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C'est dimanche, le jour du Classic Sport Sunday, une grande première dans l'organisation du Cavallino et qui doit rassembler sur le parking de l'hôtel Hilton un grand nombre de voitures de sport historiques ou modernes. Au final, la journée se révèlera pauvre en photos mais riche en anecdote ce qui explique la grande quantité de texte sur cette page. Vous n'êtes pas obligés de tout lire.

Comme à notre habitude nous arrivons sur place au lever du jour. Grâce aux laisser passer nous avons accès au parking pour la mise en place des voitures. L'une des premières arrivées est une Mosler MT900S, accompagnée de quelques Jaguars dont une XKE Compétition. Ce matin le ciel est très couvert et il ne fait vraiment pas chaud.

       

Une des premières Ferrari à montrer le bout de son nez est une surprise que nous ne savons même pas identifier: une voiture de compétition, apparemment catégorie IMSA. Sa carrosserie s'inspire assez fortement de celle de la 288 GTO. Renseignements pris, il s'agit d'une Ferrari IMSA GTU Race Car Huffaker sn 003

       

Suivent une Dino et une Daytona,

       

une superbe Lola et une AC Cobra (réplique?) aux borborygmes impressionnants.

       

Section course également, Radical présente deux de ses modèles dont on peine à comprendre l'homologation route tant elles semblent taillées pour la piste.

Mais dans l'ensemble, la parking reste largement vide et la horde de corvettes et autres Vypers ne présente guère d'intérêt pour moi. Qui plus est, la pluie à décidé de s'inviter à la fête et une première averse s'abat sur nous. Il faut être motivé pour rester impassible dans une barchette par ce temps. Celle ci est un modèle 2007 absolument neuve. On parle souvent de faire du neuf avec du vieux mais à ce point là, il fallait y penser. La voiture a apparemment été commissionnée auprès de Creative Workshop, avec l'objectif de réaliser une voiture au look vintage intégrant des technologies modernes.

Pendant ce temps, les avions continuent de nous survoler, faisant du Hilton un hôtel que je ne recommanderais pas pour des vacances paisibles.

A peine les voitures essuyées, une deuxième averse trempe de nouveau le parking.

L'ouverture au public est prévue dans trente minutes, pas de nouvelle voiture depuis un moment, nous décidons de nous éclipser et de rejoindre les environs du Breakers pour fureter un peu. Petite pause pour photographier une 250 GTE sur le parking des visiteurs et c'est parti.

C'est l'occasion de découvrir le front de mer, enfin. A peine arrivés, une 275 GTS passe devant nous, ce qui nous rappelle que la réception du Mar-a-Lago a lieu en ce moment même.

Il s'agit de la réception la plus prestigieuse (j'ai dit guindée?) du week-end dans une propriété très privée au bout de l'ile de Palm Beach. Nous nous garons où nous pouvons et remontons à pied vers l'entrée du Mar-a-Lago club. Deux policiers montent la garde et nous expliquent le fonctionnement de cette partie de l'île. Interdiction de prendre des photos à des fins commerciales sans licence, ok. Impossible de stationner, pas la place, ok. Pas de trottoirs donc interdit de se promener à pied, çà c'est futé. Il nous tolère si nous nous éloignons suffisamment mais nous prévient que des habitants risquent de prévenir une patrouille qui viendra voir ce qui se passe. Très rassurant. Enfin, on a l'instinct de la chasse ou pas donc nous restons postés sur un coin de verdure. Belle récompense au bout de quelques minutes quand la 250 Interim et une 400 Superamerica passent devant nous.

       

       

Le flic revient vers nous après un moment pour nous dire que l'endroit où nous sommes est trop près du Mar-a-Lago et que nous ne pouvons pas rester là. Il est presque midi, nous avons un ticket pour le repas au Classic Sunday donc nous décidons d'aller manger là bas. Le temps de photographier une Gallardo entièrement 'enveloppée' et une Diablo, nous allons casser la croute.

       

En repartant, nous retrouvons sur le parking la 330 GT 2+2 bleue ciel dans son jus déjà vue les jours précédents. L'intérieur est dans un état cataclysmique. Le propriétaire nous explique qu'il a commencé la restauration par les parties mécaniques et qu'il fait le reste petit à petit. Si il fait tout faire d'un coup, explique-t-il, il ne pourra plus rouler avec. Voilà une raison valable! Quand Etienne lui fait remarquer que le numéro de châssis annoncé sur la feuille de présentation (5457) ne correspond pas à celui frappé sur le bloc moteur (5407), il nous explique que la voiture vient de Suisse et qu'il est probable que le moteur ait été échangé. Une personne très sympathique en tout cas que ce M Jaxman.

       

Après le repas, nous décidons de retourner spotter du coté de Mar-a-Lago. Sur la parking du Hilton, nous avons la surprise de retrouver la 250 Tour de France rouge et noire garée sans précaution particulière. Elle est bientôt rejointe par une Jaguar XJ220 pour une démonstration convaincante de choc des générations.

       

Une de mes rares tentatives "artistiques":

Retour vers Mar-a-Lago où nous nous garons vers un petit pont qui est à une centaine de mètres de la sortie de la villa où nous "amis" policiers assurent cette fois la sortie des participants. Le pont me plait tout particulièrement aussi je décide de rester du coté où l'on est garé pour tenter quelques jolies prises. Etienne traverse pour s'approcher au maximum de la sortie de la réception. Quelques minutes plus tard, une F50 sort et passe le pont en pleine accélération.

       

J'arrive plus ou moins à faire les plans que je souhaite mais à quel prix: la GTO bleue et jaune sort mais part dans la direction opposée. Etienne lui court après pour arracher deux clichés mais je suis beaucoup trop loin. D'un coup l'un des policiers se rue sur lui et l'emmène dans un parking situé de l'autre coté du pont. Il a apparemment cru que nous nous étions garés là bas malgré les panneaux d'interdiction. Heureusement pour nous nous sommes sur un emplacement autorisé mais on nous signifie clairement que le trottoir s'arrête au bout du pont et qu'il n'est pas question de s'aventurer plus loin. Il est temps d'obéir, ce qui ne nous empêche pas de voir passer une châssis court, une Daytona et la Miura déjà vue au Breakers.

       

Nous retournons ensuite sur le front de mer pour varier un peu les prises de vue. Ferrari couleur océan sur fond d'océan, ce n'est pas mal non plus.

Nous sommes là depuis moins de dix minutes qu'une voiture s'arrête vers nous. Marcel Massini nous interpelle et nous discutons un peu. Il nous indique la rue chic de Palm Beach, à une centaine de mètres de l'endroit où nous sommes garés puis nous propose ses entrées pour Mar-a-Lago, ayant décidé de ne pas assister à la réception. Excités et inquiets, nous reprenons en voiture le chemin de l'endroit le mieux surveillé de l'ile, engageant notre Ford Focus de location au milieu des Bentley sous le porche devant lequel nous ne devions même pas approcher à pied une heure avant. Le responsable de l'accueil nous indique que tout est terminé et que nous devons ressortir. Il est 16h, la réception se terminait théoriquement à 14h30, il ne sert donc à rien de discuter mais le simple fait d'avoir pu pénétrer quelques instants dans le blockhaus nous a bien remonté. Retour sur Worth Street, la fameuse rue où sont concentrés tous les magasins ultra chics de Palm Beach. Effectivement, nous tombons rapidement sur une 550 et une Gallardo spider.

       

       

Des Astons et des Bentley comme si il en pleuvait. Et tout au bout de la rue, une rarissime Spyker Spider. C'est la première fois que j'en vois une qui ne soit pas une voiture de démonstration. Et vu la réaction des richissimes passants, la voiture ne laisse pas indifférent. Tout le monde en parle et se demande de quoi il s'agit. Un sacré coup de pub pour la marque sauf que... la marque n'est pas clairement indiquée et les mamies qui annoncent leur trouvaille à on ne sait qui sur leur téléphone portable parlent d'une 'Spider'. Ce n'est pas comme çà qu'elle vont se vendre comme des petits pains. Beau succès d'estime en tout cas.

               

       

Après avoir trainé encore un peu sur le front de mer pour un peu de vrai tourisme, il est temps de retourner à l'hôtel pour faire les valises. Demain, il sera temps de rentrer en France pour vous rendre compte de toutes les merveilles que nous avons découvertes et de ces moments exceptionnels.

Pour faire le bilan de ces quatre jours, je dirais que le déplacement est amplement justifié voire même indispensable pour les passionnés. Les deux premiers jours à Moroso permettent une immersion complète dans l'ambiance course avec son paddock resserré, entièrement organisé sous les bâches des camions. Les bruits et les odeurs de la course automobile sont omniprésents, les voitures les plus rares et les plus chères roulent à tombeau ouvert sur un circuit à l'ancienne. C'est stupéfiant. Le concours d'élégance permet de revoir les voitures dans un cadre beaucoup plus distingué et les tours et les palmiers du Breakers offrent des opportunités de photos absolument extraordinaires. Enfin le dimanche permet de décompresser tranquillement en faisant un peu de tourisme dans des rues qui offrent encore de multiples occasions de croiser des voitures d'exception.

Seul inconvénient: quand on y a goûté, il va être très difficile ensuite de ne pas être tenté d'y retourner régulièrement tellement ces moments sont passionnants et précieux.

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Enfin, quelques informations concernant le voyage proprement dit, pour ceux qui souhaiteraient suivre nos traces (et je les y encourage vivement).

 Avion: étant respectivement basés à Bourg en Bresse et Besançon, nous avons décidé de partir de Lyon pour éviter de devoir monter sur Paris. Pour des raisons pratiques également, nous avons choisi d'arriver directement à Palm Beach plutôt qu'à Miami. Le résultat est un vol en deux escales: un premier changement éclair à Paris CdG puis à Atlanta qui est le hub de Delta Airlines (partenaire d'Air France dans Skyteam). Au niveau du coût, compter de l'ordre de 500 euros pour l'A/R. D'après une recherche rapide, le coût est équivalent pour un voyage direct Paris - Miami. Billets électroniques à imprimer à l'aéroport.

 Voiture: nous avons pris une location chez Hertz d'une voiture économique (mais vous pouvez aussi prendre un Hummer H3 ou une Corvette). En nous concentrant exclusivement sur les évènements liés au Cavallino Classic, nous n'avons pas dépassé 200 miles sur les 5 jours. Moroso était situé à 40 km environ de l'hôtel et le Breakers à moins de 10 km. Coût: dans les 250 $ pour les deux du mercredi au lundi matin.

 Hôtel: pas question évidemment de loger au Breakers. Nous avons réservé une chambre double au Best Western Airport de Palm Beach, qui est situé à 5 minutes de l'aéroport et du loueur de voitures, très pratique le jour du départ. Propreté sans problèmes, petit dèj succinct mais OK (café, jus d'orange, toasts et donuts), pas très bruyant (nous avons plus entendu les éboueurs que les avions). Coût 724 $ pour 5 nuits, ce qui est avantageux tant que le $ reste faible. L'adresse: Best Western  1505 Belvedere Road, West Palm Beach, Florida, 33406-1501, US       Phone: 561-471-8700   Fax: 561-689-7385

 Nourriture: Nous n'avons pas voulu nous aventurer très loin une fois revenus à l'hôtel donc nous nous sommes majoritairement contentés de junk food le soir (<6$). Nous sommes allés une fois dans une pizzeria un soir où l'on nous a servi des quantités impressionnantes de nourriture pour un prix modique (20$). Pour tous les frais du week end (5 repas, parking...), j'en ai eu pour moins de 70$.

 Parking: le soir à Palm Beach dans un parking à étages, 1$ de l'heure. Le samedi complet au Breakers: 25$. Vraiment rien à dire sur ce point et jamais de problèmes pour trouver une place.

 Entrées: nous avons eu la chance d'être invités par l'organisateur de la manifestation. Sinon compter 30$ par jour à Moroso, 50$ pour le concours le samedi, 40$ pour le Classic Sunday le dimanche. On peut également acheter des places pour les réceptions (Jet aviation 125$, Mar-a-Lago 250$) mais de l'avis général ça ne vaut pas le coup du point de vue des voitures. Compter également 40$ pour entrer au Supercar Weekend si vous voulez faire la totale

 Faux frais: tant que le $ reste faible, on peut en profiter pour faire quelques emplettes. Ainsi à Moroso, j'ai trouvé les livres "Ferrari by Mailander", "Testa Rossa V12" et "Ferrari by Vignale" pour 210$ l'ensemble (140 euros environ). Si j'en juge par les prix sur Amazon, c'est une très bonne affaire même si cela alourdit considérablement la valise. 

 Au final, je n'ai pas fait le compte exact mais je m'étais fixé un budget global de 1000 euros et je pense qu'il a été tenu. Personnellement je préfère çà a une semaine au ski. Evidemment, le cours du dollar est prépondérant pour maintenir un coût raisonnable et j'ai pu acheter les livres grâce aux économies réalisées sur les entrées.    

 Conseils: attention à ce que vous mettez dans la valise. Etienne avait emporté un monopode pour son appareil photo et la forme aux rayons X a du pas mal intriguer les contrôleurs. Bilan: valise forcée par les inspecteurs à l'aller et appel au haut parleur au retour pour fournir la clé et permettre un nouveau contrôle. L'immigration US n'est pas forcément très aimable, préparez vous à répondre à pas mal de questions sur l'objet du voyage, votre métier, durée du séjour...  mais on finit par passer. De plus, les forces de l'ordre de toute sorte sont très présentes aux US donc si vous faites une erreur (prendre un accès parking dans le mauvais sens comme nous par exemple), mieux vaut aller spontanément expliquer et demander conseil.

 Au niveau ambiance, les Américains sont pour la plupart sympathiques et accueillants, fiers de montrer leur Français quand ils connaissent la langue. Ils n'hésitent jamais a prendre le temps d'échanger quelques mots et font le plus souvent attention a ne pas rentrer dans le champ de l'appareil photo. D'un point de vue humain, le voyage a également été très agréable.

Enfin, fixez des objectifs précis à votre voyage, en particulier vis à vis des personnes qui vous accompagnent. Par chance, Etienne et moi étions précisément sur la même longueur d'onde: nous n'avons fait que traquer les voitures du lever du jour au coucher du soleil pendant les quatre jours du voyage. Pas une fois l'un de nous n'a voulu dormir plus tard, sortir en boite ou passer un après midi sur la plage. Nous sommes partis pour le Cavallino Classic et nous n'avons fait que du Cavallino Classic, quittant Moroso pour aller directement au Breakers. Nous avons fureté partout jusqu'à ce qu'on nous empêche d'aller plus loin (Mar-a-Lago, réception du Supercar Weekend, terrasse du Breakers). Pas de tourisme donc. Le tout, c'est que ce soit bien clair pour tout le monde avant de partir pour éviter les conflits d'intérêts une fois sur place, surtout si il n'y a qu'une voiture pour tout le monde.   

 

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Pour finir, quelques remerciements. D'abord un grand merci à Etienne qui a lancé l'idée du voyage et a été un compagnon très agréable, toujours prêt à me présenter au who's who des collectionneurs et historiens, à combler mes énormes lacunes en matière d'historique des modèles et à me donner conseils et inspiration pour réussir et diversifier mes prises de vue. Pour tout cela qu'il soit mille fois remercié et qu'il reçoive la reconnaissance qu'il mérite de la part de ceux qui publieront ses articles. Tous mes remerciements également à Isabelle, la compagne d'Etienne qui a sacrifié des heures de sommeil pour nous emmener à l'aéroport à 3h du matin puis un jour de congé pour venir nous rechercher.

De chaleureux remerciements également à Stephen Mitchell, producteur de cinéma et futur patron de chaine de TV, notre mécène américain, dont l'appui nous a permis de toujours pouvoir entrer avant tout le monde et ainsi vivre des moments encore plus rares.

Merci à John Barnes, l'organisateur de la réunion pour ses invitations dont nous avons tiré le meilleur parti et sans lesquelles notre week-end n'aurait sûrement pas eu la même saveur.

Merci à Marcel Massini pour sa disponibilité, sa gentillesse et pour être toujours prêt à nous donner au pied levé l'historique complet de n'importe quelle Ferrari ancienne. Si les entrées de Mar-a-Lago n'ont finalement pas servi, le geste nous est allé droit au cœur et sans ses conseils avisés, nous n'aurions jamais su que Worth Street existait. Même si il s'en fiche probablement, les photos de la Spyker lui sont dédiées. On ne l'aurait jamais trouvée sans vos indications.

Et un dernier merci à ma future épouse de m'avoir laissé partir malgré l'arrivée prochaine d'un petit tifoso. J'espère que la prochaine fois nous profiterons du doux climat de la Floride ensemble.

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