L'année 2020 commence à peine mais elle a déjà été rude pour les salons automobiles traditionnels. L'IAA a annoncé fin janvier qu'il se retirait de Francfort pour migrer vers Berlin, Hambourg ou Munich. Le Mondial disparait pour devenir Paris Motion Festival et abandonne l'emblématique Hall 1 de la Porte de Versailles pour se resserrer sur les halls 4, 5 et 6, officiellement pour encourager les spectateurs à circuler davantage. Genève n'est pas épargné, avec les absences de Peugeot, Citroën, Opel, Ford, Nissan, Volvo, Land Rover ou Lamborghini, des constructeurs qui occupaient traditionnellement des espaces importants. Pour ne rien arranger, la menace du Coronavirus aurait pu mener à l'annulation pure et simple du salon, ce qui aurait sans doute constitué le dernier clou dans son cercueil. A tel point que le mercredi précédent l'ouverture, suite au premier cas répertorié en Suisse, un communiqué de presse a été envoyé pour annoncer que "dans l'état actuel des choses, rien n'empêche l'ouverture du GIMS comme prévu. L'événement aura donc bien lieu." Sous entendu, on peut encore annuler à tout moment.
Comme chaque année, je vous propose de regarder de plus près
les comptes de Ferrari, dont le rapport annuel est toujours très intéressant.
Plusieurs records ont été battus en 2019, dont celui du nombre de nouveaux
modèles présentés en un an, cinq: SF90, F8 Tributo, F8 Spider, 812 GTS et Roma.
Et si je ne me trompe pas, une seule l'a été lors d'un salon généraliste, la F8
coupé ici même. Comme ça parait loin déjà!
Le V8 a reçu le titre de moteur international de l'année pour la quatrième fois
consécutive et Ferrari a été reconnue marque la plus puissante du monde pour la
deuxième fois par Brand Finance. La marque a passé un accord avec le groupe
Armani pour proposer des vêtements et accessoires haut de gamme.
Ferrari présente à demi mots ses excuses à ses actionnaires pour son nouvel
échec en Formule 1, mais enregistre une trente sixième victoire de catégorie au
Mans.
En 2019, le chiffre d'affaire à augmenté à 3.76 milliards d'euros, en hausse de
10%, décomposé comme suit: 2.92 milliard en vente de voiture et pièces, 198
millions en vente de moteur, en baisse de 30% (voir plus bas), 538 millions en
marchandising, licences, royalties et sponsoring de la Scuderia. Les
investissements en recherche et développement se sont montés à 559 millions,
plus 140 millions d'amortissement. Le bénéfice avant impôts est au plus haut, à
875 millions mais le bénéfice net chute nettement à 699 millions. Ferrari
n'avait payé que 16 millions d'impôts en 2018 contre 176 en 2019 et 209 millions
en 2017, grâce à un régime spécial pour les entreprises utilisant de la
propriété intellectuelle.
L'an dernier, Ferrari a franchi la barre hautement symbolique des 10 000
voitures livrées, à 10 131, et ce avant même l'arrivée du Purosangue. Pour
mêmoire, l'an dernier Lamborghini a vendu 4962 URUS, ce qui représente 60% de
ses ventes. L'arrivée du SUV est bien confirmée dans le rapport, tout comme
celle d'une gamme à moteur V6. Pour autant, Ferrari assure poursuivre une
stratégie de faibles volumes et de liste d'attente. La marque revendique une
part de marché de 23% sur le secteur des voitures de luxe à haute performance
(plus de 500 chevaux et plus de 150 K€) mais reconnait que ce n'est pas un
objectif en soi.
Le rapport permet également de situer les modèles dans les quatre gammes: cinq
"voitures de sport", axées sur les performances et l'aérodynamique (SF90
Stradale, F8 Tributo, F8 Spider, 812 Superfast and 812 GTS), quatre "GT", avec
des intérieurs plus raffinés et un vrai confort (Ferrari Roma, Ferrari Portofino,
GTC4Lusso and GTC4Lusso T) deux "séries spéciales", destinées aux
collectionneurs (488 Pista and 488 Pista Spider), ainsi que les deux "Icona",
réinterprétations modernisées de modèles emblématiques. (Monza SP1 et SP2).
En 2019, le marché le plus important reste l'Amérique (Nord et Sud) avec 28.6%
des ventes totales, devant l'Asie hors Chine (et donc Hong Kong) avec 14.8% et
le Royaume Uni, 11.1%. La France a représenté 4.5% du volume, avec 452
livraisons. 70% des voitures sont vendues à des clients possédant déjà une
Ferrari.
Concernant les moteurs, Ferrari annonce qui'ils continuent à investir dans les
moteurs thermiques, y compris les V12 atmosphériques, le V8 bien sûr et une
toute nouvelle famille de V6. Evidemment, de lourds investissements sont prévus
dans l'hybride. En 2019, Ferrari a produit en moyenne 117 moteur par jour,
répartis comme suit: 11 V12, 48 V8 (dont 3 pour Maserati) et 61 V6 pour
Maserati, ce qui montre une certaine dépendance de Ferrari aux performances de
la marque au trident (14 000 moteurs par an quand même, assemblés sur une ligne
dédiée).
A part ça, sur la gouvernance, Exor est actionnaire majoritaire avec 24% des
actions, Piero Ferrari suit avec 10.2% et Blackrock, dont on a entendu parler
dernièrement en France, détient 6.1%. Le public détient 55%. L'action Ferrari
vaut autour de 150 euros, trois fois sont prix d'introduction fin 2015
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