Début novembre 2006, je suis parti faire un pèlerinage de deux jours et demi dans le berceau de Ferrari, à Maranello. De fait, j'ai trouvé que les sources d'information pour préparer le voyage étaient assez rares sur le net donc voici ma contribution. Peut être pourrez vous marcher dans mes pas et tirer le meilleur de votre voyage. C’est parti!
Souhaitant éviter de gravir le col du St Bernard avec les camions, je pars le dimanche soir vers 08:00 avec la ferme intention de dormir dans la voiture. Courte nuit, difficile de dormir, l'excitation et la difficulté de trouver un endroit sombre et tranquille (c'est dingue, la lumière est partout de nos jours). Un peu avant 07:00, je pose la voiture sur le parking de la Galleria et pars en reconnaissance: je passe devant l’entrée historique de l'usine
puis je me dirige vers la Via Musso (l’entrée des livraisons et la sortie de voitures en rodage) avant de faire le premier des nombreux tours d’usine de ces deux jours. A peine arrivé devant l’entrée principale (la plus récente), une demi douzaine de F430 curieusement bariolées s’échappent de l’usine.
Petit à petit, les employés arrivent, majoritairement des jeunes semble-t-il, quelques plaques françaises sur le parking mais bien moins que de plaques britanniques. Je patiente un peu, le temps de voir sortir une 599 entièrement recouverte de film protecteur puis continue à longer le grillage. Je passe devant la nouvelle soufflerie (Galleria del vento) puis tombe sur ce qui est sans doute un des protos déguisés de la 599 dont la carrosserie camouflée porte les traces de nombreux essais apparemment mouvementés.
Retour devant l’entrée historique face à laquelle se trouve le garage Toni Automobili, une 430 et une 550 dans la cour. J'avais entendu parler de Zanasi mais pas de Toni donc je prends bonne note. Je tourne derrière le Planet Hotel, dont le rez de chaussée est occupé par le Ferrari Store et qui se trouve également face à la vieille entrée de l’usine. Bonne surprise, une 575, une 456 et une 430 sont garées sur le parking arrière. Il est encore tôt et le séjour s’annonce sous les meilleurs auspices.
Je continue ma reconnaissance en passant devant la Galleria et en continuant vers la pista di Fiorano, tout au bout de la rue. Voici la fameuse Carrosseria Zanasi. J’arrive quand une inhabituelle Stradale jaune citron (dénomination non officielle ;) ) quitte le Bodyshop.
mais surtout quand une Enzo noire démarre à l’intérieur du garage. Le bruit est impressionnant, énorme. Ils s’apprêtent à la charger dans une remorque fermée pour le transport.
Je sollicite l’autorisation d’entrer dans le garage, ce qui m’est accordé mais interdit de faire des photos. Je remarque d’étranges personnalisations sur l’Enzo (immatriculation 1ENZO de San Marin), notamment un « Enzo Ferrari » chromé sur le becquet arrière et des écrous de roues bordeaux (jantes FXX?). Si quelqu'un peut confirmer qu'il s'agit bien de celle de Jean Todt, j'aimerais être sûr.
Je continue vers le circuit d’ou proviennent des sons plutôt engageants. Au fond d’une impasse, un trou juste assez grand pour prendre des photos a été fort opportunément fait dans le grillage. Les tifosis ont le sens pratique.
Les F430 bariolées sont en train de tourner : leur museau est peint de différentes couleurs avec mention de circuits célèbres sur le capot (Silverstone, Monza, Suzuka, Le Mans...). Le rythme n’est pas extrêmement soutenu ce qui laisse penser qu’il pourrait s’agir d’initiation au pilotage. C'est plus que probable, Ferrari proposant à ses clients des stages de pilotages de différents niveaux.
Retour vers l’usine en passant devant le magasin Hors Ligne. Les produits dérivés doivent bien se vendre ici car la Testarossa du propriétaire est garée devant, ce qui est le cas régulièrement quand il n’arpente pas les rues de la ville en faisant rugir le V12.
Je repasse devant chez Toni où une Countach 5000 accroche mon regard.
Mais bien vite, je n’ai plus d’yeux que pour le 4X4 qui recule dans la cour avec sur un plateau une fabuleuse 250 GT SWB grise. Divine surprise !! Le propriétaire fait le tour en listant les retouches à effectuer sur le véhicule avant de lancer le moteur pour la descendre du plateau et aller l’installer au milieu de la rue pour faire des photos. Ce faisant, il n’est pas avare de coups d’accélérateurs qui me permettent de gouter pleinement les rugissements sauvages du V12. De toutes les Ferraris que j’aurai entendue pendant deux jours, c’est assurément la plus indisciplinée. Je profite de sa séance photo pour mitrailler également et immortaliser cet incroyable coup de chance.
Encore tout ému par cette extraordinaire rencontre, qui justifie à elle seule le voyage, je prends une nouvelle fois la Via Musso pour planquer devant l’entrée des livraisons, qui est aussi celle empruntée par les voitures au retour de rodage (elles sortent par devant et rentrent par derrière). F430 et 599 se succèdent à un rythme soutenu, presque toutes avec le pare choc masqué par du plastique pour éviter les éclats avant la livraison et sans extracteurs arrières pour les F430.
Midi, les ouvriers vont manger et j’en profite pour aller visiter la Galleria, dont l’expo a un peu changé depuis mon passage express en avril.
Sympathique mais difficile à photographier car la lumière est exécrable. La 250 GTO a disparu mais il y a maintenant une 250 GT TDF 14 louvre superbe (0629GT).
Egalement exposées:
La réplique de la 125S (la première voiture à porter la marque Ferrari), numéro de série 90125, seule réplique jamais construite par le constructeur.
une monoplace 166 F2
Une 250 coupé Pininfarina
Une magnifique 250 GT SWB Compétition sn 2839GT
Une 268 SP (ici retouchée sous Photoshop)
une 275 GTB sn 9573
une 340 MM
une autre monoplace 500 F2
une 500 Mondial sn 0506MD
une 750 Monza
une F40
une F50
plusieurs Formules 1 (ici F2003) et un nombre important de moteurs
Bref, pas mal d'exemplaires très rares.Certains touristes se font photographier devant la 599 (sans numéro de série) alors que les rues en sont pleines (enfin j'exagère à peine). L'exposition est souvent actualisée donc je recommanderais d'y aller à chaque passage à Maranello.
Retour chez Toni ou une 512TR trône désormais aux cotés de la Lamborghini
et ou une Testarossa dévoile ses entrailles pour le « servizio » puis via Musso ou je m’installe dans un virage a angle droit pour faire quelques belles images. Certains des essayeurs attaquent de bon coeur, tant mieux.
On est en novembre, à 16h30, le jour baisse : je reprends (enfin) la voiture pour aller planquer devant l’entrée de Fiorano, ce qui me permet de voir sortir 2 des F430 qui ont tourné toute la journée et réussir involontairement une de mes photos préférées.
Retour à l’hôtel, le Domus Best Western sur la place de la mairie, totalement fourbu. Le temps de vider l'appareil photo sur le portable, de réaliser que les appareils français sont incompatibles avec les prises de courant Italiennes et dodo à 20H30.
A 6H30 mardi, plus sommeil et le ciel s’annonce à nouveau tout bleu. A 7H30, je suis de nouveau devant l’usine où je vais planquer à peu près trois heures pour shooter les voitures qui sortent pour le rodage.
Je reste plus de 30 min sur le rond point rien que pour avoir un photo du Cavallino géant tronant avec une voiture rouge sous les pattes (ok elles sont noires mais vous saisissez l'intention).
Sans le savoir je perds un temps précieux mais j’ai l’impression d’avoir vu l’essentiel et j’en viens presque à regretter de ne pas partir le soir même à la tombée de la nuit. Grossière erreur, on peut toujours approfondir davantage !
C’est d’ailleurs ce que je fais en retournant au circuit ou les F430 tournent sans discontinuer. De fait, on peut quasiment longer tout le circuit a pied avec pas mal d’endroits assez près de la piste pour faire de bons shoots.
Un commissaire de piste bouquine sur une chaise au bord de la piste, moi non, je profite de chaque instant!
Dommage, on ne peut pas faire le tour complet à pied, ce qui oblige a rebrousser chemin après avoir fait environ 90% du tour. Mes pauvres pieds !! Au milieu du circuit, deux F430 tournent en rond sur la piste artificiellement arrosée, ce qui donne lieu à de jolies figures, pas toujours contrôlées.
Quelques centaines de mètres à pied plus loin, je me poste sous la barrière de sécurité à la sortie d'un rond point pour quelques shoots supplémentaires.
L'idée me vient alors de tenter d’en savoir plus sur les itinéraires de rodages. En route pour récupérer ma voiture, toujours sur le parking de la Galleria, je fais le détour par la vieille entrée de l’usine où une 599 noire Genevoise encadrée par deux Lancia aussi noires et immaculées sont stationnées devant le Ristorante Cavallino . Le garde du corps veille mais les photos sont superbes. J'ai rarement vu une voiture aussi impeccablement propre sur la voie publique. Très intriguant.
Retour à la voiture donc, je passe le pont visible sur la photo du rond point et arrive dans une zone industrielle, je traverse un nouveau rond point, m’engage dans la rue en face : cul de sac ! Bon, je reviens me poster au rond point pour attendre le prochain passage. Tiens les échappements TUBI ont leur siège juste là mais rien à voir. Voilà qu’une F430 blanche arrive. Je lui emboite le pas. Surprise, elle s’engouffre directement dans le cul de sac : confusion ! Je me gare et vais voir. Surprise, c’est là que les essayeurs viennent se poser pour faire une check list sur les voitures : alarme, ouverture fermeture des portes, trappe à essence... J’en profite pour faire des photos, le pilote s’écarte gentiment pour me laisser faire. Satisfait, je repars vers ma voiture mais voilà qu’une deuxième F430 arrive, grise et volant à droite. Rebelote pour les photos. Celui ci m’ignore et vaque à ses occupations.
Au moment de les laisser, un Spider rouge arrive, manifestement pour le marché US si j’en juge par les clignotants latéraux apparents.
Celui là grommelle un peu. Je fais encore quelques prises et je m’en vais pour trouver un coin de campagne sympa. C’est chose faite quelques minutes plus tard. J’avise une ferme en ruine qui fera un arrière plan sympa mais il est déjà tard et la luminosité baisse à vitesse grand V. Rien pendant une demi heure puis plusieurs voitures d’un coup
mais les photos sont un peu floues : j’ai trop trainé pour venir ici, ce sera mon seul regret. J’aurais mieux fait d'aller en rase campagne plus tôt au lieu de trainer les ronds points. Pas grave, je saurai pour la prochaine fois.
Retour à l’hôtel où je m’aperçois que les murs ne sont vraiment pas épais. Les Italiens fêtent Halloween en lançant des pétards, les gosses de mes voisins de chambrée jouent dans leur bain. Je finis quand même par m’endormir. Le lendemain, c’est la Toussaint. Comme je le craignais, l'usine est fermée, rien ne bouge dans ce petit village qui hier encore était une vraie fourmilière. Il est donc temps de reprendre la route.
Voilà, c’était le résumé d’un voyage mémorable. Maintenant, un petit guide plus objectif pour ceux qui envisageraient de faire le pèlerinage.
L’usine est donc un quadrilatère avec une entrée sur 3 de ses faces. L’entrée principale, la plus moderne, située sur un rond point, est celle d’ou sortent les voitures pour le rodage. De part et d'autre d'immenses parkings accueillent les voitures des ouvriers. L’entrée située Via Musso est celle où arrivent les camions de livraison et où rentrent les voitures en rodage. L’entrée historique est plus calme mais donne sur plusieurs endroits intéressants : juste en face, le restaurant Cavallino et le Planet Hotel où les chances de voir quelques Ferraris garées sont assez bonnes. Le garage Toni Automobili qui a vu passer du beau monde dans sa cour pendant mon séjour se situe à un jet de pierre. Plus loin, la Galleria : je conseille de laisser la voiture là pour la journée car en semaine la circulation est infernale autour de l’usine et tout est accessible à pied. En continuant tout droit, la Carrosserie Zanasi, un peu décevante pour moi car rien de garé devant et photos interdites à l'intérieur. Et enfin, au bout, le circuit de Fiorano dont on peut quasiment faire le tour à pied et qui offre de très bons points de vue sur la piste a travers d'imposantes grilles.
Pour le spotting, il est facile de repérer le circuit suivi par les voitures en rodage et la voie d’accès à l'arrière de l’usine (à partir du rond point au Cavallino) offre quelques virages serrés négociés parfois de façon agressive par les essayeurs. Sinon, il faut passer le pont face au Cavallino, aller en face au rond point suivant et s’engager dans l’impasse pour découvrir l’endroit où les véhicules stationnent pour le contrôle à l’arrêt. Continuer ensuite la route en suivant les panneaux bleus pour avoir une idée d’un des itinéraires d’essais ou les chevaux sont plus lâchés qu’aux abords de l’usine.
Dans tous les cas, le contraste est saisissant entre les jours de semaines qui grouillent d’activité et de voitures et les jours fériés où tout est extraordinairement calme : à éviter donc les samedis et dimanches!
Enfin, un bon appareil photo est recommandé : je suis passé dernièrement à un reflex Canon 350 D qui offre plusieurs avantages: il se réveille instantanément, idéal pour prendre des photos d’une voiture qui débouche par surprise. Le mode rafale est idéal pour mitrailler sans réfléchir et sélectionner ensuite les meilleures prises. Un appareil qui donne une vraie impression de compétence, même à un néophyte!
Quelques chiffres pour finir, pour faire le bilan de ces deux jours fastes.
Galleria : 750 Monza, 500 Mondial, 268 SP, 4 Fomule 1, DINO 246, 599 GTB, 288GTO, F40, F50, Enzo, 250 SWB, 250 TDF, 250 Coupé, 250 Lusso, 275 GTB4, 125S, 340 MM, 166F2, 500F2.
Pista di Fiorano: F430 x8 (Le Mans, Daytona, Silverstone, Suzuka, Buenos Aires, Interlagos, Francorchamps, Monza)
Carrosseria Zanasi: Challenge Stradale, Enzo, 512BB, 612
Toni Automobili: 250 SWB, 275 GTB4, Testarossa, 512TR, F430, 550, Lamborghini Countach
Dans la rue: 550 Barchetta, 599 GTB, 355 Spider, 550, 575M, 456 GT, F430 x 4, 360 Spider, Testarossa
Rodage : 599 x 26, 612 x 2, F430 x 14, F430 Spider x 11
Pour un total supérieur à 100 Ferraris Galleria comprise en deux jours. Pas mal non ?
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