En début d’année, j’ai décidé de planifier un petit séjour à Monaco, l’un des temples du luxe. Le week-end du Grand Prix parait s’imposer pour maximiser les chances de trouver les voitures les plus exclusives. Le voyage est assez long, plus de 600 kilomètres, et je douterai du bien fondé du projet jusqu’au dernier moment. Mais les nombreux sites montrant des photos prises sur le rocher me donnent une envie irrésistible d’aller faire les miennes. Un rapide coup d’œil sur le prix des billets me convainc que je devrai rester au pied des tribunes. Je serai donc là bas du jeudi au samedi pour éviter la cohue du dimanche.
Mercredi soir, subitement malade, nez bouché, gorge en feu, pas un cachet d’aspirine disponible, impossible de m’endormir. Après une heure de sommeil, je tourne et retourne dans le lit. A trois heures, je prends la route avec deux heures d’avance direction Nice via la Suisse et l’Italie. Le voyage est assez pénible, deux arrêts pour somnoler un peu quand la fatigue devient trop envahissante. Onze heure, arrivée à l’hôtel, la chaleur est étouffante. Je pose tout, prend l’appareil photo, de l’eau et c’est parti, ne pas s’arrêter surtout.
La gare est toute proche. En arrivant devant, une bruit m’interpelle. Je tourne la tête et découvre une Porsche Carrera GT prise dans la circulation. Le temps de sortir l’appareil, elle est déjà partie, on ne m’y reprendra pas mais ça commence bien. Il est évident que je ne viens pas à Monaco pour voir des F430 ou des Modena. L’objectif, c’est avant tout le très haut de gamme. Une demi heure de train pour arriver à Monaco, c’est nickel. Je me dirige vers le bas de la ville, débouchant directement sur la concession Ferrari. Une Superamerica grise trône devant la porte avec un display de F430 un peu plus bas. Une Enzo (sn 128795)est garée dans le garage, hélas la seule qui me sera donné de voir au cours du week end (alors que c'était un de mes objectifs prioritaires)
Le port est évidemment totalement verrouillé. Je commence à réfléchir pour savoir comment je vais pouvoir remonter au niveau des Casinos sans faire dix bornes à pied. Quelques minutes plus tard, les premiers hurlements de moteurs retentissent. J’avais oublié l’intensité énorme du bruit des Formule 1. Ca réveille des souvenirs très agréables : la dernière fois que j’ai assisté à un Grand Prix, Alesi avait crashé sa Prost Grand Prix (quizz !), ça ne date pas d’hier. Je m’aperçois qu’en prenant la direction du Palais, on peut accéder à une butte qui surplombe quelques portions du circuit : l’entrée des stands et de la ligne droite. Il est temps de sortir le téléobjectif pour tester ses performances. Je suis agréablement surpris, le stabilisateur est efficace et le grossissement impressionnant.
Quinze heures, les F1 sont remisées, il reste trois heures avant que le circuit ne soit rendu à la circulation. Il est temps de prendre de l’altitude. Ca monte, ça monte, ça monte. Dur dur mais je finis par arriver au dessus, ouf, ce n’est pas le moment de choper un coup de chaleur. Je tombe sur le premier des endroits de prédilection des chasseurs : l’hôtel Hermitage. Calme pour l’instant, juste une 348 ts jaune (sn 93991) en stationnement.
Je recherche avant tout le Métropole et sa fontaine, qui donne toujours des images sublimes. Tiens, le voilà ! L’entrée est très étroite. A tel point que l’an dernier nous étions entré dans le centre commercial à deux mètres sans que je ne remarque rien ! L’endroit est incroyablement exigu mais d’un charme fou. Le cadre idéal pour des photos magnifiques. Pour l’instant, une Murcielago LP640 Versace noire pas encore immatriculée attend son propriétaire.
Pendant les deux jours, le Métropole sera un endroit privilégié pour les photos : pas beaucoup de monde, contrairement à la place de l’Hôtel de Paris toujours bondée et une belle rotation au niveau des voitures. En attendant 18H00, je planque dans une rue adjacente stratégique. Le festival des F430 commence. Point fort du spot, une Porsche Carrera GT Gemballa Mirage au bruit impressionnant, le conducteur ne se privant pas de faire rugir le moteur.
En me faufilant partout, je réalise mieux l’ampleur titanesque de l’organisation du Grand Prix. Les rues sont cloisonnées mais l’accès aux Casinos et aux commerces reste ouvert par l’intermédiaire de passerelles. La présence policière est démentielle, il y en a absolument partout.
Enfin les rues sont rendues à la circulation. Direction la place la plus célèbre de Monaco, devant l’Hôtel de Paris. Deux Spykers, une jaune et une orange, sont déjà rangées là pour une opération visiblement commerciale.
Ca commence à arriver. Première grande joie, une F50 (sn 106400), immédiatement rangée en bonne place par les voituriers.
D’innombrables GT suivront, Porsche, Corvette, Ferrari, Bentley… Il me semble voir un scooter Ferrari déposer Michelle Yeoh à l’Hôtel de Paris mais je ne suis pas là comme paparazzi même si on me demande à un moment donné quels pilotes occupent l’hôtel : aucune idée, aucune importance. Je décide d’aller sur le dernier point névralgique accessible sans trop marcher : l’Hôtel Fairmont situé dans l’épingle du Loews. Deux F430 noires sont garées côte à côte. Je reste un moment dans l’épingle, le temps de photographier une Diablo Roadster jaune.
Mauvaise surprise, ma carte flash est pleine. Commence un numéro de jonglage entre l’effacement de prises de vue peu intéressantes et les nouvelles photos. Je remonte au Casino juste a temps pour voir arriver une spectaculaire F40 GTE.
Je prends quelques clichés avant que la carte soit de nouveau pleine. Une autre F40 arrive à ce moment. J’efface une photo au hasard. La nuit tombe je n’ai qu’une seule cartouche pour prendre celle-ci. Erreur interdite ! Ce ne sera pas la plus belle photo du week-end mais au moins elle n’est pas ratée. Négligence de débutant qui a failli me coûter une des voitures que j’avais le plus envie de photographier. Il est temps de rentrer pour développer tout ça.
22H30, retour à l’hôtel, c’est le drame. Enfin presque. Une bonne partie des photos est surexposée. Je paie cher mon inexpérience avec le 17-40 et j’ai laissé le 18-55 à la maison pour des raisons d’encombrement. Dure leçon, un matériel haut de gamme ne fait pas de miracles si on ne le maitrise pas. Panique à bord, si je refais les mêmes demain, on court au naufrage photographique. Je m’endors un peu angoissé.
Vendredi. C’est reparti. Je sors de l’hôtel juste pour voir passer une Aston V8 Vantage. Cette fois, je suis prêt, elle est dans la boite.
Batteries chargées, une carte Flash d’appoint en poche, j’ai descendu un peu la résolution des clichés pour augmenter la capacité : je me sens mieux préparé que la veille. A 11H00 je suis sur place, une Challenge Stradale bordeaux à la sortie de la gare (par le haut directement cette fois). Coup de chance car elle ne réapparaitra pas ensuite.
Reprise de mon « circuit » perso. Priorité absolue, j’avise un homologue avec un appareil similaire au mien et lui demande comment remédier à mon problème d’exposition. Solution provisoire : passer en mode P (exposition automatique) et faire la mise au point sur une zone claire (le sol) avant de remonter sur la voiture. Ca fera l’affaire avant de me documenter plus en détail pour Maranello dans un mois, ou il sera hors de question de rater des photos.
Devant l’Hermitage, en ligne, une 599 bordeaux (149949), une F430 rouge, une 575M bleu nuit et un peu plus loin une 550 jaune (120368).
Au Metropole, c’est un festival Lamborghini. Spiders orange et nacré, noir. Gallardo jaune également. Plus tard, deux F430 Spiders garées à la file. Définitivement le plus beau spot de Monaco au niveau du cadre mais aussi des voitures.
13HOO, le circuit ouvre pour toute la journée, divine surprise. Devant le Casino, une des premières voitures à se présenter est une Porsche Carrera GT Techart orange, elle aussi a grands renforts de tours moteurs.
Je descends tout de suite au Fairmont. Les deux F430 sont toujours là, encadrées par deux 599. Une troisième les rejoindra plus tard ainsi qu’une SLR, noire également.
Je reste un bon moment dans l’épingle ou les moteurs rugissent : Ford GT, Carrera GT Techart et Gemballa, Diablo VT, Murcielago LP640 Raodster pour ne citer que les plus rares.
A un moment donné, une F430 monte, croise deux de ses sœurs qui descendent. En même temps, Gallardo Spider montante puis F430 montante dans la foulée : vertigineux.
Une Pagani arrive en cerise sur le gâteau. Je la retrouverai plus tard sur la place du Casino.
Je change de point de vue et d’objectif pour faire des photos vues du dessus originales. L’avantage, c’est qu’il n’y a jamais long à attendre avant de voir arriver la Ferrari suivante.
L’après midi passe entre le Casino et l’épingle, la F430 est sans doute la voiture la plus représentée. A plusieurs reprises, je croise la route d'une 599 full black vraiment magnifique:
La rue qui mène de l'Hôtel de Paris à l'Hermitage reste toujours un lieu de prédilection, ainsi que la place du casino.
Vers 18H00, l’effervescence retombe. Un dernier tour au Métropole où un voiturier est en train de garer une Gallardo Spider au centimètre le long du mur. Je le félicite pour son créneau. Il rigole et me demande gentiment de ne plus prendre de photos car c’est la voiture du propriétaire de l’hôtel et il craint qu’on lui fasse une remarque.
Je décide de descendre sur le port. La courte descente apporte son lot de satisfaction.
En bas, tout est calme. A ma grande surprise, on peut accéder aux pontons. Sur l’un d’eux sont amarrés les bateaux de McLaren et de Renault. Les soirées se préparent. Je récupère de clichés d’une 512M, d’une 575 et de la Techart qui est décidément partout.
Je prends finalement le chemin du retour vers Nice. Non loin de l’hôtel, une Testarossa vient de se garer, dernière photo de la journée. Immédiatement, je charge les 750 photos de la journée. Le problème de surexposition n’est pas réglé mais ça va mieux. Les dégâts sont limités. Je passe quatre heures à indexer les photos de ces deux jours. Le lendemain il pleuviote. Sachant la route qui m’attend et que le circuit sera fermé toute la journée, je décide de partir immédiatement. Outre les deux Ferrari parquées dans le même souterrain que moi, je me gare rapidement en double file un peu plus loin pour prendre en photo la 29ème F430 spider du week-end. Il est temps de remonter (sans histoires) et de faire le bilan.
Au niveau des Ferrari d’abord (toujours ma principale motivation) : 92 voitures différentes photographiées. Au hit parade : 29 F430 Spider, 12 F430, 10 360 Modena Spider, 8 599. Pour les plus rares, F40, F40 GTE, F50. A ma grande déception, toujours pas moyen de photographier une Enzo en action alors qu’il y en avait apparemment 4 dans les rues l’année dernière. Pour les autres marques, Carrera GT, Pagani Zonda, Wiesmann, LP640 Versacec, il n’y a pas lieu de se plaindre. Globalement, pas beaucoup de voitures datant d’avant, disons 2004. Les 4 Murcie que j’ai vu étaient toutes des LP640, je ne sais pas ce que sont devenues les autres. Bref, c’est le temple du luxe et de la frime donc pas de vintage à se mettre sous la dent. Ca, je m’y attendais. Ce qui caractérise donc le mieux Monaco, c’est cette débauche, ce fourmillement vertigineux de voitures rarissimes partout ailleurs. Il ne faut pas y aller pour faire un in-depth sur les voitures mais plutôt pour faire un inventaire et ramasser des numéros de série. C’est sûr que ça ne justifie pas forcément un pèlerinage annuel mais c’est une ambiance particulière qui vaut d’être goûtée au moins une fois. Pas de regrets sur le voyage donc.
Regrets en revanche sur le matériel. Il va falloir travailler dur pour maîtriser le 17-40 dans un mois et résoudre d’une façon ou d’une autre ce problème d’exposition. Le 70-300 marche à merveille mais c’est un vrai zoom. Inutile de vouloir prendre une voiture entière à moins de 10 mètres. Je comprends mieux pourquoi Etienne me disait que l’idéal est d’avoir deux boitiers car le jonglage entre les objectifs est à la fois laborieux, peu pratique, stressant à cause des éventuels dépôts de poussière et assez longs, ce qui peut faire louper quelques opportunités. Conclusion : travailler. J’ai commis l’erreur de penser que je pouvais faire sans efforts les mêmes photos que les ténors du net : grave erreur.
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