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Chaque année, la saison des Ferrari Days s'achève en apothéose sur un circuit Italien. C'est l'occasion pour Ferrari de réunir les différents Challenge: F430 Européen et Italien, Historique mais aussi les FXX et les F1 du département Corse Clienti. La Scuderia en profite également pour célébrer la fin de la saison de Formule 1. Cette année encore, c'est le circuit du Mugello, près de Florence, qui a été choisi, ce qui est assez logique puisqu'il appartient à la marque.

C'est probablement la dernière sortie d'une année exceptionnelle donc je vais essayer de finir en apothéose. Le circuit du Mugello est situé non loin de Florence, capitale de la Toscane et haut lieu de la Renaissance. C'est en allant là bas en vacances en avril 2006 que j'avais vu le panneau Maranello sur l'autoroute et que nous étions allés visiter la ville et la Galleria, ranimant ainsi la passion dont vous avez désormais le résultat sous les yeux.  

Comment négliger cette opportunité de passer quelques jours dans le triangle d'or de l'automobile autour de Modène? J'ai donc prévu de partir le mardi soir pour arriver à Maranello le mercredi matin, passer deux jours à observer les California en environnement naturel, aller voir à Sant'Agata Bolognese l'usine Lamborghini et à San Cesario sul Panaro l'usine Pagani. Programme chargé avant de prendre la route du Mugello. Je ne sais pas si j'aurai suffisamment d'énergie pour vous ramener quelques images de la superbe architecture Florentine.  

Il n'y a pas que le programme qui est chargé. Plus ça va et plus mes voyages prennent des allures de véritables expéditions. La matériel photo est déjà de plus en plus encombrant, auquel s'ajoute l'ordinateur portable pour stocker les photos et commencer le compte rendu. Pour cinq jours, je vais devoir partir avec un disque dur d'appoint. On sera en novembre donc pulls et poncho dans la valise, et sac de couchage car il y aura au moins une nuit dans la voiture. Mais la nouveauté qui prend le plus de place, c'est l'escabeau. Depuis que les grilles de protection du circuit de Fiorano ont été changées, prendre des photos est devenu assez compliqué. Avec l'escabeau, je devrais pouvoir passer assez facilement au dessus des barrières. On verra bien. 

Au moment de partir, un peu de stress: on est au mois de novembre et depuis le changement d'heure, la nuit arrive a une vitesse inquiétante, surtout si le ciel est couvert. Et la lumière est le nerf de la guerre pour ramener de belles images. Deuxième inquiétude, il me faut passer les Alpes, via le col du Grand St Bernard. Cette année j'ai décidé de faire l'impasse sur les pneus neige mais des flocons sont annoncés dès 700m, bien en dessous du point culminant que je dois franchir.  

Départ de la maison vers 19h30, début du voyage sans histoires. A l'attaque du St Bernard, la pluie tombe à torrents. Je garde un œil sur le thermomètre extérieur qui passe de 6 à 1° au cours de l'ascension. Heureusement que  ce n'est pas de la neige qui tombe car je ne pense pas que je passerais. Pour une fois, j'entre dans les longs tunnels avec soulagement.  De fait, une fois du coté Italien, je sors des passages couverts pour découvrir que la route est en partie couverte de neige très mouillée. J'ai beau garder une solide expérience de la conduite sur la neige de mes années dans le Haut Doubs, je ne suis pas très rassuré sans pneus neiges. Au fur et à mesure que je descends, la pluie devient plus forte et nettoie la route mais le brouillard se met de la partie. Impossible de dépasser les 70 km/h durant toute la descente jusqu'à Aoste. Pour le reste du chemin, le GPS me suggère un itinéraire qui me fait éviter Milan, ce qui est une très bonne chose (Alessandria puis Piacenza). La fatigue du passage des Alpes se fait sentir et je dois m'arrêter plusieurs fois pour me reposer. J'arrive finalement à Maranello à 5h30, un temps de voyage catastrophique pour 650 km. Bon, l'essentiel c'est d'être arrivé. J'essaie de dormir un peu en attendant que le jour se lève.

Vers 7h30, la lumière commence à être suffisante. Je me dirige vers l'arrière de l'usine, d'où sortent les voitures pour le rodage. Objectif: voir la California dans un environnement normal. A l'intérieur, je vois une bonne dizaine de voitures mais aucune ne sort dans un premier temps. Je me console avec pas mal de 599, ce qui me convient tout à fait. Celle là, je l'adore. Bon avec les protections anti projections, elle est un peu moins sexy mais tant pis.

       

Tout à coup, surprise, une F40 sort de l'usine, et en plaque "test". Ferrari aurait il, comme pour les Enzo, décidé de re-fabriquer à partir de rien les voitures détruites dans un accident? En tout cas, la F40 me semble un peu jeune pour passer chez Classiche. Toujours est il que c'est une belle surprise. Elle revient au bercail quelques minutes plus tard.

       

Les premières California pointent le bout de leur nez. Etrangement, elles sont toutes en teintes sombres, noires ou anthracites. J'attends encore un peu avant de me prononcer.

       

       

Voilà enfin un peu de couleurs avec les classiques: rouge et azzurro California bien sûr.

       

       

Ici une grise avec des jantes de 612 et une rouge qui devait être bien camouflée

       

Il n'y a qu'à Maranello que certains croisements improbables peuvent se produire:

       

Au bout de deux heures de planque, je décide de changer de place et d'aller voir ce qui se passe sur le circuit de Fiorano. En chemin, je passe devant l'atelier de Toni Automobili devant lequel est stationnée une F40 en moins bonne forme que celle de tout à l'heure.

Je prends la voiture pour aller me poster dans l'impasse qui donne sur le circuit. Il est temps de sortir l'escabeau. Mauvaise surprise, il est trop petit. Ces nouveaux grillages sont vraiment immenses. Même debout sur la planchette la plus haute, mes yeux arrivent à peine au dessus du retour.

Pas facile pour shooter, surtout quand on aime pas trop les hauteurs comme moi. Je fais de mon mieux pour photographier une mule qui tourne sur le circuit, avec d'étranges appendices de refroidissement et une carrosserie de F430 découpée un peu à l'arrache au niveau des passages de roues. On pêut noter d'autres détails comme le capot avant modifié et surtout un triple échappement qui laisse échapper un bruit beaucoup moins caverneux que les F430. La prochaine supercar est elle en préparation? Espérons le.

       

       

C'est la seule voiture qui tourne en ce moment. Je suis prêt à m'en retourner quand je vois une Scuderia arriver vers l'entrée du circuit. Au moment où elle tourne, je m'aperçois que celle ci aussi est une voiture de développement ! Pas d'ouïes sur celle ci mais des ailes légèrement élargies et d'affreuses jantes dépareillées.

Je décide d'aller me poster au rond point qui se trouve vers le parking des ouvriers où quasiment toutes les voitures sont obligées de passer pour partir et revenir de roulage. Le point idéal. Evidemment, je ne m'y rends pas directement mais je fais la ronde des points sensibles au cas où. Justement, devant une libraire automobile, Formula 1 Shopping, je découvre ma première Nissan GT-R en liberté. Cette voiture est vraiment agressive, pas comme... bref, on verra plus tard. J'entre dans le magasin ou deux personnes sont en train de filmer. Apparemment ils préparent un reportage sur la ville. Je ressors sans rien acheter, effrayé par les prix.

       

En sortant, je tombe sur une F430 spider couleur crème inhabituelle mais très seyante.

Au moment où je m'installe près de mon rond point, la F40 surgit sur les chapeaux de roues.

       

Puis c'est le défilé: 612 One to One (calandre avant) immatriculée à San Marin,

612 avec des jantes de California, bof: jantes Challenge sinon rien !

Les femmes aussi sont qualifiées pour le plus beau métier du monde: être payé pour conduire de Ferrari toute la journée

encore la F40, miam,

La GT-R qui s'arrête pour faire des plans du cheval cabré qui orne le rond point puis fais quelques passages un peu vifs pour la caméra,

       

des carrosseries de F430 qui partent en retouche chez Zanasi

et bien sûr des California de toutes les couleurs (enfin presque)

       

       

       

Ici une des seules que j'ai vu avec les nouvelles jantes de 20 pouces en option. Nul doute que je préfèrerai celles ci.

Certains des essayeurs sont vraiment sympas, sourient ou font des appels de phares, celui ci à même fait un tour complet de rond point juste pour moi, et un signe de la main. Grand prince !

       

Et une deuxième mule identique à la jaune aperçue plus tôt vers l'entrée de Fiorano

       

Bon il est temps de dire ce que je pense de cette voiture. Dans les premiers essais, tous les journalistes semblent s'entendre pour louer les extraordinaires qualités de la voiture, en tenue de route, moteur et boite de vitesse. En cela elle fait apparemment plus qu'honorer son héritage. Au niveau du look, j'ai toujours du mal avec l'avant. En gros, elle a une bonne bouille. Est ce normal qu'une Ferrari ait une bonne bouille? Je serais tenté de dire que ce n'est pas son créneau mais justement Ferrari s'attaque à une toute nouvelle philosophie et un nouveau marché: la voiture de madame. La California semble parfaite pour attaquer ce genre de cible. Elle fait un beau bruit mais elle n'aboie pas comme la F430. Elle semble bien finie et civilisée. La question est donc: Ferrari est il à sa place sur ce marché? Ce n'est pas à moi d'en juger. Toujours est il que l'œil averti identifie immédiatement une voiture de sport, mais pas nécessairement une Ferrari.

A midi, les allées et venues se calment. J'ai déjà vu pas mal de Cali ce matin donc je décide de profiter de la pause pour bouger. Destination Sant'agata Bolognese, siège du taureau furieux. Le GPS m'y conduit sans encombre. En passant devant l'entrée de l'usine pour me garer, je remarque un attroupement autour d'une voiture. Un attroupement à l'usine ne  peut signifier que deux choses (en tout cas dans mon esprit à ce moment là): Murcielago SV ou Reventon. Je me gare en vitesse et entre dans la cour de l'usine. C'est une Reventon, moteur en marche. Un cadre de Lamborghini est en train de faire l'article, la voiture est immatriculée: il s'agit d'une livraison ! Coup de chance énorme. L'air de rien, je braque mon téléobjectif entre les deux sièges pour essayer d'attraper le numéro de la voiture (/20). Pas de numéro mais une plaque personnalisée avec le nom du propriétaire. Etrange. Lamborghini aurait il décidé de dépasser la marque de 20 initialement prévue, sachant que de hauts numéros ont été livrés récemment?

Peu importe, la voiture s'apprête à quitter l'usine, direction l'Angleterre. Je trottine jusqu'à la porte de la cour pour photographier la belle quand elle prendra la route, image encore plus rare que dans un showroom (ce qui n'est déjà pas courant). Je vous mets pas mal d'images mais c'est sans doute la première et la dernière fois. Je laisse la plaque d'immatriculation car les britanniques dépensent souvent des milliers d'euros pour leurs plaques personnalisées et elles font selon moi partie intégrante de la voiture.

       

       

Vous l'aurez remarqué, l'entrée dans la première cour de chez Lamborghini se fait de façon très détendue. Personne ne demande rien tant qu'on ne va pas plus loin vers le cœur de l'usine. Etonnant par rapport au bunker Ferrari. J'ai donc tout loisir d'approcher trois LP560 stationnées à proximité. Deux blanches et une verte (ENFIN une verte !! superbe!) Les blanches, dont une est estampillée Lamborghini Academy ont déjà bien souffert et son prêtes à retrouver l'atelier carrosserie.

       

       

       

Cela fait, je vais me poster vers la deuxième sortie pour guetter les rodages (un peu comme chez Ferrari) en attendant 14H30 que le musée ouvre ses portes. Bilan plein de blanches, une grise et une verte, ainsi qu'une Gallardo Superleggera. Pas de Murcie en vue. Comme vous pouvez le voir, chez Lamborghini on a vraiment pas envie de devoir faire des retouches de peinture à l'issue d'un essai routier.

       

Quand le musée ouvre, j'entre en même temps qu'un groupe d'allemands en visite. Je fais la mienne à contre sens. Je vous invite? On commence par une Silhouette, présentée en 1976 et construite à 53 exemplaires, il s'agit d'une évolution en version Targa de l'Uracco.

En rouge la 350 GT Touring présentée en 1963 et en gris la 400 GT 2+2, 250 exemplaires également carrossés par Touring

       

Une des stars de chez Lamborghini, sans doute la voiture de la marque la plus emblématique et la plus marquante, la Miura, dessinée en 1966 par Marcello Gandini pour Bertone. Ici en version S de 370 CV.

       

Après la fermeture de al Carrosserie Touring, Ferruccio Lamborghini confia la ligne du nouveau modèle à un ancien de Touring, Mario Marazzi qui créa l'Islero. Mais il était difficile de cohabiter avec la charismatique Miura et seulement 225 exemplaires furent produits

 

L'Espada dont la carrière s'étala de 1968 à 1978 allait devenir le best seller de la marque grâce au design de Bertone et ses 4 places: 1227 exemplaires vendus qui contribuèrent largement à soutenir Lamborghini pendant 11 ans. A ses cotés le LM002, délirant 4x4 de la marque.

       

Ici le premier modèle de Countach, pas encore lesté de ses appendices aérodynamiques pas forcément grâcieux, comme sur cette 25ème anniversaire.

       

L'Uracco est une tentative de construire une voiture plus abordable, pour concurrencer Porsche mais elle n'eut pas le succès de la 911

Ici le Projet 132 présenté en 1986 par les frères Mimram. Patrick Mimram était alors président de Lamborghini mais le projet n'eut (par chance) pas de suite. A coté, le projet 147 dessiné par Marcello Gandini en 1996 pour préparer la succession de la Diablo, mais sans succès.

        

Le projet 140 de 1987 était destiné à devenir une petite Lamborghini avec son V10 de 4l mais le rachat de la marque par Chrysler signifia la fin du projet.

Dans le musée on trouve aussi différentes voitures de courses: Formule 1 et Murcielago GT ainsi que cette bestiale Diablo GTR

 

Et enfin le Concept Miura réactualisé à la sauce moderne, qui était sous bâche lors de ma dernière visite. Il s'agit apparemment d'une maquette mais il y avait de l'idée.

       

Un petit plaisir sur cette photo prise en RAW: j'ai développé l'arrière plan très sous exposé pour faire réapparaitre les détails et je l'ai fondu avec la photo de la voiture à la bonne exposition. Le résultat est sympathique. Si seulement c'était toujours possible quand les voitures sont garées devant de larges baies vitrées dans lesquelles le soleil donne.

Je termine par la Reventon (0/20), ma troisième en peu de temps.

       

En sortant, je m'aperçois qu'une caisse semble avoir été ouverte. Trop honnête, je demande si il y a un doit d'entrée (la fois précédente, je crains d'être entré à l'insu de mon plein gré par l'entrée de service pendant les heures de fermeture). DIX Euros ! Pour ceux qui trouvent que douze euros est un prix trop cher pour la Galleria Ferrari, je dois dire qu'au moins là bas les voitures tournent un peu. Bref, si mon fils savait parler, il dirait sûrement que C trO abusé! Pour cette fois c'est justifié par la présence de la Reventon et du concept Miura que j'avais loupé la première fois mais je pense qu'ils ne sont pas près de me revoir dans le musée. Bref, c'est pas grave.

       

Il est à peine 15H30 et le soleil commence déjà à prendre le chemin de l'horizon. Nouvelle destination dans la boite à itinéraire, San Cesario Sul Panaro. Quarante minutes plus tard, j'arrive comme une fleur à la minuscule usine Pagani. Dans le showroom (qui est aussi le hall d'entrée et le salon de réception), deux Zonda Carbone du plus bel effet.

       

Au moment ou j'hésite à aller récupérer mon trépied dans la voiture, un gros bruit retentit sur le parking. Une voiture de test passablement plastifiée vient d'arriver. Elle est magnifique malgré tout.

       

Pendant que je la photographie, un membre de l'équipe Pagani vient discuter. Je pense d'abord qu'il a peur des photos de cette voiture camouflée et peut être un peu moins bien finie que celles des clients. En fait, on discute pendant un moment, il m'invite dans le showroom pour faire des photos... Je me jette à l'eau et lui demande si ils organisent des visites de l'atelier. Surprise, il n'y a quasiment qu'à demander. Il me tend une carte en me disant d'appeler ce numéro et que ce sera très certainement possible dès le lendemain. Pas de photos pendant ces visites, cela n'est possible que sur rendez vous motivé afin que l'équipe ait le temps de préparer l'usine, principalement en dissimulant les projets en développement. Mais c'est incroyable à quel point çà leur vient naturellement de tout montrer. Mon interlocuteur me rappelle la devise d'Horacio Pagani "_ Nous n'avons rien à cacher". Je suis soufflé. Mon forfait mobile de miséreux ne me permettra pas d'appeler le fameux numéro en Italie mais on me dit de passer le lendemain vers 14h et qu'au pire si le responsable des visites n'est pas là, on arrangera bien un petit quelque chose. Voilà ce qui s'appelle accueillir les passionnés.

       

Encore sous le choc de tant d'ouverture d'esprit, je prend le chemin du retour pour Maranello. Sur le chemin, une des mules s'insère dans la circulation une voiture devant moi. Les bouchons deviennent l'occasion d'essayer de déterminer de mémoire les modifications par rapport à une F430 standard. Hormis les passages de roues élargis, rien qui saute aux yeux sur celle ci. Nous arrivons ensemble à Maranello vers 17 heures. Je suis la voiture jusqu'à Fiorano où une Scuderia fait quelques tours. De toutes façons, la lumière est à l'agonie, on n'y voit presque plus rien. D'ailleurs elle quitte bien vite les lieux.

       

Je pourrais terminer la journée à la Galleria mais il ne me resterait plus grand chose à raconter demain n'est ce pas? Ce sera donc au programme du deuxième jour, sachant que l'essentiel est sûrement déjà dans le reportage sur les 60 ans. Etonnamment, je n'ai vu aucune voiture de "particulier" qui ne sorte pas de l'usine ou d'un atelier. Etrange pour une veille de Finales Mondiales. Il est temps de rentrer à l'hôtel pour débriefer cette journée plutôt riche en coups de chance: GT-R, Reveton, Zonda, pas mal ! Vivement demain !

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