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Heureux concours de circonstances, mon brusque regain d'intérêt pour Ferrari coïncide avec le soixantenaire de la marque. C'est notamment l'occasion de voir un peu plus de voitures au cheval cabré dans les manifestations non dédiées: ainsi, Villa d'Este a créé une catégorie spéciale "voitures de courses des années 50" pour accueillir un superbe quintet (visible dans une autre section) et le Tour de France, sous couvert du cinquantenaire des 250GT TDF a rassemblé un plateau exceptionnel également cette année.

Ferrari S.A en revanche a fait peu de cas de ses fans, préférant jouer à fond la carte des propriétaires. Ainsi, le relais organisé sur plusieurs mois à travers le monde a fait figure de secret d'état, les dates et les itinéraires restant confidentiels jusqu'au tout dernier moment. De même, la célébration prévue à Maranello les 23 et 24 juin a lieu sur le circuit de Fiorano, sanctuaire inaccessible a ceux qui ne possèdent pas une carte grise magique. Ca ne fait rien, l'occasion est trop belle d'aller tâter l'ambiance sur place pour cette exceptionnel anniversaire. J'ai donc décidé de passer 5 jours sur place pour profiter des célébrations du week end mais aussi de l'avant et l'après ou il y aura peut être une moindre affluence.

Pour éviter de reproduire le catastrophique départ à Monaco (impossible de dormir, parti a 3h du matin, stop 2h plus tard pour faire un somme), j'ai décidé de partir dès 20h et de récupérer le sommeil que je pourrai une fois sur place. Vu mon état d'excitation à l'idée de ce voyage exceptionnel, ça ne sert à rien que j'essaie de me coucher et puis il y aura peut être quelques photos de nuit à faire, si quelques voitures stationnent déjà dans les rues. 

Malgré deux bouchons une fois passé Milan (à presque minuit, qui l'eut cru?), j'arrive à Maranello sans encombres vers une heure du matin. Les autoroutes Italiennes sont une succession de chantiers provoquant rétrécissements et changements de voies incessants. Les ouvriers travaillent sans crainte a quelques dizaines de centimètres des voies de circulation, ce qui ne semble pas gêner la plupart des conducteurs qui ne daignent guère lâcher leur moyenne de 150 km/h. Le tragique destin de Clay Reggazzoni me traverse l'esprit.

Une heure donc, je me pose vers la Galleria et fait un petit tour pour retrouver ces lieux familiers. C'est bon d'être de retour. Le tripode est dans l'auto, je tenterais bien quelques clichés nocturnes. Pas de Ferraris sur le parking du Planet Hotel mais une Ford GT, c'est elle qui sera mon cobaye. Avec des temps de pose dépassant parfois 25 secondes, le résultat est inattendu mais pas déplaisant.

       

Finalement je mets la main sur deux Ferraris pour poursuivre mes expériences mais là, il fait vraiment sombre.

       

Vers deux heures, je m'endors tant bien que mal dans la voiture. Cinq heures, réveillé, prêt pour fêter dignement ce soixantième anniversaire.

...

Bon, comment faire pour résumer cette énorme journée? 2000 photos une fois débarrassé des flous. Beaucoup de doublons bien sûr mais quand même. Déjà, scinder le reportage. Une page par jour, ce sera déjà énorme. Ensuite, reprendre les photos par ordre chronologique et donner mes impressions. Je devrais savoir faire, c'est juste plus gros que d'habitude et les vraies festivités ne commencent que demain samedi. 

Cinq heures donc, le jour se lève et je commence ma ronde comme si il s'agissait d'un voyage à Maranello "normal". Je passe devant Toni Automobili, encore fermé puis je fais un tour de l'usine. Quelques mules sont garées devant la nouvelle soufflerie.

       

Retour à la voiture pour "déjeuner". une F430 est garée à quelques mètres, la première d'une très longue série. 6 heures passées, Maranello s'éveille, les premières voitures partent au rodage. Deux Maserati Granturismo encore camouflées s'échappent de l'usine. Leur moteur fait un bruit beaucoup plus velouté que celui des Ferraris, philosophie différente.

Il est temps de visiter la caverne d'Ali Baba, alias chez Toni. A peine j'arrive qu'une F40 curieusement bariolée démarre. Ca tombe bien, la F40 fait partie des voitures que je suis venues voir en priorité. Ca fait trop longtemps que je n'en ai plus vu sur route ouverte.

Pas au bout de mes surprises. En octobre dernier, j'avais été enchanté de découvrir une 250 GT SWB au même endroit. Cette fois, il y en a de nouveau une dans une robe bleu clair originale: c'est 2127GT, modèle Compétition qui finit second au Tour de France 1960. Une bâche cache mal des formes familières à quelques mètres de là.

       

A peine le temps de jeter un œil dans la rue et la première quitte l'atelier dans un fracas de moteur tandis qu'on débâche la deuxième pour en changer le volant (?!). C'est la 2839GT qui était exposée à la Galleria.

       

       

Quelques minutes plus tard dans la rue longeant l'usine, une 330 America (5121SA) croise une 288 GTO. Décidément, la journée s'annonce sous les meilleurs auspices.

Retour Via Musso ou se croisent les camions de livraison et les voitures qui partent en rodage.

       

Après quelques minutes de planque à peine passent une 330 GT 2+2 (6423)

la 250 GT SWB de chez Toni

et sur un plateau, la mythique 315 S (0684) vainqueur avec Piero Taruffi des dernières Mille Miglia en 1957.

C'est parti pour un balais d'anciennes qui se rendent au circuit de Fiorano pour préparer la première parade de la journée. En chemin, un certain nombre de voitures me doublent, sorties de l'usine: 500 TR (0610 MDTR) et 275 GTS (08005)

       

166 Inter Touring (029 S) et 275 GTB4 Spyder NART (09437), qui se classa deuxième de sa catégorie aux 12h de Sebring en 1967 avant d'être utilisée dans le film 'L'affaire Thomas Crown' avec Steve McQueen et Faye Dunaway. Une voiture polyvalente donc.

       

deux 275 GTB4, 10011 en gris et 10017 en bleu foncé

       

Une des deux 250 GT Berlinetta SWB dessinée par Giorgetto Giugiaro quand il travaillait pour Bertone. 3269GT est un modèle unique qui fut présenté à Genève en 1962 et utilisé par M Bertone comme voiture personnelle. Et une 166 MM (0058 M)

       

Chez Zanasi, la même Enzo qu'il y a 8 mois est toujours là, dans une superbe combinaison de couleur. Une Daytona (14313) est garée devant.

       

Puis je trouve un endroit stratégique juste avant l'entrée du circuit. C'est là aussi que je retrouve Matteo, le webmaster de swisscarsightings.com. Il est parfaitement renseigné sur le programme du jour et nous avons une discussion très intéressante, tout en nous précipitant  à chaque fois qu'une belle pointe le bout de son nez, c'est à dire assez souvent. Toutes ces voitures sont inscrites pour le Concours d'Elégance qui se tiendra samedi et dimanche sur le circuit mais c'est vraiment incroyable de les avoir aller et venir dans les rues, toutes en parfait état mécanique.

Passent encore devant nous, une 250 GT California et une 250 GT Lusso (5715)

       

Brandon Wang au volant de sa 4219 GT

       

une 166 MM à l'historique complexe: à l'origine une 125 S construite en 1947 avec le numéro 02 C, elle fut ensuite modifiée en 166 et renumérotée (020 I) et fut vendue à Franco Cornacchia qui fit évoluer la carrosserie de Touring à Berlinetta Le Mans. Et une Daytona (16619)

       

une 275 GTB4 (09371) et une 275 GTB (08577)

       

une F40 (86572) et une Enzo (135894)

       

une 166 Inter Corsa (0012 M), à la carrosserie inhabituelle et une 166 MM (0346 M), la seule a être carrossée par Pinin Farina

       

250 GT SWB Competizione 2127 GT, et 3577 version Lusso (en opposition aux Competizione qui ont une carrosserie en aluminium, les Lusso sont en acier mais n'ont rien à voir avec les 250 GT Lusso)

       

un des 14 exemplaires de 365 California (08347)

       

la 860 Monza qui gagna les 12h de Sebring de 1956 aux mains de Fangio et Castellotti (0604 M) et une 250 GT Coupé

       

une 500 TRC (0696 MDTR)

       

la 250 California (ou je sais ça fait deux fois, me souviens plus pourquoi)

       

une 250 berlinetta Tour de France (0793 GT)

       

une 212 Export (0137 E), la seule a avoir été carrossée par Ghia-Aigle, en Suisse, puis une 166 MM (0058 M)

       

une 360 Barchetta (pas spyder, regardez bien le pare brise) et une 250 GT Lusso (4509)

       

une 250 GT Berlinetta Tour de France (1385 GT) et une 612 Scaglietti (143555) dans une livrée bicolore très inhabituelle pour les modèles récents

       

une 275 GTS4 NART (10749) qui sort avec un peu d'avance et une 512BB qui ne fait à priori pas partie du concours

       

Pas mal de merveilles donc, dont la 250 GT Berlinetta TdF Zagato (0515 GT) que je rêvais de voir de mes yeux, c'est fait!!

A 11H, les voitures ressortent en convoi pour une ballade champêtre. Elles sont tellement belles que je vous en remet une petite série, il n'y a que le sens de la marche qui change. Parmi celles que je n'avais pas vues rentrer, une 250 GT Coupé (0399 GT)

       

la dernière des Superamerica américaine personnalisée chez Scaglietti (146164)

       

une 500 TR (0610 MDTR)

       

une 275 GTB4 ou GTB?

       

une autre 500 TR (0620 MDTR), conduite à gauche et une 400 Superamerica (3361 SA) 

       

       

       

le duo de Sport et Collection, ma copine 250 GT Tour de France  (0607 GT), déjà vue à Retromobile et au Tour de France et 400 Superamerica Série 1 (3221 SA)

       

une autre TDF (0773 GT)

       

une 250 California (3185) et une 290 MM (0626), quatrième aux Mille Miglia 1956 aux mains de Fangio et troisième aux 1000 km du Nürbürgring avec Phil Hill et première des 1000 km de Buenos Aires en 1957 avec Castellotti, excusez du peu 

       

une autre 400 Superamerica (2809 SA ?) et une divine 166/195 S (071 S) jamais restaurée depuis 1950. J'adore ce look vintage aux antipodes des voitures entièrement restaurées qui trustent les concours. Espérons que celle ci ne passe jamais entre les mains de Ferrari Classiche.

       

une 340 MM (0280 AM), vainqueur des Mille Miglia en 1953 avec Giannino Marzotto, battant au passage le record de l'épreuve à 142 km/h de moyenne (souvenez vous 1953!!)

       

une 195 S Berlinetta LM Touring (0042 M) qui a courru Le Mans en 1950 et 1951 avec sa propriétaire Yvonne Simon 

       

       

       

une 330 GTC (10273)

       

       

une 375 MM (0402 AM) achetée par Roberto Rosselini qui la fit re-carrosser chez Scaglietti et une 500 TRC (0658 MDTR)

       

Le grand patron, Luca Di Montezemolo sort au volant de la 360 Barchetta et nous fait un petit tour de magie en faisant apparaître un téléphone dans sa main. C'est mal! D'ailleurs la police est déjà sur le coup ;o)

       

Pendant qu'on est dans les tentatives d'humour, est ce qu'ailleurs qu'à Maranello vous aves vu des voitures vous faire des clins d'oeils?

       

Chez Zanasi, tout va bien, une belle brochette de stars:

Les choses commencent à s'animer sérieusement. Du coté du parking de la Galleria, les Ferraris sont en passe de devenir majoritaires avec quelques exemplaires réjouissants comme une F40 supplémentaire. Les déclinaisons des Testarossa sont particulièrement bien représentées également.

       

Un Anglais très sympa a remarqué que je notais les numéros de série et me demande de lui envoyer par mail pour comparer avec ses propres observations. La tâche est déjà titanesque, il y a des voitures partout. Un autre photographe amateur semble connaître mon site, alors qu'il n'a que deux semaines d'existence. Mince alors, serais je déjà célèbre? Des Suisses attablés me voyant tourner autour de leur voiture me demandent à quoi ça sert de noter le numéro de chaque voiture. Bref, l'ambiance est très bonne, tout le monde profite au maximum des ces moments privilégiés.

Après les Suisses, c'est au tour du Ferrari Club Belgique d'arriver en force avec pas mal de modèles moins cotés mais superbes.

       

En repassant devant chez Toni, j'arrive pile au moment ou un employé ressort la F40 pour sortir un autre véhicule. C'est mon jour de chance, je fais une beau photoshoot avant d'attaquer la 330 et les deux Testarossa qui sont garées le long de l'atelier.

       

J'ai aussi la chance de pouvoir contempler de plus près la Maserati Granturismo

14H, il est temps de prendre la chambre d'hôtel. Sur le chemin, chargé comme un baudet, je tombe sur une magnifique Enzo qui semble m'attendre.

L'après midi est marquée par un vrai festival de F40 et des voitures les plus exclusives, je suis aux anges.

       

       

       

       

Pardon, je parlais de festival F40, autant illustrer

       

       

       

       

       

       

       

encore? encore!

       

       

       

cruising cheveux au vent en 275, que demander de plus?

Célébrités locales, Toni de Toni Automobili et la Testarossa du propriétaire du magasin Hors Ligne

       

Les belles anciennes rejoignent les unes après les autres l'usine qui les a vues naitre il y a bien des années pour un concours d'élégance interne qui précède la deuxième parade en direction de Modène.

       

       

       

       

       

       

D'autres voitures sont déchargées directement de semi-remorques pour prendre part à la fête

       

Après un court retour à l'hôtel je rejoins de nouveau l'entrée de l'usine vers 19H30 pour voir partir les stars vers Modène. Superbe spectacle pour les yeux et les oreilles, moins pour le nez car les nuages de fumée blanche sont assez impressionnants ;o)

       

       

       

       

       

       

       

       

 

Ah, les belles Italiennes!

Dernière surprise de taille en cette fin de journée: alors que je ne vois quasiment jamais de Ferrari vers chez moi, je découvre pas moins de deux voitures immatriculées dans le Doubs, mon département. Il faut que j'aille en Italie pour les découvrir.

Ultime  coïncidence, l'une d'elle est une 599 GTB noire avec les étriers de freins jaunes, la copie conforme de celle que j'avais vue en octobre immatriculée à Genève, et garée à un mètre près au même endroit exactement: devant le Ristorante Cavallino. La vie est parfois faite de heureux hasards.

       

Je ne sais pas ce que me réserve la journée de demain, sûrement de nouveaux sujets d'émerveillement et d'étonnement (on annonce plus de 1000 voitures) mais je m'estime très chanceux pour cette première journée. Bien que Maranello ne soit pas si grand, je me suis souvent trouvé au bon moment au bon endroit, en particulier pour les F40 qui étaient un de mes objectifs prioritaires. C'est certes bien peu de choses par rapport au rassemblement de plus de 40 d'entre elles a Silverstone pour leur 20 ans mais ça suffit largement à mon bonheur. Très satisfait donc pour mon premier vrai rassemblement massif du cheval cabré. La suite demain...

Oh, une dernière chose pour récompenser ceux qui vont jusqu'en bas des pages, ma photo préférée de la journée, acquise de haute lutte au télé-objectif après une longue attente pour que personne ne soit dans la ligne de mire

 

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