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Jusqu'à maintenant, la seule mention de Mégane (II) sur Arthomobiles a sans doute été pour dire que je dormais dedans ou que je m'étais garé trop près de mon spot et que la voiture se retrouve dans le cadre. Cela dit, je dois avouer que j'ai eu un coup de cœur pour cette voiture dès qu'elle est apparue dans les journaux automobiles. Du coup, j'ai reçu ma DCi 120 en 2003, dans les premières livrées, ce qui m'a d'ailleurs conduit a essuyer les plâtres pendant quelques années. D'ici a en faire un shooting, il y a quand même un grand pas. Mais quand Olivier m'a proposé de shooter la plus puissante et la plus rapide de la gamme, la détentrice du record de la Nordschleife catégorie tractions, je n'ai pas hésité très longtemps, même si certains lecteurs digèrent à peine le fameux coup des Abarth. Bon, de toutes façons, je ne rends de comptes à personne, c'est l'avantage. 

Olivier est expatrié à Paris, où il travaille chez Renault. Il m'a contacté en février pour me proposer le shooting mais c'est seulement aujourd'hui qu'il revient sur ses terres jurassiennes et que nous avons pu convenir d'un rendez vous. Et encore, c'est plutôt court comme délai. Nous avons donc convenu de nous retrouver à Dole. Ayant de la famille là bas, je sais que la ville est jolie et que nous devrions trouver des endroits sympa pour les photos. Mon épouse a même donné son accord pour changer un peu d'air pendant que les enfants sont à la crèche. C'est parti donc. Je voyage léger avec le 7D, le 70-200, le 17-55 et le 10-22 au cas où. Nous arrivons à Dole avec environ une demi heure d'avance. En passant sur une place, mon œil est attiré par une forme rouge familière: une 599 GTB Fiorano. Celle ci, j'en ai déjà entendu parler plusieurs fois mais c'est la première fois que je la rencontre. Une belle surprise, et de bonne augure.

       

Nous nous rendons dans la foulée sur le parking du port de plaisance où Olivier doit nous retrouver. C'est une vue très typique de Dole apparemment: les bateaux devant la Basilique. Comme vous pourrez le constater, le HDR est de retour: çà fait longtemps que je n'en ai pas réussi de réellement satisfaisants.

Par chance, les places de parking stratégiques sont libres. Je me gare en travers de plusieurs d'entre elles pour réserver le meilleur angle. Franchement, vous pensiez que je pourrais shooter une Mégane sans glisser la mienne quelque part?

Olivier arrive pile à l'heure dite. Après les présentations, je lui explique la première pose. Julia va visiter la ville pendant que nous shootons. De toute évidence, Olivier fait partie de la catégorie préférée des photographes: les maniaques. La voiture est d'une propreté parfaite, à l'intérieur comme à l'extérieur.

Voilà donc la bête, et le mot n'est pas trop fort pour qualifier cette Mégane R26.R. La griffe RS (Renault Sport) signale les versions sportives des modèles phares de la marque, de la Twingo à la Mégane. Cette dernière a connu plusieurs versions, débutant avec la RS de 225 chevaux, puis la sérié limitée Trophy (à 500 exemplaires avec un châssis sport), puis la Renault F1 Team, suivie de la Team R26 de 230 chevaux. En octobre 2008 sort la version ultime, la R26.R. La puissance du 4 cylindres turbo reste de 230 chevaux mais une chasse au poids implacable allège la voiture de 123 kilos. Seuls 450 exemplaires sont prévus, dont un majorité pour le marché anglais. Le lancement est appuyé par l'annonce d'un record: 8 minutes 17 secondes sur la boucle nord du Nürburgring, le meilleur temps pour une traction. Voilà pour la théorie. Passons à la pratique (et au HDR).

       

Olivier me fait faire le tour du propriétaire. Il connait la voiture par cœur, et l'a d'ailleurs chroniquée pour Caradisiac. Ce qui saute aux yeux est évidemment le capot en carbone

ainsi que les stickers rouge. Anecdote sympathique, le marquage sur le bouclier avant est à l'envers, peut être pour signaler à ceux qui voient la R26.R débouler dans leur rétro qu'ils doivent s'écarter.

Les freins Brembo sont des disques rainurés.

L'intérieur est celui que j'ai sous les yeux tous les jours, sauf qu'il ne faudra pas compter sur l'autoradio pour vous tenir compagnie, il a été sacrifié.

Tout comme l'airbag passager.

Les sièges baquets Sabelt sont en carbone, très impressionnants.

Une plaque au niveau du frein à main rappelle le fait que l'on est sur une série limitée. Etrange parti pris, la numérotation est faite par pays. Sauf que Renault avait vu un peu grand en destinant 230 voitures au Royaume Unis, et que finalement certaines R26.R ont été vendues en France. Celle ci porte donc le N°84 sur 230 destinées aux UK. Une private joke pour les initiés qui savent que le code interne de la Mégane II est X84 chez Renault.

Certaines parties comme le levier de vitesse et le haut et le bas du volant reçoivent une couverture de cuir retourné.

               

Le ceintures de sécurité ont été remplacées par des harnais six points (homologués). Ici, la Radicale mérite bien son nom.

       

D'autant plus que, pour le gain de poids toujours, la banquette arrière a tout bonnement disparu. Le coffre est délimité par un simple filet. On notera aussi la disparition de l'essuie glace arrière, des lave phares avant ou des antibrouillards. La R26.R se contente du minimum vital.

Dans la portière, l'autocollant de pression des pneus annonce la couleur en donnant une pression "race track"

Le moteur est dépourvu de cache plastique (trop lourd?) mais ne montre hélas pas un visage très séduisant. Mais ce n'est pas ce qu'on lui demande, contrairement au capot qui le dissimule.

       

Pour finir sur le gain de poids, les vitres de custode et la lunette arrière sont en polycarbonate. Olivier me fait la démonstration d'une souplesse vraiment étonnante. Le record du Nürburgring est d'ailleurs gravé sur les latérales.

Parmi les dernières singularités esthétiques, on notera les rétros, poignées de porte et baguette de toit noirs,

et la casquette de toit surdimensionnée, qui a nécessité un petit aménagement pour l'antenne (vous aie je dit qu'il n'y avait pas de radio?).

       

Mais bref, ce qui compte surtout pour une séance photo, c'est le look de la voiture.

Encore aujourd'hui, après huit ans de vie commune et 196 000 kilomètres qui ont laissé pas mal de stigmates sur la carrosserie (je ne suis pas maniaque), il m'arrive encore quand j'approche ma voiture sous certains angles de me dire "_ mais qu'est ce qu'elle est belle". C'est sûr qu'elle n'est pas consensuelle et qu'elle fait partie des autos qu'on aime ou qu'on déteste. C'est aussi ce qui me plait chez elle.

       

Alors une version aussi agressive!

       

Une fois épuisé ce premier spot, nous nous déplaçons vers un chemin qui longe le canal et que j'ai repéré en arrivant. Pas de chance, il s'agit d'une voie verte, réservée aux piétons et aux vélos. C'est désert, Olivier est d'accord pour s'y engager quelques instants. Tant mieux car l'endroit est superbe. Je passe sur le 70-200.

       

Il y avait un gros potentiel sur ce spot mais j'ai préféré ne pas rester trop longtemps. Aujourd'hui les anti-bagnoles sont tout puissants et il suffirait d'un écolo mal embouché qui donne un coup de guidon dans la voiture pour nous laisser sans aucun recours. Il ne fait pas bon afficher la radicalité de la R26.R par les temps qui courent. En plus, on est dans le fief de Dominique Voynet.

       

Du coup, je ne prends même pas le temps de remettre le grand angle pour faire une vue du canal avec le pont et la basilique en fond. Je préfère qu'on dégage au plus vite.

Un bâtiment avec une vieille façade en bois a par contre attiré mon attention à deux pas de là. Je demande à Olivier de se garer devant.

       

C'est lui qui propose d'allumer les phares, quelque chose que j'oublie deux fois sur trois.

       

La texture du bâtiment est vraiment intéressante. Des fois, il suffit de peu de choses pour faire un bon fond.

       

Nous passons ensuite dans la rue Pasteur, où se trouve la maison natale de Louis Pasteur.

Elle n'est accessible qu'en partie mais les pavés sont exploitables, surtout en montant sur un muret.

       

Jusque là, je suis très satisfait des endroits que nous avons trouvé et qui sont très photogéniques. Je récupère Julia pour la dernière étape que j'ai prévue: le dynamique. Dole dispose d'un pont très haut, appelé La Corniche, qui me semble idéal pour ce genre de prise de vue. Par contre, il est à simple voie. Pas question de monter dans le coffre sur route ouverte. Je confie le volant à mon épouse et je shooterai par la fenêtre passager. Je donne mes consignes et c'est parti, à 60 km/h environ. Nous serrons la ligne blanche tandis qu'Olivier serre à droite le plus possible.

Au bout du pont, demi tour et même opération dans l'autre sens. Olivier arrive à se rapprocher au maximum mais il y a peu de place pour prendre de l'angle.

Je baisse la vitesse jusqu'au 1/40 (en réalité encore moins mais sans résultat probant) mais la sensation de vitesse est assez limitée. Finalement, je pense que la bonne allure est aux alentours de 110 km/h sur une double voie, surtout quand l'angle est aussi réduit. Bon, ce n'est pas si mal quand même. Au 1/40, un coup de zoom est vite arrivé.

       

Nous nous garons à la sortie du pont. Pour ma part, j'ai terminé la séance mais Olivier me propose d'aller faire un tour. J'accepte évidemment avec grand plaisir. Je m'installe. Les sièges sont de vrais baquets et une fois maitrisé et serré le harnais, plus question de bouger: le maintien est total. La suspension est ferme mais sans excès. Dans un premier temps, je suis assez peu impressionné. Il faut que je me ré-acclimate, ma dernière expérience en sportive était à bord de la 599 GTO qui est presque trois fois plus puissante. Quand nous quittons le contournement pour une petite route sinueuse, je commence à comprendre. Le turbo siffle dans la caisse dépouillée et le quatre cylindres se fait rageur en montant dans les tours, même si le couple est disponible dès 3000. Ici, la sensation de vitesse est impressionnante. Assis plus haut que dans une Ferrari, et moins distrait par les vocalises du moteur, on a rapidement des sensations fortes. Nous nous arrêtons à l'auberge du Mont Roland. Une pelouse domine un large panorama. Déserte hormis quelques enfants qui jouent au cerf-volant. 

       

Dommage que la sécheresse ait déjà rendu l'herbe un peu jaune.

       

Je dois dire que cet endroit offre de nombreuses possibilités et que je m'y suis vraiment bien amusé. La voiture étant quasiment monochrome à la base, pourquoi ne pas tenter un peu de noir et blanc?

       

Les plans larges s'imposent d'eux même.

Et la large portion de ciel appelle quasiment une mise en valeur des nuages grâce au HDR. J'imagine ce qu'il serait possible de faire ici au coucher du soleil. Comme quoi un spot à priori assez basique peut stimuler la créativité, et nous n'avons fait qu'effleurer son potentiel (il y a un alignement de croix géantes le long de la route en arrivant qui doit forcément permettre de belles choses). Je l'ai déjà dit la semaine dernière mais ce serait vraiment parfait d'avoir ma propre classique pour tenter des choses qu'il est plus difficile de demander à un autre propriétaire. Mais ce n'est pas pour demain, hélas.

       

En fait, le cadre m'a tellement plu que j'ai eu l'idée de commencer une sorte de book avec mes différents shootings, principalement pour le montrer à des personnes avec qui je dois négocier un accès à un spot privé. Je me suis inspiré de Webb Bland pour la mise en forme du texte. Je m'inspire souvent de son travail d'ailleurs car je trouve ses chartes graphiques magnifiques. Pour aller au bout du plagiat, il faut même adopter la cadrage large qui est un de ses marques de fabrique (format 2:1)

       

Allez, il ne faut pas oublier que nous avons laissé mesdames sur un banc au bord de la route, il est temps d'aller le retrouver. Maintenant que j'ai repris mes repères, je dois dire que la R26.R m'impressionne. Pas besoin de la cravacher dans les tours pour qu'elle pousse et le comportement routier semble impeccable. Je savais déjà par expérience que la tenue de route de la Mégane II est diabolique, parfois au détriment de la durée de vie des pneumatiques. Une fois revenus en ville, nous discutons un peu de Renault. D'après lui, il n'y aura plus de version radicale comme la R26.R, la nouvelle direction préférant privilégier une sportivité plus luxueuse. Pour l'instant, les faits lui donnent raison avec la finition Gordini qui se contente d'une peinture et d'équipements intérieurs mais sans aucune modifications mécaniques. Cela dit, il sera possible de se faire une idée beaucoup plus précise dès le 17 juin puisque Renault Sport commence à teaser sur un nouveau record au Nürburgring avec une Mégane III. Alors, radicale ou pas?

PS: chose promise chose due, la Mégane III R.S. Trophy a bien battu le record de la R26.R en 8 minutes 08 secondes. Cette version est limitée à 500 exemplaires et développe 265 chevaux.

Voilà, le shooting a duré près de deux heures et j'ai découvert des spots vraiment sympas, à moins de 40 minutes de chez moi, que j'espère recycler dans l'avenir. J'ai pris beaucoup de plaisir à détailler cette voiture que je connais presque par cœur, ce qui est un vrai plus. En tout cas, je remercie vraiment Olivier de sa participation et de sa gentillesse. J'espère que cela donnera aussi espoir à certains lecteurs qui m'ont contacté il y a plusieurs mois déjà pour shooter leur voiture et avec qui je n'ai pas encore pu concrétiser. Patience, çà viendra, promis!

Pour le prochain reportage, et juste avant de prendre la route du Nürburgring pour six jours intenses, je vous promets une nouvelle surprise avec de vraies merveilles.

 

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