Retour

Après une première édition prometteuse l'an dernier, le Concours d'Elégance Suisse revient au Château de Coppet, au bord du Lac Léman, pour confirmer son bon départ, tout en célébrant le quatre vingt dixième anniversaire du concours genevois qu'il entend faire revivre. Cette année, Mathias Doutreleau, à l'origine de cette renaissance, a décidé de mettre en avant les années juke-box, de 1945 à 1960, tout en fêtant les 90 ans des Mille Miglia et les 50 ans d'AMG. Parmi les autres spécificités, une préférence est donnée à l'authenticité et à l'originalité dans la sélection des participants. J'ai également entendu le speaker parler de liens avec la Suisse exigés pour chaque voiture, mais sans retrouver cette exigence dans le programme officiel. En tout cas, le plateau 2017 devrait approcher des 100 voitures.

Cette année le rallye proposé aux participants a lieu le vendredi, et non plus le samedi matin. J'ai vu quelques superbes images avec les vignes et le lac en fond, qui me font presque regretter. En tout cas les participants semblent avoir joué le jeu. Pour ma part, je démarre tranquillement de la maison à 07h00 le samedi, un luxe, pour arriver sur place un peu après 09h00. Ici pas de pression du chronomètre comme à la Villa d'Este. Les voitures sont installées, pour la plupart depuis hier et elles ne sont pas prises d'assaut.  La première chose que je remarque en arrivant est que la tente d'hospitalité ne masque plus le château mais a été rejetée sur le coté. Même si le Château de Coppet n'est pas des plus impressionnants, il fera toujours un bien meilleur décor qu'une tente blanche. Une très bonne idée donc!

La journée ne présente pas de moment fort particulier: pas de parade par exemple, et les prix ne seront remis que demain. Donc bien que j'aie fait de nombreuses fois le tour des pelouses, je vais reprendre les engagés un par un, classe par classe. Mais si vous le voulez bien, nous allons commencer par le tour des partenaires, qui se sont donnés du mal. A commencer par le garage Zenith qui a carrément apporté une 250 California LWB, le châssis 0965GT

       

       

En plus d'une Lusso.

       

Le garage Carugati, bien connu des spotters, est venu avec une Porsche 959.

       

Non loin, voici une 356.

Ici une Lagonda 2 Litre, châssis 9711, qui n'est autre que le prototype des versions compressées.

Aston Martin présente cette superbe DB4

Côté Rolls Royce

       

bel effort également, avec notamment la Wraith Bespoke "Inspired by music", capable d'envoyer 1300 watts.

       

Et une Bentley

Quelques voitures plus modernes sont également exposées, comme cette Pantera

cette Spyker

       

ou cette 512 TR.

Cela dit tous les partenaires ne vendent pas des voitures.

       

Allez, on attaque?

       

La Classe A1 s'intitule "les Années Juke Box 1945 - 1960, Marques Américaines". Voici d'abord une Oldsmobile 442 Coupé de 1965, engagée par Guillaume Gerig-Godard

       

Cette AC Cobra Mk II de 1964, engagée par Sioux Automobiles, reçoit le Prix du Jury Honoraire, remis à l'automobile ayant été présentée officiellement au Salon Automobile de Genève. Je suppose qu'il s'agit du modèle et non de cet exemplaire spécifiquement.

La Chevrolet Corvette Cabriolet 1961 de Jacques Vidal Ostersetzer remporte le Prix du Cercle des Passionnés, remis pour une automobile vendue neuve en Suisse et toujours dans la même famille depuis sa première immatriculation.

       

Cette Lincoln Premiere coupé de 1957 permet à Rainer Eberle de remporter le premier prix.

Ici une Cadillac Series 62 Cabriolet de 1953, par Mick Dawidowicz

Une Chevrolet Bel Air Nomad de 1956, apportée par le Garage Speedy

Et enfin cette Chevrolet Cameo Pick Up de 1956, par Roland Tubbesing, qui prend la deuxième place de la classe.

       

En opposition, la classe A2 présente "les Années Juke Box, 1945 - 1960, Marques européennes, Carrosseries fermées". Avec d'abord cette Bentley Continental Type R engagée par la Fondation E et C.R, qui remporte elle aussi le Prix du Cercle des Passionnés. Elle prend également la deuxième place de la classe.

Une Salmson 2300S par Chapron de 1956, présentée par Keith Bowley, châssis 85213.

       

Une Porsche 356 A de 1956, par Christian Rochet

       

Une Bentley S1 de 1957, châssis BC17LAF, issue de la Collection Kauai

                        

Ici une Alfa Romeo Giulietta Sprint de 1958, présentée par François Sallin.

Cette Facel Vega HK500 portant le numéro de châssis HK J1, offre la victoire de classe à Nicolas Gagnebin.

       

Et voici une Bentley T1, présentée par Ulrich Wilhelm Quasniewski.

       

Sans surprise, la classe A3 s'intitule "les Années Juke Box, 1945 - 1960, Marques européennes, Carrosseries ouvertes"

et comprend la Mercedes-Benz 190 SL de Laurent Delifer

La Porsche 356 A Speedster de Jack Lowe, en rouge, et celle de Jean Luc Papaux, qui remporte cette classe, en gris.

       

Une deuxième 190 SL, engagée au nom de la Global Car Collection, du Koweit. Elle s'adjuge le deuxième prix.

       

Oh, bonjour, Sir Jackie Stewart!

Voici ensuite une Simca 8 Sport Cabriolet Facel Metallon présentée par Marc Caveng

       

       

Une étonnante Panhard Dyna X84 Ghia Aigle de 1948, proposée par Robert Haldi

       

       

Et enfin cette Delahaye 135M Roadster par Figoni et Falaschi, châssis 47420, engagée par Jacques Dayez. Elle ne remporte aucun prix, payant sans doute ainsi le fait d'être une reconstruction à partir de quelques tubes de châssis retrouvés sous forme de remorque agricole.

       

       

       

       

Je ne sais pas si cette Alfa Romeo Giulia Spider fait partie du concours mais c'est assurément l'une des voitures que je préfère sur les pelouses aujourd'hui.

       

La Classe G2 regroupe les "Sportives d'avant 1940", avec d'abord cette Avions Voisin C23 Cabriolet par Graber, présentée par Piet Janssen.

       

       

Les juges sont à pied d'œuvre.

       

A ses côtés, cette Mercedes-Benz 380 Spezial Roadster, châssis 95289, engagée par la Collection Saulius Karosas. Elle est habillée d'une carrosserie unique par Erdmann & Rossi, dans le but de prendre part à des compétitions, et remporta sa catégorie dans la course Schaumberg - Lippe. Ici aussi, elle remporte la classe G2. J'ai déjà vu cette voiture à la Villa d'Este et à Chantilly et pourtant je n'en garde aucun souvenir. Je crains qu'elle ne soit un peu trop discrète pour moi (par opposition à une SSK par exemple)

       

       

Cette Alfa Romeo 6C 2300 GT Cabriolet Pinin Farina est présentée par Christophe Gardner. Il s'agit à priori du châssis 700446, qui fit partie de l'écurie de Benito Mussolini. Confisquée en 1943, elle fut ensuite utilisée par le Général Eisenhower (ou son staff), avant de servir au consulat britannique. Elle fut redécouverte en 1997, avec sa carrosserie d'origine et n'a que rarement été montrée au public.

       

Star incontestée des plus grands concours d'élégance, voici une Lancia Astura Bocca Series III Cabriolet Pinin Farina. Celle ci, présentée par Anthony MacLean, porte le numéro de châssis 33-3287 et se classe deuxième.

       

       

Elle remporte également le Prix FIVA de la meilleure préservation.

       

La petite bleue est une MG TB Monaco de 1939, au nom de Philippe Hahn

       

Et non des moindres pour terminer, cette Talbot Lago T120 Baby Sport, châssis 92344, présentée par Piet Janssen

       

       

       

Après le petit raté de l'an dernier, la Classe B1 revient sur les "Hispano Suiza" et cette fois, c'est du lourd.   Voici d'abord la K6 Vanvooren 1937 de Martin Waltz, vainqueur de classe.

       

Une autre K6 Vanvooren 1936, châssis 15112, celle de Michel Brotel

       

Une imposante J12 Coupé Chauffeur 1935, au nom de Jean-François Binggeli

       

Voici ensuite une K6 Saoutchik 1932 issue de la Collection Kauai

       

       

Et enfin la H6B Torpedo Kellner 1922 d'Eric Pache qui s'adjuge le deuxième prix.

       

L'heure du Jugement à sonné.

       

Les juges sont très pointus et posent de nombreuses questions du genre "_ cette pièce là devrait être noire, comme se fait il qu'elle soit d'une autre couleur ici?". On comprend le stress des propriétaires qui ont l'obligation de connaitre leur voiture sur le bout des doigts.

       

Avant de passer de l'autre coté du bassin,

il est l'heure de se sustenter un peu, et surtout de s'hydrater. Un excellent buffet est à la disposition de tout le monde, gratuitement et à volonté.

       

Un groupe de chanteuses vintage a pris possession d'une estrade pour mettre de l'ambiance.

       

Très sympa!

               

Pendant ce temps, Max Girardo arpente les pelouses.

       

Le ciel de Coppet commence a être encombré.

Allez, reprenons avec la classe G4: "Berlines avant 1940".

Voici d'abord une Lancia Artena Ministeriale Series IV 1940, châssis 1005, présentée par Marci Pilloud

       

La Bentley 3.5 Litre Sports Saloon Park Ward 1935 de David-John & Carolyn Twaites

       

Et voici l'Avions Voisin C25 Aerodyne 1935 de la Fondation Hervé, châssis 50002, qui s'adjuge non seulement la victoire de classe mais aussi le Best of Show. Une victoire amplement méritée à mes yeux pour cette voiture atypique, aérodynamique avant l'heure, un peu comme les Tatra. Le chiffre de production varie entre 6 et 8 selon les sources.

       

       

       

       

La deuxième place de la classe revient à la Citroën Traction 11A de Fabrice Lachavanne

       

La classe F1 est très prometteuse, puisqu'elle célèbre le "90ème anniversaire des Mille Miglia". Voici d'abord la Fiat 500C Belvédère de Sebastien Bottinelli, qui a pris part à l'épreuve en 1954

       

       

Pas d'informations sur la réelle participation de la Jaguar XK120 SE OTS de Charles Antoine Vienot, qui prend la deuxième place de la classe.

       

Idem pour l'Austin Healey 100/4 BN1 de Dider Genecand

Finalement la seule voiture qui sorte vraiment du lot dans la classe est la Ferrari 735 S, châssis 0556MD, de François Schaeffer. Elle remporte d'ailleurs le premier prix. Cette voiture a commencé sa vie sous l'identité 0446M, abandonnant au Tour de France 1954 mais remportant une course à Barcelone. En 1955, elle retourna à l'usine et fut renumérotée 0556MD, sans doute pour éviter des taxes à la 500 Mondial qui passa de 0556 à 0446. La voiture ici présente a fait un séjour dans la collection du Mas du Clos mais elle s'est faite très discrète ces dernières années. C'est donc un bel exploit que d'être arrivé à la faire sortir. Finalement son seul défaut est de n'avoir jamais participé aux Mille Miglia...

       

       

       

J'avoue, je me suis pas mal concentré dessus.

       

       

       

       

Suite au désistement du propriétaire d'une 250 LM et d'une 212 Export, la classe C "Ferrari" fait un peu grise mine. Elle est remportée par la Ferrari 365 California Spider de William Heinecke, châssis 9849.

       

       

J'ai croisé plusieurs fois des 365 California depuis le début de l'année, dont celle ci, mais c'est la première fois que je vois les phares d'appoint escamotables sortis.

       

Deuxième place pour la 365 GTC/4, châssis 15851 de Lucien François Bernard.

Egalement présente une paire de 250 GTE, châssis 4603GT de Stéphane Bottinelli et 4787GT de Roger Gloor

       

et une 288 GTO, 57231. C'est quand même une déception.

       

Tant pis, passons à la classe G1 "Sportives avant 1930" avec d'abord la Bugatti Type 43 Grand Sport de Hans Matti, châssis 43310

       

Puis la Bugatti Type 44 présentée par Jean François Martin, châssis 441074

       

La Minerva AK Skiff par L&D Martin Walter, châssis 57360, présentée par la Fondation E et C.R prend la deuxième place de la classe.

       

       

       

       

Ici la Lancia Lambda Decapotable de Pierre Favrod Coune.

       

Et la classe revient à la Rolls Royce Silver Ghost par Barker de Charles Howard, châssis 22NK.

       

Une autre classe prometteuse, la D1, consacrée aux "Carrosseries Italiennes". On commence avec cette Alfa Romeo 1900 C Sprint Pinin Farina, présentée par Antonio Carrisi

Une Fiat 600 Rendez Vous Vignale, présentée par Sebastien Bottinelli

J'avoue un gros faible pour la Fiat 8V Coupé Vignale de Manfred Schweri, châssis numéro 000046. Deuxième de classe, elle emporte également le Prix de la ligne pour le dessin de carrosserie le plus gracieux.

       

       

Voici ensuite une Alfa Romeo 1900 SS2 Zagato par Antoine Garreau.

       

C'est la Lamborghini 350 GT d'Ermano Keller qui remporte la classe. Une voiture remarquable à plusieurs titres: il s'agit de la sixième voiture jamais construite par Lamborghini et l'une des seules, sinon la seule, à conserver une place arrière en position centrale, ce qui en fait une 2+1. A priori seuls six exemplaires ont été produits avec cette configuration très spéciale.

       

Voici ensuite une remarquable Lancia Flavia Sport 1.8 Zagato par Christian Robin

       

Une Simca 1000 Coupé Bertone, présentée par Francesco Veleno

       

Et enfin cette Aston Martin DB5 Convertible, engagée au nom de Thilo Martin.

       

Les trois dernières classes m'ont beaucoup moins intéressé mais peut être en sera-t-il différemment pour vous. Voici d'abord la G3, "Sportives de 1960 à 1975". La gagnante est cette Jaguar Type E série 1

Devant la Mustang Shelby GT500, en bleu à droite de la GT350

       

Elles sont accompagnées de cette Corvette.

Une Stratos et une Fulvia pour les Lancia

       

Une Porsche Carrera RS 2.7

Pour une raison que je ne saurais expliquer, cette 911 E remporte le Prix du Public.

Et voici la réplique de la première Ford GT40, châssis GT/101, tel que le modèle fut présenté à la presse en 1964. La voiture fut détruite au Mans par Jo Schlesser et le dessin des GT40 évolua radicalement par la suite. Cette voiture ne cache pas sa nature, sa plaque de châssis affichant clairement le "R" qui fait parfois défaut, et comme me dit Peter, c'est le mieux que l'on puisse voir concernant ce modèle disparu. Il a du sentir que j'avais besoin d'être convaincu.

       

       

       

La classe H s'appelle "Futures classiques de 1975 à 1985" mais elle pourrait tout aussi bien être baptisée Remplissage de mon point de vue. On y trouve une Aston Martin Volante, une Audi Quattro

       

Une Renault 5 Turbo 1, une BMW 323 i

       

Une Mercedes-Benz 450 SLC et une 380 SL

       

une Datsun 280 ZX

Une (ou plusieurs) Porsche 911 Targa, une Ford Capri

       

Une Lotus Elite

       

et deux Corvette. A peu près ce que je peux trouver le premier dimanche de chaque mois au rassemblement local de voitures anciennes.

       

La dernière classe est plutôt surprenante, et pas seulement parce que les deux tiers des voitures sortent de la même collection privée. Voici donc l'alignement qui célèbre le "Cinquantième Anniversaire d'AMG"

La ligne commence avec la Pagani la plus poussiéreuse que vous ne verrez jamais.

Une 190 E 2.5-16 Evo II

       

Une très belle AMG 500 SEC

et une 560 SEC Hammer. C'est un peu dommage que toutes les voitures soient le long du bois, dans l'ombre et à la merci de tout ce qui tombe des arbres, plutôt que dispersées au milieu de la grande pelouse vide juste devant. Ca ne donne pas vraiment envie de faire des photos.

Une E60, des SL et une 560 SEC

       

600S

       

Une 300 CE

       

J'aime bien cette 500 SEC 5.4

       

       

Bien, il est temps d'aller voir un peu ce qui se passe hors des murs. Un dernier coup d'œil à mes chouchoutes

       

et au revoir!

Me voilà dans la rue, que je suis jusqu'au parking VIP.

       

J'y trouve cette Bentley, une Bristol un peu Rat

       

Des Ferrari, des BMW

       

Une Lotus Esprit

et une McLaren P1

Parmi les partenaires, Rolls Royce offrait aux médias de faire un essai d'une heure à bord de leur modèle mais je n'ai pas donné suite.

Aston Martin est venu avec quelques voitures aussi.

       

Et il faut quand même que j'aille voir le lac. C'est à deux pas.

       

Vu la chaleur, je ferais presque trempette moi aussi.

En remontant, je suis doublé par la McLaren mais hélas son propriétaire l'a laissée en position haute. Bouh, je déteste quand ils font ça.

       

Voilà! Le Concours d'Elégance Suisse semble lancé sur de bons rails, avec un plateau en hausse par rapport à son édition inaugurale, en particulier pour les voitures d'avant guerre. Si le vivier de voitures classiques est important en Suisse, il est sûrement très difficile de convaincre des propriétaires qui préfèrent pour la plupart la discrétion. Et c'est encore plus vrais pour les français pour qui les signes de richesse sont dissimulés comme une maladie honteuse. Mathias Doutreleau a donc réalisé un bel exploit, même si certains indices montrent encore une certaine fragilité, comme les gros écarts entre la liste des participants inscrite dans le programme et la réalité, ou le nombre de voitures issues des même collections. Nul doute que tout ça va se consolider au fil des années, au fur et à mesure que la réputation du concours augmentera. Et je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas: le cadre est agréable et prestigieux, les juges sont expérimentés, les premiers VIP sont déjà là. Il sera très intéressant de suivre l'évolution du concours au fil des années: ce n'est pas tous les jours que l'on peut assister à la (re-) naissance d'un futur grand. Et dans quelques éditions, tout le monde rigolera en se souvenant que les pelouses ont jadis accueilli des Ford Capri et des BMW 323i.

Libre à vous de quitter cette page par ici si vous avez terminé la consultation du site. A bientôt


Retour