Samedi matin à Monza. Pour une fois, je n'ai pas mis de réveil. On est en novembre, le jour se lève tard lui aussi et la journée des Finali Mondiali va commencer par les Challenge. Il est 9h00 quand j'arrive sur le circuit. L'emplacement de la piste de Monza est vraiment très particulier. Elle est située dans un immense parc en bordure de cette ville de 120 000 habitants, elle même en banlieue de Milan. Le parc est cerné par des zones habitées. Quand on quitte le circuit par la Via Enzo Ferrari, il faut parcourir moins de 300 mètres avant de tomber sur une église. Regardez sur cette carte à quel point il est enclavé dans les habitations, c'est impressionnant. Je ne sais pas comment se passe la cohabitation avec les riverains mais ils ont intérêt à être passionnés.
En arrivant, je passe devant les tentes Pirelli qui vont me permettre de pousser un petit grognement. Les anti-bagnoles tapent souvent sur les courses automobiles en pointant du doigt tout ce carburant gaspillé et ce CO² libéré à tourner en rond. Ils oublient heureusement les centaines de pneumatiques à peine entamés jetés à la fin des weekends de course. Enfin, jetés... Sur les Ferrari Days, la mode est souvent de laisser le public repartir avec les pneus, ce qui évite la corvée de remballage et de recyclage. Une habitude que je trouve hautement répréhensible car bien sûr, 99% des gens qui sont partis avec un pneu finissent par le jeter dans un bois parce que a) la tête de madame quand elle les voit rentrer avec ce truc (c'est lui ou moi), b) mais en fait ça pue le... pneu c) finalement je ne ferai jamais cette table basse dont je rêvais.. etc etc. Limez du pneu mais assumez!
Je me dirige directement vers le deuxième chapiteau d'exposition. Il n'est plus vide, les deux SP Monza sont là, youhou!!
Nous allons passer un loooong moment sur ces voitures car il s'agit pour moi de modèles très importants, et l'une des plus significatives nouveautés de Ferrari depuis la FF. Alors je ne me fais pas d'illusions sur la raison de l'apparition de cette nouvelle série Icona, qui devrait décliner plusieurs hommages aux gloires passées et dont les Monza sont les premières créations.
A Maranello, la finance a désormais supplanté la passion et il faut étancher la soif des actionnaires. Louis Camilleri a annoncé vouloir doubler les bénéfices d'ici à 2022, en lançant 15 nouveaux modèles. Plus de riches (le nombre de personnes détenant plus de 30 millions de dollars a augmenté de 13% en 2017) signifie plus d'opportunités mais quand votre capacité de production est limitée par une petite ville italienne déjà engorgée, il faut faire preuve d'imagination. Comme vendre des voitures à plus d'un million d'euros par exemple.
Par bonheur, la cupidité peut aussi avoir des effets collatéraux positifs (je ne parle pas de ruissellement). Ainsi, la présentation inattendue des SP1 et SP2 Monza s'est révélée une excellente surprise. Depuis le temps que je râle que les lignes des voitures de sport modernes sont dictées par l'aérodynamique, ça m'a fait plaisir de voir arriver des modèles aux lignes simples et pleines.
Pas de doute, l'esprit des Spyder Scaglietti est bien là, du capot bien lisse au bossage derrière les appuie-têtes en passant par la petite entrée d'air latérale. La carrosserie est intégralement en carbone.
Pas d'extravagances, les jantes restent simples, les échappements sont ronds.
La SP1 est la version "égoïste", la SP2 la version biplace.
Toutes deux sont dénuées de pare-brise ou même de saute vent mais bénéficient d'un système breveté de pare-brise virtuel déviant le flux d'air pour préserver le confort du pilote tout en lui donnant des sensations maximales.
Dans leur quête de pureté, les Monza font également l'impasse sur l'électrique ou l'hybride, et sont motorisées par un V12 6.5 litres de 810 chevaux.
Au lieu de chercher le dernier dixième à Fiorano ou sur la Nordschleife, les Icona reviennent à la source de l'automobile: beauté, courbes, sensations, plaisir, et franchement je n'y croyais plus. Oui, on peut encore faire et vendre de belles voitures sans qu'elles soient nécessairement les plus extrêmes du moment.
Je me dirige ensuite vers le parking des Ferrari, où je retiens avant tout les voitures un peu atypiques.
Ici la LaFerrari "LaNera" de Powerslidelover, un passionné qui n'hésite pas à sortir ses voitures, y compris sous la neige.
LaNera a déjà 13 000 kilomètres, ce qui est assez énorme car son propriétaire utilise également beaucoup sa LaAperta, sa TDF, sa GT2RS, sa Ford GT, sa 812, son Urus, sa F50 etc etc
Je cherche aussi les combos sympas.
J'aime beaucoup l'arrière de la 812 mais j'ai encore un peu de mal avec l'avant.
Il est temps de rallier les stands, où les XX m'attendent.
Le tendance semble être aux pneus pluie. Tu m'étonnes! La météo est très menaçante.
Je suis vraiment content de voir toutes ces nouvelles peintures.
Je passe quand même rapidement dans le boxe des F1, histoire de ne pas les boycotter tout le weekend. En quelques années, je suis vraiment passé 100% endurance dans ma passion pour le sport auto.
Et voilà, il tombe une pluie battante alors que les Challenge se préparent.
Il faut choisir: soit affronter les éléments soit s'endormir dans un coin.
J'ai un petit parapluie, un K-way et je mets la housse étanche sur le sac à dos, ainsi qu'une manche plastique sur l'appareil.
Go!
Je me rends directement à Ascari
Enfin quelques belles prises de vibreurs.
Comme d'habitude, la pluie donne de belles photos mais...
j'ai fait une erreur en ne prenant pas mon fidèle poncho. Je suis équipé avec mon harnais auquel sont accrochées quatre poches d'objectifs qui ne sont protégées ni par le K-way ni par le parapluie, bien au contraire. Je les tâte régulièrement et les sens devenir de plus en plus trempées. Le stress monte.
Pour le salut des objectifs qui sont à l'intérieur, je ne peux pas continuer comme ça. Je retourne à la voiture, qui n'est pas précisément à coté, où je pose le harnais, transfère les indispensables dans le sac à dos, et reviens en piste, soulagé d'un poids (moral).
Retour à Ascari. L'aventure m'a coûté une quarantaine de minutes. C'est une autre manche qui se déroule maintenant. L'Asie a laissé place à l'Amérique.
Là encore j'apprécie que les livrées restent très sobres et unies
en particulier cette violette.
Le pluie cesse mais je ne regrette pas mon aller retour. Au moins le matériel est au sec, séparé des poches humides. La prochaine fois, harnais = poncho!
Les XX entrent en piste dans la foulée.
Là par contre je regrette qu'il ne pleuve pas autant que tout à l'heure pour rendre les images plus spectaculaires.
J'ai penché le boitier pour donner plus de dynamisme aux images, j'espère que vous n'avez pas le mal de mer ou que vous ne regardez pas les photos avec la tête penchée.
Les combos ont toujours ma faveur, chaque fois que c'est possible.
Il est temps de pousser un peu plus loin. A une centaine de mètres, je fais quelques photos des voitures qui partent en direction de la parabolique.
Heureusement la piste n'est pas encore entièrement sèche.
Encore un peu plus loin, une plateforme surélevée permet de profiter d'une ligne droite un peu vallonnée (là où la piste passe sous l'anneau de vitesse).
Evidemment l'environnement n'est pas très glamour, avec ces deux immenses bannières publicitaires.
Mais ça reste un bon endroit pour les enfilades.
Comme celle ci, triplé gagnant: FXX Evo, 599XX Evo et FXXK Evo
Le drapeau rouge annonce la fin de la session.
Retour sur le parking, qui s'est grandement étoffé grâce à une arrivée massive en provenance d'Espagne. Et avec du lourd, comme ce duo.
L'Enzo se fait rare ces temps ci.
Autre duo ibérique saisissant, ces deux Tdf bien contrastées
Je ne suis toujours pas fan du mat, même en gris.
En tout cas le choix des jantes claires sur les deux, c'est parfait.
Il me tarde de voir ce que Ferrari fera pour survitaminer la 812 car la GTO et la Tdf ont été de franches réussites à mes yeux.
Qu'est ce qu'on a d'autre? Des Speciale
Les jantes dorées lui vont bien je trouve.
Des 488 Spiders en abondance
dont celle ci dans une teinte inhabituelle
Tout comme celle là d'ailleurs.
Ici une livrée assez osée, dans laquelle on peut voir un hommage à la 312T de Nikki Lauda.
Originalité aussi pour cette California
Je suis dans une période de rejet des jantes noires, qui peuvent facilement saccager une voiture. Pauvre Testarossa.
La F12 est déjà en voie de disparition sur les parkings. Dans les voitures de sport, un modèle chasse l'autre. Depuis combien de temps n'avez vous pas croisé une Gallardo, un modèle construit à plus de 14 000 exemplaires? Elles sont où?
Du blanc.
Ici une livrée 70 très discrète. Je pense qu'il s'agit de la numéro 57, "The wedding gift", qui rend hommage à la 360 Barchetta offerte à Luca Di Montezemolo par Gianni Agnelli pour son mariage en 2000.
Un bel alignement donc.
Et tout au bout, encore une Tdf espagnole, qui est pour moi la véritable perfection! Jaune, sans bandes, jantes claires, elle est PARFAITE!!
Je repasse devant les chapiteaux, et presse le pas en voyant que l'une des SP a le capot levé.
Voici l'emplacement du numéro de série, sur l'aile sous le capot moteur, ce qui promet de compliquer singulièrement la tâche des chasseurs de telaio.
Je ne peux pas m'empêcher de rester encore un long moment.
Et un passage aussi vers les Pista.
Enlevez moi les inscriptions WEC et PRO du nez de la Piloti et je pense que je pourrais l'apprécier.
Des amateurs de gros camions?
Je retourne ensuite à mon QG: l'antre des XX.
Ici la 599 de AzzuroDino, dans la même teinte que sa LaFerrari ou sa F40, entre autres.
L'heure de la session approche
Les mécaniciens entament la chauffe des moteurs, qui fait trembler tout le corps. Elle est moins saisissante que par le passé cependant, il y a moins besoin de coups d'accélérateurs, semble-t-il.
Ce qui m'a le plus frappé ce weekend, c'est la proportion très importante de voitures qui arborent désormais des couleurs orientales: Chine, Japon, Singapour... C'est un phénomène récent mais qui montre très bien le glissement de la richesse d'une part, mais aussi des marchés. Tout comme les blockbusters hollywoodiens laissent de plus en plus de place à des personnages asiatiques, il y a fort à parier que les goûts de ces nouveaux marchés vont commencer à transparaitre dans les designs des années à venir. J'ignore pour l'instant si ça me plaira ou pas mais en tout cas j'ai tendance à apprécier ce qui vient de là bas (enfin, il ne me tarde pas de voir les XX rouler avec des néons sous le bas de caisse hein!)
Wait and see mais des mutations sont à prévoir.
Les Challenge sont en train de rentrer.
Allez, c'est parti pour les XX.
Une nouvelle fois, j'ai décidé de rester sur la pitlane. Il va falloir que je trouve de nouveaux angles d'attaque. En me mettant au 1/30 par exemple.
Les va et vient commencent.
René Arnoux est prêt à montrer son savoir faire.
J'ai parlé de nouveaux angles. Je mets en pratique en montant sur la terrasse qui surplombe les stands.
Je dois tendre le bras et photographier au liveview et au jugé pour passer par dessus la rambarde mais ça va, la variété est bienvenue.
A chaque fois qu'une voiture s'arrête, je dois me déplacer et trouver une brèche parmi les spectateurs accoudés qui profitent du spectacle.
Certaines photos illustrent bien la fourmilière qu'est la pitlane, et le nombre ahurissant de mécanos affectés aux XX.
Ca devient vraiment compliqué pour les photographes d'avoir le champ libre en pitlane.
Je redescends.
Et c'est déjà la fin! Les sessions passent vraiment vite.
Le rangement des voitures semble plus fluide qu'hier.
J'admire encore une fois la précision du guidage.
J'arrive à accompagner pas mal de voitures dans leur périple en marche arrière.
Je suis le seul photographe à m'acharner comme çà, je ne sais pas pourquoi.
Terminé, le silence se fait.
Ce soir je vais finir tôt. Le ciel gris ne promet pas de coucher de soleil spectaculaire. Je retourne une dernière fois au parking, par acquis de conscience. La Speciale passe très très bien en jaune.
Scuderia et 16M
Une Testarossa, tellement belle en full stock.
Une Portofino dont je n'ai pas vraiment trouvé l'angle d'or, hélas.
Et surtout cette magnifique 328 GTB. Plus je vois cette voiture et plus je la trouve désirable.
Je termine par cette California T qui arbore le logo 70 sur le bas de caisse. Pourtant, je n'ai pas trouvé sa correspondance dans la liste des 70. Il ne s'agirait donc pas d'une des livrées anniversaire officielles. Si les propriétaires s'amusent à brouiller les pistes, on n'est pas sortis de l'auberge!
Je traine un peu dans le secteur des boutiques avant de quitter le circuit et je tombe sur cette sculpture de Fangio devant sa... Mercedes W196! Une œuvre offerte par la Fondation JM Fangio en 2004 pour célébrer les cinquante ans de la victoire du champion argentin au Grand Prix d'Italie 1954. Elle a été financée par Mercedes-Benz et Repsol. Six statues sculptées par Joaquim Ros Sabaté sont disséminées à travers le monde, Buenos Aires, Monaco, Montmelo, Nürburg, Stuttgart (devant le Musée Mercedes-Benz) et ici. Je ne sais pas trop quelle est l'histoire là derrière mais j'imagine que ça a quand même bien fait mal au cul aux officiels italiens de l'inaugurer. En tout cas je l'espère!
Je rentre me reposer à l'hôtel sans regrets. Depuis la disparition de l'Historic Challenge, on a quand même vite fait le tour des animations des Ferrari Days, fussent ils des Finali. J'y reviendrai dans ma conclusion du reportage sur le dimanche. Demain c'est la dernière journée. Le show Ferrari aura lieu à 14h00. Il est donc extrêmement douteux que j'y assiste si je veux rentrer à une heure décente. Qui plus est, il y aura sans doute pas mal de monde. Après tout, nous sommes dans la banlieue de Milan. Par contre, j'ai bien envie de tester le fameux spot de la Parabolica!
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