Dixième salon de Genève consécutif et je l'attends toujours avec une certaine impatience. Il reste le salon des constructeurs de sportives, grands ou confidentiels, historiques ou éphémères, mais aussi des préparateurs et des studios de design. Pour le meilleur ou pour le pire, mais ça fait aussi partie du charme. Comme d'habitude, toutes nos marques préférées ont annoncé des premières mondiales, qu'il s'agisse de variations sur un thème existant ou de véritables nouveautés. Par mi ces dernières, l'évènement sera créé par Bugatti SAS qui dévoilera le deuxième modèle de son histoire. La marque de Sant'Agata Bolognese a également promis une série limitée dont elle a le secret, pour célébrer le centième anniversaire de la naissance de son fondateur, Ferruccio Lamborghini. De son coté, Ferrari met à jour l'un de ses bestsellers: la FF. Bref, on ne devrait pas s'ennuyer.
Comme chaque année, un départ vers 4h50 permet d'éviter les encombrements entre Lausanne et Genève et de trouver une place dans un des parkings qui se trouvent sous Palexpo. Je me gare non loin d'une superbe Ferrari 328 GTB. Elle a plus de prestance au milieu des voitures ordinaires que dans une vente aux enchères.
Mauvaise nouvelle, l'entrée au bout du hall des accessoiristes est désormais réservée aux exposants. Je dois me rendre à l'entrée principale sous la pluie, en ayant laissé le manteau dans la voiture. Cette année encore, je voyage léger: le 6D avec le 24-105, un flash et le 17-40 dans la besace. Je suis aussi venu avec le 70-200 mais je le laisse dans le coffre. Demain, je laisserai le 24-105 dans le coffre et prendrai les deux autres, histoire de changer un peu. Sans grande surprise, je me dirige d'abord vers le stand Ferrari. Il y a des traditions auxquelles on ne peut pas déroger. Hum, on est en retard à la casa du cheval cabré. Evidemment les nouveautés sont encore bâchées
mais surtout l'heure est encore à la coiffure et au maquillage des hôtesses.
Jacky décide de faire le siège de l'entrée du stand mais pour ma part, je préfère aller papillonner un peu autour. Chez Maserati, des bâches, chez McLaren, des bâches, chez Aston Martin des bâches et cette très belle DB5.
Chez Jeep, deux Willys dont un Station Wagon
et ce Wagoneer.
Je reviens vers Ferrari à 08h00, c'est toujours le blocus. Le vigile annonce que le stand n'ouvrira pas avant 10h30. Maintenant que j'ai 10 ans de salon derrière moi, je pense pouvoir dire que beaucoup de choses ne font que se dégrader: dossiers de presse remplacés par des QR Codes, stands de plus en plus fermés ou réservés aux VIP (oui, pendant les journées presse)... Peut être un effet de la fréquentation de plus en plus importante des jours de pré-ouverture. Bref, inutile de discuter avec un vigile, je mets les voiles pour le moment avec le sentiment d'avoir perdu un temps précieux. A 10h00, le salon va se remplir jusqu'à 17h00 et il deviendra très difficile de faire des plans larges. Heureusement la plupart des privilégiés ne sont pas des lève-tôt. Allez, je vais me consoler chez RuF qui a toujours l'un des plus beaux stands du salon: immense, parquet tout simple, aéré et toujours un mix de nouveaux modèles et d'anciennes. Pour tout vous dire, cette année la CTR3 est la moins intéressante de toutes.
Cette RTR narrow de 800 chevaux sera-t-elle l'une des dernières Porsche modernes à être revisitée par RuF? La question n'est pas si stupide qu'elle parait.
Il se pourrait en effet que le préparateur suive les pas de Singer dans le Resto-Mod, une technique qui consiste a améliorer d'anciens modèles en fonction des technologies actuelles. En effet, la taille, le poids et la complexité des derniers modèles peut rebuter certains puristes. Ainsi trois des voitures présentes cette année rappellent fortement le modèle fondateur de la réputation de RuF, la CTR Yellowbird, mais en profitant des progrès techniques actuels. En première mondiale, voici donc la SCR 4.2, dont le look de 964 est totalement trompeur. Il s'agit en réalité d'un châssis de 993 allongé de 70mm, le rendant aussi long que celui d'une 997. La carrosserie est inspirée de la CTR1 mais utilise massivement la fibre de carbone. Le moteur est basé sur le GT3 refroidi par eau, développant 525 chevaux. La transmission est manuelle et l'ensemble ne pèse que 1190 kilos. Alors, perfection?
Juste à coté se trouve l'Ultimate, avec un 3.6 litres turbocompressé de 582 chevaux.
Voilà comment on obtient un poids plume.
Quant à la Turbo R Limited, qui rend hommage à son homonyme de 1998, elle fournit 612 chevaux, avec 4 roues motrices disponibles en option. Seuls 7 exemplaires seront construits. Comme pour celle de 1998, la vitesse de pointe est affichée à 339 km/h.
RuF fait également la promotion de son service de restauration avec cette 2.7 RS Touring comme neuve.
Pour ce qui est de celle ci, pas la moindre idée de ce que c'est, même si elle semble taillée pour le circuit.
Chez Dodge, les voitures sont dans des livrées originales, et bien entourées.
Chez Pininfarina, une bâche et la Sigma, une Formule 1 présentée ici même en 1969. Il ne s'agissait pas de prendre part à des courses mais, avec la collaboration de la Revue Automobile, Fiat, Mercedes et Ferrari, de proposer une monoplace du futur équipée de mesures de sécurité innovantes telles qu'une cellule de survie, des réservoirs renforcés en plastique, un système d'extinction ou encore une aérodynamique étudiée pour éviter les engrenages de roues. Dessinée par Paolo Martin, elle est basée sur une Ferrari 312 dont elle reprend le V12 3 litres.
Chez Pagani, on ne s'embarrasse pas de bâche et on a bien raison puisque la nouveauté a déjà été dévoilée sur internet il y a quelques semaines, comme pour tous les autres constructeurs qui font semblant de dévoiler solennellement leur petite dernière. Pas de chichis et c'est tant mieux.
Autant la Huayra m'a bien plu dès le début, autant pas mal de combinaisons assez immondes sont passées sur internet ces derniers mois. Heureusement la marque est là pour me réconcilier avec son vaisseau amiral grâce à une superbe combinaison de jaune et de noir. Ouf, merci!
Pagani présente aussi la première évolution de la Huayra depuis sa présentation en 2011, tout en montrant une nouvelle fois la grande humanité de son fondateur, Horacio. En effet, cette version survitaminée est baptisée des initiales de Benny Caiola, l'un des tout premiers clients de Pagani, qui a disparu en 2010 à l'âge de 79 ans.
La BC tire 789 chevaux du V12 biturbo 6 litres AMG et annonce 150 kilos de moins sur la balance qu'une Huayra normale, 1218 kilos. Vingt exemplaires seront produits.
J'espère que l'une d'elle sera configurée en carbone bleu verni avec jantes dorées.
Je monte les escaliers vers le hall du groupe VW. Chez Audi, la principale attraction est la R8 LMS qui a remporté les 24 Heures du Nürburgring en 2015, présentée avec ses cicatrices.
Les RS s'habillent de bleu, et vous verrez qu'elles ne sont pas les seules sportives à avoir choisi cette livrée.
Chez Porsche, une bâche et le 718 Boxster S, motorisé par un quatre cylindres turbo qui envoie tout de même 350 chevaux.
Mon attention a surtout été attirée par cette 718 RS60 Spyder, une mise à jour de la RSK afin de respecter les nouvelles règlementations de 1960 qui imposaient un intérieur plus spacieux, un pare-brise plus haut et des portes plus grandes notamment. Quatre exemplaires d'usine et une douzaine d'exemplaires client furent construit et la voiture s'imposa d'emblée aux 12 Heures de Sebring 1960, signant la première victoire de Porsche au général sur le continent américain.
Chez Bugatti, une bâche. S'il est trop tôt pour découvrir la Chiron, peut être pouvons nous intéresser à son nom de baptême? Louis Chiron est né à Monaco en 1899 et a eu la chance de mourir au même endroit en 1979. A la fin de la Première Guerre Mondiale, il devient chauffeur des maréchaux Foch et Pétain et fait ses débuts sur circuit en 1926 sur une Bugatti. Ettore le repère et lui offre une place dans l'écurie d'usine, en tant que pilote de réserve. En 1928, il décroche plusieurs victoires et devient l'un des organisateurs du premier Grand Prix de Monaco. Il continue à gagner des Grand Prix avec Bugatti jusqu'en 1932 puis quitte la marque pour former avec Rudolf Caracciola la Scuderia CC. Hélas Caracciola est victime d'un terrible accident à Monaco et Chiron rejoint la Scuderia Ferrari. En 1934, il remporte le Grand Prix de France malgré la domination des flèches d'argent. Chiron rejoint ensuite Mercedes en 1936 mais connait de nombreux problèmes. Après avoir échappé à un accident au Grand Prix d'Allemagne, il met un terme à sa carrière de coureur de Grand Prix. Temporairement. De 1950 à 1955 (je vous laisse calculer son âge), il court épisodiquement en Formule 1 (14 Grand Prix). Entre 1928 et 1953, il aura participé à 9 éditions des 24 Heures du Mans, abandonnant à chaque fois et en 1954, il remporte le Rallye Monte Carlo. Une carrière longue, éclectique et victorieuse.
Bon ben je reviendrai. Encore. Chez Honda, la NSX
mais surtout cette RA272, ex-Richie Ginther, motorisée par un V12 d'1.5 litres. Cette voiture a été la première Japonaise à remporter un Grand Prix de Formule 1 au Mexique en 1965.
Chez Touring Superleggera, à part une bâche se trouve cette Alfa Romeo Disco Volante. On se croirait à Rétromobile non?
Sur le stand McLaren, pas d'ancienne par contre, alors que c'était un peu la tradition jusque là. Voici sans doute la dernière P1 que nous aurons l'occasion de voir sur un salon puisque la production des 375 exemplaires est officiellement terminée depuis peu. Celle ci, produit de la division MSO, est en carbone bleu verni (Lio Blue). Là aussi on a vu passer plusieurs configurations pour le moins douteuses mais celle ci est superbe.
A ses cotés, une des cinq cent 675 LT Spider, créée elle aussi par MSO en Ceramic Grey. C'est purement subjectif mais je n'aime pas du tout ces jantes.
Une autre.
Ici une 650S GT3 identique à celle qui a remporté les 12 Heures de Bathurst en début d'année.
McLaren continue d'étoffer sa gamme avec la 570 GT, équipée d'un toit panoramique et d'une ouverture latérale en verre à l'arrière qui permet d'accéder à un mini coffre de 220 litres. Je ne sais pas s'il sera très sage d'y entreposer vos plaques de chocolat suisse.
Très belle couleur sur celle ci.
La 570S est là aussi
Pour tout vous dire, j'ai fait un tour spécial hôtesses le deuxième jour avec le 70-200 mais si je reste purement chronologique, le bas de la page va ressembler davantage à un magazine pour homme qu'à un site automobile donc je les saupoudre un peu partout dans le reportage, ça fera un petit break entre deux marques.
Après la déception de l'an dernier, je passe tout de même voir l'exposition Tag Heuer. C'est un peu mieux avec cette 911 GTE que j'ai vue au Mans l'an dernier.
Mais surtout cette March 701, ex Jo Siffert. Elle fut offerte par Porsche au pilote en 1970 pour le dissuader de rejoindre Ferrari.
Elle est superbe.
Chez Rolls Royce? Une bâche bien sûr, what else?
Du coté de Chevrolet, on a vu les choses en grand pour la Corvette
De nombreux exemplaires étaient présents sur le stand
pour célébrer la présentation de la version Grand Sport.
Niveau compétition, voici la BR01, une LMP2 développée par le team russe SMP Racing.
A 10h15, j'ai déjà fait au moins deux fois le tour du salon. Je reviens vers Ferrari et obtient enfin la permission de pénétrer sur le stand. Voici d'abord une 488 GTB bi-ton, en Argento Nürburgring et Nero Stellato
une F12 berlinetta en Rosso Berlinetta. Logiquement, la F12 devrait être la prochaine a connaitre une mise à jour ou à être remplacée.
Une SF15-T dans la livrée 2016, qui n'est pas sans rappeler les 312 T2 avec son écope de refroidissement blanche.
Et cette California T en Rosso Corsa Met et Nero Stellato qui annonce l'arrivée d'une option Handling Speciale destinée aux propriétaires qui souhaitent davantage de sportivité. Un mode Sport a donc été ajouté au Manettino, impliquant des passages de vitesse plus rapides et un amortissement plus dynamique. L'option Handling Speciale intègre également un nouvel échappement qui émet une note plus agressive.
Bon, mais si je veux absolument entrer sur le stand, ce n'est pas pour faire des selfies sur les canapés du lounge ou me murger au champagne. Oh non, c'est pour aller voir ce que cache l'Atelier, une surprise à chaque fois renouvelée. Hélas pas de F12 tdf mais une autre California T Handling Speciale préparée par la section Tailor Made en Grigio Scuro et bandes rouge foncé. Une configuration qui rappelle celle de 2335GT, une berlinette châssis court passée notamment entre les mains d'Eric Clapton.
Mais sa caractéristique la plus étonnante est ce superbe cuir "Heritage Bordeaux" qui fait penser à un vieux fauteuil bien confortable.
Même en modèle réduit, c'est déjà bien trop cher...
La nouvelle ne se dévoilera que dans une heure, mais on peut déjà apprécier son V12.
En repartant, je croise Jean Alesi. Jean Todt est aussi dans le secteur.
Et Amadeo Felisa qui à l'air consterné.
On comprend facilement pourquoi en découvrant le stand Nimrod. Je pense que si je lui avais tendu une allumette, il aurait brûlé ces filles illégitimes avec plaisir.
Lamborghini en a aussi pris pour son grade.
Par contre ils pourraient se reconvertir en agence de mannequin.
Tiens vous voyez, Messi n'a pas pu acheter la 335S de Bardinon. Son truc à lui, c'est les Tata!
En attendant le début des conférences de presse, finissons le tour des tuners. Mansory
où une Ferrari a été sacrifiée.
AC Schnitzer fait dans le large, comme Fab Design.
Topcar et Techart
ou Startech.
ABT
Chez DMC, on cherche encore la bonne formule pour mettre en scène ses produits. Un indice? Deux full black perdues au milieu d'une immense moquette noire, ce n'est pas l'idéal.
Chez Sbarro, le meilleur côtoie le moyen et le pire. La Haze est sympathique
La Miglia pas mal, même si mettre un numéro de course dans un rond blanc sur une voiture censée rendre hommage aux Mille Miglia montre une totale ignorance du sujet.
Quant à la Ginevra, oh mon dieu! L'arrière de cette pseudo 550 barchetta est un tiroir!! Sans blagues.
Juste à coté, Lazareth présente cette étrange moto à quatre roues et moteur Maserati. 400 kilos quand même pour ce monstre équipé d'un V8 de 470 chevaux. Veste ignifugée de rigueur.
Je vous propose un petit entracte pour reposer vos rétines endolories.
Depuis la présentation du concept Regera ici même l'année dernière, Koenigsegg a travaillé d'arrache pied pour présenter la version de production définitive que voici. Près de 3000 changements ont été effectués durant cette année. Le système Direct Drive, qui permet de se passer complètement de boite de vitesse, a été perfectionné, avec un artifice permettant de simuler un rétrogradage en déclenchant soudainement un afflux de puissance et de tours dans le moteur. Le poids des batteries a été réduit à 90 kilos et le refroidissement optimisé. Les 1500 chevaux et 2000 Nm de couple devraient permettre à la bête d'atteindre 400 km/h en 20 secondes (vous avez bien lu, l'Agera n'aura pas encore dépassé les 300).
Tous les composants critiques, tels que les jantes, les freins, le moteur sont
fabriqués à l'usine d'Ängelholm, permettant une intégration et une optimisation
continue des innovations.
Les premières livraisons sont prévues pour la fin de l'année.
L'Agera tire sa révérence avec une série limitée de trois voitures appelées "Final". Elles sont déjà vendues, comme les 25 Agera RS qui les ont précédées. L'exemplaire jaune est une RS, le châssis 7118.
L'orange est la première des trois "Final", surnommée "One of 1" car l'acquéreur
voulait qu'elle se rapproche au maximum de la One:1. Les trois heureux
propriétaires pourront personnaliser entièrement leur voiture.
Celle ci dispose d'un aileron, d'un spoiler et d'une prise d'air de toit spécifiques, entre autres traits uniques. Le moteur est celui d'un mégawatt. En plus de ça, les trois clients ont accès sans coût supplémentaire à toutes les options du catalogue, comme les roues en carbone ou les panneaux de carrosserie en carbone vernis.
L'Agera avait été lancée en 2010 et a depuis été déclinée en modèles R, S, One:1
et RS. Les 25 RS se sont vendues en à peine dix mois, un record pour la marque
qui communique assez peu sur le prix de ses bijoux (qui n'a, il est vrai,
d'importance pour personne: soit vous avez largement les moyens, soit même pas
en rêve).
Sinon, il y a des miniatures mais là aussi, pouvoir d'achat demandé.
Juste avant de retourner chez Ferrari pour la conférence de presse, je passe chez Lamborghini où celle ci vient de se terminer. C'est encore blindé de monde mais la Centenario est là.
Première impression assez positive. Quand on a connu la Veneno, c'est quasiment du softcore.
Je fais exprès de garder la caméra dans le cadre, je trouve ça marrant.
Un coup d'œil vite fait sur le reste. Là je n'ai plus vraiment le temps. I'll be back.
Si vous vous posez la question, les Lamborghinettes sont là, évidemment.
La conférence de presse de Ferrari est prévue à 11h15. Une demie heure plus tôt, je m'installe au premier rang. Plus les années passent, plus il y a de monde sur le stand qui attend sagement la bonne parole. Les conférences du groupe Fiat Chrysler s'enchainent les unes après les autres. Conséquence prévisible, il est 11h45 passées quand Sergio Marchionne entre enfin sur le stand. On va pouvoir commencer. Cette année, pas de podium. C'est Enrico Galliera, vice président directeur des ventes et du marketing, transfuge de Barilla, arrivé dans l'entreprise en 2010, qui fait le discours en free style. Pas de notes, micro discret, le style est rafraichissant après les discours un peu guindés de Luca. Comme d'habitude, c'est bref et centré exclusivement sur la nouveauté à présenter. J'ai bien aimé.
A la fin tout de même, Galliera annonce que l'année 2017, celle des 70 ans de la marque,
sera une grosse année en terme d'évènements, à Maranello et dans le monde
entier. Préparez vous, peut être que la LaFerrari Roadster, qui semble être dans
les cartons, en fera partie.
C'est enfin le moment de retirer les draps. Il y a deux voitures. Droite,
gauche, il faut choisir. Ce sera droite. Elle est Bianco Italia.
Et voici donc la GTC4 Lusso, deux noms surgis du passé réunis en un.
La photo corporate obligatoire, avec Amadeo Felisa, Sergio Marchionne et John Elkann, l'homme qui ne s'éloigne jamais de plus d'un mètre cinquante de son mentor.
Même si les puristes ont parfois grincé des dents (et moi aussi), force est de constater que les décisions prises sous la direction de Di Montezemolo forment aujourd'hui un ensemble parfaitement harmonieux. Deux tiers des acheteurs de la California sont des nouveaux arrivants chez Ferrari. Pour les clients les plus fervents, des séries limitées sont régulièrement proposées et pour ceux qui veulent un modèle vraiment unique la division Special Projects est à l'écoute. Le programme Tailor Made permet de personnaliser à volonté sa voiture et Classiche est devenu incontournable pour bien vendre son modèle de collection. Mais la plus grande réussite a sans doute été la FF, merveille à 4 places et 4 roues motrices qui peut quasiment servir de daily. C'est elle que remplace la Lusso. Même si Paolo Pininfarina est toujours convié sur le stand, c'est le bureau de style interne qui est responsable du restylage.
Esthétiquement, la calandre avant a été élargie pour améliorer le
refroidissement.
Les ailes avant reçoivent des extracteurs d'air à 3 lames rappelant la 330 GTC.
Le flanc est creusé
Les ailes arrière sont très musclées.
Les roues arrière sont directrices et reçoivent davantage d'appui grâce au
diffuseur et à l'aileron intégré.
Mais surtout, c'est le retour des double feux arrière.
Coté moteur, pas d'hybridation pour le moment. Le V12 atmosphérique de 6.3
litres développe 690 chevaux. 80% du couple est disponible dès 1750 tours. Cette
familiale passe tout de même de 0 à 100 en 3.4 secondes et peut pousser jusqu'à
335 km/h. L'échappement a été particulièrement étudié pour se faire discret en
ville ou sur autoroute mais savoir aussi hurler dans les tours. Le système de
gestion de la motricité, déjà très innovant sur la FF, est amélioré. Le couple
est distribué à l'essieu avant plus rapidement. Le PTU, un brevet exclusif de
Ferrari permet d’utiliser le véhicule avec quatre roues motrices tout en
maintenant 53% du poids du véhicule à l’arrière et de réduire le poids du
système de moitié par rapport aux autres systèmes 4WD.
L'habitacle est plus luxueux que jamais.
Le "double cockpit" n'est pas vraiment nouveau mais le passager à accès à davantage d'informations que par le passé. En option seulement pour ceux qui veulent éviter ce genre de remarques: "_ Euh, chéri, 238 km/h, est ce bien raisonnable sur cette route de montage enneigée?". L'écran passager, tactile également, permet de sélectionner la musique ou d'ajouter un point de passage à la navigation GPS. Le système d'info-divertissement passe désormais par un écran tactile de 10.25 pouces connectable par Car Play.
Le volant est plus compact et les commandes ont été repositionnées. Le confort
acoustique a été amélioré avec un meilleur filtrage des bruits externes ou de la
ventilation.
La GTC4 Lusso est assortie d’un programme de maintenance prolongée de sept ans,
comme le reste de la gamme, prévoyant entre autres l'entretien tous les 20 000
kilomètres ou une fois par an.
Genève est aussi l'occasion de faire le point sur les chiffres de la marque,
généralement publiés début février. Le communiqué publié est beaucoup plus
technique que d'habitude, sans doute pour parler aux courtiers maintenant que
l'entreprise est cotée en bourse. En 2015, 7664 voitures ont été livrées, une
hausse de 6%. Les ventes de V8 ont augmenté de 17% alors que celles des V12 ont
baissé de 24%. Alors que les livraisons de F12 tdf n'ont commencé qu'en
décembre, le remplacement prochain de la F12 semble se confirmer. Le chiffre
d'affaire s'est élevé à 2,854 milliards d'euros, en hausse de 3% et le bénéfice
net à 290 millions, en hausse de 9%. Pour 2016, l'objectif de livraison est
établi à 7900 unités. Introduite à 52 dollars en octobre dernier, l'action est
aujourd'hui à 40 dollars dans une conjoncture boursière très difficile.
Pour ma part, j'ai été fan de la FF depuis le début et ce restyling réussi me plait tout autant.
Je ne sais pas ce qu'en pense René Arnoux mais je me souviens de très bien quand il avait piloté une des premières FF en ouverture d'une Gstaad Classic il y a quelques années de cela. Les montagnes suisses en résonnent peut être encore.
Juste à coté, Abarth me prend totalement par surprise en dévoilant déjà sa version de la Fiat 124, avec le capot et le coffre en noir mat, comme au bon vieux temps. Pour commencer, la puissance sera de 140 chevaux. Seul défaut, le prix: 40 000 euros.
Surprise des surprises, voici également une version rallye, la SE139, conforme au règlement FIA R-GT, un championnat de rallye destiné aux GT. Cette catégorie, créée en 2015, est pour le moment la chasse gardée des Porsche GT3 mais qui sait. En tout cas, le bloc 1.8 litre turbo de la SE139 développe 300 chevaux et elle est sublime dans cette robe rouge et or qui rappelle elle aussi son illustre prédécesseuse.
J'ai rencontré Ugo qui m'emmène chez Ford pour me montrer où sont les GT. A l'étage du stand, j'aurais été tout à fait capable de passer totalement à coté. Ouf, merci Ugo.
Je suis très heureux de découvrir la version IMSA, que je rencontre pour la première fois.
La Ford GT est très jolie en blanc.
Un des plus beaux duos du salon.
Et voici la Fiesta ST 200, accessoirement.
Pause? Pause!
Coté Jaguar, la F-Type est toujours aussi sublime.
Dans sa version SVR, elle reçoit désormais un V8 5 litres de 575 chevaux.
On pouvait en trouver une autre chez Vredestein.
Je reviens chez Porsche où le voile a été levé sur la 991R, une version très radicale qui reprend les caractéristiques de la GT3 RS mais avec une boite manuelle, ce qui permet notamment de gagner une cinquantaine de kilos. La production sera de 991 exemplaires. Une belle façon de contrebalancer la descente en 4 cylindres turbo de la 718.
A deux pas de là, chez Bentley, la Continental GT brille par son absence. La remplaçante ne tardera sans doute pas trop à se montrer. Pour le moment, c'est la Mulsanne qui est restylée et qui se décline en trois versions. Classique,
Speed
et limousine avec un châssis allongé de 250 millimètres.
Un sympathique salon roulant
Egalement présente sur le stand, la Flying Spur en version S, intermédiaire entre la V8 et la W12. Son V8 biturbo de 4 litres développe 528 chevaux.
Et le Bentayga, qui semble gagner l'estime de ses essayeurs. Si le remake de la Continental GT est réussi, l'avenir s'annonce radieux pour Bentley.
Cette année, j'ai trouvé les Skoda girls un peu en retrait. Si la marque reste mon point de ravitaillement en nourriture préféré, j'ai davantage été séduit par les demoiselles de Seat.
Oui, très séduit.
Restons chez Volkswagen.
Comme le l'ai indiqué plus haut, la Centenario célèbre le centenaire du fondateur de la marque, Ferruccio Lamborghini. Quarante exemplaires seront construits, vingt en coupé et vingt en roadster, au prix de 1.75 millions d'euros hors taxes. Manifestement la confiance est plus importante que pour la Veneno, et à raison puisque les 40 chèques sont déjà signés.
Lamborghini poursuit donc sa politique de séries ultra limitées, en se servant
des plateformes actuelles. La Centenario présente une monocoque et une
carrosserie toute en carbone et un V12 atmosphérique de 770 chevaux. Des
caractéristiques qui ne sont pas sans rappeler ceux de l'Aventador mais peu
importe
Présentée ici en carbone vernis, la voiture pourra être livrée dans n'importe quelle couleur choisie par le client. Les livraisons s'échelonneront de l'automne 2016 à fin 2017.
Alors que la Veneno m'avait horrifié, je dois dire que j'aime bien celle ci. Les lignes taillées à la serpe sont toujours bien présentes mais à bon escient, avec cette spectaculaire prise d'air en < sur le flanc. La combinaison de couleur est très bien choisie également.
Paradoxalement, le seul angle qui me déplait est l'avant que je trouve un peu
plat, un comble pour Lamborghini. Je crois que ce sont surtout les phares qui me
gênent, ils donnent un drôle de regard. Trop horizontaux peut être.
Voici une édition spéciale de la Huracán, la LP 610-4 Avio. Produite à 250 exemplaires, elle rend un hommage (discret) au monde de l'aviation et de l'aéronautique. Elle arbore une double bande et un logo L63 sur la portière, L pour Lamborghini et 63 pour l'année de naissance de la marque, en plus d'une cocarde typique de l'aviation. Cinq coloris seront proposés: Grigio Falco et quatre couleurs mattes: Blu Grifo, Grigio Nibbio, Grigio Vulcano and Verde Turbine. OU toute autre couleur moyennant supplément via le programme Ad Personam.
En 2015, Lamborghini a réalisé une année record. Les ventes ont augmenté de 28%
à 3245 unités! Le chiffre d'affaires a bondi de 39% à 872 millions d'euros,
grâce à la part plus importante prise par l'Aventador dans le volume total. Pas
de détail sur le résultat mais il semblerait que la firme soit bénéficiaire et
capable d'autofinancer ses nouveaux projets. Un total de 2242 Huracán ont été
livrées en 2015, une augmentation de 70% par rapport à la Gallardo sur la même
période suivant son lancement. Et donc 1003 Aventador, soit plus de deux fois
plus que les Murcielago sur la même période. Géographiquement, trois régions
sont à peu près à part égales: Europe + Moyen Orient, Amérique du Nord et Asie.
L'Amérique du Nord et la Chine sont les plus gros marchés, devant le Japon, le
Royaume Uni, le Moyen Orient et l'Allemagne.
L'usine de Sant’Agata Bolognese va devoir être agrandie pour accueillir un
troisième modèle dans la gamme: le SUV Urus. D'ici son lancement en 2018, la
surface dédiée à la production sera passée de 80 000 à 150 000 m². Stephan
Winkelmann peut donc être fier de son bilan: les ventes ont été triplées depuis
2010. Il part la tête haute pour prendre la tête de la filiale sportive d'Audi,
Quattro GmbH et met la pression sur son successeur, Stefano Domenicali.
Voilà voilà.
Le constructeur danois Zenvo a amélioré sa ST1, désormais devenue TS1, en adoptant un nouveau V8 5.9 litres à double compresseur développant 1100 chevaux.
Quant à la TSR, il s'agit du prototype d'une version exclusivement réservée au circuit. Zenvo fait partie de ces marques dont la survie année après année est un mystère total pour moi.
En parlant de survie, Spyker est de retour! Voici la C8 Preliator; motorisée par un V8 Audi de 525 chevaux. La marque souhaiterait en produire 50 au prix de 330 000 euros hors taxes l'unité. Ma foi, nous verrons bien.
Gumpert renait aussi de ses cendres sous la marque Apollo, avec des capitaux chinois. Je ne sais si ça fait de ce modèle une Apollo Apollo
mais la nouveauté est ailleurs, en la personne de cette Arrow dont le V8 biturbo délivre un millier de chevaux.
Elle aurait aussi bien pu s'appeler requin
mais flèche est adapté également. Je ne sais pas si elle a un avenir mais il faut admettre qu'elle est sympa. Voilà, ne manque plus que Wiesmann pour que tous les disparus aient ressuscité.
Dans la série des probables éphémères, voici Arash, un constructeur britannique dont l'AF10 affiche 2109 chevaux avec un V8 6.2 litres et quatre moteurs électriques de 300 chevaux chacun. Le tout dompté par une boite manuelle et pour 1.28 millions d'euros. On peut toutefois se passer des moteurs électriques et s'en tirer pour 385 000 euros. C'est bon de rire parfois.
Pour les plus démunis, l'AF8 est disponible pour 200 000 euros mais avec 550 chevaux, vous passerez vraiment pour un guignol.
En tout cas tout n'était pas à jeter sur le stand (et dire que j'écris ces horreurs pendant la journée de la femme)
La Sin R1 dispose d'une carrosserie en carbone produite en Bulgarie et peut être équipée d'un moteur Corvette au choix, développant 430, 530 ou 650 chevaux.
Chez Brabus, pas mal d'anciennes,
mais aussi beaucoup, beaucoup de chevaux.
Cette jeune femme mériterait d'être sur un autre stand que celui d'un vendeur de véhicules adaptés aux personnes à mobilité réduite.
Au niveau des carrossiers, Touring Superleggera décline son Alfa Romeo Disco Volante en Spider. Toujours sur base de 8C, quatre des sept exemplaires prévus seraient déjà vendus. Celui ci, dans un superbe Blu Ceruleo, est le premier construit.
Nul doute que nous aurons l'occasion de la détailler à la Villa d'Este mais je la trouve superbe, à l'exception peut être des bosselages derrière les appuie-têtes que je trouve un peu imposants.
Coté Pininfarina, voici le Concept H2 Speed, une voiture de circuit qui marche à l'hydrogène grâce à une motorisation élaborée par la firme GreenGT.
Les couleurs choisies font écho à celles de la Sigma.
Quant promet aussi des merveilles depuis plusieurs années, avec son système de batteries à flux (pile à combustible + accumulateur électrochimique). Le projet avance doucement mais sûrement puisque la Quantino a réussi à rouler durant 14 heures sans recharger ses batteries. A suivre donc.
Je n'aurais jamais pensé dire çà mais voici l'un de mes stands préférés de ce salon, et ce n'est pas à cause de cette superbe Dawn.
Non, j'ai été très agréablement surpris qu'une firme plus que centenaire, et que
l'on pourrait considérer comme l'une des plus guindées au monde, parvienne à ce
point à se remettre en cause. Je m'explique. Depuis la sortie de la Wraith,
l'âge moyen de l'acheteur de Rolls-Royce est tombé à 45 ans. Et la firme s'est
manifestement aperçu que ses voitures n'étaient pas appréciées que par des
hommes d'affaires ou des émirs mais également par une clientèle plus jeune et
moins conformiste. Le résultat de cette prise de conscience est la série Black
Badge qui est "l'expression d'un mode de vie ténébreux et fébrile" et "qui
s'adresse à ceux qui sont insaisissables et provocateurs, ceux qui n'ont pas
peur de prendre des risques, aux anticonformistes qui transgressent les règles
et se moquent des conventions." Le communiqué de presse est tellement lyrique
que je suis tenté de le citer en intégralité mais non. Les Black Badge seront
une série Bespoke permanente de voitures dédiées à des personnes jeunes,
inspirées et autodidactes. Les Ghost et les Wraith seront concernées et
déclinent à l'envi le noir et l'argent. Elles reçoivent des jantes composites
faites d'alliage léger et de 22 couches de fibres de carbone. Le client étant
roi, la Black Badge pourra être commandée dans n'importe quelle couleur.
A l'intérieur se trouve un revêtement composite en fibres de carbone et fils
d'aluminium de 0,014 mm de diamètre tissés, recouvert de six couches de vernis.
Les modèles d'exposition mêlent le cuir noir avec du Tailored Purple et du
Cobalto Blue.
Les moteurs sont aussi subtilement revus afin d'être un peu plus puissants et
plus nerveux, afin de rendre la Ghost "un brin plus menaçante" et donner à la
Wraith "un soupçon d'urgence".
A l'arrière du stand, la marque continue à montrer qu'elle sait être destroy
quand il le faut en exposant une guitare, des gants de boxe, un piranha en
carbone ou encore une tête de mort.
Un autre modèle de Wraith Bespoke est présent, intitulé "Inspired by music", en
hommage aux stars de la musique qui ont choisi Rolls Royce au cours des
dernières décennies, d'Elvis Presley à John Lennon en passant par Keith Moon. Au
sujet du batteur des Who, le communiqué de presse fait preuve d'un humour
totalement british en relatant une anecdote: "...with Mr Moon failing to fully
secure his Rolls-Royce’s handbrake. Unfortunately he had parked on a slope
leading to a half-constructed swimming pool. The car made a characteristically
graceful descent down the hill before coming to rest at the bottom of the
unfilled pool." "S'étant garé en haut d'une côte menant à une piscine en
travaux, Monsieur Moon omit de tirer le frein à main de sa Rolls. La voiture
descendit la colline avec une grâce caractéristique avant de s'arrêter au fond
de la piscine vide".
L'intérieur de l'Inspired by Music est superbe: blanc et marron avec des inserts
de cuivre, notamment sur le tableau de bord et au niveau des haut-parleurs.
A priori la By Music complète une trilogie débutée par By
Film et By Fashion mais j'avoue que c'est la première fois que je suis fasciné
par Rolls-Royce au point d'y rester aussi longtemps.
Dans ce salon Bespoke, la première des 30 Phantom châssis long commandées par
l'Hôtel THE 13 de Macao. La construction de ce palace composé de 200 suites
(pardon, villas) a coûté plus d'1.2 milliards d'euros. Je vous laisse chercher
sur internet, c'est impressionnant, même si on n'aime pas trop le style Louis
XIII. Il s'agit de la plus grosse commande unique jamais passée au constructeur,
pour environ 18 millions d'euros. La teinte unique créée pour l'occasion est baptisée
"Stephen Red" en l'honneur de Stephen Hung, le propriétaire de l'hôtel et grand
passionné d'automobiles. Elle contient de fines particules d'or.
A 18h00, le salon devient de plus en plus calme. Le stand Aston Martin désemplit enfin.
Et voici la DB11! Alléluia, sans être une révolution, elle fait preuve d'un peu plus d'audace que la série des DB9, DBS, Virage, voire même V8. Aston a bien joué le coup en réservant l'appellation DB10 à la voiture de James Bond, ce qui permet de marquer une vraie rupture, jusque dans la numérotation.
Après avoir souvent critiqué la marque pour son conservatisme, je suis content qu'elle ait franchi le pas et décidé d'assumer la sportivité qu'elle revendique sur circuit, quitte à déconcerter sa clientèle la plus traditionnaliste. Mais comme Rolls Royce, Aston semble avoir compris que son avenir passe par une clientèle jeune plus intéressée par l'agressivité que par les boiseries.
La DB11 dispose enfin d'un nouveau bloc V12 5.2 litres bi-turbo, développé en interne. Avec ses 608 chevaux, il fait de la DB11 l'Aston de production la plus puissante à ce jour.
L'un des quatre DB11 présente sur le stand est un écorché très instructif, en particulier en ce qi concerne la structure en aluminium.
Je commence à ressentir la fatigue et décide d'aller me reposer. Pour une fois, la circulation est presque supportable et il me faut moins de trente minutes pour parcourir les dix kilomètres qui me séparent de l'hôtel. J'ai trouvé une chambre à moins de 60 euros moins d'un mois avant le salon. L'endroit est un peu... bizarre. Quand j'arrive à 19h00, la réception est déserte. Il me faut quelques secondes avant de comprendre que toutes les clés des chambres réservées sont dans des enveloppes dans une boite. J'en trouve une à mon nom, ça tombe bien. J'essaie de ne pas trop regarder l'état de la moquette mais pour le reste, je passe une bonne nuit. Le matin à 7h00, il y a de la vie à la réception. La dame me tend simplement une autre enveloppe avec ma facture. Difficile de faire plus efficace!
A 7h30, les liseuses de code barre s'activent, c'est parti! Pour une fois, je rompt avec la tradition et ne me dirige pas immédiatement vers Ferrari. J'ai moyennement apprécié le coup d'hier matin. J'ai chaussé le 17-40 et j'en profite pour faire des vues d'ensembles des différents stands encore déserts.
J'aime beaucoup ces photos
et je trouve rassurant qu'il soit encore possible d'être tranquille en mettant le réveil très tôt.
Hier , le stand Bugatti a été sur-blindé toute la journée. C'est donc là que je viens en priorité ce matin car c'est ici, de mon point de vue, que s'est déroulé le principal évènement de ce salon de Genève. Durant 10 ans, Bugatti n'a produit qu'un seul modèle, la Veyron. Durant 10 ans, aucun autre constructeur n'a pu rivaliser avec cette pièce d'ingénierie unique en son genre. Adulée ou détestée, difficile de nier que le travail réalisé par les ingénieurs est impressionnant, même s'il est plus futile que disons, envoyer des hommes sur la lune ou découvrir une énergie propre. Aujourd'hui, Bugatti présente celle qui a la lourde tâche de succéder à la Veyron, et qui doit la surclasser dans tous les domaines, évidemment. Le communiqué de presse de Bugatti est long est intéressant donc je vous propose de nous y attarder un peu, surtout qu'il commence par "la marque de luxe française présente la supercar de série la plus puissante <...> au monde". Un beau geste de la part de VW.
Pour Wolfgang Dürheimer, Président de Bugatti Automobiles S.A.S, le cahier des
charges est simple: « C’est dans la nature de l’homme que de vouloir franchir
des frontières et d’atteindre de nouvelles performances record : courir sans
cesse plus vite le sprint du 100 m, ou voler encore plus loin dans l’espace ou,
encore, découvrir des mondes inexplorés. C’est cette aspiration qui nous pousse
aussi vers l’avant chez Bugatti. Nous nous efforçons de sublimer la perfection,
et la Chiron en est le résultat. »
La Chiron développe 1500 chevaux avec un couple de 1 600 Nm pour 2 000 à 6 000
tr/mn grâce au même bloc W16 de 8 litres que la Veyron, entièrement remanié.
Chaque élément du moteur a été revu et perfectionné. Pour compenser
l’augmentation du poids du groupe découlant de l’accroissement des performances,
Bugatti a utilisé davantage de matériaux légers tels que le titane et le
carbone. Ainsi, la tubulure d’admission, le trajet de l’air de suralimentation
et les carters de chaîne sont désormais en fibre de carbone. Le groupe moteur
fait circuler plus de 60 000 litres d’air par minute. La pompe de liquide de
refroidissement fait circuler chaque minute 800 litres d’eau à travers tout le
moteur. Le bloc est assisté de quatre turbocompresseurs chargés en deux étapes.
La suralimentation bi-étagée permet d'obtenir des valeurs d’accélération
maximales au démarrage sans subir l'inertie des turbos. La Chiron démarre avec
seulement deux turbocompresseurs. C’est seulement à environ 3 800 tours que les
deux autres turbocompresseurs sont activés. A partir de 2 000 tours, la
suralimentation bi-étagée a une courbe de performances absolument linéaire et un
énorme couple dans la plage inférieure. La boîte DSG à double embrayage à 7
rapports dispose de l’embrayage le plus grand et le plus puissant du secteur
automobile.
Les trains roulants ont été revus pour améliorer l'agilité et la précision de
conduite. Ils sont accompagnés de nouveaux pneumatiques développés par Michelin.
Le dossier de presse précise "Au vu de ces caractéristiques, le montage
simplifié des pneumatiques de la Chiron ainsi que leurs coûts d’utilisation
réduits passeront sans doute pour des qualités minimes mais qui ne manqueront
certainement pas de ravir les clients." donc peut être qu'il ne faudra plus
compter 40 000 euros pour un changement de pneus. Les disques de freins sont en
carbone céramique, alliés à des étriers en aluminium avec pistons en titane.
La Chiron propose cinq programmes de conduite différents : Lift, EB « Auto »,
autoroute, Handling et Top Speed. . Le mode « Lift » est mis en œuvre lorsque le
véhicule est chargé sur une remorque ou lorsqu’il faut franchir des
ralentisseurs et gravir des montées. Une fois que la vitesse de 50 km/h est
atteinte, le véhicule enclenche automatiquement le réglage de base, le mode EB «
Auto » pour une conduite confortable. Si la Chiron dépasse la vitesse de 180
km/h, le mode « Autoroute » est automatiquement activé. En mode « Handling »,
tous les systèmes sont axés sur une agilité et des performances maximales. Les
modes « Lift », EB « Auto », « Autoroute » et « Handling » peuvent être activés
individuellement avec une commande rotative à gauche du volant. La vitesse
maximale pour les modes « Auto », « Autoroute » et « Handling » est de 380 km/h.
Quiconque veut aller plus vite doit actionner le mode « Top Speed » à l’aide
d’une deuxième clé de contact séparée. La voiture effectue alors un check up et
lance le mode si tous les systèmes sont au vert.
Plus de 30 véhicules d’essai étaient ou sont toujours en service, dont six ont
pour unique vocation de garantir le respect des normes de sécurité mondiales et
des prescriptions légales. Deux véhicules de qualité et d’homologation circulent
déjà, et pas moins de dix véhicules de présérie ont été construits pour que le
lacement de la fabrication en série dès septembre 2016 soit un succès. La Chiron
a passé plus de 300 heures en soufflerie. Plus de 500 000 kilomètres d’essais
ont été parcourus, et plus de 200 jeux de pneumatiques ont été usés.
Esthétiquement, la Chiron est à mi-chemin entre la Veyron et la Vision. En tout
cas beaucoup plus agressive que sa prédécesseuse. Personnellement, j'aime
beaucoup car la Veyron me semblait justement un peu lisse. Je suis sûr que Jean
Bugatti n'aurait pas renié cette forme ovoïde qui enveloppe les portes et qui
m'avait déjà frappé sur la Vision. La baguette en aluminium poli mesure 2m80 de
long. La monocoque est en PRFC (plastique renforcé de fibres de carbone) et
prend quatre semaines à fabriquer. Sa rigidité est équivalente à une voiture de
la catégorie LMP1.
Elle dispose d'une ailette centrale en réminiscence du peigne de la Bugatti
Atlantic, qui s’étend sur toute la longueur du véhicule jusqu’à son arrière.
L'arrière est le seul point auquel je n'adhère pas immédiatement, avec cette
bande de lumière d'1m60 de long qui s'étend sur toute la largeur.
Les 8 phares sont entièrement à LED, et leur hauteur est de 90mm. Ce qui risque
de faire cligner la voiture des yeux sur les photos.
J'avoue que la couleur de présentation, même si elle joue sur les codes
historiques de la marque, n'est pas ma préférée, surtout quelle est très
difficile à bien rendre en photo. Par le passé, plus de 50 pour cent des clients
de la Veyron ont configuré leur Bugatti en version bicolore et il me tarde de
voir les premières configurations, tant le potentiel est prometteur.
Pour l'instant, Bugatti n'a pas annoncé de vitesse de pointe, se contentant
d'annoncer que le tachymètre est gradué jusqu’à 500 km/h. On peut imaginer que
le nouveau record fera l'objet d'un évènement et d'une communication dédiée dans
les mois à venir. Et il faut en garder sous le pied pour la version "Sport" de
1700 chevaux. La Marque indique que la production prévue est de 500 exemplaires
dont un tiers est déjà réservée. Le prix "d’entrée de gamme" se situe à 2,4
millions d’euros net. Wolfgang Dürheimer en profite pour tordre le coup à l'idée
persistante que VW perd beaucoup d'argent sur chaque Veyron vendue: « Avec la
Chiron, non seulement nous resterons un important porteur d’image affective pour
le groupe Volkswagen, mais en plus de cela nous contribuerons positivement aux
résultats du Groupe ». C'est dit.
Je profite du calme relatif pour aller ensuite chez Maserati, où le Levante a été très entouré toute la journée d'hier.
La marque a trident tente de marcher dans les pas de Porsche en élargissant sa gamme et en proposant des moteurs diesel. Voici donc le SUV de la famille, une catégorie en plein boom. Treize après le concept Kubang, le Levante n'a pas beaucoup changé et applique une recette éprouvée en plaquant scrupuleusement la charte graphique de la marque sur son gabarit. Bon, il est sympa quand même.
Trois motorisations seront proposées, toutes sur la base d'un V6 3 litres: 350 et 430 chevaux en essence, et 275 chevaux en diesel. Le prix sera compris entre 72 800 et 90 500 euros.
De mon point de vue, il faudra d'urgence lui chausser des roues un peu plus grandes parce que là elles font vraiment petites. Allez, longue vie au Levante. Après tout, son succès dispenserait Ferrari de devoir s'engager sur la voie du SUV.
Du coté de Morgan, la gamme est stable.
Sur la base du Three Wheeler, voici le concept EV3, propulsé par un moteur électrique de 63 chevaux. Commercialisation en fin d'année si tout va bien.
Lotus reste également sur la gamme existante, en la rendant de plus en plus sportive. Sont présentes sur le stand une Elise Cup 250, 246 chevaux pour 931 kilos, une Exige Sport 350; 350 chevaux pour 1125 kilos
une 3-Eleven, 416 chevaux pour 925 kilos,
et une Evora 410 Sport, 415 chevaux pour 1325 kilos.
Chez Rimac, le prototype électrique présenté en 2011 entre dans sa phase finale de développement. La Concept One développe 1088 chevaux délivrés par 4 moteurs avec un système maison de contrôle instantané du couple, permettant de limiter au maximum le patinage. Malgré un poids de 1850 kilos, les 300 km/h sont atteints en 14 secondes. Huit exemplaires seront produits à prés d'un million d'euros l'unité. Je trouve la Rimac vraiment très belle. Elle montre qu'une supercar confidentielle n'a pas forcément besoin d'être extravagante pour se faire remarquer. Par contre, on ne sait pas grand chose de son autonomie et autres caractéristiques et il n'est pas certain qu'un essayeur comme Chris Harris puisse un jour avoir l'occasion de la tester pendant une semaine.
Sur le stand se trouve aussi la Concept S, qui elle développe 1384 chevaux et
1800 Nm de couple.
Italdesign Giugiaro présente la GTZero, un genre de break électrique
Chez Rinspeed, voici l'Etos, basée sur la BMW i8, qui sert de porte drone. En
mode autonome, le volant se rétracte pour laisser place à un écran multimédia.
Rappelez vous que c'est un concept qui ne verra jamais un vrai bout d'asphalte
mais le storytelling est beau.
Les filles de chez ABT ont changé de tenue.
Bien, et si on allait voir un peu les généralistes pour terminer? Chez Volvo, les breaks sont à l'honneur.
A Genève, les sportives ne se cachent pas. Chez Mercedes, les AMG sont bien en évidence.
Le concept F 015 est présent également.
Chez BMW également, les M sont mises en avant, alors que sur les autres salons elles ont plutôt tendance à se retrouver dans le fond du stand. Il faut dire que la marque lance sa nouvelle M2, qui vient remplacer la 1M.
Le 6 cylindres biturbo de ce petit monstre développe 370 chevaux.
Même chez Renault, la RS 01 est enfin là! Une véritable voiture de course avec monocoque carbone, V6 biturbo de 550 chevaux (le bloc de la Nissan GTR) et 1120 kilos sur la balance. Reste à en faire autre chose qu'un Trophy monotype car la voiture semble avoir de véritables qualités. Une rumeur voulait qu'elle soit admise aux 24 Heures de Spa mais les constructeurs de GT3 s'y sont fortement opposés. Un véritable kit GT3 semble dans les cartons. Espérons que nous verrons un jour une Renault batailler au milieu (ou devant) des Audi R8, Mercedes et autres Ferrari.
Par contre, le concept Alpine présenté il y a quelques semaines brille par son absence. Apparemment Renault n'a pas encore compris que Genève était le salon des voitures de sport et de prestige, préférant montrer le nouveau Scenic à la clientèle Suisse et garder l'Alpine pour le Mondial... Pourquoi pas? Bref, chez Peugeot, voici la gagnante du dernier Dakar.
La Fractal est aussi présente
Elle est bien mieux mise en valeur qu'à Francfort
Du coup je m'aperçois que je n'aime pas du tout l'arrière. Mais tout le reste, OUI!
De Citroën, je ne me rappelle que ce modèle particulièrement expansif. Son grain de folie me rappelle une ancienne hôtesse d'Abarth qu'on n'a hélas plus vue depuis longtemps.
Et chez DS, voici l'E-Tense. Encore un truc qui se branche sur une prise. Bon, c'est joli mais reste à voir comment cela se traduira dans la future gamme d'une marque en souffrance.
Chez Opel, voici la GT Concept, motorisée par un 3 cylindres essence turbo de un litre. Non non, même pas hybride!
Du coté de l'Orient, quelles sont les nouveautés? Toyota C-HR et Kikai
Concepts Subaru XV et Nissan IDS
Honda Clarity Fuel Cell, véhicule à hydrogène dont l'autonomie serait de 750 kilomètres.
Et enfin, la Mazda RX-Vision avec son moteur rotatif, élue plus beau concept car de 2015 lors du Festival International de l'Automobile.
A 13h30, j'ai fait 17 fois le tour du salon depuis hier, les stands sont de nouveau blindés et je pense que j'ai tout ce qu'il faut pour mon reportage. Je termine chez Pirelli (j'aurais préféré Hankook mais bon)
avec la star de Youtube Alexsmolik
PSY, dont le Gangnam Style vient de dépasser les 2.5 milliards de
vue. Oppa!!
Je prends la direction de la sortie par le hall des accessoiristes que je n'ai pas encore visité. Les seules attractions sont cette X-BOW GT4
Je parviens à sortir par l'accès des exposants, ce qui m'évite de me faire trop
mouiller. Pas de visites des parkings cette année vu la météo. Je prends tout de
même la direction de Plan les Ouates dans l'espoir de trouver une F12 tdf sur le
parking de Modena Cars. Au final, je ne trouve que cette Testarossa et cette 550
Barchetta. Pas si mal mais je ne reste en dehors qu'environ 45 secondes car il
tombe des cordes et le vent souffle fort. Il est temps de prendre le chemin du
retour.
Une nouvelle fois, le Salon de Genève a été très agréable. Une nouvelle fois,
j'ai été incapable d'appliquer une approche méthodique des allées mais sa taille
relativement réduite permet d'aller d'un bout à l'autre relativement rapidement.
La journée presse reste un exercice particulier puisqu'il n'y a certes pas foule
dans les allées mais tout le monde est sur les stands, dans ou contre les
voitures, ce qui fait qu'en définitive les photos correctes ne sont possibles
que durant trois heures dans la journée. Pour ce qui est des nouveautés,
l'ancien que je suis se réjouit de voir que les constructeurs de prestige
résistent aux sirènes du downsizing et de l'hybride: Aston Martin, Ferrari,
Lamborghini conservent de gros V12. Volkswagen fait un bras d'honneur à tout le
monde en sortant une Chiron W16 pas très écologique. En règle générale, les
récents scandales sur les émissions ont eu l'avantage de faire disparaitre toute
la communication hypocrite sur les voitures vertes.
pour conclure, laissez moi vous compter la mésaventure amusante d'un singapourien qui a importé
une Tesla S (0 émissions!) et réclamé un bonus écologique. Mais le ministère des
transports de Singapour prenant en considération la production d'électricité
pour calculer la pollution d'une voiture et la taxe carbone qui en découle,
l'homme s'est en fait vu infliger un malus de 10 000 euros. Testée selon les
standards européens de la commission économique des nations unies, la berline a
obtenu un score de consommation 444 Wh/km (bien supérieurs aux chiffres
revendiqués par la marque). Considérant que la production d'un watt heure
d'électricité génère 0,5 g de CO2, Singapour a calculé que la voiture "propre"
rejette donc indirectement 222 grammes de CO2 par kilomètre, autant qu'une Posche 911. Et c'est sans parler du recyclage des métaux lourds contenus dans
les batteries. Pour être tout à fait honnête, il faut préciser que Tesla annonce
une consommation de 210 wh/km pour sa P90D et que EDF estime à 0.08 g/wh les
rejets de CO² générés par les centrales nucléaires (Singapour produit au gaz
naturel). En France, les rejets seraient donc de 16,8 g de CO² par kilomètre. Il
n'y a donc plus qu'à se convaincre que le nucléaire est une énergie propre et
sans danger et voilà, vive la voiture électrique!
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