures qui essaient de passer inaperçues: je n'avais pas encore vu cette 507.
Evidemment, j'insiste particulièrement sur les Ferrari, et en particulier la berlinetta Touring qui est vraiment sublime.
Evidemment, je n'ai pas encore photographié une seule voiture d'avant-guerre. Hormis la 2900 hier.
Une artiste au travail, ça change de tous les photographes.
Il est temps de faire un petit tour avant la parade. Voici une Lagonda
Une Minerva.
Une Lancia
Mercedes-Benz
Bentley
Une autre Rolls Royce
Un vrai nid de détails en tout genre.
Rolls Royce
Deux Alfa Romeo 6C
Une Delahaye
Ca va bientôt commencer.
Je repasse un coup vers la réception, pour revoir les Ruf
La Miura fait des tours au bénéfice d'un caméraman. Je décide moi aussi de faire quelques filés
au 1/20
Le jury est de mieux en mieux installé d'une année sur l'autre, et les femmes font leur apparition.
La Garmisch arrive. Elle va ouvrir la parade
avec cette 328 MM.
Par contre le temps commence franchement à se gâter, d'un seul coup.
C'est parti, avec d'abord quelques motos, comme chaque année. Histoire de varier un peu, j'ai décidé de me placer comme les premières années, sur le chemin qu'empruntent les voitures en tout début de circuit, avant d'aller se présenter devant le jury.
Puis les BMW. A l'instant où elles passent, les premières grosses gouttes commencent à tomber.
Tout le monde déserte à vitesse Grand V. Je me dépêche de mettre le K-way, la protection sur le sac à dos et la manche plastique sur l'appareil photo.
C'est parti pour la parade "Symphony of Engines". La classe A est baptisée "Goodbye Roaring Twenties: the Birth of the Concorso". La première participante est la Vauxhall 30/98 Type OE 1925 de Peter Goodwin, châssis OE259. Une véritable sportive développant 115 chevaux et qui pouvait tenir tête aux Bentley de l'époque. Elle remporte la classe.
Au début, les voitures se précipitent sous les abris fort opportunément montés devant l'hôtel. Comme cette Minerva AF par Hibbard et Darrin de 1928, châssis 56579, présentée par Laura et Jack Boyd.
Une Lancia Lambda Serie VIII de 1928, châssis 18609, présentée par Anthony MacLean. Elle prend la deuxième place de la classe (mention honorable) et le Trofeo FIVA de la voiture d'avant-guerre la mieux préservée.
L'Alfa Romeo 6C 1500 Super Sport 1928 de David Atcherlery, châssis 0211351. Elle a été carrossée par W.C Atcherley, le grand père de David.
Les voitures classiques ne sont pas en sucre et ne craignent nullement la pluie. Heureusement car c'est un véritable déluge. Mon pantalon s'alourdit alors que l'eau dégouline dans mes chaussures.
Voici ensuite la Rolls-Royce 20 HP 1929 par Barker de Norbert Seeger, châssis GFN35. La 20 HP était à l'époque une "petite" Rolls, adaptée aux difficultés nées de la crise économique. Son moteur était un six cylindres de 3.1 litres. La crise fut sans doute modérée pour certains puisqu'en huit ans, pas moins de 3000 exemplaires furent produits.
Enfin, une Alfa Romeo 6C 1750 Gran Sport de 1930, par Zagato, présentée par Albert Wetz, châssis 8513079.
La Classe B est intitulée "Fast Forward: A quarter century of progress". Elle débute avec la Rolls-Royce 40/50 HP Siver Ghost 1914 par Kellner de Douglas Magee, châssis 67RB. Elle reçoit le Trofeo Rolls-Royce de la Rolls la plus élégante selon le jury.
Elle devance la Bentley 4 1/4 Litre 1936 de Stephen Brauer à carrosserie Antem, châssis B260GA. Une voiture commandée neuve par le fameux André Embiricos.
Vient ensuite la Mercedes-Benz 540 K Cabriolet A 1936 de Hans Hulsbergen, châssis 130946. Cet exemplaire est l'un des dix construits dans une spécification "intérim", bénéficiant du moteur 5.4 litres mais dans une carrosserie de 500K avec deux roues de secours. Elle fut vendue en France, au propriétaire du night club parisien "La Roulotte", qui la conserva durant 70 ans.
Une rare Bugatti 57 S Roadster de 1937 par Vanden Plas, proposée par Robert Kauffman, le châssis 57541. Le carrossier n'a habillé que deux châssis de 57S, ce qui explique peut être que celui ci se soit vendu pour près de 10 millions de dollars en 2016 à Amelia Island. Elle prend la seconde place de classe et remporte le Trofeo BMW Group Classic récompensant la restauration la plus sensible selon le jury.
Voici ensuite la fameuse Alfa Romeo 8C 2900B Berlinetta Touring 1937 de David Sydorick. Il s'agit du châssis 412020, la première des cinq Berlinetta à avoir vu le jour. A ce titre, elle fut exposée au Salon de Paris puis de Milan. Elle dispose de nombreuses particularités, comme les klaxons situés sous les phares. Son huit cylindres en ligne développe 180 chevaux.
Elle remporte évidemment la classe B.
Cette Delahaye 135M de 1938 est présentée par Emma Beanland. Ce châssis, numéro 49315, est l'un des deux a avoir reçu une carrosserie roadster par Carlton Carriage Company et il a prit part à quelques courses de côtes avec son premier propriétaire, Joe Fry. Si vous ouvrez la photo en grand, vous verrez qu'il commence à grêler légèrement, sans conséquence pour les carrosseries heureusement.
Une Lancia Astura Serie IV de 1938 par Pinin Farina, engagée par Filippo Sole, châssis 41/3195. On est loin de l'élégance des fameuses Bocca, mais la taille de cet exemplaire impose le respect. Il fut commandé en 1938 par un certain Galeazzo Ciano, qui fut exécuté pour trahison en 1944. La voiture ne fut terminée qu'en 1947 et exposée au Salon de Turin avant d'être vendue en France. D'une façon assez surprenante, elle remportera demain le Trofeo BMW Group Italia du vote du public à Villa Erba. Une marque d'affection des italiens envers Lancia, leur marque moribonde?
Ca devient vraiment terrible. Mon pantalon à pris 5 kilos, mes chaussures sont remplies d'eau. A chaque fois que je lève les bras pour prendre une photo, l'eau me dégouline jusqu'aux coudes. Je ne suis pas du tout étanche. Bien plus inquiétant, les boutons du 6D refusent d'obtempérer. Je ne peux quasiment plus rien régler, ni visionner les photos. Heureusement il accepte encore de déclencher. Je n'ose pas regarder l'état de la lentille. Je m'en apercevrai un peu plus tard mais la housse du sac à dos s'est remplie d'eau et fait réservoir dans sa partie inférieure. C'est la bérézina complète.
Je décide de me réfugier sous un arbre pour tenter de limiter les dégâts et voir passer la Lagonda V12 1939 de Reinhard Weinstabl, châssis 16065, carrossée par Maltby.
La classe C est intitulée "Small and perfectly formed: the coachbuilder's art in miniature". Elle débute avec la Maserati A6G/2000 carrossée par Frua en 1952, présentée par Roland d'Ieteren. Il s'agit du châssis 2028, l'un des seize fabriqués et sauf erreur de ma part le seul habillé en coupé par Frua. Il s'agit de l'exemplaire exposé au Salon de Turin. La voiture a été restaurée chez Touring Superleggera sur une période d'un an.
Un autre exemplaire unique, l'Abarth 205 Sport 1100 de Bradley Calkins, habillée en 1953 par Ghia, châssis 205-104. Construite sur un châssis 205 modifié mais équipée d'une mécanique de Fiat 1100 Sport, elle fut exposée au salon de Turin pour faire la promotion de la petite dernière de Fiat. Il est probable que ce dessin très original soit l'œuvre de GIovanni Michelotti. Elle fut ensuite achetée par un entrepreneur américain qui l'exposa à New York sous le nom Vaughn SS Wildcat, avec la ferme intention de proposer des répliques à carrosserie en fibre de verre. Un plan qui ne vit jamais le jour. La voiture refit surface à la fin des années 2000 dans un état lamentable. Son nouveau propriétaire, un canadien, la restaura lui même dans son garage durant cinq ans et après soixante ans d'absence, elle fut exposée en 2015 à Pebble Beach, remportant un Best in Class. Plus étonnant encore, cette voiture transportée sur la remorque d'un ami depuis le Canada fit partie des quatre finalistes pour le Best of Show. Ici elle termine à la seconde place.
Une Siata 300 BC Barchetta de 1953, présentée par Jurgen Maes, châssis 435. Environ quarante exemplaires reçurent cette carrosserie Bertone, sur une mécanique de Fiat 1100.
Voici ensuite une Fiat 1200 Spider de 1958, proposée par Theodoor Hendriks. Hélas je ne saurais dire si celle ci a une particularité.
Pas du tout adaptée à la météo du jour, voici une Austin Seven 850 Beach Car de 1960, présentée par John Reymondos. Seuls quinze exemplaires auraient été fabriqués chez BMC Experimental.
Voici ensuite la Fiat Abarth Monomille GT, châssis 110-0380, achetée neuve par Shiro Kosaka à Tokyo en 1964. A l'époque, elle coûtait plus cher qu'une Porsche 356. Visiblement, seuls quatre exemplaires carrossés par Sibona & Basano, avec leur queue de canard caractéristique et les feux ouverts, ont survécu jusqu'à aujourd'hui. La Monomille remporte la classe C. La seule chose que l'on peut reprocher aux japonais est sans doute de coller un peu trop à leur bijou.
Enfin, une Seat Nardi 750 GT de 1964, présentée par Alex Vazeos. Une voiture très mystérieuse. En 1957, Seat commercialisa la Fiat 600 sous licence en Espagne. A l'image de Carlo Abarth, Enrico Nardi modifia la voiture sous sa marque "Nardi Española", portant la cylindrée à 750 cm3 (voire 952 cm3 dans certains cas). Cet exemplaire, la 750 GT, a en plus reçu une carrosserie en aluminium, peut être dessinée par Michelotti. Le nombre d'exemplaires produits n'est pas très clair. On parle de soixante cinq environ mais seules des photos de celui ci apparaissent sur le net.
La classe D est baptisée "A new dawn: Into the Rock'n Roll Era". Elle débute avec la Ferrari 342 America Vignale de Susan et Dennis Garrity. Le châssis 0232AL est le premier des six construits, et le seul a avoir été carrossé chez Vignale.
Une Jaguar XK120 Supersonic de 1952, présentée par William Heinecke. Ghia a utilisé sa carrosserie Supersonic sur plusieurs modèles, une Alfa Romeo et plusieurs Fiat 8V, avant de l'adapter sur trois Jaguar. Dans le même temps, le moteur du châssis 679768 ici présent a reçu trois carburateurs Weber. Sa vie fut émaillée de quelques anecdotes amusantes: pour participer au Concours d'Elégance de Cannes, la plaque 69 BJ 75 fut changée en 66 BJ 75, l'originale montrant un peu trop de connotations sexuelles. Par la suite, son propriétaire la dissimula soigneusement afin qu'elle échappe à ses créanciers lors d'une mauvaise passe légale et financière.
Une Siata 208S de 1953 présentée par Jan de Reu. Ce châssis, numéro BS518, est longtemps resté invendu à Beverly Hills avant d'être finalement acheté par un pompier. Celui ci échangea immédiatement le délicat moteur Fiat V8 contre un V8 Chevrolet. Dans les années 80, son nouveau propriétaire réussit à installer un moteur conforme mais en 1993, la Siata fut achetée aux enchères juste pour récupérer le moteur et l'installer dans une Fiat 8V. La pauvre Siata se retrouva de nouveau avec un V8 américain, de marque Ford cette fois. En 1998, son nouvel acquéreur passe des années à traquer un nouveau bloc V8 Fiat, ainsi qu'une transmission. En 2012, elle arriva dans les mains de son propriétaire actuel qui la fit restaurer. Anecdote amusante, elle est déjà venue ici en 2016, alors qu'elle était blanche. Cette fois, elle termine deuxième de classe.
Un grand classique, la Mercedes-Benz 300 SL de Matthias Bonczkowitz. Celle ci, le châssis 4500019, n'est cependant pas n'importe laquelle. Il s'agit en effet de l'exemplaire exposé à Paris en 1954 puis à Londres avant de servir de voiture de test pour la presse. Ensuite, elle fut utilisée par Stirling Moss et Denis Jenkinson pour les reconnaissances des Mille Miglia 1955, un mois avant la course qu'ils allaient remporter. Elle s'impose dans la classe D.
Voici ensuite Corrado Lopresto et son Alfa Romeo 1900 SS Vignale La Fleche, châssis AR1900-01942. Il s'agit évidemment d'un dessin unique, signé Michelotti, qui fut exposé à Turin en 1955.
0403GT est une Ferrari 250 GT Competizione Berlinetta, présentée par Sunil Wickremeratne. En réalité il s'agit d'une 250 Europa GT équipée d'une carrosserie spéciale par Pinin Farina
L'arrière fait clairement référence à la fameuse 375 MM "Bergman", 0456AM. Cette voiture a déjà remporté sa classe ici même en 2005.
Une BMW 507 enregistrée au nom de "The May Collection", châssis 70200.
La Berlinetta Touring semble avoir quelques difficultés de démarrage.
Classe E, "Swinging Sixties: the sky's the limit". On commence avec 2009GT, une Ferrari 250 GT châssis court Competizione présentée par William Loughran. Cette voiture a été engagée aux 24 Heures du Mans en 1960, sous le numéro 15. Hélas elle ne parvint pas à terminer. Ensuite, elle termina cinquième ay Tourist Trophy à Goodwood. Au Grand Prix d'Angola, elle s'adjugea les deux courses dans sa catégorie puis prit la cinquième place au général aux mille kilomètres de Paris. Elle continua sa belle série en 1961 avec une troisième place à Spa et une quatrième à Rouen. Un gros palmarès donc. Et deuxième de classe ici.
L'Aston Martin DB4 GT Zagato de la Destriero Collection est 0178/L, exposée dans cette teinte rouge à Genève en 1961. Par la suite, elle courut à Spa.
La Ferrari 250 GT SWB California de Tony Vassilopoulos est donc le châssis 2935GT, ex-Alain Delon, ex-Collection Baillon, dont la vente à défrayé la chronique en 2015.Elle remporte la casse E.
Voici ensuite l'Aston Martin DBS C de Raafat Abdelall. Quand il fut temps pour Aston Martin de remplacer sa DB6, la marque anglaise se tourna naturellement vers la Carrozzeria Touring, qui avait dessiné avec tant de succès la DB4. La firme de Milan proposa deux prototypes à deux places, l'un à conduite à gauche (266/2/L) présenté ici, et l'autre à conduite à droite (266/1/R), qui furent exposés à Paris, Londres et Turin. Devant la baisse des ventes de la DB6, Touring avait dû travailler très vite et Aston Martin finit par privilégier sa quatre places, la DBS que nous connaissons. Les deux prototypes, eux aussi nommés DBS, furent rebaptisés DBS C pour éviter toute confusion.
La Ferrari 275 GTB/4 de Charles Wegner porte le numéro de châssis 10497 et se présente dans une originale teinte Nocciola.
La Classe F s'intitule "Baby you can dirve my car: Musical Stars' Cars". La première voiture est engagée par l'organisateur lui même, BMW Classic. Il s'agit de la 507 d'Elvis Presley, qui est la seule a être restée sous bâche.
Voici ensuite la Bizzarrini GT Strada 5300 de Frank Gelf, châssis 1A3-0260. Elle a appartenu à Little Tony, un rockeur san-marinais populaire dans les années 60. Son tube 24 mila baci a d'ailleurs été repris par Johnny Hallyday, un autre propriétaire de Bizzarrini
La Maserati Mistral 4000 Spider d'Oliver Ruppertzhoven, châssis AM109SA1-675. Je serais bien incapable de dire à quel chanteur célèbre elle a appartenu. Elle remporte le Trofeo Automobile Club di Como de la voiture conduite sur la plus grande distance pour venir au concours.
Voici ensuite la Lamborghini Miura P400S présentée par Luca Taino, châssis 4797, qui a elle aussi appartenu à Little Tony. Il s'agit de l'une des six Miura sorties d'usine en Azzuro Mexico. Elle a été restaurée par le Polo Storico de l'usine et s'impose dans la classe F.
Cette Aston Martin V8 Vantage est présentée par Nopporn Suppipat . Le châssis 12486 a appartenu à Sir Elton John qui a fait honneur à son surnom de Rocket Man puisqu'il a fait porter le V8 à 7 litres, et sans doute 450 chevaux.
La Porsche 959 de Giovanni Andrea Innocenti est assez connue. Le châssis 0216 a appartenu à Herbert Von Karajan et prend la seconde place.
La classe G s'annonce particulièrement attrayante. Elle est appelée "Speeding against the clock: endurance racing legends". Elle est inaugurée par la Ferrari 166 MM de Brias Ross, conduite par un Max Girardo hilare. Ce châssis, numéro 006M, a terminé sixième de classe aux Mille Miglia 1949 avant de remporter le Best of Show au... Concorso d'Eleganza Villa d'Este. Elle a récidivé au Cavallino Classic en 2007 et remporte ici la classe G.
Elle est suivie de 0122A, la Ferrari 340 America Touring Berlinetta de Marc Rollinger. Seuls deux exemplaires de 340 America ont reçu une carrosserie de ce type. Elle a été exposée au Salon de Bruxelles en 1952.
Voici l'Osca MT4 1450 Frua Barchetta d'Hidetomo Kimura, châssis 1135, qui a un historique lors de courses américaines. Elle termine deuxième de classe.
Joli combo.
Et donc l'Osca MT4 1500 Morelli Barchetta de Jack Croul, châssis 1168. Les parapluies se ferment, il a enfin arrêté de pleuvoir. Ouf. Mon pantalon pèse une tonne et mes pieds baignent.
Voici ensuite une CD Panhard LM64, châssis 64/2, présentée par Fréderic Leroux. Elle a participé aux 24 Heures, sans succès. Elle reçoit le Trofeo ASI de la voiture d'après-guerre la mieux préservée.
Et la Ferrari 275 GTB/C de David McNeil, châssis 09051, qui a couru intensivement durant trois ans dans des courses locales italiennes, avec grand succès. Sixième des douze GTB/C d'usine, elle a été vendue pour 14.5 millions de dollars par Gooding en 2017 à Pebble Beach. Elle reçoit deux prix: le Trofeo Vranken Pommery de la voiture la plus iconique selon le jury et le Trofeo dell'Anniversario du plus beau bruit de moteur. Symphony of Engines!
Et voici la dernière classe, "Daring to dream: concepts which rocked the motoring world". Phillip Sarofim présente la Vivant 77 roadster de 1966, châssis numero 1, dans une remarquable bonne humeur, interpelant le conducteur de la 275 GTB/C (la plus bruyante du plateau) pour lui dire qu'il n'entend rien. La Vivant a été conçue par Herb Adams, un ingénieur de chez Pontiac, responsable notamment du développement de la Trans Am. C'est ce qui explique que la Vivant dispose d'éléments mécaniques de Pontiac, dont son V8. Son extraordinaire carrosserie en alumoinium a été martelée à la main par trois artisans de chez Rolls-Royce. Elle a rapidement disparu de la circulation avant de réapparaitre en 2011, puis à Pebble Beach en 2017. Avec ses lignes très pures, elle a beaucoup impressionné, en particulier l'arrière, inspiré des Alfa Romeo B.A.T. Elle termine deuxième de la classe H.
On ne présente plus la Lamborghini Marzal de 1967, ni d'ailleurs son propriétaire Albert Spiess. Dessinée par Bertone, cette vraie quatre places est motorisée par la moitié d'un V12 de Miura P400, un six cylindres en ligne de deux litres monté transversalement. La surface vitrée est de 4.5 mètres carrés, ce qui a nécessité la conception d'un système de climatisation. Ferruccio Lamborghini a d'ailleurs trouvé à redire au vitrage du bas des portes, arguant qu'il ne laissait pas suffisamment d'intimité aux femmes en jupe. Pour avoir passé la tête à l'intérieur pour faire les photos que vous avez vues plus haut, j'avoue que la sensation de liberté est assez incroyable. Elle remporte la classe H et recevra demain le Trofeo BMW Group Ragazzi du vote des enfants à la Villa Erba.
La Gyro-X de 1967, présentée par le Lane Motor Museum, a été dessinée par Alex Tremulis, un autodidacte qui a travaillé pour Cord, Duesenberg, et a largement participé au design des fameuses Tucker. il a été sollicité par la société Gyro Transport Systems pour dessiner un prototype qui utiliserait un gyroscope hydraulique pour rester stable. Le moteur est un 1.3 litres de Mini Cooper. Le gyroscope de 60 centimètres de diamètre permettait à la voiture de prendre des angles de 40 degrés mais elle se montra instable au dessus de 100 km/h. Abandonné, le véhicule subit de nombreux outrages, perdant son gyroscope et recevant une troisième roue mais en 2011 il arriva au Lane Motor Museum qui ne compta pas ses efforts pour le remettre dans son état d'origine.
Dernière voiture de cette édition, la Ferrari 512S Modulo de James Glickenhaus, concept Pininfarina exposé au Salon de Genève en 1970. Le patron de SCG l'a acquise directement auprès de Pininfarina en 2014, et a entrepris une restauration de près de 4 ans (bien plus que prévu, James avait annoncé tout au début avec optimisme qu'il la conduirait à la Villa d'Este en... 2016). Au tout début de sa vie, Modulo était un châssis de 512S, étrangement numéroté #27. La voiture, y compris le moteur et la carrosserie, fut upgradée en 612 CanAm mais resta invendue. Ferrari déshabilla alors le châssis et l'envoya chez son carrossier préféré pour en faire un concept car. C'est Paolo Martin qui dessina ces deux coques superposées hautes de seulement 93 centimètres de haut. Pour ses multiples tours du monde, le concept avait été équipé d'un moteur et d'une transmission d'apparat, vides de tous composants. Et c'est en 2018 que Modulo réalisa les premiers tours de roues autonomes de sa longue existence, après qu'un moteur de 512S ait été installé par l'officine Sport Auto de Modène. Elle remporte le Trofeo Auto & Design du dessin le plus excitant selon le jury.
Je renonce à aller voir la remise de la Coppa d'Oro. A cause de la pluie, tout le monde s'est agglutiné au même endroit et ça va être une cohue indescriptible. Je repasse vers la réception.
Je suis parti quand les concepts attendaient encore leur tour. Les voici qui arrivent.
Tiens, la 2900B ressort du parking. On dirait que je viens de voir passer en exclusivité le lauréat du vote du public.
Et voilà, c'est terminé pour la parade. Il est 17h15, heureusement que Simon Kidston avait dit qu'il allait accélérer le rythme à cause de la météo.
Je descends un coup dans le parking mais comme mon appareil ne répond plus, je suis coincé à 2000 Iso. Un peu trop pour l'extérieur mais pas assez pour le parking.
Dernière étape de la journée, à la Villa d'Este en tout cas, le shooting de la gagnante à l'arrière de l'hôtel.
Ok c'est la seule voiture que l'on a pu shooter à l'arrière de l'hôtel vendredi mais tant pis.
On recommence avec la fameuse Coppa d'Oro.
Et le très heureux propriétaire. Demain, il remportera également le Trofeo BMW Group, le Best of Show décerné par le Jury. Sur les douze éditions auxquelles j'ai assisté, Alfa Romeo a remporté six Best of Show et six Coppa d'Oro. Cinquante pour cent, c'est pas mal.
Voilà, c'est terminé pour la Villa d'Este cette année.
Place à la Villa Erba! Nous couvrons assez rapidement la vente aux enchères RM: il faut dire que je suis encore trempé et que je commence à avoir un peu froid. Il y aura tout de même de quoi faire un reportage exhaustif, ne vous inquiétez pas. A un moment donné, on m'informe qu'une Porsche Singer est garée le long du mur. Je fais un raid rapide.
Je découvre aussi ce duo de Ferrari qui ne fait pas partie de la vente. Sa présence est assez mystérieuse.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la journée a été épique. Déjà, et je le répète chaque année, le plateau était de nouveau exceptionnel cette année: outre la 2900B et la Modulo, j'ai beaucoup apprécié la Vivant et l'Abarth Ghia. Comme chaque année, plusieurs one-off étaient engagés, et pour ma part plusieurs châssis de Ferrari inédits. Nous avons eu un temps superbe pour l'installation et le début d'après midi puis une averse énorme pendant la parade, comme en 2011, ce qui a donné des images très... contrastées. Bref, encore une édition qui devrait rester dans les mémoires. Maintenant, place au dimanche et aux shootings devant la Villa Erba.
Libre à vous de quitter cette page par ici si vous avez terminé la consultation du site. A bientôt