Dernier jour des réjouissances, il est
temps de mettre les bagages dans le coffre. D'habitude quand il y a des
manifestations sur trois jours, je raccourcis pas mal le troisième jour car j'ai
eu le temps de tout voir auparavant, et plus au calme. Cà a été le cas au Mans
Classic où je suis parti à midi ou au 24H de Spa où je ne suis carrément pas
retourné sur le circuit le dimanche. Mais aujourd'hui, l'attraction principale
sera la présentation des F2008 prévue à 14h00, je partirai donc probablement
après çà.
Nous arrivons une nouvelle fois sur le circuit vers 8h30. L'ambiance est très
différente aujourd'hui: il y a beaucoup plus de monde et plusieurs Ferrari qui
gravitent dans le village voisin. En descendant de la navette, nous constatons
que le parking réservé aux Ferrari est déjà bien garni et les arrivées se
succèdent rapidement. J'ai déjà mentionné que j'adore la Scuderia telle qu'elle
avait été confiée à la presse lors de sa sortie: en bleu clair avec les étriers
de frein jaunes. Justement en voilà une qui arrive alors que nous discutons avec
d'autres passionnés. Enfin ma première mais ... elle tourne avant le parking et
disparait dans le paddock. Je me précipite pour voir où elle est passée. Après
quelques minutes de recherche, je la retrouve dans l'espace désormais grillagé
de la Gestion Sportive, accompagnée de deux autres Scuderia rouges, d'une 599,
d'une 612 et de la 430 spider crème d'hier soir. En désespoir de cause, je la
photographie à travers les grilles mais ce n'est pas encore cette fois que je
vais pouvoir m'en faire un fond d'écran.
Ce matin, ce sont les courses traditionnelles de 430 Challenge et Historiques
que j'ai déjà vues pendant deux jours donc je décide de rester à proximité du
parking. Comme durant tout le weekend, il y a très peu d'anciennes. Malgré tout,
je déniche une sublime 275 GTB vert foncé et une 275 GTB/4 grise dans son jus.
Alors que je monte sur une butte pour prendre un plan d'ensemble, je vois
arriver une tache bleue inhabituelle. Je descends en vitesse de mon perchoir
pour mitrailler deux nouvelles arrivantes totalement inattendues au milieu de ce
flot de F430: une 212 S Vignale sn 0190 ED et une 250 MM sn 0256MM.
Vraiment une divine surprise tant les classiques étaient rares jusque là.
D'ailleurs j'y reviens dès que le soleil commence à taper sur les carrosseries.
Une autre ancienne en la personne de cette 330 GT 2+2 et on aura fait le tour.
Malgré tout, la proportion de F430 est absolument hallucinante. Dire que la production de la California risque de dépasser celle de la F430... Le parking commence à déborder et les voitures se garent là ou il y a de la place. Il faut dire qu'honnêtement par rapport aux responsables du parking d'Hockenheim en 2007 avec des alignements tirés au cordeau, ici c'est un joyeux bazar et la place perdue est énorme. Quelques originales sortent tout de même du lot comme cette Scuderia anglaise avec bandes et jantes dorées ou cette autre Scuderia bordeaux. Je dois dire que ne n'adhère pas trop aux jantes Or.
Une deuxième Sessanta bicolore est là aussi ainsi qu'une autre 599 aux
spécifications soigneusement étudiées.
J'aime toujours autant les jantes noires sur ce modèle. Une seule F40, seule supercar en dehors de la Enzo jaune. C'est vraiment peu.
Au milieu de toutes ces modernes, les concurrents historiques se préparent pour
leur dernière course. Le mécano de la 308 Américaine à une façon particulière de
hausser le ralenti de la voiture: $$$.
Les plateaux A et B des historiques ont fini leur weekend et commencent à réintégrer leurs remorques
Je passe sur la pitlane pour voir la course de 430 Challenge. Dès le premier
tour, c'est la carambolage général, comme d'habitude, dont certaines voitures
risquent d'avoir du mal à se remettre. Safety car !
Je reste devant un stand pour assister à deux mètres aux arrêts obligatoires. Les voitures s'arrêtent avant de repartir dans un hurlement de moteur et de pneus. En plus la voiture que j'ai "choisie" doit s'arrêter pour effectuer un changement de roues suite à un choc.
Le plateau C va se mettre en grille ...
et je remarque un attroupement de photographes au pied du podium où vont se présenter d'un moment à l'autre les vainqueurs du Challenge. Je me joins à eux. Bien m'en a pris car les trophées sont remis par Lucas Badoer, Kimi Raikkonen et Felipe Massa, rien que çà.
En retournant à la tente ultra-VIP de la Gestion Sportive, Massa prend un bon
bain de foule et signe un nombre impressionnant d'autographes, ce qui témoigne à
la fois de sa popularité et de sa disponibilité. Bon esprit. Kimi sera toujours
Kimi, lui passe tout droit. Et Schumacher ne fait qu'une très courte apparition
avant de se réfugier dans le stand.
Les F1 sont prêtes pour rugir dans quelques heures. Je n'aurais jamais rêvé de faire ce genre de photos, même si ce serait mieux avec le vrai pilote dans le baquet plutôt qu'un mécanicien. Mais çà ressemble tellement aux images que l'on voit le weekend à la télé que c'est un peu un fantasme réalisé.
La dernière session de FXX va bientôt démarrer, traditionnellement précédée d'un
alignement de toutes les voitures sur la pitlane. Manque de bol, le soleil est
pile poil dans l'alignement des stands, ce qui condamne toute photo de face.
J'ai retrouvé Thomas et nous allons donc nous positionner à l'autre bout pour
prendre la photo dos au soleil, à rebours. Voir un embouteillage de FXX où
toutes les voitures manœuvrent pour se ranger et laisser la place à celles qui
doivent quitter leurs boxes est quelque chose d'assez unique et bruyant.
Comme sur le parking, l'alignement se fait à l'arrache alors qu'une ligne blanche était fort opportunément disponible. Les commissaires font la police et regroupent tout le monde sur le muret des stands pour libérer la pitlane. Ce qui ne se fait pas sans grognements car l'angle ne va pas être idéal pour les images. Finalement, voici la meilleure photo que j'ai réussi à prendre en tenant l'appareil à bout de bras au dessus de la tête du pompier de service.
C'est sûr que c'est frustrant mais il faut bien se rendre compte que la pitlane
est très fréquentée entre les médias et ceux qui ont un pass pitwalk, plus les
quelques resquilleurs (il se reconnaitront ;p). Nous partons sans délais pour le
bord de piste pour une ultime séance de FXX. Il n'aura pas été inutile
d'insister puisque Schumacher fera quelques tours avec la sienne, louvoyant avec
aisance parmi les autres pilotes, coiffé de sa seule casquette.
On pourrait néanmoins parler de séance maudite pour nous. Thomas fait
accidentellement tomber sa carte mémoire posée précipitamment sur le muret entre
deux rangées de pneus de protection: il lui faudra du temps et des efforts pour
la récupérer. Pour ma part, je suis tombé dans le panneau classique des
utilisateurs de réflex: j'avais paramétré à un moment donné 400 ISO et le
réglage est resté tel quel sans que je m'en aperçoive, ce qui fait que toutes
les photos de la journée prises en plein soleil sont très sombres et nécessitent
un important post traitement pour les rendre à peine acceptables. Quel imbécile!
A la fin de la séance des FXX, je retourne en vitesse vers la ligne des stands
pour le clou de la journée. Quand je me présente à l'entrée, le cerbère de
service me dit que c'est fermé. J'ai beau lui montrer le pass média, c'est
fermé! L'inquiétude monte mais il en faut plus pour me décourager. Je longe les
stands jusqu'à en trouver un ouvert, pousse la porte marquée "passage interdit",
traverse le stand et la pitlane pour me retrouver sur le muret. Je viens sans le
savoir de me jeter dans la gueule du loup. En effet le muret est archi bondé.
Face au stand de la Scuderia, on ne peut même pas approcher tant les rangs de
spectateurs sont denses. La frustration grandit alors que je loupe la
présentation des 430 GT2 puis de la California avec J Todt au volant: je ne la
vois même pas derrière trois rangées de curieux compressés. Il est temps d'agir
car les F2008 prennent la piste. Je descends le long de la ligne des stands en
m'éloignant des endroits stratégiques: le public devient clairsemé et je peux
tenter quelques photos des F2008 en pleine ligne droite. Contre jour + 400 ISO
donnent des résultats catastrophiques.
Je m'assieds carrément sur le mur pour être plus à l'aise, au moment où les
pilotes font quelques donuts à la plus grande joie des spectateurs positionnés
dans les tribunes. Je suis loin mais plus près c'était carrément impossible.
Désolé pour la qualité lamentable des images. Massa ouvre le bal:
suivi de Raikkonen.
Les voitures se rangent ensuite pour préparer la photo officielle avec tout le
personnel de la Gestion Sportive. Je m'aperçois que les autres photographes à
chasuble blanche comme la mienne sont regroupés derrière le mur de l'autre coté
de la piste. La décision est vite prise. Après m'être assuré que personne ne
regarde vers moi, je saute carrément le mur des stands, traverse la piste puis
saute à nouveau le second mur. J'arrive juste au moment où les pilotes saluent
la foule devant les tribunes.
Ils sont accompagnés de Luca Di Montezemolo, président de Fiat de de Ferrari, de
Piero Lardi Ferrari, le second fils du Commendatore et de Stefano Domenicali, le
successeur de Jean Todt. et de Luca Badoer, le pilote d'essai de la Scuderia
Comme d'habitude, Kimi assure le minimum syndical et va vite s'asseoir sur la
roue de sa monoplace de sa voiture pour la photo.
Felipe parait un peu gêné des ovations et des remerciements qu'il reçoit. Les
tifosis ne semblent pas lui tenir rigueur de la perte du titre de Champion des
pilotes. Il faut reconnaître que le jeune Brésilien a fait le maximum lors du
dernier Grand Prix délirant qui restera dans les mémoires. Le titre a été perdu
bien avant et plus à cause de l'équipe que du pilote. Le moment est assez
émouvant. Même Di Montezemolo donne l'accolade à ses pilotes.
Après de longues minutes devant les tribunes, toute l'équipe se regroupe
derrière les voitures pour les ultimes photos souvenirs et c'est terminé.
Je me dirige vers la sortie, rend la chasuble au media center, récupère le
dossier de presse de la 16M (6 photos officielles gravées sur un CD) et rejoint
la voiture. Il est 16h00 et j'ai 800 km à faire. Il y a environ une demie heure
de bouchon pour rejoindre l'autoroute dont je profite pour décharger les cartes
mémoires sur le portable. J'ai dit du bien de l'itinéraire choisi par le GPS à
l'aller, évitant judicieusement Milan. Au retour c'est l'inverse. Ce couillon
m'emmène droit vers la capitale des embouteillages, ou je reste coincé encore
plus d'une demie heure. Et c'est quand je vois les panneaux Come que je réalise
que je ne vais pas du tout passer par mon itinéraire habituel. Trop tard pour
changer, encore 30 minutes de blocage à Lugano puis le tunnel du Simplon et
l'autoroute Suisse avec ses nombreux tunnels limités à 80 jusqu'à Bale. Je suis
crevé et je dois m'arrêter quasiment à chaque aire d'autoroute pour prendre
l'air ou dormir un peu. Il est 5H du matin quand j'arrive à la maison,
établissant un nouveau record de durée sur le trajet. On ne m'y reprendra pas à
suivre le GPS sans vérifier au préalable l'itinéraire qu'il a déterminé. Enfin,
j'aurai au moins repéré le chemin pour la Villa d'Este.
Quelles sont les conclusions de ce weekend? Les Finali Mondiali s'apparentent
finalement à des Ferrari Days classiques hormis la fête autour du team de
Formule 1 à la fin. On peut s'étonner toutefois de la grande difficulté a
obtenir des pass pour l'évènement (même paddock) et du choix du Mugello qui est
tout de même loin de tout et pas très facile d'accès par rapport à Monza par
exemple. Du coup, la grande fête populaire que cela pourrait être se révèle
plutôt intime. Du point de vue du photographe, çà m'arrange qu'il n'y ait pas
trop de monde autour des voitures mais du point de vue du tifoso, je trouve
dommage qu'il y ait aussi peu de spectateurs. L'ambiance aurait pu être beaucoup
plus chaude. Ferrari ne va-t-il à Monza que quand le titre pilote est assuré?
En dehors de çà, j'ai une nouvelle fois pu constater que le métier de
photographe de presse n'est pas si facile. D'abord il est difficile d'en vivre
en freelance, comme le confirmait l'un d'entre eux à Thomas. Aujourd'hui les
grosses agences de presse trustent presque tout. Ensuite, il faut beaucoup
marcher car les points d'intérêts sont souvent éloignés en distance et
rapprochés dans le temps. Et encore j'ai un matériel léger par rapport aux pros.
Ce qui ne m'a pas empêché de revenir avec une espèce de tendinite à l'épaule
droite. Au moment où j'écris ces lignes, mercredi soir, je ne peux toujours pas
lever le bras au dessus de l'épaule, résultat de cinq jours consécutifs de
photos intensives. Dur métier !
Arthomobiles, tout comme les grands évènements, va prendre ses quartiers
d'hiver. J'irai peut être à la vente de Gstaad qui s'annonce intéressante et je
vous prépare un résumé de 2008 pour les vœux de la nouvelle année. Ensuite, ce
sera calme jusqu'aux salons de Genève et de Rétromobile. Mais avant, je vous
prépare une petite surprise pour les jours qui viennent. Restez fidèles !
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