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Bon, si vous le voulez bien, revenons au mardi 04 février, veille du salon Rétromobile à la Porte de Versailles à Paris. Cette année, pas moins de trois ventes aux enchères ont lieu en marge du salon, une de plus que l'an dernier avec l'arrivée de RM. Je n'ai donc pas eu d'autre choix que de prévoir mon déplacement sur deux jour, le premier étant consacré à la mise en place du salon et à RM, le second au salon proprement dit, Artcurial inclus, et à Bonhams. Si pour les deux autres ventes je serai quasiment exhaustif, c'est impossible pour Artcurial et ses 180 lots, sachant que je dois couvrir en priorité un salon riche en merveilles. Qui plus est, l'environnement n'est pas le plus intéressant des trois ventes. Vous trouverez donc ci dessous les lots qui m'ont le plus frappé. Certains m'ont échappé hélas, c'est la vie. Les prix indiqués s'entendent frais de transaction inclus. Il s'agit donc du prix payé par l'acheteur, pas celui reçu par le vendeur. Je vous fais grâce des centaines d'euros, ne soyons pas mesquins.

C'est parti. Nous sommes mardi, veille de l'ouverture. Je me suis promèné dans le salon en plein montage et fait forcément un tour par le stand Artcurial. Il est fermé et étroitement surveillé mais je peux assister au débarquement de certains modèles, comme cette Delage D6 Cabriolet.

       

D'autres voitures sont garées le long du Hall, comme cette Chevrolet Bel-Air ou cette Porsche 912,

       



cette Lea Francis 14 Shooting Brake ou cette Sting ray. Je ne m'attarde pas, l'environnement n'étant pas très intéressant et les manœuvres assez lentes.

       

Mercredi. A la fin du créneau réservé aux médias, je  me présente sur le stand Artcurial pour faire mon tour, un peu abasourdi par le nombre de voitures présentées. A l'entrée sont regroupées plusieurs Ferrari, à commencer par cette monoplace. Il est assez rare de voir passer une ancienne Formule 1 aux enchères mais c'est le cas de cette Ferrari 156/85, châssis 086. Le concepteur de la 156/85 est Harvey Postlethwaite et la voiture présentait tant de modifications par rapport à sa devancière que Ferrari décida de débuter une toute nouvelle nomenclature pour la baptiser, en rupture avec la lignée des 126C.



Le châssis #086, construit en milieu de saison 1985, bénéficie de certaines évolutions apportées par Ferrari au cours de l'année. Lors de la saison 1985, Ferrari termine deuxième à huit points de McLaren, Alboreto étant le dauphin d'Alain Prost. Ce châssis a roulé aux mains de Stefan Johansson au Grand Prix d'Europe, à Brands Hatch, où il dut abandonner. Quinze jours plus tard, #086 terminait quatrième à Kyalami. Pour la dernière course de l'année, qui est aussi le tout premier Grand Prix d'Australie de l'histoire, la voiture est utilisée par Johansson aux essais, et sert de réserve pour la course. Le moteur a été refait en 2008 par Ferrari F1 Clienti, pour la somme de 91 000 €. Ferrari Classiche certifie l'authenticité et le pedigree de #086. Elle a d'ailleurs été utilisée dans le cadre du programme F1 Clienti.

       

La 156/85 a quelques points communs avec la nouvelle F14-T puisqu'elle est motorisée par un V6 Turbo de 1.5 litres pouvant développer entre 780 et 900 chevaux en configuration course, et jusqu'à 1000 chevaux en qualifications.



Estimée entre 500 et 550 000 euros, la voiture n'a pas été vendue.



Ici une très belle F40, châssis 89889 livrée neuve au pilote de Formule 1 et vainqueur du Mans Pierluigi Martini en 1991 et qui n'a connu depuis que deux autres propriétaires, pour un total de seulement 29900 kilomètres (un vrai chiffre de vendeur!). Elle est qui plus est certifiée Classiche, ce qui devrait lui assurer une belle valeur. Vendue 645 000 euros, au milieu de son estimation.

       



L'Enzo, châssis 137339, est elle aussi passée chez Classiche, ce qui peut paraitre surprenant pour une voiture qui n'a que 10 ans. Elle n'affiche que 16000 kilomètres a été vendue 962 000 euros!

       

Pour en "finir" avec les modernes, cette Alfa Romeo 8C Spider n'a pas trouvé preneur non plus. Il s'agit de la toute dernière des 500 produites et elle n'affiche que 100 kilomètres au compteur. Le propriétaire avait payé 234 000 euros et insisté pour avoir la dernière. Peut être a-t-il quelques regrets aujourd'hui car l'estimation était entre 180 et 200 000 euros et la voiture est finalement restée sur le carreau. Hélas, comme pour le reste du salon, la lumière jaune est un handicap qui n'est pas toujours surmontable.



La vente compte pas moins de 45 Alfa Romeo issues d'une collection privée et rassemblées sous le titre Solo Alfa. La plupart sont dans leur jus. Hélas elles sont particulièrement entassées dans un coin du stand. J'ai bien apprécié cette Giulia Sprint GTA Coupé, acquise par son propriétaire en 1975 et qui porte encore la trace d'un accrochage au Castellet en 1976. Elle n'a jamais été restaurée. Estimée entre 90 et 120 000 euros, elle a été vendue 150 000 euros.

       

Autre pièce exceptionnelle, cette TZ estimée entre 750 000 et 1 million d'euros, châssis n° AR750042. Plusieurs anecdotes intéressantes sont liées à l'historique limpide de cette voiture. Le premier propriétaire trouvait le rouge d'origine de la voiture pas assez discret, aussi la fit il repeindre en... jaune. Il fit aussi ajouter deux écopes sur les ailes arrières (aujourd'hui disparues) afin d'y fixer ses... cannes à pêches!  En 1970, il revend la voiture au concessionnaire pour 15 000 francs. Début 1980, celui ci doit la revendre pour faire face à des difficultés de trésorerie. Un autre concessionnaire Alfa lui en donne 200 000 francs et la revend 3 millions de francs en 1990. Aujourd'hui, elle est partie pour 950 000 euros. Un bon placement.

       

Voici une réplique de 6C 1750 Zagato, réalisée en 1966 par Alfa Romeo sur base d'Alfa Giulia. Pas moins de 92 exemplaires ont été fabriqués. Vendue pour 56000 euros, j'en retiens surtout que l'élégance des voitures originales n'est jamais atteinte par leurs copies, fussent elles officielles.



Voici une deuxième Formule 1, une BMS Dallara de 1990, châssis 189/04. L'occasion de rendre hommage à une ingénieur de génie, qui est toujours de ce monde. Gian Paolo Dallara est diplômé de l'École polytechnique de Milan, major en ingénierie aéronautique. En 1960, il rejoint Ferrari puis Maserati un an plus tard. En 1963, il est nommé ingénieur en chef de Lamborghini où il conçoit les Lamborghini Miura et Espada. Mais Lamborghini refuse de se lancer dans la compétition, aventure qui attire Dallara. C'est un Argentin, Alejandro de Tomaso, qui rend le rêve possible, même si le succès n'est pas au rendez vous. Ne lâchant pas ses rêves de F1, Dallara collabore à la conception des Lancia Stratos, 037, LC1 et LC2 puis des Ferrari 333SP. En 1972, il crée sa propre entreprise et construit des châssis de F3, F2, F3000 et Indycar mais le démon de la F1 est toujours présent. À partir de 1986, la petite firme de Varano fournit les montures de la Scuderia Italia, également appelée BMS (Brixia, ou Brescia, Motor Sport). En 1988, la Dallara 188 est inscrite dans chacun des quatorze Grands Prix pour Alex Caffi, mais ne marque pas de points. En 1989, Andrea De Cesaris rejoint Cafi et les BMS Dallara connaissent leur meilleure saison. Le plus beau fait d'armes est au crédit de De Cesaris, qui monte sur le podium sur le circuit Gilles Villeneuve de Montréal, avec ce châssis 189/04 et son moteur Cosworth. Elle non plus n'a pas été vendue.

       

Après avoir rencontré la Bentley 3 Litre victorieuse au Mans à Rétromobile, voici une Speed Six de 1928, modèle qui a remporté deux fois l'épreuve. Cet exemplaire, le châssis HM2865 est l'un des derniers construits, et l'un des 24 sur empattement long. Il fut d'abord carrossé en berline 4 portes mais au début des années 60, son nouveau propriétaire se met en tête de le convertir en Tourer, en hommage à l'épopée des Bentley Boys du Mans, ce qui implique notamment de raccourcir le châssis. Estimé entre 800 000 et un million d'euros mais non vendu.



La star de la vente est cette 166MM barchetta de 1953, châssis 0300M. La dynastie des 166MM, qui s'étale des châssis 0002M à 0346M, a beaucoup fait pour la popularité de Ferrari, avec des victoires au Mans et aux Mille Miglia notamment. Les 47 exemplaires ont été carrossés sous de nombreuses formes différentes par Touring, Vignale, Pinin Farina, Zagato... 0300M est née en 1953 sous la forme d'une berlinette Vignale. Vendue en Belgique, elle termine deuxième des Coupes de Spa Francorchamps lors de sa première sortie. Jacques Herzet, son propriétaire, s'engage ensuite au Liège-Rome-Liège avec Lucien Bianchi. Ils remportent leur catégorie puis prennent en septembre la septième place au général au Tour de France. A la fin de l'année, la voiture embarque pour l'Amérique du Sud où elle prend part à plusieurs épreuves au Brésil. De retour en Belgique fin 1954, la voiture est confiée au carrossier bruxellois Martial Oblin pour remplacer la carrosserie Vignale, sans doute fatiguée par cette intense campagne de courses. Il s'agira cette fois d'une barquette, plus légère. La compétition reprend de plus belle, jusqu'en 1956, avec encore quelques beaux résultats.

       

       

En 1955, la voiture est exposée sur le stand Oblin du Salon de Bruxelles, dans une étonnante livrée noire mat avec une bande lie de vin vernie. Les trois propriétaires suivants se sont montrés attentifs et respectueux avec la voiture, qui a subi une restauration majeure en 2012. Seule Ferrari à carrosserie Oblin, elle dispose toujours de son moteur et de sa boite d'origine.

       

Elle est placée sur un plateau tournant que je parviens à faire stopper quelques minutes pour essayer d'avoir des photos nettes. Estimée entre 2.5 et 3.5 millions d'euros, elle est partie pour 2 685 000 euros.



Cette Ferrari 500 Superfast coupé, châssis 5981 est la quatrième des 36 produites. Elle a été exposée d'abord au Salon de Paris, en octobre 1964, puis au Salon de Turin 15 jours plus tard, dans cette teinte "Blu Chiaro". Ensuite, elle a été vendue à une propriétaire napolitaine. Elle est actuellement française, mais peut être plus pour longtemps. Encore que: estimée entre 1.5 et 1.8 million d'euros, elle n'a pas été vendue.

       

Cette Peugeot 402 Darl'Mat roadster est le fruit de la rencontre d'Emile Darl'Mat, garagiste spécialisé Peugeot, et de Georges Paulin, prothésiste dentaire, passionné d'automobile et inventeur ingénieux (il invente notamment un système de toit escamotable pour la 301). A la sortie de la 302, Darl'Mat équipe la petite Peugeot d'un moteur de 402 et d'une carrosserie dessinée par Paulin. La voiture parvient à tourner pendant 25 heures à 139.2 km/h de moyenne sur le circuit de Montlhéry. Convaincu, Peugeot donne son accord: châssis de 302 et moteurs de 402 sont envoyés chez Darl'Mat puis chez le carrossier Pourtout pour être habillés en coupé, cabriolet ou roadster. Trois voitures participent au Mans en 1937 et rallient l'arrivée en septième, huitième et dixième place. En 1938, deux voitures sur trois abandonnent mais la survivante remporte la catégorie deux litres et prend la cinquième place au général. Après avoir appartenu au maire de Montbéliard, cet exemplaire est resté 41 ans avec le même propriétaire. Estimé entre 270 000 et 310 000 euros, il n'a pas été vendu.

       

Voici une très belle Delage D6-70 Cabriolet Mylord, carrossée sobrement par Figoni & Falaschi. Estimée entre 180 000 et 240 000 euros, elle n'a pas été vendue. A croire que je les ai choisies!

       

Pour être honnête, il y a tout de même plus de place pour circuler autour des voitures que les années précédentes, ce qui est un confort appréciable. Le manque d'espace est ce que j'ai toujours reproché à Artcurial et ce progrès est vraiment satisfaisant. Evidemment, certaines voitures ont encore le nez dans les barrières mais il serait assez peu fair play de ne présenter que l'arrière aux spectateurs qui ne peuvent pas payer le droit d'entrée de 100 euros (pour deux) et restent à l'extérieur du stand. Cette Ferrari 250 GT Série 1 coupé Pinin Farina de 1958 porte le numéro de châssis 0997GT et a été restaurée entre 2006 et 2008. Vendue 393 000 euros.



Juste à coté, une 250 GTE, châssis 3903GT, qui sort d'une restauration de 85000€. Estimée entre 280 et 320 000 euros, vendue 333 000 euros.



Luxe à la française encore avec cette Citroën SM Mylord Cabriolet par Chapron, dont cinq exemplaires seulement auraient été produits. Elle présentait en effet un inconvénient majeur: son prix de 130 000 francs, le double d'une SM classique, et pas très loin d'une Ferrari Daytona. Celui ci serait le dernier exemplaire produit. Depuis son achat en 1975, il est toujours resté dans la famille Allais, concessionnaire Citroën à Colmar. Vendue 548 000 euros, plutôt en haut de l'estimation.



Autre voiture très intéressante, cette Alfa Romeo 6C 1750 SS de 1929, châssis 0312901 matching numbers, dont l'historique des premières années est hélas totalement inconnu. Elle n'apparait sur les radars des historiens qu'à partir de 1936. Apparemment, à cette époque, la voiture était équipée d'une carrosserie roadster de compétition, très sommaire et ne comportant pratiquement rien derrière le tablier: les sièges, le réservoir à l'air libre, une roue de secours et des ailes cycle. En 1936, au Salon d'Earls Court, à Londres, le propriétaire britannique aurait aperçu le spider 8C 2900 A sur le stand Alfa Romeo et aurait demandé à un carrossier londonien jamais identifié de fabriquer une carrosserie similaire. En réalité, la voiture n'est pas reproduite avec précision et reprend juste la forme. La carrosserie est en acier, et il est évident qu'elle est fabriquée de façon artisanale car les deux côtés sont différents. Ce qui est sûr, c'est qu'à partir de 1936, la voiture est partie en Afrique du Sud. En 1950, le propriétaire actuel, habitant de Johannesburg, en fait l'acquisition alors qu'elle est démontée jusqu'au châssis nu et répartie en plusieurs caisses. Elle est encore dans sa famille à ce jour.

Une petite anecdote supplémentaire: dans les années 90, Pirelli aurait fait venir Juan Manuel Fangio en Afrique du Sud et celui ci aurait fait quelques tours de démonstration sur le circuit de Kyalami au volant de cette voiture. J'ignore si c'est vrai, Fangio ayant disparu en 1995 et le catalogue situant cette anecdote "à la fin des années 90". En fait, une grande partie de l'historique de l'auto repose sur les dires du fils du propriétaire. Voyons si le marché lui en tiendra rigueur: estimée entre 1.4 et 1.8 millions mais présentée sans prix de réserve, la voiture a sans doute payé les parts d'ombre de son histoire en n'atteignant "que" 900 000 euros.

Inutile de présenter la Lamborghini Miura S, dont voici le châssis 4377. Son premier propriétaire, un promoteur immobilier français, aurait passé commande après avoir appris que Johnny Hallyday roulait en Miura. Elle serait encore dans son état d'origine, de la peinture rouge à la très rare sellerie en cuir de sanglier. Estimée entre 600 et 700 000 euros, elle a été vendue 807 000 euros.



Cette Lamborghini Jalpa coupé porte le numéro de châssis 12208. Non vendue malgré une estimation entre 50 et 60 000 euros.



Ces deux Ferrari, la 365 GT4 Berlinetta Boxer châssis 17993 et la Ferrari 365 GTB/4 Daytona châssis 13313 sont issues de la collection d'Albert Prost, et sont restées respectivement 36 ans et 34 ans dans la même famille. Vendues respectivement 262 000 et 429 000 euros.

       

La Testarossa, 66783, appartient également à la famille Prost depuis 1996. Adjugée 51 000 euros au milieu de l'estimation pour ce modèle à rétroviseur unique placé sur le montant, signe des premières séries.



Ici une Aston Martin DB2/4 MkIII coupé de 1957, livrée neuve en France et préparée pour les rallyes historiques avec ce phare de recherche placé sur le toit.  Estimée entre 140 et 160 000 euros, vendue 172 000 euros.

Cette Ferrari 330 GT 2+2 coupé porte le numéro de châssis 5831. Elle fut livrée neuve au Venezuela en 1964 avant de partir pour le Japon, puis les Etats Unis et enfin l'Allemagne. Une vraie baroudeuse qui n'aurait parcouru que 35000 kilomètres et a été remise en état en 2008 pour un montant de 78000 euros. Vendue 111 000 euros, dans l'estimation.

Cette Maserati Ghibli Spyder 4.9 litres est la deuxième produite sur les 37 équipés de ce moteur. Estimée entre 580 et 640 000 euros, son nouveau propriétaire aura déboursé près de 750 000 euros pour en profiter. Je n'aurais pas cru que la cote de Ghibli soit aussi haute. En fait, il s'agit d'un nouveau record.

Cette AC Cobra 427 continuation s'est vendue 125 000 euros, au dessus de son estimation. Il s'agit du châssis CSX6020, une réplique officielle construite par Shelby Automobiles et dont le certificat de fabrication est signé de Carroll Shelby en personne, tout comme le couvercle de la boite à gants, façon de donner une légitimité à ces Cobra modernes. Celle ci n'a parcouru que 150 miles en tout.

       

Voici une voiture comme on n'en voit pas souvent: une Citroën ZX Rallye-Raid équipe usine de 1994. Les années 1990 ont été marquées par les succès de Citroën en rallye-raid, avec à la clé cinq titres constructeurs d'affilée en Coupe du Monde. Après des débuts prometteurs en 1990 (1ère et 2ème place à la Baja Aragon avec Vatanen et Ickx), les prototypes ZX de rallye-raid confirmaient leurs qualités en signant plusieurs victoires en 1991 et 1992, mais c'est à partir de 1993 que la marque va s'installer en tête du championnat et ne plus la quitter jusqu'en 1997.

       

Cette ZX Rallye-Raid a été engagée par Citroën Sport au Rallye de l'Atlas en 1994 au Maroc, entre les mains d'Hubert Auriol et Gilles Picard et elle a décroché la troisième place au classement général. il s'agissait en fait d'une évolution de la Peugeot 405 T16, victorieuse du Paris-Dakar en 1988 et 1990, motorisée par un quatre-cylindres 2,5 litres turbocompressé développant 330 chevaux, en position centrale-arrière. Elle n'a été vendue "que" 177 000 euros, largement au dessus de son estimation haute de 100 000 euros. Même si elle est difficilement utilisable, je ne trouve pas ça excessif.

Impressionnante également, cette Peugeot 205 Turbo 16 Evolution 1 Groupe B ex-usine qui est restée en possession de Peugeot jusqu'en 2008. En 1985, elle a participé à deux courses: le Rallye de l'Acropole avec Vatanen, qui s'est soldé par un abandon rapide, et le Rallye d'Argentine avec Reutemann qu'elle a terminé à la troisième place. Estimée entre 250 et 280 000 euros, elle a été vendue 312 000 euros. Une belle performance méritée.

Cependant, au niveau des sportives françaises, c'est cette Renault 5 Turbo Groupe 4 Calberson qui remporte la palme. Il s'agit de la toute première R5 Turbo homologuée en Groupe 4. A ce titre, elle a été assemblée au département F1 de Renault. Engagée au Tour de France 1980 avec Ragnotti, elle remporte six spéciales, devant la Lancia Stratos de Darniche avant de devoir abandonner. Puis c'est le Tour de Corse avec un nouvel abandon alors que la victoire était à portée de main. Estimée entre 280 et 320 000 euros, la petite R5 a été vendue 399 000 euros!

       

Voici un autre modèle à palmarès, la Maserati 150S, châssis 1664. En 1954, sous l'impulsion de Vittorio Bellentani, Maserati développait de nouveaux moteurs six-cylindres 3 litres et quatre-cylindres 1,5 litres, respectivement pour une puissante voiture de sport (la 300 S) et pour une machine plus petite (la 150 S), un projet destiné aux pilotes privés. En 1956, le châssis 1664, habillé d'une carrosserie Fantuzzi, est vendu à un français, Louis Cornet. Celui ci l'engagea dans plusieurs épreuves dont les Mille Miglia et les 24 Heures du Mans (abandon à chaque fois).

       

Estimée entre 1.4 et 1.8 million d'euros, elle n'a pas trouvé de nouveau propriétaire. Honnêtement, ce n'est pas le plus beau design des Maserati de l'époque.



Voici une Lagonda Rapide de 1961, un modèle voulu par David Brown, le patron d'Aston Martin pour rivaliser avec Bentley et Rolls Royce. Basée sur la plateforme de l'Aston Martin DB4 rallongée, elle recevait le même 6 cylindres en version 4 litres qui, lorsqu'il était équipé de trois carburateurs, dépassait 260 ch. La carrosserie était produite suivant la technique Superleggera de Touring. Ce modèle n'a été produit qu'à 55 exemplaires, et a été vendu 193 000 euros.

Ce Racer Abbate-Ferrari F1 'ANTARES II' est l'un des trois bateaux de course à moteur Ferrari existant. Les autres sont équipés de moteurs V12 mais celui ci dispose d'un 4 cylindres de 2.8 litres, le même qui équipait les monoplaces de la Scuderia. En 1954, Augusto Schapira monte au moins trois fois sur le podium avec l'Antares II, dont une troisième place au championnat d'Europe. A la fin de sa carrière, le bateau passa en possession d'un collectionneur de Ferrari. A l'époque, aucun amateur ne s'intéressait au passé des bateaux de course des années 1950 mais seulement à leurs moteurs prestigieux. De nombreuses coques ayant connu la gloire furent dépouillées de leurs moteurs afin de permettre la restauration de voitures de course.

       

Le Tipo 700 de l'Antares II fut donc vendu à part et équipa peut être une voiture de course de l'époque. Dans les années 1990, alors que la restauration des bateaux de compétition entra dans une phase active, le propriétaire d'Antarès II se décida à remettre un moteur dans sa coque. Il trouva chez Diena & Silingardi à Modène un rare moteur de 553 F1, le Tipo 106 correspondant le mieux aux caractéristiques du moteur d'origine.

Dans ces même années 1990, la coque fut restaurée au chantier de Giancarlo Dalo à Côme, en conservant le maximum d'éléments d'origine. Le bateau a ensuite connu deux propriétaires français. Artcurial en attendait entre 400 et 600 000 euros mais la bête est restée à quai.

Cette AC Bristol roadster a apparemment participé à quelques courses de clubs en Angleterre puis sur le côte est des Etats Unis mais le catalogue ne donne pas d'explications sur ces roues rouges plutôt atypiques. Estimée entre 250 à 300 000 euros, vendue pour 280 000.

Une magnifique Porsche 2.7 Carrera RS, châssis 911.360.1115. Avec Bernard Dulcy, un pilote amateur, elle participe entre 1975 et 1979 à quatre rallyes de l'Acropole, deux rallyes de Monte Carlo, deux rallyes de Pologne, au Safari 1978, rallye du Portugal, de Roumanie, au Tour de Méditerranée 1978 et au rallye de Cote d'Ivoire 1979. Une sacrée campagne, marquée par une cinquième place en spéciale au Monte Carlo 1975. Sur les rallyes cités plus haut, Ducly et sa RS ont remporté cinq fois la victoire en groupe 3. Estimée entre 290 et 330 000 euros, elle a été vendue pour 387 000 euros.

       

Cette Aston Martin DB6 Vantage Coupé a été livrée neuve à la femme du chanteur Richard Anthony en 1966. Elle est pourtant restée dans la partie basse de l'estimation, à 286 000 euros.

Deux cabriolets Lancia sont restés invendus, dont cette Aurelia B24 S Spider America, châssis 1134, retrouvée en 1989 au fond d'un garage, dans un état de délabrement avancé. Sa restauration complète nécessitera environ 1400 heures de travail pour la mettre dans l'état concours actuel.

Moins élégante, cette Aprilia Pinin Farina n'était pourtant estimée qu'entre 110 et 150 000 euros, six fois moins que l'Aurelia. Encore trop apparemment.

C'était l'occasion ou jamais de s'offrir une sportive originale pour un budget modeste, avec cette Moretti Sportiva S2 coupé pour laquelle le nouveau propriétaire aura déboursé au total 17 880 euros. Basée sur une plate forme de Fiat 850, équipée d'un 1050 cm3 Abarth, ce petit coupé de 90 chevaux ne pèse que 650 kilos. Franchement, ça ressemble à une bonne affaire.

Autre attraction majeure de la vente, cette Pegaso Z-102 série II cabriolet par Saoutchik de 1954. Seules 90 Z-102 ont été produites dont quatre cabriolets Saoutchik. Hélas ce châssis #0136 a été transformé en berlinette en 1958 et ce n'est qu'au début des années 1990 qu'il reprit sa configuration initiale. Le catalogue ne s'attarde pas sur cet épisode, ce qui signifie sans doute que la carrosserie actuelle a été fabriquée de toute pièce il y a une vingtaine d'années. Elle a néanmoins été vendue pour 748 000 euros.

       

Cette Chevrolet Corvette Sting Ray 427 Cabriolet a été vendue 106 000 euros.

Cette Chevrolet Bel Air "de Ringo Starr" donne un aperçu amusant des techniques de marketing. Elle a été transformée par George Barris, le roi de la customisation qui a réalisé des voitures spéciales pour de nombreuses vedettes et pour le cinéma. L'an dernier, la Batmobile de la série TV qu'il a imaginée s'est vendue pour 4.6 millions de dollars. Un jour, la marque Craig Stereo Systems décida de mettre en jeu une voiture de caractère, associée pour l'occasion à une star du Rock, Ringo Starr. Le batteur des Beatles se retrouva donc en photo à coté de l'auto avec cette légende: "si vous voulez la voiture de Ringo, vous devrez la gagner". Et c'est ainsi que la Chevrolet est devenue "la voiture de Ringo Starr", titre qu'elle porte encore dans ce catalogue. Cela dit, la voiture a tellement plu à la star qu'il est ensuite revenu voir George Barris. Celui ci lui a préparé une Bel Air Cabriolet avec moteur Corvette, qui était pour le coup la vraie "voiture de Ringo". Toujours est il que celle ci s'est vendue 47 500 euros.

Voici une Rolls Royce Phantom I Limousine Huntington à carrosserie Brewster de 1930, châssis S120PR. Je n'ai toujours pas trouvé goût à ce genre de voitures d'avant guerre mais je dois dire que celle ci a de l'allure dans cette livrée Safari avec galerie de toit, vitres grillagées et phares d'appoint au niveau de l'habitacle. Une vraie baroudeuse  vendue 85 000 euros, dans le bas de son estimation.

Et que dire de cette Phantom II Continental Cabriolet Kellner, châssis 99RY? La Continental était une version plus sportive sur châssis raccourci pour les conducteurs souhaitant se mettre au volant eux même, et elle était propulsée par un 6 cylindres de 7.7 litres. Contrairement à ce que pourrait laisser croire l'inscription sur son flanc, elle n'a pas participé au rallye Pékin - Paris pour lequel elle avait pourtant été préparée. En revanche, elle a bien été engagée dans le Borneo Experience Tour en 2005, une randonnée de 1200 kilomètres à travers la Malaisie et le Brunei. Vendue 232 000 euros, conforme à l'estimation.

Dans la collection Albert Prost depuis 1978, voici une Delage D8 S Cabriolet par Pourtout, châssis 38237. Elle n'a connu que deux propriétaires en 48 ans. Estimée au delà du million d'euros, elle est partie pour 950 000.

Quant à cette Packard 443 Roadster Golf de 1927, elle est restée près de 80 ans dans la même famille en Argentine avant de changer de main en 2006 et d'être restaurée sur place par les ateliers Pur Sang, bien connus pour leurs répliques de Bugatti. Invendue.

Et pour terminer, voici trois microcars. D'abord cette Reyonnah A175 Roadster Prototype de 1953. Au lendemain de la guerre, le besoin de moyens de transport économiques est important et Robert Hannoyer constate que 90% des véhicules sont occupés par un seul conducteur. Pour résoudre les problèmes de parking (sic), il imagine un système de roues repliables afin de pouvoir faire rentrer la voiture dans un espace réduit. Deux prototypes sont réalisés dont l'un établit plusieurs records. Au Salon de Paris 1950, c'est le succès mais finalement l'aventure s'arrête après la production d'une dizaine d'exemplaires. Dans les années 80, le banquier de Robert Hannoyer remarque les photos de la voiture dans le bureau de celui ci et décide d'exposer la voiture dans le hall de la banque, remettant la marque dans la lumière. Cet exemplaire est le prototype numéro 2, présenté au Salon de Paris 1954. Estimé entre 50 et 80 000 euros, il a finalement coûté à son nouveau propriétaire la bagatelle de 125 000 euros. Le succès des microcars ne se dément pas.

       

Plus classique, cette Messerschmitt KR200 découvrable s'est contentée d'un 22 000 euros plus raisonnable.

Et pour terminer, voici une Pierre Faure Type PFA biplace électrique de 1941. Dans son état d'origine, elle n'est pas fonctionnelle. Il s'agit du châssis n°16 sur une vingtaine produit. Grâce à ses 6 batteries, elle pouvait atteindre 40 km/h pour une autonomie de 50 à 70 kilomètres. Finalement, ça ne fait pas si longtemps qu'on a dépassé le niveau de 1941, non? Estimée entre 15 et 25 000 euros, elle aussi à réussi à émouvoir plusieurs acheteurs potentiels puisqu'il a fallu débourser 51 000 euros pour l'obtenir!

Je le répète à chaque fois mais je suis totalement incapable d'interpréter et de commenter les résultats des ventes aux enchères. Celle ci semble avoir été un succès pour Artcurial avec un total de ventes de 29 millions d'euros. Contrairement à ce que l'on pourrait croire en lisant ce reportage, 87% des lots ont été adjugés. Automobilia compris, les commissaires priseurs se sont activés pendant onze heures sur deux jours! Plusieurs records du monde ont été battus, notamment avec les scores des Alfa Romeo TZ et 1750 GTAm, la SM Mylord ou la Maserati Ghibli Spyder.  Mais bon, en ce moment le marché de l'automobile de collection s'affole et tous les prix semblent augmenter rapidement. La bulle gonfle.

Voilà, les reportages sur les ventes aux enchères font toujours un peu figure de catalogue mais certaines voitures ont des anecdotes sympathiques à raconter. Dans les prochaines semaines, vous pourrez lire les compte rendus des ventes Bonhams au Grand Palais et RM aux Invalides, avec des expositions dans des cadres plus valorisants. Restez fidèles.
 

  RM Auctions à Maranello, jour 1 RM Auctions à Maranello, jour 2 RM Auctions à Maranello, jour 3 RM Auction s à la Villa d'Este 2013 RM Auctions à Villa d'Este 2011
Retrouvez d'autres ventes aux enchères
  Bonhams au Grand Palais 2013 Bonhams à Gstaad Chevau-Légers aux Invalides    
     

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