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Cet été s'annonçait bien, il aura été véritablement exceptionnel: le mariage s'est parfaitement bien déroulé, j'ai eu la surprise d'un baptême en 599 GTB Fiorano inoubliable et Le Mans Classic a dépassé de loin mes attentes les plus optimistes. Pour clore ce mois de juillet en feu d'artifice, je reçois un mail mardi soir m'indiquant qu'un propriétaire va chercher le lendemain sa Ferrari laissée en révision chez Modena Motors à Mulhouse  et que le baquet passager est libre si je suis disponible.

Dans ce genre de cas, il ne me faut pas longtemps pour poser une demi journée de congés et nous nous donnons rendez vous à midi à la gare pour prendre le train. Nous profitons des deux heures trente de voyage pour échanger sur notre passion commune: pas de problèmes pour trouver des sujets de conversation. Arrivés en gare de Mulhouse, la concession nous a fait l'honneur de venir nous chercher en Maserati Quattroporte (ce qui est apparemment inhabituel). L'occasion pour moi de détailler la voiture depuis la place arrière: les finitions sont de bonne qualité, c'est luxueux mais sans plus. Le trajet ne me permet pas de juger des qualités du moteur et j'ai toujours du mal avec le grondement des boites automatiques. Les suspensions sont un peu raides pour pouvoir qualifier la Quattroporte de limousine. En tout cas, les tridents en relief sur le cuir des appuie têtes apportent un plus non négligeable pour les amateurs de belles Italiennes.

Une fois à la concession, je suis surpris du nombre de voitures qui stationnent sur le parking. Sur le devant, notre taxi

une magnifique Granturismo blanche jantes noires et une Gransport bien agressive avec ses vitres fumées et ses étriers jaunes. Encore une voiture Doubiste totalement inconnue. 

         

Sur le coté, une 360 Spider bleu nuit et une 355 rouge côtoient une superbe Testarossa. Les roues à écrou central et le rétroviseur unique à mi chemin du montant du pare-brise trahissent une première série.

       

Sur l'arrière, deux Modena spiders sont sagement rangées cote à cote, auprès d'une autre sublime Granturismo noire avec des jantes anthracites. Je crois que j'aurai vu les deux plus belles combos de couleur de cette voiture aujourd'hui. Encore qu'avec cette ligne exceptionnelle, on ne sait jamais.

Et la meilleure pour la fin: au bout de la rangée trône la Scuderia. C'est impressionnant à quel point la ligne de la F430 est transfigurée par des jantes sombres, un bouclier avant remodelé et ces pots d'échappement énormes. Son agressivité en semble décuplée.

       

Pendant que mon hôte règle les derniers détails, j'en profite pour faire le tour du "cockpit". Ferrari a tout fait pour que l'intérieur de sa bête de piste soit typé course, et çà marche, l'atmosphère à l'intérieur est incroyable: carbone et alcantara sont omniprésents. Sur le tableau de bord, une plaque en carbone confirme le pédigrée de la voiture.

 

Au sol, l'aluminium est omniprésent en guise de tapis de sol et pour le repose pied et le pédalier. Ici, les soudures du châssis sont recouvertes de tissu mais il s'agit d'une option, il est possible de les laisser apparentes.  

Les intérieurs de portes sont à l'avenant, tout en carbone et à peine moins dépouillés que ceux de la F40 dont les portes s'ouvraient initialement en tirant sur un câble.

  

Le volant est superbe; alcantara cuir et carbone avec les diodes indiquant le régime moteur. Sur ce celle ci, les palettes de passage de vitesse ont été changées pour des palettes Challenge plus longues et donc plus accessibles quelle que soit la position du volant. L'écran digital a été abandonné pour revenir aux traditionnels compteurs et les options d'assistance offertes par le manettino ont été adaptées au caractère extrême de la voiture.

 

Parés au départ, je me glisse dans le siège baquet ultra enveloppant et ce n'est pas sans émotion que je boucle le harnais: rien de tel pour se mettre dans l'ambiance, qui est vraiment à l'opposé de celle plus cossue de la 599. Le moteur démarre dans une explosion rageuse.

 

Première étape, la pompe à essence. Le moteur donne de la voix à la moindre sollicitation de l'accélérateur. En me retournant (ce qui est impossible avec le harnais qui maintient fermement contre le siège) je peux voir le moteur juste derrière mon dos: une trouvaille esthétique géniale et qui fait un effet incroyable. Evidemment c'est encore mieux pour le conducteur qui l'a en permanence dans le rétro central. De quoi oublier de regarder devant soi. 

        

Vers 15h30, nous entrons sur l'autoroute. Les suspensions sont bien sûr très fermes, de même que le siège dont le rembourrage est très mince mais la voiture reste tout de même confortable. A 110 km/h, la position très basse et le bruit omniprésent du moteur donnent déjà une impression de vitesse très convaincante. En revanche, en arrivant vers 130 km/h, en sixième, le bruit s'adoucit et ne constitue plus du tout une gène. La brute sort ses pattes de velours et se fait discrète. La sensation de vitesse est atténuée. 

La cohérence chronologique de mon récit m'oblige à avouer que nous avons du faire demi tour au bout d'une dizaine de kilomètres car la climatisation ne semblait pas très performante. Mais bon, il y a pire que de se retrouver coincé pendant deux heures dans une concession Ferrari, je peux vous l'assurer !

Il est donc près de 17h30 quand nous reprenons l'autoroute, une fois le désagrément réglé. A régime normal, les passages de vitesse se font sans à-coup: on ne sent absolument rien. En revanche, quand les gaz sont lâchés à fond en quittant le péage, les passages de rapport ultra rapides se font sentir. Avec 100 chevaux de moins que la 599 mais un poids inférieur, les sensations sont très différentes de celles de la Fiorano. La Fiorano enfonce ses passagers dans le siège, peut être en partie parce que l'avant de la voiture se cabre à l'accélération alors que la Scuderia propose une accélération plus linéaire et un peu moins impressionnante. Encore que ça pousse très très fort jusqu'à 200 km/h, après quoi il est plus raisonnable de relâcher l'accélérateur.

L'un des points les plus surprenants pour moi aura été l'étendue de la gamme de vocalise de l'échappement: à chaque régime moteur, la Scuderia chante un air différent. Ralenti rageur, bas régime discret, chaque pression sur l'accélérateur déclenche un hurlement tonitruant et rauque, montant au fur et à mesure vers l'aigu. Saisissant et enthousiasmant !

Evidemment sur l'autoroute, même une Ferrari peut se montrer trop régulière pour être réellement amusante. Seul remède, jeter un œil dans le rétro en carbone pour découvrir les larges épaules rouges et l'ouïe de refroidissement: on se rappelle alors parfaitement où l'on est.

 

Une fois passées les grandes agglomérations industrielles de Sochaux Montbéliard, nous quittons l'autoroute pour finir le trajet sur la route plus agréable et sinueuse qui suit le Doubs. Il est temps de baisser les vitres et de profiter du chant du V8. La Scuderia colle à la route, passant les virages serrés à une vitesse stupéfiante et sans jamais bouger: la voiture ne prend quasiment aucun roulis, elle est littéralement collée à l'asphalte. Les dépassement s'effectuent sans problème en sixième mais quand l'un d'eux demande un peu plus de punch, un rétrogradage express de deux rapports permet d'oublier l'obstacle en moins de deux secondes: incroyable.

Bien sûr, la Scuderia, plate, rouge et grondante ne laisse personne indifférent. Prise en photo, coursée à pied dans un village, elle ne fait pas non plus l'unanimité quand un automobiliste pourtant croisé à 40km/h dans un village nous fait un signe pouce en bas. Bon. Elle excite aussi par ses performance quand à l'entrée d'une double voie un motard nous fait signe de mettre les gaz. La Scuderia ne se fait pas priver et soutient presque l'accélération du gros cube jusqu'à près de 200. Malgré ces anecdotes, je tiens vraiment à affirmer que la voiture est très amusante et donne des sensations très intenses à des vitesses quasiment légales (110 km/h), en particulier dans les enchainements de virages qui sont son terrain de jeu préféré. Pas besoin d'être un danger public pour s'amuser en Ferrari, même si il n'y a que sur circuit que le réel potentiel de la Scuderia pourra être exploité (partiellement pour tous ceux qui ne sont pas Michael Schumacher).

Malgré le plaisir énorme procuré par le voyage, me voilà presque dépourvu de photos pour vous le raconter. Le temps file et je n'avais pas prévu de rentrer aussi tard. En plus, nous n'arrivons pas à trouver au bord de la route un emplacement digne de la voiture. Nous passons à regret devant une friche industrielle dont le portail est cadenassé. Courageusement, mon chauffeur finit par s'engager sur une petite route au bord du Doubs, où il est quasiment impossible de croiser une autre voiture mais là encore, nous faisons chou blanc: la pisciculture dont les bâtiments historiques sont superbes à déjà fermé ses portes. Heureusement, juste avant d'arriver à Besançon, nous tombons sur l'aérodrome de Thise où nous décidons d'aller faire un tour. Après une courte négociation, le responsable du site nous autorise très gentiment à installer la Scuderia devant ses hangars pour une séance photo. Il est plus de 19 heures, le soleil est déjà bas ce qui limite les angles de prise de vue mais le bleu du ciel est plus profond.

       

       

Pour être honnête, je ne sais pas ce que j'ai fabriqué avec les réglages de l'appareil, dans la précipitation et l'émotion du moment mais je trouve la qualité de mes clichés assez éloignée du potentiel offert par l'endroit. Cela vient peut être aussi du fait que je suis un éternel insatisfait (en tout cas dans ce que j'entreprends). Du coup, j'ai pas mal manipulé les fichiers RAW pour obtenir des rendus intéressants à défaut d'être naturels. En tout cas, un grand merci au gérant de l'aérodrome pour nous avoir autorisé l'accès à ce photoshoot très original.

          

       

        HDR 

Au bout d'une demi heure, il est temps de mettre un terme à ce nouvel après midi de rêve et de rentrer donner le bain. Mille mercis à mon pilote d'avoir pensé à moi pour ce voyage, de m'avoir fait confiance et d'avoir eu la patience (et le goût du risque) de chercher un spot valable pour les photos.

Pour conclure et puisque j'ai eu la chance aussi énorme qu'inattendue de rouler à trois semaines d'intervalle dans une 599 GTB Fiorano et dans une Scuderia, les deux derniers modèles commercialisés par Ferrari, je suis bluffé par la complémentarité des deux modèles. La 599 est assez bourgeoise, tout en cachant un tempérament de feu et des accélérations diaboliques: c'est la GT par excellence, utilisable au quotidien à Monaco ou à Dubaï où son apparition ne provoque pas trop d'émoi. La Scuderia est une brute, taillée pour la piste tout en restant capable de se rendre sur le circuit sans fatiguer son pilote: une digne héritière des Ferrari classiques qui offraient le même genre de polyvalence à leurs gentlemen drivers. Son aménagement intérieur ne vous permet jamais d'oublier que vous êtes dans une voiture qui n'a pas de concurrente sérieuse à ce jour. La combinaison de ces deux voitures assure à son propriétaire de profiter d'un extrême à l'autre de toute l'étendue des plaisirs offerts par les voitures sportives contemporaines.  

 

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